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Affichage des articles du septembre, 2021

En pleine lumière

  Le hasard aura voulu que l’affaire OneLab dans le Lot – du nom de ce projet d’achat d’un vaste domaine du XVIIIe siècle par le mouvement complotiste One Nation – soit révélée le jour même où Emmanuel Macron installe la commission « Les Lumières à l’ère numérique ». Présidée par le sociologue Gérald Bronner, auteur de l’«  Apocalypse cognitive  » (PUF), celle-ci sera chargée de faire d’ici fin décembre des propositions face à la désinformation dans le débat public et à l’emprise des théories complotistes qu’on a vu se déployer à grande vitesse depuis le début de l’épidémie de Covid, dans les groupes antivax ou lors des manifestations anti-pass sanitaire, tant sur les réseaux sociaux que dans la rue. Trois mois pour imaginer une riposte et ramener de la rationalité paraît bien peu tant le phénomène complotiste a pris de l’ampleur et s’enchevêtre avec toute une galaxie où se mêlent le bien-être et des mouvements spirituels voire sectaires dont certains exercent emprise et contrainte. La

Se réinventer

 On n’a, d’évidence, pas fini de mesurer les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur le monde du travail. Au gré des confinements et des couvre-feux, des fermetures imposées et des ouvertures en jauge réduite, les entreprises ont dû s’adapter dans la douleur pour conserver leur activité et certaines ont joué leur survie, ne se maintenant à flot que par les aides du « quoi qu’il en coûte ». La mise en place de dispositifs spéciaux, la généralisation du télétravail et l’instauration du chômage partiel ont profondément bousculé nombre d’entreprises qui ont dû faire face à une forte hausse de l’absentéisme. Déjà en augmentation depuis 2016, l’absentéisme en entreprise a ainsi bondi de 20 % l’année dernière selon une étude Gras Savoye Willis Towers Watson et le nombre de salariés en arrêt de travail a augmenté de 30 % entre janvier et mai 2021 selon la dernière enquête de Makakoff-Humanis… Cet absentéisme est un double fléau pour le monde du travail. Fléau pour l’entreprise, puisqu’il en

Souveraineté

Y aura-t-il des jouets à Nöel ? Voilà bien l’angoissante question qui commence à saisir les parents à peine sortis du marathon de la rentrée scolaire de leur progéniture. À trois mois de l’échéance, cette préoccupation pourrait naturellement faire sourire de prime abord, même si – tout le monde en convient lorsqu’il convoque ses souvenirs d’enfance – les cadeaux de Noël sont l’un des rendez-vous les plus importants pour les bambins et qu’on ne saurait le traiter à la légère. Mais derrière cette question se trouve aussi l’illustration parfaite de ce qu’est l’économie mondialisée… et de ses limites. Des jouets imaginés en Europe ou aux Etats-Unis, par exemple, puis produits à coût serré en Chine, le pays-usine de la planète, et enfin acheminés par container dans le monde entier jusqu’à la grande surface spécialisée ou non, le magasin de jouets près de chez soi, ou l’un des entrepôts des plateformes de vente en ligne. Jusqu’à présent, cette chaîne logistique était une belle mécanique bien

Humilité

  L’éruption du volcan Cumbre Vueja sur l’une des îles de l’archipel espagnol des Canaries, dimanche dernier, est de ces catastrophes naturelles qui marquent profondément l’Histoire et les Hommes. Voir la coulée de lave de ce volcan qui était endormi depuis cinquante ans incendier et engloutir maisons ou cultures convoque en chacun de nous, outre l’effroi et la compassion pour les populations touchées, le souvenir de nos cours d’école où l’on découvrait dans les manuels les tragédies de Pompéi ou Herculanum et leurs habitants statufiés, ou les documentaires du volcanologue Haroun Tazieff qui a popularisé auprès du grand public sa discipline scientifique.  Depuis l’Antiquité, les volcans, d’évidence, fascinent, autant craints pour leurs éruptions que vénérés pour la fertilité des terres qui les entourent. Et la progression de la science pour comprendre leur fonctionnement n’a rien enlevé à leur magnétisme. De l’Etna au Fuji-Yama, de la chaîne des volcans d’Auvergne au Piton de la fourna

