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L'énigme Poutine

Il y a un an tout juste l’hebdomadaire tchèque « Respekt » publiait une caricature représentant Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin, qui avait raté sept mois plus tôt son « opération militaire spéciale » en Ukraine – cette Blitzkrieg qui devait en quelques jours renverser le régime de Volodymyr Zelensky – était dessiné assis, l’air accablé dans un fauteuil surmonté d’un aigle bicéphale, symbole de la Russie, à côté d’un téléphone rouge, le bouton nucléaire en pendentif. Dans sa main, un pistolet comme s’il était prêt à se suicider dans ce bunker, une allusion à Hitler qui s’est donné la mort 30 avril 1945 à Berlin. En lettres capitales au-dessus de la scène : « La Russie est en train de perdre ». Un an plus tard, alors que le conflit s’enlise dans une interminable guerre de position et que l’armée ukrainienne peine à concrétiser sa contre-offensive, personne ne peut dire que la Russie est « en train de perdre » même s’il faudrait pourtant qu’elle perde pour avoir violé le droit inte
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Des paroles aux actes

En réclamant lundi soir un « électrochoc » dans la lutte contre le harcèlement scolaire après qu’un rectorat a expédié un courrier comminatoire « honteux » à une famille dont l’enfant, Nicolas, 15 ans, moqué et violenté, a fini par se donner la mort, Gabriel Attal a, d’évidence, pris la mesure d’un fléau qui n’a que trop duré. Non pas que les prédécesseurs du ministre de l’Education nationale n’aient jamais rien fait sur ce sujet. Des dispositifs ont été lancés, des numéros verts mis en place, des plateformes internet de signalement déployées, des formations prodiguées aux personnels de l’Éducation nationale et des campagnes de sensibilisation ont été conduites auprès des élèves eux-mêmes en particulier et du grand public en général. Il y a même tous les ans une Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école… Mais le phénomène a continué à perdurer, prenant d’autant plus d’ampleur que s’il s’arrêtait jadis aux portes de l’école, il est devenu désormais permanent avec les ré

Transformer l'essai

À quelques jours du lancement d’Octobre rose, la campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser les femmes à l’importance du dépistage du cancer du sein – et à récolter des fonds pour la recherche – l’annonce d’OSE Immunotherapeutics apporte une nouvelle bouffée d’espoir dans la longue lutte contre le cancer. Cette société de biotechnologie nantaise vient, en effet, de publier des résultats positifs de phase 3 de Tedopi, son vaccin contre le cancer du poumon, l’un des plus meurtriers, responsable de 1,8 million de décès dans le monde selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dont plus de 22 000 en France. Ce vaccin pourrait recevoir son autorisation de mise sur le marché en 2027. Dans la lutte contre les cancers, l’idée du vaccin a pris corps déjà l’an passé lorsque les cofondateurs de BioNtech, la start-up allemande qui s’était associée avec Pfizer pour développer le vaccin contre le Covid-19, s’étaient dits convaincus que les travaux réalisés pour ce dernier avec l’

Patrimoine(s)

Avec la fête de la musique en juin, les Journée du patrimoine de septembre, qui célèbrent cette année leurs quarante ans d'existence, sont incontestablement l’un des rendez-vous préférés des Français, qui en font tous les ans un immense succès. Depuis que Jack Lang les a lancées en 1984, ces journées très populaires – devenues européennes en 1991 – attirent toujours un public nombreux car elles restent, avec quelques grands moments sportifs, la Fête nationale ou les drames qui ces dernières années ont soudé le pays, un rare moment d’unité nationale, ce qui n’est pas rien dans une société de plus en plus polarisée. Le temps d’un week-end, en effet, les Français se retrouvent, quelles que soient leurs origines ou leurs convictions, pour célébrer partout sur le territoire, en métropole et outre-mer, leur patrimoine, cette richesse nationale qui fait de la France la première nation touristique mondiale. Ou plutôt leurs patrimoines au pluriel. Il y a bien sûr ces grands monuments connus

