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Articles

Affichage des articles du 2025

Ukraine : être à la hauteur

   Fallait-il oui ou non réunir une partie seulement des pays européens parmi ceux qui sont les plus en soutien de l’Ukraine à l’heure où s’engagent des négociations exclusives entre Américains et Russes pour mettre fin au conflit ; et ainsi prendre le risque d’étaler les divergences des Européens ? Emmanuel Macron a choisi de répondre oui en organisant lundi à l’Elysée un mini-sommet entre sept pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Commission européenne, le Conseil européen et l’Otan. Au final peu importe qu’il n’y ait pas eu de déclaration commune forte et unanime et que, sur l’envoi de troupes d’interposition pour maintenir la paix qui serait négociée, des divergences sont effectivement apparues. Face à la spectaculaire décision de Donald Trump de discuter d’homme à homme avec Vladimir Poutine de l’avenir de l’Ukraine sans les Ukrainiens et sans les Européens ; face, aussi, au violent discours du vice-président américain JD Vance à la Conférence sur ...

Rendez-vous en 2027 ?

    En survivant aux motions de censure déposées en réponse aux 49-3 utilisés pour faire adopter sans vote les textes budgétaires de 2025, François Bayrou peut estimer avoir franchi « l’Himalaya » du Budget pour reprendre son expression. Mais le Premier ministre, qui rêve de durer à Matignon, va devoir franchir encore bien d’autres sommets périlleux où dessiner un chemin de crête paraît aussi incertain. Le prochain Everest du Premier de cordée du gouvernement s’annonce même très – trop ? – abrupt : la réforme des retraites. Cette réforme maudite qui, depuis 2017, tel le sparadrap du capitaine Haddock, n’en finit pas d’occuper le débat public… au détriment de tant d’autres sujets capitaux pour l’avenir du pays. L’adoption de la réforme des retraites au forceps en 2023 par 49-3 à l’Assemblée nationale, sans véritable débat et contre l’avis des Français et des syndicats, a participé sans doute à la défaite du camp présidentiel lors des législatives anticipées....

Briser la spirale

   Une grenade lancée dans un bar à Grenoble qui fait 15 blessés, un homme abattu à l’arme lourde sur un parking de Colomiers. Deux drames concomitants qui, vraisemblablement, viennent s’ajouter à l’insupportable série d’homicides ou de tentatives d’homicides et à la longue liste de blessés du trafic de stupéfiants en France. Deux drames dont les modalités illustrent aussi combien le trafic a désormais sombré dans une inquiétante ultraviolence. En reprenant à son compte une le terme de « mexicanisation » du narcotrafic en France, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a voulu marquer les esprits, quitte à verser dans l’exagération. Au Mexique, en effet, les cartels sont le cinquième employeur du pays et, depuis 2006, sont responsables de 450 000 morts et plus de 100 000 disparus liés au trafic de drogue. En France en 2024, on déplorait 110 morts et 341 blessés, ce qui est évidemment déjà trop. La France n’est donc pas le Mexique. Mais le ministre LR, t...

Carte maîtresse

   Et si dans le jeu gouvernemental, Eric Lombard constituait finalement la vraie carte maîtresse de François Bayrou, celle qui est moins flamboyante et moins tape-à-l’œil que certaines autres mais qui, le moment venu, permet d’emporter – même provisoirement – la partie, par exemple celle du Budget ? En tout cas, à l’heure où la scène politique est dominée par le bruit et les postures, le ministre de l’Économie et des Finances, inconnu du grand public, se distingue de ses collègues en cultivant une rare discrétion, appuyée sur un certain nombre de qualités essentielles pour un gouvernement qui n’a pas été plébiscité par les urnes, qui ne dispose pas de majorité à l’Assemble et qui évolue dans une situation politique plus éclatée et polarisée que jamais. Ainsi, par rapport à Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, ministres en vue de l’Intérieur et de la Justice omniprésents dans les médias et lancés dans une course à l’échalote pour bousculer l’état de droit en adoptant des ...

