On ne pourra pas ôter à Jean Castex une qualité – qui joue parfois des tours en politique –, celle de la franchise. De la même façon qu’il avait spontanément et presque naïvement expliqué qu’il n’avait pas téléchargé l’application StopCovid dont son propre gouvernement vantait les mérites auprès des Français – hélas sans succès puisqu’elle va être remplacée dans dix jours – le Premier ministre n’a pas tergiversé et a admis hier sans ambages que « nous sommes dans une deuxième vague forte. » Si l’analyse est contestée par certains experts qui dénoncent une dramatisation excessive de la part de l’exécutif, mais confortée par d’autres qui voient les services hospitaliers se remplir dangereusement à grande vitesse, elle a le mérite de la clarté.
Une clarté qui reste à décliner en revanche pour les nouvelles mesures sanitaires en vigueur dans les « zones d’alerte maximale », qui ont accueilli hier les deux métropoles d’Occitanie, Toulouse et Montpellier. C’est peu dire qu’après un confinement qui les a très durement éprouvés psychologiquement comme économiquement au printemps, les bars et restaurants sont plongés dans une inquiétude légitime pour leur avenir, voire une colère froide d’être pris pour des boucs émissaires. L’incompréhension domine : pourquoi eux et pas les autres, pourquoi leur ville et pas les autres ? Ces mesures fortes, qui touchent de plus en plus de villes s’apparentent à des reconfinements locaux, un terme que Jean Castex n’a pas écarté hier. « Rien ne doit être exclu » a-t-il expliqué face à « la situation dans nos hôpitaux. » Rien, sauf un reconfinement généralisé dont le pays ne pourrait pas se relever…
Dans ce contexte tendu, la parole du chef de l’Etat est importante et attendue. Cinq mois après le déconfinement, Emmanuel Macron navigue sur un chemin de crête : après avoir privilégié –à raison – la santé à l’économie, le Président doit redresser l’économie sans sacrifier la santé. Mercredi soir, c’est donc un langage de clarté et de vérité qu’attendent de lui les Français. Le seul qui permettra de passer collectivement la deuxième vague.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 13 octobre 2020)