Piqûre de rappel

  La pandémie de Covid-19 ne fait bien sûr plus la une des médias dans le monde, chassée par d’autres actualités et aussi sans doute par l’envie de beaucoup d’entre nous de passer à autre chose que cette épidémie qui a mis le monde à genoux pendant presque deux ans et nous a tous épuisés. Pour autant, le coronavirus n’en reste pas moins toujours présent. Le rebond des contaminations cet été est venu, en effet, nous rappeler que le Covid se transforme en une maladie chronique comme la grippe saisonnière et qu’il faudra vivre avec lui, au gré de la kyrielle de variants qui apparaissent mois après mois. Le dernier en date, BA.2.86, a ainsi été détecté début septembre en France, dans le Grand Est, et fait l’objet d’une attentive surveillance. Si de nombreux Français souffrent encore de Covid long, d’autres continuent ainsi à être contaminés et les spécialistes préviennent qu’une nouvelle vague automnale aura bien lieu, comme celle de la grippe qui survient chaque année. « L’augmentation du

Bombe sociale

Le politique du logement constitue depuis 2017 un angle mort du macronisme. Le sujet n’a, en effet, que peu intéressé Emmanuel Macron au point qu’en mai 2022, juste après sa réélection, le gouvernement Borne ne comprenait pas de ministre du Logement, ni de ministre délégué et encore moins de secrétaire d’État. Le logement se trouvait alors fondu dans le tentaculaire ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Une situation inédite qui avait, à l’époque, ému l’ensemble des professionnels du secteur. L’exécutif avait ensuite corrigé le tir en nommant Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, qui a piloté le lancement en novembre 2022 du Conseil national de la rénovation (CNR) dédié au logement. Sept mois plus tard, Elisabeth Borne montait en première ligne pour en présenter les conclusions et une série de mesures. Prolongation mais forte restriction du prêt à taux zéro (PTZ), fin du dispositif Pinel d’investissement locatif, aides à l

Petite musique

L’arrivée des premiers avis de taxe foncière est un coup dur pour les ménages et met clairement le gouvernement en mauvaise posture à l’heure de la préparation du Budget 2024. La taxe foncière va, en effet, subir cette année une hausse minimale de +7,1 % en raison de la revalorisation forfaitaire des valeurs locatives, votée lors de la dernière loi de finances. Une taxe qui peut par ailleurs augmenter si les communes – dont l’autonomie fiscale s’est réduite ces dernières années, notamment avec la suppression de la taxe d’habitation voulue par Emmanuel Macron – décident de jouer sur les taux. À Paris la hausse est de 51,9 %, à Grenoble de 25 %… Peu importe pour les Français que le gouvernement et les collectivités se renvoient la responsabilité de la hausse finale. Le résultat pour eux constituera bien une hausse de la fiscalité qui tombe mal pour le gouvernement. Depuis des semaines, en effet, Elisabeth Borne et Bruno Le Maire ne cessent de marteler qu’il n’y aura pas de hausses d’impô

Sous surveillance

Après le technicien de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, et l’universitaire Pap Ndiaye, Emmanuel Macron a décidé, lors du remaniement de juillet, de confier l’Éducation nationale à un pur politique, Gabriel Attal, fidèle d’entre les fidèles et l’un des premiers à avoir rejoint En Marche en 2016. Charge au plus jeune ministre installé rue de Grenelle, à 34 ans, de faire oublier les errements de ses deux prédécesseurs : le dogmatisme et les obsessions de Blanquer, dont la réforme du baccalauréat a mis sous tension des enseignants avec lesquels le dialogue s’était rapidement et durablement rompu ; l’effacement de Ndiaye, qui n’a pas su trouver sa place et a dû endurer, avec une solidarité gouvernementale quasi-inexistante, les attaques souvent odieuses de l’extrême droite et d’une partie de la droite sur sa personne plutôt que sur son action. Pour faire oublier ses prédécesseurs et imprimer sa patte sur un ministère réputé difficile, l’ambitieux Gabriel Attal a bien compris qu’i