Le bilan et la méthode

  La vitesse étant, avec l’alcool au volant, parmi les premières causes des accidents mortels en France, pour réduire la mortalité, il suffit donc d’abaisser la vitesse. CQFD. C’est sans doute en faisant ce raisonnement aussi basique qu’implacable que l’ancien Premier ministre Edouard Philippe avait décidé le 9 janvier 2018 de faire passer la limitation de vitesse de 90 km/h à 80 km/h sur ces routes. Sans concertation avec les élus locaux ou avec les associations d’automobilistes, sans négociations avec les collectivités locales ou les services de l’Etat pour mesurer ce qu’impliquait de changer des milliers de panneaux routiers sur près de 400 000 km, sans se donner du temps pour faire de la pédagogie auprès des Français, et, vraisemblablement, sans la bénédiction d’Emmanuel Macron qui s’est retrouvé contraint de soutenir la controversée mesure de son Premier ministre. Dès lors, le passage aux 80 km/h – qui pouvait se justifier pour faire face à une hausse des accidents de la route con

Leçon retenue ?

"L’homme sage apprend de ses erreurs, l’homme plus sage apprend des erreurs des autres", disait Confucius. On ne sait quel est le degré de sagesse du président de la République et du gouvernement mais une chose est sûre : ils ne referont pas les mêmes erreurs que celles qui ont débouché, fin 2018, sur le mouvement des Gilets jaunes. Cette crise sociale, totalement inédite par son côté protéiforme et l’étendue de ses revendications, avait bousculé le quinquennat et profondément affecté Emmanuel Macron.  D’aucuns estimaient que le chef de l’Etat, faute de disposer de relais de terrain suffisants, n’avait pas mesuré que les signaux faibles qui remontaient des territoires après une hausse des prix des carburants et la perspective de la taxe carbone, puisaient leurs racines dans des maux plus profonds, des fractures sociales qui traversaient – et traversent encore aujourd’hui – la société française. Avec le grand débat et quelque 17 milliards d’euros de mesures en faveur du pouvoi

Paradoxe français

  Voilà un paradoxe bien français aussi complexe que peut l’être un problème de mathématiques. D’un côté, la France peut s’enorgueillir d’être sur le podium des nations récompensées par la médaille Fields, le Nobel des mathématiques, avec 13 lauréats, d’avoir formé des dizaines de chercheurs dans ce domaine clé pour les innovations de demain, de disposer de structures reconnues pour leur excellence sur le plan international comme l’École normale supérieure de Paris ou l’institut Henri-Poincaré, et d’avoir donné à l’Histoire mondiale des sciences de grands noms comme Descartes, d’Alembert, Blaise Pascal, Condorcet ou plus près de nous Alexandre Grothendieck, Laurent Lafforgue ou Cédric Villani. Et d’un autre côté la France se distingue par des résultats calamiteux dans les classements internationaux des performances scolaires. Dans la dernière évaluation scientifique TIMSS publiée en 2019, ou encore le fameux classement PISA, la France est en queue de peloton : en CM1, le score de 485 p

Immense défi

  Ce sont des images que l’on a déjà vues par le passé mais qui toujours nous saisissent d’effroi lorsqu’elles surviennent dans l’actualité. La montée soudaine des eaux qui piège des habitants dans les étages de leurs maisons, des automobilistes bloqués sur des routes subitement submergées, la violence des flots qui emportent un pont, des maisons ou ces terribles glissements de terrain et torrents de boues qui laissent des paysages ravagés et d’immenses dégâts. Et, surtout, le terrible cortège de disparus et de morts que ces catastrophes météorologiques provoquent. Tout cela, nous l’avons déjà vécu, de Vaison-la-Romaine en 1992 à la vallée de la Roya l’année dernière en passant bien sûr par les inondations dans l’Aude en 1999 et 2018 et la semaine dernière à Agen. C’est pour cela qu’après l’épisode de pluies diluviennes qui vient de s’abattre sur notre région hier, c’est tout naturellement vers les sinistrés que va notre soutien, notre compassion et notre solidarité face à ces épreuves

Enfin sur les rails...

