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Affichage des articles du mars, 2023

Eau précieuse

Devant le majestueux lac de Serre-Ponçon dont les berges blanchies montrent la spectaculaire baisse du niveau de l’eau, Emmanuel Macron aurait pu refaire le fameux geste de René Dumont il y a bientôt 50 ans. Le pionnier écologiste au pull rouge était apparu à la télévision dans le cadre de l’élection présidentielle de 1974 avec… une pomme et un verre d’eau. « Nous allons bientôt manquer de l’eau et c’est pourquoi je bois devant vous un verre d’eau précieuse » lançait le premier candidat écolo pour alerter les Français sur les pénuries à venir. Cinq décennies et un été 2022 marqué par des sécheresses intenses et des pénuries d’eau exceptionnelles plus tard, nous y sommes et l’eau apparaît plus précieuse que jamais, dès aujourd’hui avec de nombreux territoires marqués par une sécheresse hivernale inédite et pour les années qui viennent à en croire les alarmantes prévisions du Giec qui laissent entrevoir d’inévitables guerres de l’eau dans le monde. Dès lors, on ne peut que se réjouir qu’

Principe d'équité

Faut-il fermer les petites maternités ? Cette question, lancinante, n’est pas nouvelle et se pose particulièrement depuis longtemps dans notre région qui a été marquée par de forts mouvements de défense pour empêcher des fermetures en Aveyron, dans le Lot, etc. Elle revient toutefois de façon aiguë ce mois-ci à l’occasion d’un rapport présenté devant l’Académie de médecine et d’une interpellation de la société française de médecine périnatale (SFMP). Le premier, rédigé notamment par le Pr Yves Ville, chef de la maternité de l’hôpital Necker à Paris et grand nom de l’obstétrique française, préconise la « planification d’une politique en matière de périnatalité en France » qui passerait par la fermeture de 111 maternités (sur 452) qui assurent moins de 1 000 accouchements par an. Le spécialiste conseille le regroupement de ces petites maternités « dont les contraintes structurelles et de ressources humaines doivent garantir à la fois la sécurité et la satisfaction des usagers tout en off

Apaiser ou accélérer ?

Emmanuel Macron, on le sait, déteste agir sous la contrainte, désireux de rester maître des horloges, celles de l’Élysée fussent-elles sur un autre fuseau horaire que celui du pays. Mais le chef de l’État ne pouvait pas ne pas prendre la parole après la motion de censure que vient d’éviter de justesse – à 9 voix près – le gouvernement Borne pour avoir fait adopter sans vote via l’article 49.3 sa réforme des retraites massivement contestée par les Français. Le président de la République a donc choisi d’inviter à l’Elysée ce mardi les « 13 heures » de TF1 et France 2 pour s’exprimer – longuement et pour la première fois – sur cette réforme, convaincu de s’adresser par ce biais à la France des territoires où l’on déjeunerait chez soi à midi en regardant le JT… Mais peu importe cette image d’Épinal toute parisienne et le risque de ne s’adresser qu’à des retraités – peut-être est-ce le but ? – car c’est, davantage que sur la forme, sur le fond que le chef de l’État est attendu. Quelle leçon

Alternatives

Que se passera-t-il cet après-midi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale lorsque les députés devront se prononcer sur les motions de censure déposées par les oppositions en réponse à l’article 49.3 dégainé jeudi par Elisabeth Borne pour faire adopter sans vote la très contestée réforme des retraites ? Pour l’heure personne ne le sait. Si la motion du RN a peu de chances d’aboutir, qu’en sera-t-il de celle du petit groupe charnière LIOT ? Les décomptes montrent qu’il pourrait manquer une vingtaine de voix des Républicains pour atteindre la majorité absolue ; mais la versatilité et l’incohérence que le parti de droite, au bord de l’implosion, a montrées ces dernières semaines laissent tous les scénarios possibles… Mais au fond, qu’Elisabeth Borne soit censurée et que le gouvernement démissionne ou qu’elle obtienne un répit avant un inéluctable remaniement ministériel ne changera pas grand-chose. Pour répondre à la grave crise politique qu’Emmanuel Macron a déclenchée et qui le plonge

Réforme des retraites : pourquoi Emmanuel Macron s’est-il entêté ?