Etre sur ses gardes

  Le rebond du nombre de contaminations au Covid-19 cet été, notamment avec le fulgurant variant Eris, nous a rappelé que si la fin de la pandémie en tant qu’urgence sanitaire mondiale avait bien été actée au printemps par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle n’en restait pas moins une menace pour la santé partout dans le monde. Le coronavirus continue, en effet, de circuler dans tous les pays, il continue de tuer les plus fragiles et il continue à changer, de variant en variant. La question maintenant est de savoir si le rebond du Covid-19, qui est considéré comme une maladie chronique à l’instar de la grippe saisonnière, pourrait être plus fort qu’attendu à la rentrée. Ce n’est pas un hasard si l’OMS, qui surveille de près l’apparition de tout nouveau variant du coronavirus, a incité les pays à mettre à jour leur stratégie de lutte contre le Covid. Surveillance, information transparente, poursuite de la vaccination si besoin, soutien à la recherche scientifique pour mieux

Derrière les hausses

C’est la mauvaise nouvelle au cœur de l’été : de nombreux Français ont reçu une facture de régularisation de leur consommation d’électricité et se voient réclamer des centaines d’euros supplémentaires. Pour beaucoup, c’est d’autant plus incompréhensible qu’ils avaient fait des efforts de sobriété ces derniers mois et que leur consommation a baissé d’une année sur l’autre. Mais pas suffisamment pour compenser une électricité dont le prix a augmenté de 15 % en février et de 10 % le 1er août dernier. Cette dernière hausse a mis le gouvernement dans l’embarras, accusé par les oppositions d’avoir menti, lui qui avait promis de plafonner la hausse à 15 % sur l’année. Sauf que cette hausse était prévisible puisqu’elle traduit une baisse de la prise en charge par l’État du bouclier tarifaire, qui a permis d’éviter une augmentation des factures d’électricité des Français de 35 % en 2022 et de 100 % en 2023. Le bouclier va continuer à prendre en charge 37 % de la facture réelle, contre 43 % préc

Enlisement

En découvrant il y a quelques mois les images des tranchées creusées par les Russes et les Ukrainiens de part et d’autre de la ligne de front, chacun a pensé aux images de Verdun. Comme sur les photos prises lors de la Première guerre mondiale, on découvrait à la télévision ou sur les réseaux sociaux des soldats vivant dans la boue, le froid et l’angoisse de la mort au combat. On voyait aussi la détermination des Ukrainiens à tenir coûte que coûte. On mesurait surtout combien cette guerre allait s’installer dans la durée. Dix-huit mois après le lancement de l’ «opération spéciale » de Vladimir Poutine qui, en 48 heures, devait « dénazifier » l’Ukraine et renverser son gouvernement, la guerre est effectivement toujours là avec son cortège d’horreurs sur le front et à l’arrière où les civils sont tués par des bombardements et des drones. La contre-offensive lancée en juin par Kiev semble à la peine, incapable, faute d’appui aérien, de venir à bout des défenses russes pour percer la ligne

Anticiper et s'adapter

S’il y a bien un épisode qui a traumatisé la classe politique française, c’est bien celui de la canicule de 2003. Il y a vingt ans, en effet, aux prémices de cet épisode identifié plus tard comme la vague de chaleur la plus forte qu’a connue la France métropolitaine depuis le début des mesures en 1947 et qui fera 15 000 morts, le ministre de la Santé Jean-François Mattéi était apparu à la télévision décontracté, en polo depuis son lieu de vacances, pour expliquer que le gouvernement n’avait nullement manqué d’anticipation. Peu importaient finalement les justifications, le décalage à l’image entre un ministre en vacances et ce que vivaient les Français était ravageur. Depuis, chaque gouvernement est sur le qui-vive tous les étés et lorsque Météo-France a annoncé la pire vague de chaleur ce mois d’août en France, le gouvernement a immédiatement réagi, la Première ministre Elisabeth Borne convoquant hier une réunion de crise interministérielle. D’aucuns y verront bien sûr une opération de

