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Affichage des articles du octobre, 2020

Essentiel

  Bis repetita. Nous revoilà revenus à la case départ. Comme dans le film « Un jour sans fin » où Bill Murray revit sans cesse la même journée dans un village qui célèbre « la fête de la marmotte », nous retrouvons les habitudes que nous avions acquises lors du premier confinement du printemps – redevant pour le coup des marmottes – afin de freiner la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19. Toutefois, comme dans le film où le héros essaie de ne pas refaire les mêmes erreurs d’un jour sur l’autre, nous abordons ce reconfinement de manière différente, plus souple avec les écoles ouvertes, les entreprises ou le BTP en activité, les services publics fonctionnels. Mais cette souplesse, pensée pour éviter de remettre la France et son économie sous cloche, n’en reste pas moins tout aussi douloureuse pour les petits commerçants « non-essentiels » qui se sentent lésés, d’autant plus qu’ils ont souvent tout fait pour s’adapter aux protocoles sanitaires. La peur de voir leur entreprise mettre l

La faute à qui ?

  Depuis le week-end dernier et l’envol des chiffres des contaminations et des hospitalisations, les Français s’attendaient à ce que de nouvelles « décisions difficiles » soient prises face au Covid-19. Si le reconfinement annoncé hier par Emmanuel Macron n’est donc pas une surprise – même s’il paraissait inimaginable – il n’en constitue pas moins un choc. Certes, il sera plus souple que celui du printemps mais il restera une épreuve pour tous les Français et un coup de massue pour une économie à peine remise de la première vague. Face aux chiffres implacables d’une épidémie « hors de contrôle » et au risque d’un débordement de notre système hospitalier, il s’agit bien là de la solution la plus efficace, et sans doute la seule, pour casser les chaînes de contamination. Jusqu’ici très disciplinés face à des mesures qui, depuis des mois, ont restreint leurs libertés, bouleversé leur vie quotidienne et parfois fait tomber dans le chômage et la pauvreté des milliers d’entre eux, les França

Le choc

  Les propos alarmants de nombreux experts qui depuis ce week-end parlent d’épidémie « hors de contrôle » en France ; la fatigue et la détresse qu’on a pu lire dans les témoignages de soignants, médecins ou infirmières, en première ligne dans tous les hôpitaux de France et non pas seulement ceux de Paris ; l’inquiétude qui n’a cessé de monter dans les Ehpad ; le constat fait par un nombre croissant de Français qu’ils connaissaient désormais dans leur entourage proche des personnes contaminées par le coronavirus et peut-être même décédées de la Covid-19 : autant de signes qui, ces derniers jours, ont acté une accélération dramatique de la propagation de l’épidémie en France, autant de signaux d’alerte qui ont conditionné les Français à se préparer à endurer de nouvelles mesures restrictives pour tenter de freiner le virus. Mais même en sachant tout cela, le reconfinement que s’apprêterait à leur annoncer ce soir Emmanuel Macron – s’il se réalise effectivement – constituera pour les Fran

Au pied du mur

  Jeudi dernier au moment d’étendre les couvre-feux à 54 départements, le Premier ministre Jean Castex lançait « Disons les choses clairement : la situation est grave. Elle est grave en Europe, elle est grave en France ». Depuis, la situation s’est encore dégradée au point que plusieurs experts estiment depuis ce week-end que l’épidémie en France est « hors de contrôle ». Dès lors l’hypothèse d’un reconfinement est désormais sur la table comme l’une des pistes pour casser les chaînes de contamination. Inimaginable il y a encore quinze jours, ce reconfinement – fut-il partiel et ponctuel – semble être la meilleure solution sur le papier, mais comment la mettre en place ? Comment décider à nouveau un confinement qui éprouvera très durement les Français et frappera violemment une économie affaiblie et tout juste convalescente ? Au pied du mur, le gouvernement ne peut pourtant plus tergiverser et communiquer au compte-gouttes chaque semaine en donnant un tour de vis supplémentaire à des me

Cohérence et cohésion

  Les nouvelles mesures restrictives annoncées hier par le Premier ministre Jean Castex pour freiner la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, semblaient inéluctables. Inéluctables compte tenu des chiffres de contaminations pour 100 000 habitants qui ont dépassé la ligne rouge dans plusieurs régions, y compris dans certaines zones rurales et pas seulement dans les grandes métropoles dont neuf seulement étaient jusqu’à hier soumises à couvre-feu. Inéluctables parce que le nombre d’hospitalisations et le taux d’occupation de lits de réanimation ont augmenté ces derniers jours de façon alarmante. Inéluctables enfin parce que le pays ne peut pas se permettre un nouveau confinement, comme viennent de le décréter les Irlandais. Le gouvernement comme les Français n’ont pas envie de revivre des semaines éprouvantes d’assignation à domicile dont l’impact psychologique et les conséquences socio-économiques ont été ravageurs pour le pays. Dès lors, les couvre-feux, ces confinements nocturnes,

