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Affichage des articles du mars, 2021

En attendant Macron

  À force d’évoquer pour l’épidémie de Covid-19, jusque dans les propos du Premier ministre Jean Castex, le film « Un jour sans fin » – dans lequel l’acteur Bill Murray incarne un journaliste qui revit sans cesse la même journée – les Français en viennent à revivre la séquence qu’ils avaient endurée fin janvier : attendre la prise de parole d’Emmanuel Macron comme on attend Godot. Une nouvelle fois, en effet, les voici face à un interminable feuilleton à suivre en direct sur les chaînes d’information en continu : quand le Président va-t-il s’exprimer ? Ce mercredi soir ? La semaine prochaine ? Dans dix jours ? Avant ou après Pâques ? Et que va-t-il dire ? Quelles mesures de freinage va-t-il décider ? Jusqu’où le curseur va-t-il être poussé dans l’inventivité de nouvelles mesures pour freiner la troisième vague galopante sans en passer par le confinement strict que réclament à cor et à cri les personnels soignants ? Et leur mise en œuvre va-t-elle nous replonger, comme il y a quelques j

Un Grenelle du Covid

S’il est bien un aspect de la vie des Français qui a été profondément bousculé par l’épidémie de Covid-19, c’est bien leur travail. Quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle à laquelle les actifs appartiennent, le coronavirus a changé tout à la fois la vision que l’on a du travail, la place que celui-ci occupe dans nos vies et dans la société, voire sa finalité même. Trois grands aspects ont été mis au jour par l’épidémie. Le premier, le plus difficile sans doute pour de très nombreux Français, est l’extrême interdépendance pour ne pas dire la vulnérabilité de certaines activités. La mise à l’arrêt des économies dans le monde à la suite de restrictions sanitaires inédites a conduit des entreprises à recourir massivement au chômage partiel pour lequel notre Etat-providence n’a pas mégoté – le fameux « quoi qu’il en coûte ». Des industries aux commerces en passant par les restaurants, tout un pan de notre économie s’est retrouvée en pause et les salariés et patrons concernés dans

La cuvée du Covid

  On dit souvent que la France est le pays aux mille fromages. Elle est aussi assurément celui de milliers de cépages. Des vignobles qui offrent une immense diversité, des grands crus aux vins de table, des vins tout simples sans indication géographique à ceux qui bénéficient d’une indication géographique ou d’une appellation d’origine protégées, des vins qui renaissent en faible quantité grâce à la passion de petits producteurs indépendants aux vins qui n’ont cessé de s’améliorer au fil des ans grâce au travail remarquable de coopératives qui sont nombreuses dans notre région, des vins qui rayonnent autour de leur vignoble et jusqu’au bout du monde. Cette extraordinaire diversité qui fait toujours la réputation et la fierté de la France rend forcément difficile de tirer un bilan uniforme d’une année écoulée, particulièrement celle si particulière que nous avons vécue avec toutes les conséquences de l’épidémie de Covid sur la consommation, l’export et l’import. La fermeture des frontiè

Nouvelle donne

  Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier". Ainsi parlait Emmanuel Macron le 13 avril 2020 dans l’une de ses adresses aux Français, alors qu’ils étaient confinés depuis presque un mois. Et effectivement le président de la République, comme la plupart des dirigeants du monde en général et de l’Union européenne en particulier, ont bousculé leurs certitudes pour faire face aux conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19, dont on s’accorde aujourd’hui à dire qu’elles sont aussi puissantes que celles des six années de la Seconde Guerre mondiale. Qui aurait imaginé, en effet, voir des pays libéraux ouvrir à ce point les vannes des aides publiques et lancer des plans de relance massifs comme celui de 1900 milliards de dollars que le nouveau président américain Joe Biden est parvenu à faire voter et qu’il veut encore augmenter avec 3 000 nouveaux milliards ? Qui aurait imaginé voir les Etats membres de l’Union européenne, divisés entr

