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Articles

Affichage des articles du septembre, 2020

A taille humaine

  Rodez. Photo Alain Pauziès Il y a plus de deux siècles, au sortir de la Révolution, la création des départements allait faire des villes préfectures – à distance d’une journée de cheval du reste de leur territoire – des phares de développement économique et culturel.Des phares qui contribuèrent ensuite à l’exode rural au XIXe siècle. À l’heure de la mondialisation et de la globalisation des échanges, ces villes furent à leur tour victimes de la métropolisation et de la désindustrialisation, plongeant pour nombre d’entre elles dans d’importantes difficultés économiques et sociales. Aujourd’hui, après un confinement qui a bouleversé toutes les certitudes, les villes moyennes semblent tenir leur revanche. Durement éprouvés par deux mois d’enfermement pour endiguer la propagation du coronavirus, les Français – et surtout ceux habitant dans les grandes villes – rêvent de maison avec jardin mais avec un bon niveau de services, de se mettre au vert mais avec la fibre pour télétravailler, de

L'autre épidémie

  A l’approche d’un passage à niveau, on voit souvent un panneau "un train peut en cacher un autre". Transposé au domaine sanitaire, on pourrait tout aussi bien écrire "une épidémie peut en cacher une autre"… Car alors que nous sommes tous concentrés sur la lutte contre l’épidémie de Covid-19 qui connaît, sinon une deuxième vague, du moins un net rebond, voilà que pointe l’épidémie de grippe saisonnière. Une grippe qui fait tout de même chaque année un milliard de cas dans le monde, entraînant entre 290 000 et 650 000 décès selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En France, 2 à 8 millions de personnes sont touchées chaque hiver et on compte en moyenne 10 000 décès, à 90 % chez les plus de 65 ans. Autrement dit, pour cette catégorie de la population, c’est la double peine puisqu’elle est aussi la plus vulnérable au coronavirus… Par chance – et contrairement au Covid-19 – un vaccin contre la grippe saisonnière existe, mis en place chaque année selon un remarq

Faire bloc

  L’attaque à l’arme blanche qui a blessé hier deux salariés d’une agence de presse près des anciens locaux de Charlie Hebdo nous a littéralement pris aux tripes et au cœur. Les alertes sur nos téléphones portables, les images de la rue Nicolas-Appert à nouveau remplie de policiers et de pompiers, la venue sur place du Premier ministre Jean Castex et de la maire de Paris Anne Hidalgo, nous ont ramenés cinq ans et demi en arrière, lorsque le 7 janvier 2015 nous apprenions l’impensable, l’indicible, le massacre d’une rédaction au cœur de Paris, l’attaque d’un journal devenu le symbole de la liberté d’expression et de la liberté tout court. Ce flash-back effroyable n’intervient évidemment pas par hasard. S’il appartiendra au Parquet national antiterroriste de déterminer les motivations de l’auteur, rapidement arrêté, et de dégager les éventuelles complicités dont il a pu bénéficier, on ne peut que constater que cette attaque fait suite aux menaces lancées le 11 septembre par Al Qaïda, con

Effet boomerang

  En nommant début juillet Jean Castex à Matignon, Emmanuel Macron avait trois objectifs. Le premier était d'inaugurer la dernière séquence de son quinquennat, un "monde d'après" centrée sur la relance économique après le difficile confinement. Le second, plus général, était d'opérer un changement de méthode avec les élus locaux : snobés au début du mandat, ils devaient (re)devenir des partenaires avec lesquels l'Etat dialogue de façon respectueuse et constructive. Enfin, le troisième objectif était d'accompagner un changement majeur de stratégie sanitaire : passer de la "guerre" très verticale du début contre le coronavirus, avec l'arme suprême du confinement généralisé, à une phase plus horizontale où, faute d'un vaccin, il faut apprendre à "vivre avec le virus" pour ne pas voir s'effondrer l'économie ; et donc mettre en place des mesures ciblées, locales, prises en concertation entre préfets et maires. Jean Castex, le

De l’horreur à la vérité

  L’annonce, ce mardi par la justice, de la prochaine analyse d’une dizaine d’ADN inconnus retrouvés sur un matelas saisi en 2003 dans la maison de la sœur du tueur en série Michel Fourniret constitue une avancée majeure dans la compréhension du parcours criminel de « l’ogre des Ardennes. » Elle illustre aussi combien les enquêteurs font preuve d’une remarquable persévérance dans ce type de dossiers – tentaculaire et criblé de zones d’ombre en ce qui concerne Fourniret – et combien l’espoir de découvrir la vérité n’est jamais vain dans ces douloureuses affaires de disparition. En premier lieu, on pense à la ténacité de toutes ces familles, et particulièrement celle de la petite Marion Wagon, disparue en 1996 à Agen et qui avait bouleversé notre région. Le courage, la dignité de tous ces parents qui réclament justice et non vengeance forcent le respect et appellent compassion et solidarité de notre part. La ténacité est aussi du côté des magistrats, des juges d’instruction, des policier

