En inventant le QR Code en 1994 pour améliorer le suivi des pièces des usines Toyota, l’ingénieur japonais Masahiro Hara, n’imaginait sans doute pas la révolution qu’il venait de déclencher. Ni que 27 ans plus tard, le QR Code serait à ce point intégré dans notre vie quotidienne et qu’il se retrouverait au cœur de la lutte contre une redoutable épidémie mondiale, comme élément clé des pass sanitaires.
Emboîtant le pas à plusieurs de ses voisins européens, la France va, à son tour, vivre à compter de ce lundi sous QR Code pour tenter d’enrayer les contaminations de la 4e vague de Covid-19 et freiner la diffusion du virus dans les lieux où l’on sait qu’il circule le plus ; évitant ainsi un nouveau confinement dont on ne connaît que trop les conséquences.
Ce sésame est-il une atteinte à la liberté de circulation comme le crient depuis quatre samedis des manifestants ? Oui, mais cette atteinte est proportionnée en raison d’un impératif de santé publique évident dont l’ambition est simplement d’éviter que la population ne soit contaminée. Un impératif reconnu tant du point de vue juridique que sanitaire, et approuvé par une majorité de Français... Le pass sanitaire ne restreint aucun déplacement, il les conditionne seulement, pour une période donnée.
Le pass sanitaire introduit-il une rupture d’égalité entre Français ? Non, a jugé le Conseil constitutionnel, pour la bonne et simple raison que tout Français peut obtenir un pass en utilisant trois moyens à sa disposition : la vaccination, des tests réguliers ou un certificat de rémission.
Dès lors le débat pourrait être clos. Il n’en sera sans doute rien et après cette première semaine de rodage, il y a fort à parier que les anti-pass seront à nouveau dans la rue samedi pour se poser en «résistants» ou en «défenseur des libertés» contre la «dictature sanitaire».
Faut-il dès lors ne pas se préoccuper de ces cortèges, bruyants mais minoritaires, aux accents complotistes, aux profils et aux motivations très disparates, comme Olivier Véran le suggère en disant «ça suffit» à ce «magma antivax» adepte de vérités alternatives ? La question est plus politique que sanitaire, mais il est plus que jamais nécessaire d’affirmer nos principes démocratiques, dire que face au chacun pour soi, il existe le sens du collectif qui fait Nation et que, comme le dit notre déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, «la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui»...
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 9 août 2021)