L’annonce, ce mardi par la justice, de la prochaine analyse d’une dizaine d’ADN inconnus retrouvés sur un matelas saisi en 2003 dans la maison de la sœur du tueur en série Michel Fourniret constitue une avancée majeure dans la compréhension du parcours criminel de « l’ogre des Ardennes. » Elle illustre aussi combien les enquêteurs font preuve d’une remarquable persévérance dans ce type de dossiers – tentaculaire et criblé de zones d’ombre en ce qui concerne Fourniret – et combien l’espoir de découvrir la vérité n’est jamais vain dans ces douloureuses affaires de disparition.
En premier lieu, on pense à la ténacité de toutes ces familles, et particulièrement celle de la petite Marion Wagon, disparue en 1996 à Agen et qui avait bouleversé notre région. Le courage, la dignité de tous ces parents qui réclament justice et non vengeance forcent le respect et appellent compassion et solidarité de notre part.
La ténacité est aussi du côté des magistrats, des juges d’instruction, des policiers, des gendarmes, des techniciens de l’identification criminelle qui continuent à faire un méticuleux travail, ne pouvant se résoudre à ce que des disparitions d’enfants ou d’adultes ne deviennent des « cold cases », ces affaires irrésolues qui restent suspendues, parfois des années, à la découverte d’un fait nouveau de nature à les relancer. Rappelons que sur les 40 000 disparitions enregistrées chaque année en France par le ministère de l’Intérieur, 10 000 sont classées inquiétantes dont un dixième concerne des mineurs.
L’analyse des prélèvements ADN est toujours complexe, fragile, parfois insuffisante pour établir la culpabilité, mais elle constitue aujourd’hui, pour toutes les familles qui souffrent de la disparition d’un proche, un espoir, celui de passer de l’horreur à la vérité.
(Editorial publié dans La Dépêche du mercredi 24 septembre 2020)