Contrat d'avenir

  Le château de Bournazel en Aveyron. Les Journées du patrimoine attestent chaque année combien les Français nourrissent un attachement viscéral à ce qu’il est convenu d’appeler les vieilles pierres : des plus grands monuments nationaux dont beaucoup sont exceptionnellement ouverts ce week-end aux plus petits bâtiments locaux, des figures de proue qui font la renommée de la France aux modestes édifices qui font la fierté d’une région, d’un village grâce au formidable travail de milliers de bénévoles. Cet attachement s’est d’ailleurs vérifié avec le succès du Loto du patrimoine. Certes, les montants que celui-ci a permis de dégager sont modestes au vu de l’immensité de la tâche, mais il contribue assurément à faire revivre des sites, des chefs-d’œuvre en péril, comme l’avait imaginé André Malraux. «Le siècle des machines est le premier qui ait retrouvé tout le passé des hommes. Dans notre civilisation, l’avenir ne s’oppose pas au passé, il le ressuscite», expliquait le ministre de la Cu

Obligation de consensus

  "Le meilleur moyen de se délivrer de la tentation… c’est d’y céder". Emmanuel Macron avait-il en tête cette phrase d’Oscar Wilde lorsqu’il s’est présenté lundi soir devant les start-up de la French Tech ? En tout cas, devant un auditoire acquis d’avance, le président de la République, qui voulait faire de la France une start-up nation au début du quinquennat, n’y est pas allé de main morte pour répondre aux élus écologistes et de gauche – dont ses opposants Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot – qui ont réclamé dimanche un moratoire sur le déploiement en France de la 5G. "J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine", a taclé le chef de l’État, faisant référence à cette communauté religieuse américaine hostile à la technologie et qui vit comme au XVIIIe siècle.

La révolution du télétravail

  Souvent, l’urgence permet d’accomplir ce qu’on imaginait irréalisable. Il en va ainsi du télétravail. Chimérique pour nombre de chefs d’entreprise et parfois de directeurs des services informatiques, il s’est imposé comme LA solution permettant pour les sociétés du tertiaire de continuer leur activité durant le confinement. Un succès inattendu car la France accusait un vrai retard par rapport aux pays de l’Europe du Nord. La culture très ancrée du présentéisme, les craintes nombreuses qui entouraient le télétravail (manque de productivité, perte de confiance…) se sont avérées être des digues qui ont cédé. Auparavant seuls 7 % des Français pratiquaient le télétravail, ils étaient 33 % pendant le confinement. Et beaucoup de ceux qui y ont goûté – une écrasante majorité selon les enquêtes – veulent désormais poursuivre l’expérience. Mais cette révolution du télétravail, pour qu’elle soit profitable au plan économique, comme au plan sociétal, impose de conduire une vraie réflexion partag

Les batailles de la relance

  Le plan de relance de 100 milliards d’euros désormais présenté, ce ne sont pas moins de quatre batailles qui vont dès maintenant s’enclencher sous la houlette du nouveau commissaire au plan et à la prospective François Bayrou. Quatre batailles qui vont être tout particulièrement suivies en Occitanie. La première est bien sûr économique. Empêcher la destruction d’emplois, sauver de la faillite un maximum d’entreprises qui ont vu leur activité et leurs carnets de commande s’effondrer avec le confinement et redémarrer trop lentement depuis le déconfinement du 11 mai. Le secteur aérien, qui pèse lourd dans l’économie régionale – l’Occitanie est la plus grande région aéronautique d’Europe ex-aequo avec l’Île de France – a été l’un des plus touchés. Le retour à la normale n’étant pas prévu avant fin 2024, il y a donc urgence à se mobiliser. Pour Airbus bien sûr, qui a prévu de supprimer 15000 postes dont un tiers en France, mais surtout pour tous ses sous-traitants qui constituent un vaste

Les paradoxes de la relance

  La présentation du plan de relance, concocté par l’exécutif, se déroulera donc enfin ce jeudi, après avoir été décalée d’une semaine en raison de la hausse des cas de contamination au coronavirus et d’une rentrée scolaire qui nécessitait, à l’évidence, des précisions. Un décalage somme toute mineur, car le plan de relance est, dans ses grandes lignes, déjà connu, le gouvernement ayant égrainé au fil des semaines le montant des aides qu’il va débloquer et les secteurs qui seront aidés à compter de début 2021. Ce plan de 100 milliards d’euros – du jamais vu ! – veut relancer l’activité économique alors que le PIB de la France a connu une baisse historique de 13,8 % au deuxième trimestre et que le taux de chômage a bondi depuis le confinement. Partiellement financé par l’Europe, il doit répondre à la plus grave crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Souveraineté économique, transition écologique, relocalisations, solidarité avec les jeunes : c’est une ambitieuse feuille de r

Retrouver confiance

  L’épidémie du coronavirus, qui pourrait être marquée par une seconde vague selon certains experts, n’a pas fini d’inquiéter les Français. Cette peur de la Covid-19 et ses conséquences pour les mois à venir sur leur vie quotidienne, leur emploi notamment, les incite à continuer à épargner toujours plus pour faire face à des lendemains qui ne chanteraient pas pour tous. Certes, après le déconfinement du 11 mai, on avait observé un sursaut de fièvre acheteuse, la consommation avait dépassé en juin son niveau de février sans toutefois rattraper le retard pris pendant le confinement. Le bilan mitigé des soldes a d’ailleurs montré combien les Français restaient prudents. Au total, depuis la mi-mars, l’Office français des conjonctures économiques (OFCE) estime que 75 milliards d’euros auraient dû être dépensés par les ménages. L’épargne accumulée pendant le confinement atteindrait même les 100 milliards d’euros, selon l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Cette épa