Solidarité et vigilance

Des images d’habitants et de vacanciers fuyant de gigantesques flammes, d’impressionnants paysages calcinés que l’on découvre le lendemain après une âpre lutte des sapeurs-pompiers, sur terre et dans le ciel. Ce scénario-là, cet été, a été vécu en Grèce comme à Hawaï. Ce lundi, ce sont les Pyrénées-Orientales qui en ont été le théâtre avec ce premier grand feu de l’été français, qui a ravagé quelque 480 hectares et contraint à l’évacuation de près de 3 000 personnes. Après l’effroi lundi devant la progression spectaculaire du feu, c’est la compassion qui nous étreignait hier, d’abord pour les habitants qui ont vu leur maison ou leur entreprise partir en fumée en quelques heures, mais aussi pour les vacanciers dont le séjour a viré au cauchemar. La solidarité nationale, régionale et locale s’est rapidement mise en place pour accueillir les sinistrés. Elle se poursuivra sans nul doute dans les jours et les mois à venir pour panser les plaies à Argelès-sur-Mer, Saint-André ou Sorède. Ce p

Piqûre de rappel

Il y a quatre ans, en répondant à la question « Que faire si l’on est antispéciste et que l’on est attaqué par des moustiques ? », le journaliste défenseur de la cause animale Aymeric Caron, aujourd’hui député La France insoumise de Paris, avait déclenché une belle polémique en prenant le parti du moustique et en expliquant qu’il s’agissait avant tout d’ « une mère qui risque sa vie pour ses enfants en devenir… » Buzz et empoignades assurés sur les réseaux sociaux. En plein été où les vacanciers veulent profiter de leur soirée, l’heure est rarement à la pitié envers ces satanés moustiques, notamment le moustique tigre qui conquiert l’hexagone, et tous ces insectes qui suscitent dégoût voire phobie chez certains. Le moustique à la robe rayé noir et blanc n’est d’ailleurs pas la seule espèce invasive à laquelle nous faisons désormais face. Frelons asiatiques, mouches noires, tortues de Floride causent d’importants dégâts aux écosystèmes, y compris marins avec le crabe bleu, l’anodonte ch

Pris en tenaille

  « Faire de la France un pays de propriétaires ». On se souvient de l’engagement qu’avait ainsi pris l’ancien président Nicolas Sarkozy tout au long de sa campagne électorale en 2007. Déjà à l’époque, cette promesse, qui substituait à la priorité de trouver un logement celui de le posséder, semblait difficilement réalisable, la France accusant un net retard sur ces voisins européens en termes d’accession à la propriété. Seize ans plus tard, elle s’éloigne encore un peu plus pour de nombreux Français, notamment ceux-là mêmes qui s’étaient retrouvés confinés dans de petits logements durant la crise sanitaire du Covid-19 et qui aspiraient légitimement à déménager pour un chez soi plus vaste, plus confortable voire plus économe et si possible avec un jardin. Ce rêve de devenir propriétaire apparaît aujourd’hui de plus en plus compromis pour de nombreux ménages, comme pris en tenaille par des réalités implacables : d’un côté les taux de crédit ont singulièrement augmenté et durci les condi

Urgence pour les urgences

  Les étés se suivent et se ressemblent pour les services des urgences hospitalières en France. Comme en 2022 un certain nombre d’entre eux sont fermés le soir ou le week-end. Le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a beau dire que « la crise estivale a été mieux anticipée » avec une régulation perfectible via le 15, force est de constater qu’il y a encore bien trop de fermetures. À telle enseigne que le docteur Patrice Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France, estime que « c’est du jamais vu ». Il reste 18 mois pour corriger le tir et arriver, comme l’a promis Emmanuel Macron en avril dernier, à « désengorger les urgences d’ici fin 2024 ». Cela ne pourra se faire que lorsque tous les acteurs auront mesuré et pris leurs responsabilités. Au premier rang, l’État. En concluant en mai dernier le Conseil national de la refondation (CNR) Santé, l’ex-ministre de la Santé François Braun estimait que la promesse faite aux Français en 1945 d’une santé «