Un héros de la liberté

  L’hommage de la Nation à Samuel Paty, le professeur décapité par un terroriste islamiste de 18 ans, hier à la Sorbonne, temple républicain de la connaissance, était évidemment nécessaire. Nécessaire comme l’ont été les nombreux rassemblements de soutien dimanche après-midi partout en France. Les discours et les bougies – pour reprendre les mots de certains à droite qui n’ont pas voulu participer à ces manifestations – ne sauraient être évidemment suffisants en réponse à la barbarie et à l’obscurantisme, mais il est des moments où le symbole n’est pas vain, où l’on doit faire corps, faire bloc, pour défendre les valeurs de la République et apporter aux enseignants toute la considération qu’ils méritent de la part de la Nation. Ainsi, à travers l’hommage à Samuel Paty, enseignant passionné par son métier et l’envie de transmettre à ses élèves les clés pour devenir les citoyens libres et éclairés de demain, c’est tous les enseignants qui étaient hier honorés et réconfortés. En saluant l

Papy et mamie

  Papy et mamie. Ces doux noms qui emportent toute la tendresse des enfants et la bienveillance de leurs parents à l’égard des grands-pères et grands-mères ont subitement déclenché la colère de ces derniers quand le nouveau Premier ministre les a utilisés pendant l’été pour s’adresser à eux. Pour Jean Castex, papy et mamie devaient renoncer à aller chercher leurs petits-enfants à l’école en raison des risques qu’ils couraient face à l’épidémie du coronavirus. Peut-être Jean Castex a-t-il des grands-parents l’image de ces anciens que l’on voit parfois dans les villages, voûtés sur leur canne et le béret vissé sur la tête. Une image d’Epinal en somme bien éloignée de la réalité, comme le lui a vertement rappelé sur le plateau de France 2 Armelle Le Bigot Macaux, présidente de l’École des Grands-Parents Européens. En voulant infantiliser les seniors – sans mauvaise intention évidemment – le Premier ministre s’était retrouvé comme un petit garçon devant la dynamique septuagénaire en colère

Une France debout

  Parce que chacun d’entre nous a rencontré au cours de sa scolarité un instituteur, une institutrice, un professeur, à l’école, au collège, au lycée ou à l’université dont la bienveillance, les encouragements, les connaissances, la passion de transmettre nous ont marqués à vie et ont fait ce qu’aujourd’hui nous sommes devenus… nous étions là. Parce que nous sommes pères ou mères, fils ou filles, frères ou sœurs, amis ou époux d’un enseignant et que nous connaissons toute la beauté de ce métier, les difficultés qu’il y a à l’exercer, l’ingratitude qu’il fait parfois endurer… nous étions là. Parce que nous sommes convaincus que l’école laïque et publique reste la matrice de la République, le creuset dans lequel se forment les citoyens éclairés de demain, des hommes libres qui s’en remettent à la raison plutôt qu’aux dogmes… nous étions là. Parce qu’après la liberté d’expression, la liberté de croyance, la liberté de se divertir et de s’amuser, c’est la liberté d’enseigner, la liberté de

Liberté ! Laïcité !

  Au lendemain de l’attaque terroriste qui a coûté la vie à un professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine, la France s’est réveillée hier avec cette terrible sensation qui l’a trop souvent étreinte ces dernières années. L’effroi devant la barbarie islamiste, le sentiment d’impuissance face à l’hydre terroriste, la tristesse infinie pour les victimes qui pourraient être nos proches, mais aussi l’envie de se battre, de ne pas baisser les bras ni plier le genou, de ne pas se diviser, de "faire bloc" comme l’a demandé, à raison, le président Macron, invitant les Français à l’unité. En janvier 2015, ils se sont attaqués à la liberté d’expression en décimant la rédaction de Charlie Hebdo, qui avait publié des caricatures du prophète Mahomet. Les Français ont fait bloc et sont descendus en masse dans la rue, et avec eux des chefs d’Etat du monde entier, pour affirmer leur attachement indéfectible à la liberté de la presse, à la liberté d’expression et crier "J