Montée au front

  La prise de parole d’Emmanuel Macron hier à l’occasion d’un déplacement dans un centre de vaccination à Valenciennes (Nord) était logique et attendue. Logique car depuis le début de la crise sanitaire, tout procède du chef de l’Etat. À l’issue de conseils de défense sanitaire de plus en plus critiqués pour leur opacité, Emmanuel Macron décide seul, prenant parfois le contre-pied de ses ministres comme le 29 janvier en renonçant à un troisième confinement pourtant attendus de tous… Intervention attendue ensuite, car pour l’exécutif, il convenait de sortir rapidement de la séquence catastrophique de ces derniers jours où la mise en œuvre du confinement déconfiné dans 16 départements a donné lieu à des cafouillages en série entre une attestation dérogatoire de sortie ubuesque et des prises de parole ministérielles qui en venaient parfois à se contredire à force de manier des éléments de langage mal calibrés. Partant du principe que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Emmanue

Trop peu, trop tard ?

  « Les semaines devant nous seront difficiles. La vague monte » concédait ce dimanche le ministre de la Santé Olivier Véran. Et c’est peu dire que face à la troisième vague de l’épidémie de Covid, les inquiétudes sont de plus en plus vives, tant dans les 16 départements placés depuis ce week-end sous un confinement d’un nouveau genre que dans les autres régions, à commencer par l’Occitanie. Dès lors, on ne peut que s’interroger sur la pertinence des mesures annoncées par le Premier ministre jeudi dernier. Trop peu, trop tard, commence-t-on à entendre. Trop peu car ce troisième confinement n’a, d’évidence, plus rien à voir avec les deux précédents que nous avions connus et qui, eux, ont montré leur efficacité pour réduire l’épidémie. Conçu sous la formule « freiner sans enfermer », ce «confinement dehors» (sic) recèle tellement d’exceptions concernant l’ouverture des commerces et a été mis en place avec une telle cacophonie concernant l’autorisation de sortie – chef-d’œuvre kafkaïen de

Nouvelles villes

Rodez La prise de conscience ne date pas de l’épidémie de Covid-19, mais celle-ci suscite incontestablement une accélération bienvenue des projets : les centres-villes des villes moyennes, mais aussi certains centres de grandes métropoles ont entamé une mue. Objectifs : endiguer les phénomènes de pauvreté, d’habitats dépassés ou décatis, de commerces en difficultés voire contraints à la fermeture face aux grandes surfaces de périphérie ou au cybercommerce. Cette volonté de renouveau se mesure depuis trois ans avec le programme national Action cœur de ville, qui concerne 222 villes et fourmille de projets. Action cœur de ville répondait aux demandes des populations locales concernées ; il est devenu aujourd’hui un atout majeur pour les villes moyennes dont on redécouvre la taille humaine et la qualité de vie qui l’accompagne. Épuisés par les confinements de 2020, les Français ne s’y sont pas trompés. Enquête après enquête, ils plébiscitent ces villes moyennes au point que certains y ont

Inéluctable

Depuis qu’il avait surpris son monde le 29 janvier en décidant de ne pas confiner pour la troisième fois le pays, Emmanuel Macron était sur la corde raide pour réussir ce pari politique, pris au grand dam des épidémiologistes mais accueilli avec soulagement par les Français. Depuis, l’exécutif et la majorité n’ont cessé de répéter que le confinement ne devait être que l’ultime recours et que chaque semaine sans confinement était une semaine gagnée sur l’épidémie ; Olivier Véran s’étant même risqué à dire que la France, contrairement à nombre de ses voisins, ne serait peut-être jamais reconfinée… Las ! Aujourd’hui, il semble bien que ces semaines ont été des semaines perdues pour faire face à ce qu’il convient d’appeler la troisième vague de l’épidémie de Covid, qui sature les hôpitaux de plusieurs régions. La circulation exponentielle des redoutables variants du coronavirus, plus contagieux et plus létaux que la souche classique, et l’avancée chaotique de la campagne de vaccination, co

