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Articles

Affichage des articles du novembre, 2022

Un air de déjà-vu

En réclamant un doublement du tarif de la consultation de 25 à 50 euros, les syndicats de médecins libéraux qui appellent à deux jours de grève à partir de demain, savaient pertinemment ce qu’ils faisaient. Cette proposition-choc a été brandie d’abord pour marquer les esprits des Français. En mettant l’accent sur le prix de la consultation alors que les généralistes libéraux gagnent trois fois plus que le salaire moyen des Français selon le Panorama de la santé 2021 établi par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les syndicats et le jeune collectif « Médecins pour demain » à l’initiative du mouvement, ont fait un pari risqué, celui de se mettre à dos l’opinion qui pourrait ne pas comprendre une « grève de riche » en pleine inflation. Le gouvernement lui-même semble tenté de jouer l’opinion contre ce mouvement unitaire jamais vu depuis 2015, dont les animateurs n’excluent d’ailleurs pas, si aucune avancée concrète n’est obtenue, un durcissement durant le

Electrochoc

La France, historiquement exportatrice d’électricité grâce à ses centrales nucléaires - jadis fleuron industriel national - contrainte d’importer de l’électricité d’Allemagne et de procéder à des coupures d’électricité pour éviter un black-out général. Ce scénario humiliant pour la 6e puissance économique mondiale, jusqu’à présent inimaginable, est pourtant bien celui que le pays s’apprête à affronter dans les prochains mois. Selon RTE, le gestionnaire du transport d’électricité, qui a révisé ses prévisions pour l’automne et l’hiver 2022-2023, il existe un risque « élevé » de tensions sur le réseau français en janvier prochain. Faute de disposer d’un parc nucléaire pleinement opérationnel en raison notamment du retard dans le calendrier de maintenance des réacteurs, les Français pourraient voir le signal Ecowatt passer au rouge, signe de possibles « délestages » temporaires et ciblés. Une perspective qui ne serait pas amoindrie par la baisse de la consommation des Français, qui ont, vi

Larmes à l'oeil

C’est une épidémie silencieuse sur laquelle nous aurions tort d’être… aveugles : en 2050 dans le monde, près de la moitié de la population sera myope. Selon les projections, 5 milliards de personnes dans le monde pourraient ainsi être frappées de myopie d’ici à 2050, contre 2,5 milliards aujourd’hui. Actuellement, l’Asie de l’Est est la région du monde la plus concernée avec entre 56 et 80 % de la population myope contre 35 % aux États-Unis et 33 % en Europe. En France, environ 35 % de la population souffre de ce trouble visuel le plus courant qui altère la vision de loin. Si elle se corrige aisément par le port de lunettes, de lentilles ou par des opérations au laser aujourd’hui parfaitement fiables, la myopie est loin d’être anodine et peut déboucher sur des complications. La myopie augmente ainsi le risque de décollement de la rétine, d’une cataracte précoce et de glaucome, qui est multiplié par deux chez les myopes et par cinq chez les myopes forts. Et elle constitue la quatrième c

Au pied du mur

  Lorsqu’Élisabeth Borne a dévoilé le plan de sobriété énergétique du gouvernement, le 6 octobre dernier, les Français avaient la tête ailleurs, davantage préoccupés par la hausse des prix alimentaires ou des carburants. Les températures étaient, de plus, quasi printanières ce jour-là, bien au-dessus des moyennes saisonnières. En Occitanie, elles étaient même au-delà des 20 °C avec des pics à 26° à Perpignan, 25° à Montpellier, 23° Toulouse… Autant dire que l’hiver semblait bien loin et avec lui les interrogations pour se chauffer au meilleur prix compte tenu de l’inflation galopante affectant les énergies. Les appels gouvernementaux à la sobriété énergétique, relayés par la campagne un brin paternaliste « Je baisse, j’éteins, je décale », semblaient aussi tomber à plat. Mais depuis, les températures ont singulièrement baissé et la France se retrouve bel et bien au pied du mur pour affronter le défi énergétique de cet hiver. Le gouvernement peut se targuer – à raison – d’avoir mis en p