En eaux troubles

Si l’affaire Nestlé Waters n’occupe pas plus intensément le devant de la scène, c’est sans doute parce qu’aucune victime ne s’est – à ce jour – manifestée. Une chance, si l’on peut dire, car ce dossier trouble, qui éclabousse désormais jusqu’à l’Elysée, a tout de l’affaire d’État, à la fois scandale sanitaire et scandale politique. Scandale sanitaire d’abord. Le géant suisse de l’eau en bouteille a beau se défendre et marteler que la sécurité alimentaire de ses produits « n’a jamais été en jeu », que la sécurité sanitaire des consommateurs « a toujours été assurée » et que « la microfiltration est largement utilisée dans toute l’industrie », il n’en reste pas moins que la multinationale a enfreint les règles en faisant subir des traitements illégaux à plusieurs de ses eaux comme Vittel, Contrex, Hépar et Perrier. Il y a bien tromperie. Par ailleurs, Le Monde et Radio France ont révélé une note du ministère de la Santé très explicite sur les « manquements de Nestlé Waters aux exigences ...

Pax Americana ?

Et si la clé de la paix en Ukraine ne dépendait que de l’ego d’un homme ? Non pas celui de Volodymyr Zelensky ou de Vladimir Poutine, mais celui de Donald Trump. Selon certains observateurs, le 47e président des États-Unis a beau marteler « America first », l’Amérique d’abord, il n’en investit pas moins la politique étrangère afin d’obtenir, à Gaza comme en Ukraine, des « deals » pour ramener la paix. Avec un objectif : obtenir le prix Nobel de la Paix, cette récompense que Barack Obama a reçue en 2019, ce que le Républicain ne supporterait pas… Donald Trump entend donc bien décrocher coûte que coûte un accord de paix en Ukraine. Durant la campagne présidentielle, il avait fanfaronné qu’il pouvait obtenir en 24 heures l’arrêt de cette « guerre ridicule ». Face au mur de la réalité et à la complexité du dossier, il a évidemment révisé ses délais sans toutefois renoncer à son objectif ultime. Alors qu’il s’était dit prêt à rencontrer Vladimir Poutine en tête à tête, Donald Trump a depuis...

Craintes et espoirs

La Journée mondiale de lutte contre le cancer, chaque année le 4 février, est de celles qui sont ambivalentes. D’un côté, les chiffres qui sont présentés sont souvent sources d’inquiétude quand il s’agit de constater que certains cancers se développent de façon importante. De l’autre, cette journée insuffle un véritable espoir quand il s’agit de mesurer les avancées de la recherche médicale, avec une kyrielle d’innovations qui permettent de mieux lutter et finalement de guérir de plus en plus de cancers. Cette année 2025 ne déroge pas à la règle. Côté sombre : l’inquiétante progression de certains cancers chez les jeunes hommes et femmes, en France. Les cancers du système digestif (colon, pancréas, foie…) sont, par exemple, de plus en plus fréquents chez les moins de 50 ans, sans que l’on parvienne encore à comprendre pourquoi. Pollution, facteurs environnementaux, changements génétiques ? Ces cancers plus fréquents chez les jeunes le sont bien sûr aussi dans les tranches d’âge plus él...

La tentation de la censure

  « Le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder », disait Oscar Wilde. François Bayrou vient de faire sienne la maxime de l’écrivain britannique en cédant au recours à l’article 49.3 qui va donc permettre au gouvernement, à partir de ce lundi, de faire adopter sans vote les textes budgétaires de 2025. Comme ses prédécesseurs Elisabeth Borne – « Madame 49.3 » – et Michel Barnier, le Premier ministre a ainsi renoncé à laisser les projets de loi de finances faire l’objet d’un vote en bonne et due forme par les députés, par peur d’un résultat qui aurait pu être négatif. Certes le recours à cet article de la Constitution est parfaitement régulier, mais il soulève tout de même un problème démocratique qui peut légitimement heurter les Français : à quoi sert un Parlement s’il ne peut jamais voter le budget de la Nation ? Le recours au 49.3 pose aussi les limites de la « méthode Bayrou » qui se voulait différente. On pensait, e...