Humilité

  Le 13 avril 2020, après presqu’un mois de confinement, Emmanuel Macron s’adressait aux Français pour tenter de les galvaniser, les assurer que l’espoir était là et qu’il fallait tenir. Il évoquait même l’« après » en lançant « sachons sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier ». Le chef de l’Etat aux réformes libérales du début du quinquennat allait alors revêtir les habits d’un président social-démocrate et pratiquer le « quoi qu’il en coûte » d’un Etat-providence pour maintenir à flot une économie en passe d’être submergée par la vague épidémique. Mais s’il a modifié son logiciel politique pour faire face au Covid-19, Emmanuel Macron a conservé le caractère jupitérien de sa présidence, décidant seul, dans le huis clos d’un opaque conseil de défense sanitaire, exaspérant les oppositions – sans prises sur le cours des choses ni idées – et bousculant ses propres ministres jusqu’au Premier d’entre eux. Jean Castex s’était ainsi retrouvé contraint d

Le sens de l'Histoire

En se retrouvant hier à Montauban, Emmanuel Macron et Pedro Sanchez n’ont pas présidé un banal sommet bilatéral – le 26e – comme il en existe beaucoup d’autres. Au contraire ils ont magnifié les liens qui existent depuis longtemps entre la France et l’Espagne et qui font des deux pays des partenaires économiques, culturels et historiques. Car si l’on parle souvent – à raison – du couple franco-allemand pour souligner sa solidité et son rôle majeur dans la construction européenne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le couple franco-espagnol incarne, lui aussi, une certaine vision de l’Europe forgée dans l’épreuve de la guerre civile espagnole. C’est peu dire que l’attachement à cette vision de l’Europe, bâtie sur les valeurs de progrès, de solidarité, les valeurs humanistes, républicaines et laïques est entrée en résonance de part et d’autres des Pyrénées lorsque notre région a accueilli les milliers d’Espagnols fuyant le régime franquiste ; des valeurs parfois hélas trahies, perso

Je est un autre

  Il y a eu Jacob et Ésaü, Apollon et Artémis, Castor et Pollux, Hypnos et Thanatos, ou encore Rémus et Romulus pour ne citer que quelques jumeaux qui ont irrigué les religions et la mythologie. D’autres ont marqué l’Histoire plus contemporaine comme les hommes politiques polonais Jaroslaw et Lech Kaczynski, les actrices Mary-Kate et Ashley Olsen, les animateurs Igor et Grichka Bogdanoff ou encore dans notre paysage politique Jacques et Bernard Attali ou Jean-Louis et Bernard Debré. Ces jumeaux célèbres provoquent chez nous les mêmes interrogations que celles qui surviennent lorsque l’on croise des bambins au physique identique dans les écoles ou dans nos familles, des camarades au lycée ou des collègues dans une entreprise. La gémellité est incontestablement une inépuisable source de fascination et de questionnement : comment peut-on se sentir unique lorsque l’on grandit avec son double ? La ressemblance physique se double-t-elle d’une similitude psychologique ? Et quels liens se tiss

L’aventure intérieure

  À l’heure où le monde a les yeux tournés vers Mars où progresse le rover Perseverance, à l’heure où la Russie et la Chine s’unissent pour construire prochainement une station spatiale sur la Lune, à l’heure où les Français s’apprêtent à encourager Thomas Pesquet qui rejoint le mois prochain la station spatiale internationale, à l’heure enfin où la France va organiser son premier exercice militaire spatial, demain depuis le commandement de l’espace à Toulouse, une expédition inédite va nous inviter à détourner le regard du ciel pour revenir sur Terre. Dimanche en Ariège débute, en effet, l’expédition Deep Time, qui va plonger pendant 40 jours une équipe d’hommes et de femmes au fin fond de la grotte de Lombrives, la plus vaste d’Europe. Un confinement volontaire dont l’idée est justement venue l’an passé à l’explorateur franco-suisse Christian Clot qui avait constaté que 40 % des personnes confinées en France et dans plusieurs pays du monde avaient perdu la notion du temps. Pour le fo

Un train d’avance

  Il y a entre les Français et le train une très longue histoire. Des cheminots-résistants magnifiés par le film de René Clément "La bataille du rail" aux ingénieurs qui inventèrent le TGV qui vient de fêter ses 40 ans ; des Micheline rouges qui reliaient les préfectures de province aux trains de nuit Corail qui sillonnaient le pays vers la capitale ; des TER qui convoient tous les jours en régions étudiants et travailleurs aux RER franciliens qui irriguent le Grand Paris, chaque Français a, d’évidence, une histoire personnelle avec le train. Une histoire où se mêle la passion des mécaniques et des voyages pour les uns, l’agacement aussi face aux retards et dysfonctionnements de la SNCF pour les autres, la colère au goût de grève parfois et la fierté sans faille toujours des femmes et des hommes qui font rouler les trains. À l’heure où la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de CO2 impose de revoir nos modes de transports ou d’en imaginer d’autres, à l’he