La tactique de TikTok

À trop se concentrer sur les GAFAM, les géants Américains de la Silicon Valley que sont Google, Amazon, Facebook et dans une moindre mesure Apple et Microsoft, autant de sociétés aux PDG stars, on en a presque oublié que le monde recelait aussi d’autres géants du numérique, et notamment en Chine. Dans l’empire du milieu où internet est placé sous l’implacable contrôle du régime communiste qui manie surveillance et censure, on les appelle les BATX pour Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. Quatre des plus grandes entreprises technologiques mondiales qui sont bien moins connues du grand public que leurs équivalents américains. Mais ça, c’était avant que ne débarque TikTok. Le réseau social de partage de vidéos courtes, adapté d’un réseau 100 % chinois, a, d’évidence, changé la donne. En six ans, il a conquis la planète et particulièrement la planète ado, les jeunes répondant du tac-au-tac à TikTok pour relever ses challenges, danser et chanter. Une tactique payante construite sur de puissan

Le revers de l'ambition

La coupe du monde de football qui commence ce dimanche au Qatar va mettre les projecteurs sur ce petit émirat qui, depuis près de trente ans, ne poursuit qu’un objectif : jouer dans la cour des grands. On ne doit ce dessein, rendu possible par les milliards de dollars du pétrole et du gaz dont regorge le sous-sol du pays, que par la farouche volonté d’indépendance affichée par la famille régnante Al Thani, au pouvoir depuis 1971, mais aussi par la vision du père de l’émir actuel qui a compris que la diversification de son économie et l’ouverture au monde de son pays étaient la clé de l’avenir. Depuis 1995, le Qatar déploie, en effet, une méticuleuse stratégie d’influence, un soft power qui a commencé par la chaîne d’information en continu Al Jazeera et s’est poursuivi une décennie plus tard par la création du richissime fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Doté de 460 milliards de dollars, il investit partout dans le monde dans les transports et les industries, la finance

Brume électrique

À l’heure où s’ouvre un second cycle de concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux autour des questions d’équité et de justice sociale, la réforme des retraites commence-t-elle – enfin ! – à sortir de la brume ? L’exécutif – qui marche à l’évidence sur des œufs – dévoile par petites touches ce que pourrait contenir cette réforme controversée qu’Emmanuel Macron entend absolument faire adopter au pas de charge pour une entrée en vigueur à l’été 2023. Sans éviter de souffler le chaud et le froid pour contenter tout le monde, le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui pilote les concertations, énumère ainsi dans Les Échos des premières pistes qui pourraient faire consensus… mais aussi celles qui font dissensus. D’un côté, une meilleure prise en compte du travail des seniors, point faible de la France par rapport à ses voisins européens, une meilleure considération des critères de pénibilité qui pourraient être élargis et des carrières longues, mais aussi une hausse de l

La mécanique du clash

Qu’il semble loin le temps des débuts de Touche pas à mon poste. Ce n’était qu’en 2010 mais à l’échelle de la télévision, c’est une éternité. Cyril Hanouna est alors l’animateur phare de France 4 lorsque le premier numéro de TPMP est lancé. Autour de quelques chroniqueurs, l’émission veut raconter l’actualité des médias. Le ton est bon enfant, joyeux, juste ce qu’il faut d’irrévérencieux. C’est un vrai succès, le programme fait deux fois l’audience moyenne de la chaîne. En 2012, Cyril Hanouna passe sur D8 avec armes et bagages et emporte avec lui TPMP qui va alors subir, de saison en saison, de multiples transformations, agrandissant son plateau, multipliant le nombre de chroniqueurs et, surtout, élargissant son champ d’action à l’actualité et à la politique, pour finir par devenir le programme phare et la locomotive de C8, l’une des chaînes de l’empire médiatique de Vincent Bolloré. Entre les deux hommes, la confiance est totale et, en 2015, l’ombrageux milliardaire renouvelle le cont