Repenser le vin

Voilà une perspective qui va peut-être remettre du baume au cœur des vignerons français alors que les premiers coups de sécateurs des vendanges 2023 viennent d’être donnés dans les Pyrénées-Orientales. La France pourrait, en effet, redevenir la plus grande productrice de vin au monde, un titre que la vigne tricolore n’avait pas obtenu depuis 2015, se faisant devancer par la viticulture italienne. Selon les premières estimations établies au 1er août par Agreste, le service de statistique et de prospective du ministère de l’Agriculture, la production viticole française se situerait cette année dans une fourchette comprise entre 44 et 47 millions d’hectolitres, en baisse toutefois de 3 % par rapport à 2022. Elle devrait donc atteindre, voire dépasser, la moyenne des récoltes 2018-2022. Si la France devance l’Italie, c’est que cette dernière s’attend à l’une de ses pires années, marquée par d’importants aléas climatiques (tempêtes, grêle, pluies…) et l’expansion du mildiou, qui devraient f

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Derrière les chiffres

Une bonne nouvelle au cœur de l’été ? Le pic de l’inflation semble passé et le niveau des prix s’achemine, peut-être, vers un plateau. Tel est l’enseignement de la dernière note de conjoncture de l’Insee. Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée par les statisticiens à la fin du mois de juillet, les prix à la consommation augmenteraient de +4,3 % en juillet 2023, après +4,5 % le mois précédent. Pour le quatrième mois consécutif, les prix dans l’alimentaire – ceux qui impactent très fortement le budget des ménages – sont en recul. Le 26 juillet, la Première ministre Elisabeth Borne avait d’ailleurs assuré aux Français que « le pic de l’inflation est sans doute derrière nous » et indiqué « attendre beaucoup des négociations en cours entre les industriels et la grande distribution », censées faire baisser les prix. Un enthousiasme rapidement tempéré par Michel-Edouard Leclerc. Le patron des hypermarchés éponymes estimait lui qu’il «n’y aura pas de septembre vert, il n’y aura pas

Voyager léger

La perte de bagages est un véritable fléau pour les voyageurs du monde entier et leurs nerfs avaient été particulièrement mis à rude épreuve l’an passé. La reprise du trafic aérien après l’épidémie de Covid-19 avait, en effet, engendré de multiples problèmes dans les grands aéroports internationaux. On se souvient, l’été dernier, de ces océans de valises en perdition stockées cahin caha dans les couloirs des terminaux. En 2022, 26 millions de valises avaient ainsi été perdues, endommagées ou retardées, selon une étude de Sita, qui fournit des services informatiques pour le secteur aérien. Soit un ratio de 7,6 valises pour 1 000 passagers… A Paris, 35 000 bagages avaient été perdus l’an dernier à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Cette année, les professionnels de l’aérien promettaient une amélioration et début juillet le PDG d’Aéroports de Paris (ADP), Augustin de Romanet, se disait « prêt » à affronter les départs en vacances, annonçant un renforcement de 20 % des effectifs de main

Internet pour tous

Elon Musk peut-il être à l’internet par satellite ce que Xavier Niel a été, en France, pour la téléphonie mobile et l’internet avec Free : un trublion qui rebat les cartes ? En tout cas, depuis 2018, le fantasque milliardaire américain s’est donné les moyens pour déployer Starlink, une constellation de quelque 12 000 mini-satellites en orbite basse – 42 000 à terme – à même de fournir partout dans le monde tous les services que l’on attend d’une connexion à internet moderne. Son offre d’abonnement à prix cassé qui bouscule un marché balbutiant mais très prometteur, en France comme à l’étranger, sera regardée avec grand intérêt par tous ceux qui résident dans une zone blanche ou grise, inaccessibles à l’internet à très haut débit par une classique liaison fibre ou un réseau mobile 4G ou 5G. Ces exclus d’une France que le gouvernement souhaite 100 % connectée au très haut débit en 2025 voient une porte de salut dans le satellite, dont la connexion a un débit encore modeste mais qui monte