La carte du Grand Sud

  L’année 2021 sera-t-elle aussi difficile pour le tourisme que l’année 2020, celle qui a vu l’épidémie de Covid-19 bouleverser les échanges mondiaux ? La question est dans toutes les têtes alors que se profilent les beaux jours et donc la perspective des vacances d’été. Le tourisme mondial a enregistré en 2020 les plus mauvais résultats de son histoire, les arrivées internationales chutant de 74 % d’après les dernières données de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). L’an dernier, il y a eu ainsi un milliard d’arrivées internationales en moins par rapport à l’année précédente, en raison d’un effondrement sans précédent de la demande et de l’instauration généralisée de restrictions sur les voyages. La crise, loin d’être terminée, menace de 100 à 120 millions d’emplois directs dans le tourisme, dont beaucoup dans de petites et moyennes entreprises, constate l’OMT. Et les pronostics d’un redressement de la situation restent prudents : il faudra de deux ans et demi à quatre ans au to

Redoutable prédateur

  Avec le moustique tigre, il est sans doute le fléau le plus redouté par les Français à l’approche des beaux jours. Depuis sa découverte en France en 2004, importé accidentellement par un bateau venu de Chine, le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax a envahi tous les départements de France, hormis la Corse, et étend sa présence petit à petit dans le reste de l’Europe. Au niveau européen justement, le frelon asiatique figuresur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne, liste adoptée au niveau communautaire en 2016. En France, Vespa velutina nigrithorax est classé dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l’abeille. C’est que le frelon asiatique est redoutable à plus d’un titre. D’abord par sa grande capacité d’adaptation qui complique grandement notre lutte contre sa présence. « Une lutte irraisonnée contre une espèce envahissante peut conduire à favoriser son installation. Les méthodes de lutte qui ont un impact su

La guerre de l'eau

  Il y a eu le barrage de Sivens dont le projet a été stoppé puis remanié après la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse. Il y a maintenant le barrage de Caussade, dont l’autorisation de construction fait l’objet d’un bras de fer juridique à rebondissements. Et il pourrait y avoir encore bien d’autres exemples de ce qu’il faut bien appeler des guerres de l’eau. Certes, on est loin en France des conflits qui peuvent survenir entre Etats lorsque l’eau est non seulement une ressource vitale mais aussi un enjeu de souveraineté géopolitique. Rappelons d’ailleurs que la pénurie d’eau affecte quatre personnes sur dix dans le monde selon la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Mais les polémiques qui entourent, en France, la construction de nouvelles retenues ou la révision de la répartition des usages illustrent toute la complexité de la gestion de l’eau dans un contexte de changement climatique dont les effets sont de plus en plus visibles. Car le nœud

Horizon

  Les Français se sont-ils approprié ce week-end la maxime d’Oscar Wilde selon lequel « le meilleur moyen de se délivrer de la tentation, c’est d’y céder » ? En tout cas, à Paris comme à Toulouse, des centaines de personnes ont cédé à la tentation des rayons de soleil pour s’agglutiner sur les quais des deux métropoles avec un respect tout relatif des gestes barrière, pour ne pas dire un franc relâchement dans la distanciation sociale et le port du masque. Un comportement qui a rapidement suscité consternation chez les médecins et inquiétude chez les autorités. Le printemps approchant, ce genre de scènes risque hélas de se multiplier car l’épidémie de Covid-19 pèse de plus en plus lourdement sur la santé psychologique des Français, dont de récentes enquêtes ont montré qu’un sur trois n’a plus le moral et qu’un sur cinq pense ne jamais retrouver la vie d’avant… Un an après l’arrivée de la pandémie en France, et bientôt un an après le premier confinement, les Français sont, d’évidence, f