Nouveaux obscurantismes

Fin 2019, le transfert de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) de Matignon vers le ministère de l’Intérieur, au sein d’un secrétariat spécialisé dans la radicalisation (le CIPDR, Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation), avait provoqué émoi et inquiétude chez les associations d’aides aux victimes des sectes. L’éventualité d’une suppression des archives et du site internet de la Miviludes, dont le travail était unanimement reconnu depuis 17 ans, avait ajouté aux craintes de voir amoindris les moyens d’un service de l’État, d’évidence, indispensable. Tout est ensuite rentré dans l’ordre et ce retour à la normale est sans doute dû à l’épidémie de Covid-19. Car la pandémie historique a suscité de la peur et des inquiétudes évidemment légitimes dans la population effrayée par ce coronavirus dont on ne connaissait pas encore toutes les conséquences sur la santé et contre lequel on n’avait pas e

Quelles mobilités ?

Plus encore que les années précédentes, les observateurs pronostiquaient une rentrée politique très chaude, notamment en raison d’une Assemblée nationale renouvelée dans laquelle la majorité présidentielle n’était que relative. Les débats virulents, l’usage répété de l’article 49.3 par le gouvernement pour adopter les textes budgétaires et les polémiques diverses ont, d’évidence, contribué à une ambiance électrique sans toutefois atteindre le blocage. La « vraie » rentrée chaude pourrait dès lors intervenir en janvier. Car c’est à ce moment-là que plusieurs éléments vont tendre le corps social : dans un contexte où l’inflation devrait se maintenir à un haut niveau, notamment sur l’alimentaire, les Français vont devoir faire face à la fin de la ristourne pour tous sur les carburants – celle du gouvernement comme celle de Total Energies – mais aussi à une hausse de 15 % des prix du gaz et de l’électricité, heureusement limitée par le bouclier tarifaire. Si l’on ajoute la controversée réf

Principes de réalité

Au choc de l’inflation, dont le retour est dû à de multiples facteurs - la reprise post-Covid, la guerre en Ukraine, la crise énergétique qui s’en est trouvée exacerbée, mais aussi les conséquences du réchauffement climatique et divers autres facteurs économiques dont les tensions de recrutements dans certains secteurs - semble répondre un choc de la perception qu’ont les Français de la hausse des prix. Comme si deux visions d’une même réalité se faisaient face. D’un côté, les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui, chaque mois, dévoile la hausse des prix à la consommation avec un indice qui se veut au plus près de la réalité. Celui-ci mixe le relevé de 160 000 prix dans 26 000 points de vente partout en France, plus 500 000 relevés sur internet et des données de caisses de la grande distribution. 80 millions de produits sont ainsi suivis. Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée fin octobre, les prix à la consommation augmenten

Dernière séance ?

C’était le 10 décembre 2020. Le Premier ministre Jean Castex indiquait qu’il n’y aurait plus de confinement mais un couvre-feu de 20 heures à 6 heures Les musées, les théâtres et les salles de cinéma ne pourraient donc pas rouvrir le 15 décembre comme cela était initialement prévu. Un crève-cœur pour le monde du cinéma brutalement mis à l’arrêt par la pandémie de Covid-19. Invité à réagir aux annonces gouvernementales, l’acteur et réalisateur Matthieu Kassovitz jette un pavé dans la mare en estimant que les salles de cinéma ne sont « pas essentielles » en pleine épidémie. « Je pense que le futur du cinéma n’est plus là, c’est comme se battre pour qu’une espèce animale ne disparaisse pas », assène l’enfant terrible du cinéma français. Des propos alors à contre-courant de toute la profession dont beaucoup de membres, notamment les intermittents et tous ceux qui sont derrière les caméras, ont été très affectés par le Covid et l’arrêt des tournages et des cinémas. Mais des propos qui illus