  Les lignes à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan sont-elles enfin sur de bons rails ? Les 5 millions d’Occitans pourront-ils enfin prochainement embarquer gare Matabiau pour un trajet en TGV vers Paris ou gare Saint-Roch pour un voyage vers Barcelone ? Ces questions, cela fait désormais bien trop longtemps que les habitants de la région se les posent. L’impatience a laissé place à l’incompréhension, voire l’exaspération tandis que leur détermination n’a pas varié d’un iota au fil des ans. En 2017, un sondage Ifop-La Dépêche montrait que 88 % d’entre eux souhaitaient ces deux projets… mais que 52 % craignaient que l’Etat ne tienne pas ses engagements. Tristement prémonitoire quand on voit la lenteur avec laquelle ces dossiers ont avancé, laissant l’Occitanie sur le bord du chemin de la grande vitesse, une région comme oubliée dans le maillage national du TGV… qu’elle a pourtant contribué à financer. À ce que l’on sache, les Occitans ont bien participé par l

Retour sur investissement

  La question de la hausse des salaires qui émerge depuis quelques semaines maintenant dans le débat public apparaît d’autant plus légitime qu’elle représente comme un retour sur investissement. L’investissement, en l’occurrence, des salariés qui, depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020, n’ont pas ménagé leur peine pour les uns, ni rechigné aux sacrifices financiers pour les autres qui ont été mis au chômage partiel.  Pour les premiers, la mobilisation et l’implication a été bel et bien présente, en distanciel comme en présentiel. La mise en place dans l’urgence du télétravail a permis aux salariés de maintenir non seulement l’activité de nombreuses entreprises mais aussi de leur assurer un bon niveau de productivité. Et que dire de tous ceux qui ont été en deuxième ligne pour maintenir l’activité du pays, son approvisionnement, son quotidien pendant les différents confinements ? Autant de « petits » métiers jusqu’alors invisibilisés et que l’on a (re)-découverts à l’oc

Imprévisible

  Le ministre de l’Education nationale ou le porte-parole du gouvernement ont beau marteler que la rentrée des plus de 12 millions d’élèves français ce matin sera la plus normale possible, il est évident qu’elle sera au contraire, une nouvelle fois, exceptionnelle, car menacée par l’épidémie de Covid, même si la 4e vague semble marquer le pas.  Entre les alarmistes, syndicats d’enseignants ou scientifiques, qui craignent une « épidémie pédiatrique » avec une multiplication des contaminations entre enfants de moins de 12 ans non-vaccinés et les rassuristes qui, à l’instar de l’exécutif, tablent sur une situation maîtrisée grâce au nouveau protocole sanitaire à quatre paliers, nul ne peut dire, à l’évidence, de quel côté la balance va pencher. Car depuis mars 2020, l’épidémie de Covid a montré combien elle était imprévisible dans son évolution, déjouant bien souvent les modélisations. Cette imprévisibilité n’est bien sûr pas de nature à rassurer les parents d’élèves qui, en cas de fermet

Relever le niveau

Pour la deuxième année consécutive, la rentrée scolaire se fera sous la menace de l’épidémie de Covid. Certes, septembre 2021 n’est pas septembre 2020 : la campagne vaccinale a atteint son rythme de croisière et affiche de bons résultats sur les 12-17 ans, l’exécutif, les collectivités locales et le corps enseignants ont appris des précédentes vagues, le protocole sanitaire a été revu et adapté, et s’il reste encore beaucoup d’inconnues, d’agacements et la crainte d’une « épidémie scolaire » que pronostiquent certains épidémiologistes, cette rentrée sera différente sur le plan logistique. En revanche, une crainte diffuse reste la même : entre les confinements du début de l’épidémie, les conséquences de l’école à la maison via internet qui a laissé quelque 500 000 élèves décrocher, l’impact psychologique de la pandémie sur les jeunes, la réforme du bac bousculée au point que le diplôme a été décerné quasiment avec le seul contrôle continu, une question lancinante se pose, celle du nivea