On n’a, d’évidence, pas fini de mesurer les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur le monde du travail. Au gré des confinements et des couvre-feux, des fermetures imposées et des ouvertures en jauge réduite, les entreprises ont dû s’adapter dans la douleur pour conserver leur activité et certaines ont joué leur survie, ne se maintenant à flot que par les aides du « quoi qu’il en coûte ». La mise en place de dispositifs spéciaux, la généralisation du télétravail et l’instauration du chômage partiel ont profondément bousculé nombre d’entreprises qui ont dû faire face à une forte hausse de l’absentéisme. Déjà en augmentation depuis 2016, l’absentéisme en entreprise a ainsi bondi de 20 % l’année dernière selon une étude Gras Savoye Willis Towers Watson et le nombre de salariés en arrêt de travail a augmenté de 30 % entre janvier et mai 2021 selon la dernière enquête de Makakoff-Humanis…
Cet absentéisme est un double fléau pour le monde du travail. Fléau pour l’entreprise, puisqu’il engendre des coûts directs et indirects importants, comme le maintien de salaire et le financement d’un régime de prévoyance, le recrutement d’un remplaçant mais aussi la baisse de la productivité et, donc, la désorganisation des services. Mais fléau aussi pour les salariés qui ne sont évidemment pas absents par plaisir.
Au début de l’épidémie, certains salariés ont ainsi dû être absents pour s’occuper de leurs enfants non-scolarisés, d’un proche atteint du Covid ou tout simplement parce qu’eux-mêmes étaient vulnérables. La crise sanitaire, en rompant les liens sociaux que l’on entretient au travail avec des collègues, en isolant les salariés dans un télétravail que certains n’ont pas supporté a aussi augmenté les risques psychosociaux et donc mécaniquement les arrêts de travail. Le rythme qui s’accélère, la charge de travail qui augmente, le manque de clarté des missions et de reconnaissance ont précipité nombre de salariés dans une insécurité professionnelle et parfois dans des burn-out.
À l’heure où la 4e vague est derrière nous et où la reprise s’esquisse, il y a urgence à repenser notre rapport au travail, imaginer de nouvelles organisations, flexibles, hybrides, qui tiennent compte à la fois du bien-être des salariés et des besoins des entreprises. Bref, faire de l’épreuve du Covid qui nous a tous touchés l’opportunité de se réinventer collectivement.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 28 septembre 2021)