Le choix des mots

   François Bayrou, professeur agrégé de lettres classiques, ancien ministre de l’Éducation nationale, biographe passionné d’Histoire, a trop d’expérience politique pour ignorer que le choix des mots est essentiel et que, comme le disait Albert Camus, « mal nommer les choses c’est participer au malheur du monde ». Lundi soir sur LCI, en reprenant l’expression « submersion » migratoire – fut-elle assortie d’un « sentiment » – sans distinguer d’ailleurs étrangers en situation régulière et immigrés en situation irrégulière, le Premier ministre, lesté de quarante ans de vie politique, ne pouvait ignorer que celle-ci était consubstantielle à l’extrême droite, employée dès 1986 par Jean-Marie Le Pen, et devenue depuis un marqueur indélébile du discours du Front puis du Rassemblement national. Le vice-président du RN Sébastien Chenu ne cachait d’ailleurs pas sa satisfaction, fanfaronnant que son parti « a gagné depuis très longtemps la bataille idéo...

"Retex" sur le Covid

Dans le monde de l’entreprise, le « Retex » est un processus devenu très courant. Retex comme « retour d’expérience » est une démarche d’analyse rétrospective d’une situation, d’un événement ou d’un projet afin d’identifier les points forts et les points faibles, les réussites et les échecs, le tout pour en tirer des enseignements afin d’améliorer les pratiques futures et surtout éviter de reproduire les mêmes erreurs. On aurait pu penser qu’Emmanuel Macron et ses gouvernements, si sensibles au management moderne des entreprises, se seraient précipités pour faire un Retex de leur gestion de la pandémie de Covid-19. Las ! Il n’en a rien été et, aux yeux du chef de l’État, de ses conseillers et de ses anciens ministres, la France ne s’en est finalement pas si mal sortie. Mais cette absence de Retex s’explique aussi et peut-être surtout par le déni dans lequel les acteurs du dossier se sont enferrés pour ne pas reconnaître que des erreurs ont bel et bien été commises au premier rang desqu...

Au défi du climat

Le système assurantiel français, autrefois pilier de résilience, vacille sous les assauts du changement climatique. Entre hausse vertigineuse des primes et multiplication des catastrophes naturelles, collectivités locales et citoyens peinent de plus en plus à se protéger. Une situation critique qui nous oblige à repenser profondément notre rapport à l’assurance et à l’adaptation climatique. Les chiffres de France Assureurs, dans leur rapport « Pour une France assurable » publié en mars dernier, sont accablants : 6 milliards d’euros par an en moyenne de sinistralité climatique sur les quatre dernières années, un montant 18 % supérieur aux prévisions établies pour 2050… et nous n’en sommes qu’en 2025. L’accélération du dérèglement climatique dépasse les scénarios les plus pessimistes, et le modèle assurantiel peine à encaisser le choc. Face à cela, les assureurs n’ont d’autre choix que d’augmenter les primes. Cette hausse, estimée entre 130 et 200 % d’ici 2050, rend l’assurance de plus e...

Besoin de justice

   Il y a un an, la colère paysanne née sur les terres d’Occitanie était bouleversée par le drame terrible du destin brisé d’une famille. À Pamiers, sur l’un de ces barrages érigés par les agriculteurs qui n’en pouvaient plus des difficultés auxquelles ils étaient confrontés, une mère et sa fille, Alexandra et Camille, perdaient la vie le 23 janvier 2024, fauchées au petit matin par un chauffard qui avait forcé le barrage pourtant dûment signalé. À la colère se sont ainsi ajoutés une immense émotion, ressentie par tous les Français, et un vif sentiment d’injustice face à un drame qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Un an plus tard et alors que va s’ouvrir le procès du chauffard, Jean-Michel Sonac, mari et père des victimes, témoigne dans nos colonnes de son chagrin, évidemment incommensurable, mais aussi de sa colère, intacte, et de sa détermination à obtenir justice. Justice pour Alexandra et Camille bien sûr, mais aussi peut-être justice pour les agriculteurs qui, depuis...