Bis repetita

  Comme un sentiment de déjà-vu, de recommencement. En regardant hier après-midi le Premier ministre Jean Castex et quatre de ses ministres tenir la conférence de presse explicitant la décision annoncée la veille par le président de la République de mettre en place des couvre-feux dans neuf métropoles, chacun s’est comme retrouvé quelques mois auparavant, lorsqu’Edouard Philippe s’appliquait au même exercice de « service après-vente ». Dans les deux cas, il s’agissait d’assurer aux Français qu’ils pouvaient avoir confiance, que la situation épidémique était sous contrôle, que le gouvernement était tout entier mobilisé pour conjurer la propagation de l’épidémie de Covid-19, pour donner de nouveaux moyens aux soignants, pour soutenir salariés et entrepreneurs en souffrance et pour préparer un « monde d’après », qui – à portée de main pourvu que chacun soit responsable – serait forcément celui des « jours heureux »…  Bis repetita. La deuxième vague de l’épidémie semble appeler quasiment l

Les limites de l’acceptabilité

  Il y a sept mois, lors de son allocution solennelle annonçant le confinement du pays, Emmanuel Macron avait estimé fort justement qu’avec l’épidémie de Covid-19 "beaucoup de certitudes, de convictions [allaient être] balayées, remises en cause". De fait, le coronavirus est devenu pour le Président une épreuve au long cours, un défi complexe et mouvant d’une ampleur qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait eue à affronter. Même la réponse à apporter aux attentats de 2015, terribles pour notre pays, paraissait plus maîtrisable. Avec ce virus, Emmanuel Macron, qui se targuait d’être maître des horloges, a dû faire son aggiornamento. Là où le mouvement social inédit des Gilets jaunes avait échoué à le faire dévier de sa trajectoire libérale réformiste, l’épidémie l’a contraint à revoir son positionnement politique en inversant le mantra du quinquennat : Emmanuel Macron a ainsi dû passer du "libérer, protéger" à un social-déomocrate "protéger, libérer". Le besoi

Clarté

  On ne pourra pas ôter à Jean Castex une qualité – qui joue parfois des tours en politique –, celle de la franchise. De la même façon qu’il avait spontanément et presque naïvement expliqué qu’il n’avait pas téléchargé l’application StopCovid dont son propre gouvernement vantait les mérites auprès des Français – hélas sans succès puisqu’elle va être remplacée dans dix jours – le Premier ministre n’a pas tergiversé et a admis hier sans ambages que « nous sommes dans une deuxième vague forte. » Si l’analyse est contestée par certains experts qui dénoncent une dramatisation excessive de la part de l’exécutif, mais confortée par d’autres qui voient les services hospitaliers se remplir dangereusement à grande vitesse, elle a le mérite de la clarté. Une clarté qui reste à décliner en revanche pour les nouvelles mesures sanitaires en vigueur dans les « zones d’alerte maximale », qui ont accueilli hier les deux métropoles d’Occitanie, Toulouse et Montpellier. C’est peu dire qu’après un confine

Cas d'école

  En abordant l’école dans son discours sur la lutte contre les séparatismes – intitulé "La République en actes" – Emmanuel Macron a assumé d’aller sur un terrain toujours sensible pour les gouvernements et les présidents tant chaque citoyen a de l’école une conception presque intime. "J’ai pris une décision, sans doute, et je la mesure, […] l’une des plus radicales depuis les lois de 1882 et celles assurant la mixité scolaire entre garçons et filles en 1969", a assuré le Président en annonçant un bouleversement : l’école obligatoire – et non l’instruction, différence de taille – dès 3 ans, et en corollaire la fin programmée de l’école à domicile telle que nous la connaissions. En appeler à l’universalisme de l’école républicaine permet, d’évidence, d’anesthésier ceux qui voudraient trop critiquer l’entièreté du discours sur les séparatismes. En effet, qui peut s’opposer, à gauche comme à droite, à la scolarisation des enfants dès le plus jeune âge dans l’école de l

