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Articles

Affichage des articles du janvier, 2022

Revers numérique

  Le développement du numérique et de la dématérialisation dans notre société a fait évoluer notre façon de travailler, de consommer, de se divertir, de se former ou de se cultiver, et personne ne voudrait – ni ne pourrait – se passer de cette ouverture sur le monde. Mais le numérique a aussi fait évoluer les mauvaises pratiques commerciales et la cyberdélinquance. Très rares aujourd’hui sont ceux d’entre nous qui n’ont jamais été contactés au téléphone par des démarchages particulièrement insistants qui confinent parfois au harcèlement ; qui n’ont jamais reçu des courriels par dizaines – les fameux spams – de la part de sociétés ayant racheté des bases de données ; ou qui n’ont pas été victimes de tentatives d’escroquerie par des cyberpirates imitant de plus en plus fidèlement les messages d’une banque ou d’un opérateur téléphonique dans le but de voler identifiants ou coordonnées bancaires. Ces fléaux modernes, qui semblent ne jamais devoir cesser de grossir, sont comme le revers de

Guerres et paix

Dans un documentaire baptisé « Russie. Nouvelle histoire » diffusé sur la télévision publique russe mi-décembre à l’occasion des 30 ans de la chute de l’URSS, Vladimir Poutine a livré sa lecture de l’Histoire. Pour lui, l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 – qu’il avait qualifié de « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle » – a constitué une « désintégration de la Russie historique ». Depuis son accession au pouvoir après les années Eltsine minées par les oligarques, Poutine n’a donc eu de cesse de vouloir revenir à cette grande Russie et à l’influence qu’elle avait sur les affaires du monde à l’époque de la Guerre froide. Peu importe que la Russie n’ait plus les moyens d’autrefois, que la situation économique du pays, alourdie par les sanctions internationales, le classe à la 11e place en 2020 contre la 8e en 2013, qu’elle affiche un taux de pauvreté en hausse constante depuis dix ans à 13,1 % en 2021, que l’espérance de vie des Russes ait reculé à 70 ans, qu’un je

Urgence

  Ce n’est pas la première fois que des livres viennent témoigner de la maltraitance qui peut sévir contre les personnes âgées dépendantes dans les maisons de retraite. On se souvient de « Maman, est-ce que ta chambre te plaît ? » (Ed. Privé), de William Réjault et notre consœur Christelle Bertrand, paru en 2009, ou plus récemment de « Tu verras maman, tu seras bien » (Ed. XO) de Jean Arcelin, ancien directeur d’un Ehpad dans le sud de la France. Qu’ils soient rédigés par des familles de résidents, d’anciens employés ou d’ex-directeurs d’établissement, qu’ils soient relayés ou complétés par de solides enquêtes de presse, ces récits glaçants suscitent toujours autant l’indignation de l’opinion… avant que celle-ci ne retombe, emportée par l’actualité. Le livre de Victor Castanet, « Les fossoyeurs : révélations sur le système qui maltraite nos aînés » (Ed. Fayard) pourrait pourtant constituer un tournant, le « J’accuse » d’un système dont on mesure toute l’urgence à le réformer. Car au-d

N'oublions pas le cancer

Cela aura été son avant-dernier combat avant d’engager celui, intime et personnel, contre la maladie qui le rongeait : n’oubliez pas les malades du cancer, avait ainsi lancé le professeur Axel Kahn, médecin généticien de renom qui fut président de la Ligue contre le cancer de juin 2019 à mai dernier. À plusieurs reprises, dès le printemps 2020, le scientifique avait tiré la sonnette d’alarme sur la « dangereuse dégradation » de la situation des patients atteints d’un cancer, dont la continuité des soins avait été empêchée par la pandémie de Covid-19 qui mobilisait tous les efforts, mais aussi sur l’interruption des dépistages systématiques des cancers du col de l’utérus, du sein ou encore de la prostate… « Nous estimons aujourd’hui qu’il y a environ 30 000 cancers non détectés, et donc autant de personnes non traitées », déplorait le professeur à l’automne 2020. « La crise de la Covid-19 ne doit pas faire oublier le cancer, un fléau qui touche près de 400 000 personnes chaque année »,

Entre les lignes

  Qui est vraiment Cédric Jubillar ? Au cœur de l’affaire qui porte son nom, depuis la disparition de son épouse Delphine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 et qui lui vaut une mise en examen pour meurtre aggravé et une incarcération, cette question est toujours sans réponse. Le mystère demeure sur ce père de deux enfants, qui avait participé activement aux battues et aux recherches de son épouse et dont on a découvert au printemps, avec surprise, la nouvelle compagne Séverine, amie devenue amante et peut-être confidente. La clé de l’énigme se trouve-t-elle dans la relation singulière qui semble unir Cédric Jubillar et Séverine L., cette dernière ayant été un soutien de la première heure après la disparition de Delphine et étant toujours restée près de lui, même après son incarcération à l’été 2021 ? En tout cas, le couple est, d’évidence, une pièce maîtresse de l’affaire Jubillar. Le domicile de Séverine L., à Lescure-d’Albigeois, avait été fouillé en juin par les gendarmes et une

Certitudes

  « Je vous demande d’être responsables tous ensemble et de ne céder à aucune panique, d’accepter ces contraintes, de les porter, de les expliquer, de vous les appliquer à vous-mêmes, nous nous les appliquerons tous, il n’y aura pas de passe-droit, mais, là aussi, de ne céder ni à la panique, ni au désordre. Nous gagnerons, mais cette période nous aura beaucoup appris. Beaucoup de certitudes, de convictions sont balayées, seront remises en cause ». Ces mots, prononcés lors de l’une de ses allocutions solennelles en pleine première vague, le 16 mars 2020, Emmanuel Macron pourrait les redire aujourd’hui, car le coronavirus et ses nombreux variants apparus depuis, continuent à bousculer les certitudes. Et notamment celles, piliers de la stratégie anti-Covid française, concernant la vaccination et le pass sanitaire qui va devenir pass vaccinal. Certitude sur la vaccination. Non pas celle émise par les antivaccins, ces Français ultraminoritaires, qui, depuis plus d’un an de campagne vaccina

Heureux euro

  « Je vous parle d’un franc que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ». À l’heure où l’on célèbre l’anniversaire de la monnaie unique, la tentation de paraphraser Aznavour est tentante car, après deux décennies, ce sont désormais quelque 16 millions de jeunes Français qui n’auront connu que l’euro quand leurs aînés ont vécu ce passage, aussi historique qu’inédit, de changement de monnaie. C’est peu dire que l’arrivée de l’euro avait suscité des angoisses, les Français étant particulièrement mal lotis avec ce taux de conversion d’un euro pour 6,55957 francs. Entre les astuces de calcul mental des uns et les calculatrices à double affichage des autres, la monnaie unique – qui existait formellement depuis le 1er juillet 1999 – a fini par s’imposer même si, vingt ans plus tard, un Français sur deux continue ponctuellement à effectuer la conversion euro-franc et si nombreux sont ceux qui pensent que la monnaie unique a fait augmenter les prix. Salué par le président Chirac comme