Mais pourquoi Emmanuel Macron s’est-il à ce point entêté sur la réforme des retraites ? Pourquoi se mettre à dos l’opinion, tous les syndicats – une première depuis 2010 – et les oppositions ? Pourquoi mettre à ce point le pays en tension, provoquant les manifestations les plus fournies depuis des décennies ? Tout ça pour une réforme censée éviter un déficit – hypothétique – de quelques dizaines de milliards, bien peu en regard du Budget de la Nation… Seul Emmanuel Macron connaît la réponse exacte à cette question qui taraude désormais jusqu’à certains députés de sa propre majorité, mais il y a pourtant plusieurs éléments de réponses. L’un d’eux a été fourni par Alain Minc. « Les marchés financiers nous regardent, cette réforme est un geste important à leurs yeux », a récemment estimé l’économiste et essayiste. Avec une dette qui a explosé avec le « quoi qu’il en coûte » mis en place pendant le Covid-19 puis les chèques pour contrecarrer l’inflation notamment sur l’énergie, les marchés

Risques

L’entourage d’Emmanuel Macron répète régulièrement, depuis qu’il s’est lancé à la surprise générale en 2016 à l’assaut de l’Elysée, combien le chef de l’État aime « prendre son risque ». Une appétence qui, avec une incroyable capacité de rebond et une plasticité idéologique pour assumer des virages à 180°, a permis au président de la République de se sortir de situations bien complexes. Au premier rang desquelles le mouvement des Gilets jaunes, en 2018, dont il était parvenu à anesthésier – peut-être seulement provisoirement – la colère avec un grand débat national de son invention dont il était bien le seul à y croire. En sera-t-il de même avec cette réforme des retraites qui arrive aujourd’hui devant l’Assemblée nationale et le Sénat ? En dépit d’une opposition massive et constante de l’opinion ; en dépit d’un mouvement social qui a mis dans la rue un nombre de Français jamais vu depuis 30 ou 40 ans ; en dépit des approximations, des oublis voire des mensonges de son gouvernement sur

Reconquête spatiale

En confirmant mardi le calendrier des futures missions Artemis qui emmèneront des astronautes à remarcher sur la Lune pour la première fois depuis 1972, la Nasa nous a extirpés – au moins pour quelques instants – d’une actualité bien sombre. Entre la guerre en Ukraine et son cortège d’horreurs et de souffrances, les séismes en Turquie qui ont jeté des milliers d’habitants dans la détresse, l’inflation galopante qui n’en finit pas d’angoisser les Français, et cette réforme des retraites si mal ficelée qui met le pays en tension, l’idée de renvoyer un Homme sur la Lune – et peut-être même un Français en la personne de Thomas Pesquet – paraît presque incongrue, secondaire, accessoire. Et pourtant, l’aventure humaine, depuis la nuit des temps, s’est toujours construite sur le dépassement, sur l’envie d’approfondir nos connaissances sur le monde comme sur nous-mêmes. Aux vicissitudes et aux difficultés du quotidien répond le besoin de savoir d’où nous venons, si nous sommes seuls dans l’uni

Les fissures et les failles

La nouvelle fissure découverte sur un circuit de secours d’un réacteur nucléaire à l’arrêt, à Penly, est loin d’être un événement anodin. Certes l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a classé l’incident au niveau 2 sur 8, s’est voulue rassurante en écartant tout danger et en demandant à EDF de « réviser sa stratégie » pour résoudre ce nouveau problème. EDF, qui est aux prises avec ces micro-fissures depuis 2021, s’exécutera et réparera les réacteurs potentiellement concernés. Si cette nouvelle « tuile » n’est pas anodine, c’est que cette fissure devient le symbole des failles industrielles et politiques qui ont affaibli ces dernières années notre système nucléaire, qui fut longtemps une fierté française et une référence dans le monde. Notre parc nucléaire vieillit aujourd’hui à vitesse grand V et les opérations de maintenance, d’évidence, vont être de plus en plus complexes à réaliser. Surtout, la filière nucléaire doit s’adapter à un revirement à 180° qu’elle n’a pu anticiper. La

Quel scénario ?

En choisissant pour sa sixième journée d’action contre la réforme des retraites de « mettre la France à l’arrêt », l’intersyndicale entend hausser le ton pour espérer se faire enfin entendre de l’exécutif. Cette nouvelle séquence dans le bras de fer qui oppose depuis deux mois les syndicats – très largement soutenus par les Français sur le fond et la forme – à l’exécutif, ce durcissement entre des syndicats constants dans leur opposition au report de l’âge légal de départ à 64 ans et un gouvernement droit dans ses bottes, et désormais la menace de grèves reconductibles et donc paralysantes dans un certain nombre de secteurs clés rappellent à tous les précédents conflits sur les retraites. Les syndicats, en effet, espèrent aujourd’hui une issue en leur faveur comme en 1995. La détermination des acteurs de l’époque contre le « plan Juppé » était aussi forte que celle des protagonistes d’aujourd’hui. Et pourtant, entre la présentation de la réforme des retraites le 15 novembre 1995 et le