La guerre des drones

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 22 février 2022, nous sommes confrontés à un nouveau type de guerre. À la fois conventionnelle avec ses chars, ses mortiers, ses bombes, ses snipers et même ses tranchées dans le Donbass, qui rappellent celles de Verdun durant la Première Guerre mondiale. Les actes de résistance héroïques des Ukrainiens face à une armée russe théoriquement tellement plus puissante, la souffrance des civils qui descendent dans les caves ou le métro à Kiev, Kherson ou Kharkiv pour se protéger des bombardements, les villes rasées après des semaines de combats, les massacres de Boutcha ou d’Izioum, les milliers d’exilés fuyant le malheur convoquent les images de la seconde Guerre mondiale. Mais cette guerre est aussi hybride et technologique avec un rôle déterminant d’internet, tant dans la déstabilisation informationnelle sur les réseaux sociaux que dans les communications entre les troupes, la diffusion d’images en temps réel et celle des réacti

Le Covid sans fin

Qu’il semble loin le temps où l’épidémie de Covid nous confinait chez nous, où l’on respectait scrupuleusement les gestes barrière, la distanciation sociale ou le port du masque, où l’on s’effrayait de voir des proches hospitalisés en réanimation, où l’on patientait pour recevoir les doses de vaccin. Les confinements sont devenus de lointains souvenirs, les gestes barrières ont été remisés, ne restant plus sous nos yeux que quelques bornes de gel hydroalcoolique. À peine conserve-t-on des masques chirurgicaux chez le médecin ou dans certains aéroports. Oui, le Covid qui a mis la planète à genoux, qui a chamboulé l’économie mondiale et bouleversé nos vies, parfois cruellement, n’est plus une paralysante pandémie mais est devenu une maladie chronique comme la grippe saisonnière. Les autorités sanitaires ont dès lors adapté leur surveillance. En France, depuis le 1er juillet, le tableau de bord InfoCovidFrance n’est plus actualisé. La surveillance du Covid sera intégrée progressivement pa

Sortir des dénis

Le malaise qui traverse les rangs de la police depuis l’incarcération à Marseille d’un policier de la Brigade anticriminalité soupçonné de graves violences, est profond. Ce mouvement de colère des fonctionnaires de voir l’un des leurs derrière les barreaux, cette fronde qui fait tache d’huile, entre grève du zèle ou arrêts maladie, entre défiance des principes républicains et légitime exaspération face à des décisions judiciaires incomprises, impose d’urgence au gouvernement – mais tout autant à la société – de réfléchir en profondeur à la police que nous voulons, aux moyens matériels et humains à y consacrer, au cadre institutionnel dans lequel elle doit agir au nom et au service des Français, en respectant les valeurs de la République. Pour engager cette réflexion, il faut sans nul doute de sortir des dénis qui minent toute possibilité de réforme, d’évolution de la doctrine du maintien de l'ordre, d’adaptation qu’ont pu réaliser nos voisins européens. On en est loin… Déni d’abord

Rigueur ou austérité ?

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement annonce la fin du « quoi qu’il en coûte », cette expression lancée en pleine pandémie de Covid-19 en 2020 par Emmanuel Macron pour assurer aux Français que l’État serait à leur côté financièrement pour amortir les conséquences économiques de cette crise sanitaire sur leur vie quotidienne et professionnelle. Cette mobilisation de la puissance publique – qu’on pourrait même faire remonter aux Gilets jaunes en 2018 – capable de dépenser massivement presque sans compter s’est sans cesse renouvelée au gré des crises : après celle du Covid-19, celle de la guerre en Ukraine avec l’explosion du coût de l’énergie et le retour d’une inflation galopante, particulièrement dans l’alimentaire. Exonérations ici, boucliers tarifaires là, chèques sous condition ou ristournes ailleurs : l’État a multiplié les dispositifs qui ont permis à la France de traverser ces événements en bien meilleure posture que ses voisins européens. Une action assumée par un g