Charlie Hebdo : il y a dix ans, le choc de l’attentat, la France debout face au terrorisme et à la haine

  Il y a dix ans, le 7 janvier 2015, la France entrait dans un terrible tunnel d’attentats terroristes qui voulaient abattre votre démocratie, notre mode de vie, notre liberté de penser, de croire ou de ne pas croire, notre façon de vivre ensemble, nous tous, citoyens libres et égaux depuis la Révolution de 1789. Les terroristes de Daech ne seront pas parvenus à leurs fins parce qu’ils ont trouvé face à eux un peuple qui s’est levé, immensément résilient, soutenu par des pays du monde entier, prêts à résister à ses côtés face à l’obscurantisme. Cette force-là, les Français ne la percevaient peut-être pas encore en eux, en ce 7 janvier 2015, lorsque les notifications sur leurs smartphones, puis les flashs spéciaux des radios et des chaînes d’information en continu ont raconté l’impensable. La rédaction de Charlie Hebdo, l’impertinent hebdomadaire satirique, venait d’être attaquée dans ses locaux de la rue Nicolas Appert dans le 11 e arrondissement de Paris. Une rédact...

L'obsession présidentielle

  Ne demandez pas à Laurent Wauquiez, Gabriel Attal ou Jean-Luc Mélenchon s’ils pensent à la présidentielle en se rasant le matin ou si Marine Le Pen fait de même en se maquillant, la question, jadis posée à Nicolas Sarkozy lorsqu’il était vibrionnant ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac, est aujourd’hui totalement superflue. Car les ténors politiques – même les plus improbables – ne pensent déjà qu’à la prochaine élection présidentielle, qu’elle se déroule dans le calendrier prévu en 2027 ou qu’elle soit anticipée si par extraordinaire Emmanuel Macron décidait de démissionner – ce qu’il a assuré ne pas vouloir faire. Depuis l’élection du président de la République au suffrage universel direct, décidée par référendum en 1962 par la volonté du général De Gaulle, et plus encore depuis le passage en 2000 du septennat au quinquennat avec l’inversion du calendrier – législatives en second – l’élection présidentielle est devenue l’élection qui commande tout, la clé de voûte de la vi...

Premier de cordée

  Après la censure du gouvernement de Michel Barnier, le plus bref de la V e  République – 91 jours ! – la nomination à Matignon de François Bayrou apparaissait comme plus solide que celle de l’ex-négociateur de l’Union européenne pour le Brexit. Les deux hommes ont certes le même âge, sont de la même génération et ont même appartenu aux Rénovateurs de la droite et du centre dans les années 90. Mais là où la nomination du LR Michel Barnier était le fruit d’un fragile compromis entre les partis présidentiels et Les Républicains qui faisait pencher bien trop à droite le gouvernement, celle de François Bayrou semblait ramener le barycentre gouvernemental davantage vers le centre, et donc à même de nouer plus facilement un dialogue avec la gauche de l’hémicycle. Le maire de Pau, principal allié d’Emmanuel Macron qui lui doit une large part de sa victoire en 2017, paraissait d’ailleurs se préparer depuis des années à Matignon, mettant en avant ses compétences et son expérience...

2025, ensemble

   Il y a un an nous commencions l’année 2024 avec l’intensification d’une nouvelle guerre au Proche-Orient, entre Israël et le Hamas. Avec celle, terrible, qui se déroule en Ukraine depuis bientôt trois ans, ces deux conflits, qui tous deux ont questionné autant nos valeurs démocratiques que notre conception de l’Homme et de ses Droits, ont bouleversé le monde. Dans cet Orient compliqué comme disait – déjà – De Gaulle, le conflit au Proche-Orient a impacté toute la région, rebattu la carte des alliances mondiale, entre l’Occident, le sud Global et la Russie et ses alliés, et conduit à ce qu’on n’imaginait pas : la chute – enfin ! – du régime de Bachar al-Assad en Syrie, cinquante ans d’une dictature sanglante et barbare. À ces guerres-là s’ajoutent celles dont on parle peu, ces guerres oubliées en Somalie, au Yémen, en République démocratique du Congo. Mais aussi des guerres internes terribles car silencieuses contre les femmes en Iran, en Afghanistan. Guerres conve...