Comment se réinventer

  Photo DDM, Joël Boyé L’image avait tantôt fait sourire et parfois s’indigner : mi-février de cette année, pour sauver la saison de la petite station de Luchon-SuperBagnères, le Conseil départemental de Haute-Garonne avait fait livrer par hélicoptère 50 tonnes de neige. L’affaire était devenue politique, la ministre de la Transition écologique de l’époque, Elisabeth Borne, estimant qu’"enneiger une station de ski" de la sorte, "ce n’est pas une voie possible". Assumée par le Département, cette opération exceptionnelle n’était pourtant pas une première. Montclar-les-2-Vallées, une station des Alpes-de-Haute-Provence, avait procédé de même deux mois auparavant et Gérardmer, dans les Vosges, s’était fait livrer de la neige par camion. Ces épisodes semblant opposer écologie et économie locale montrent combien le défi est grand pour les stations de ski pour faire face au réchauffement climatique qui, inéluctablement, ne cesse de réduire le domaine skiable français. Dans

Profiteurs de malheur

  À chaque malheur, ses profiteurs. L’épidémie de coronavirus n’échappe évidemment pas à cette règle vieille comme le monde. L’inquiétude légitime des Français pour leur santé et celle de leurs proches, les mystères qui entourent encore la compréhension de ce virus SARS-CoV-2 apparu il y a moins d’un an, la difficulté à obtenir, sinon un vaccin, du moins des traitements efficaces, la défiance qui s’est installée entre l’opinion et le monde médical, mais aussi entre les citoyens et leurs gouvernants contraints de prendre des mesures restreignant les libertés souvent mal expliquées : tout cela constitue un terreau sur lequel les complotistes de tout poil et les gourous marchands de guérison miraculeuse prospèrent allègrement. Les quelque 70 signalements reçus pendant le confinement par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) montrent bien que l’épidémie de Covid-19 est devenue le théâtre d’oiseaux de mauvais augure qui trompent des

Tenir le choc

  À la crise sanitaire du coronavirus succède cet automne la crise socio-économique tant redoutée. Depuis le confinement, nous nous étions bien sûr préparés à ce choc. En mars dernier déjà, le Premier ministre Edouard Philippe parlait de "risque d’écroulement" économique quand le ministre de l’Economie Bruno Le Maire évoquait la perspective de "la pire récession depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale." Et pourtant, les annonces de plans sociaux qui s’enchaînent depuis quelques semaines – actuellement on en compte près de 450 partout en France – nous saisissent tous d’effroi, parce que derrière les chiffres bruts, ce sont bien sûr des familles qui basculent du jour au lendemain dans l’angoisse de l’avenir, ce sont des entreprises qui, solides hier, se retrouvent au bord de la faillite aujourd’hui, ce sont des territoires qui voient leur tissu économique se déliter. Plus de 65 000 emplois sont en passe d’être supprimés, selon un rapport de la Direction de l’Anima

Frondeurs

  On a beaucoup parlé ces derniers jours de la fronde des élus locaux mécontents des mesures de restrictions ponctuelles prises par le gouvernement pour limiter le rebond de l’épidémie de Covid-19. Il y a une autre fronde, à bas bruit, qui gronde depuis le début de l’épidémie et qui pourrait, elle aussi prendre de l’ampleur : celle des seniors, des plus de 65 ans, des aînés ou des vieux, comme certains veulent farouchement qu’on les appelle. Car depuis l’arrivée de l’épidémie de Covid-19 en France, voilà une catégorie de la population qui estime – souvent à raison – avoir été maltraitée, discriminée et pour tout dire infantilisée. Cela a commencé, en mars, avec la perspective d’un confinement dont ils auraient été les seuls concernés – perspective vite abandonnée par Emmanuel Macron lui-même. Cela s’est poursuivi ensuite avec de multiples conseils vécus comme autant d’injonctions comminatoires pour ne pas recevoir leurs proches et leurs petits enfants chez eux, éviter tout déplacement,

De la démocratie...

  Lorsqu’il revint des Etats-Unis au début du XIXe siècle, Alexis de Tocqueville rédigea son ouvrage majeur "De la démocratie en Amérique", décortiquant les rouages de ce jeune pays et pressentant la guerre de sécession autour de l’abolition de l’esclavage, mais aussi comment les Etats-Unis étaient une superpuissance en devenir. Le philosophe avait montré combien les institutions démocratiques américaines – adossées à une constitution toujours en vigueur – étaient solides. Cette solidité a pour l’heure résisté à l’ouragan Donald Trump. Cela sera-t-il toujours le cas après le scrutin présidentiel du 3 novembre prochain ? À un mois de l’échéance, la question est sur toutes les lèvres tant le président sortant – après quatre années de défiance, souvent face à sa propre administration – semble vouloir s’affranchir des règles démocratiques les plus essentielles : celles qui garantissent la sincérité du scrutin. Dans le brouhaha stupéfiant – mais hélas pas surprenant – du premier d