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Affichage des articles du novembre, 2019

Un autre monde

De Hong Kong au Liban, du Soudan au Chili, de l’Irak à la Catalogne, de l’Egypte à l’Ethiopie, etc. En cette fin 2019, nous observons des mouvements de protestation qui émergent d’un continent l’autre, d’un pays à l’autre. Certes, les revendications sont toutes différentes, spécifiques aux situations locales ou nationales. Et pourtant, à l’analyse, on trouve des points de convergence : une exigence de dignité, un besoin d’égalité, une pratique de la fraternité, une aspiration à davantage de démocratie ; mais aussi la dénonciation de la corruption, des atteintes aux droits de l’Homme et des travers d’une mondialisation qui est loin d’être heureuse pour tous. Un autre point commun à tous ces mouvements est la mobilisation de la jeunesse qui est en première ligne pour dénoncer l’inadéquation des politiques gouvernementales avec l’urgence du moment. En parallèle, un sujet semble les réunir tous : la cause environnementale, la lutte contre le réchauffement climatique. De Paris à

Mortelles Opex

Un mitrailleur de l’ALAT avec le badge de l'opération Barkhane. Photo Thomas GOISQUE Quinze jours après l’inauguration par Emmanuel Macron d’un monument aux soldats morts pour la France en opérations extérieurs (Opex), voilà notre armée frappée par un terrible drame au Mali. Treize militaires, treize jeunes soldats sont morts lundi soir dans un accident d’hélicoptères alors qu’ils menaient une opération de nuit contre des jihadistes ; ce qui en fait la plus lourde perte enregistrée par l’armée française depuis 36 ans. Après le choc et en attendant les explications pour comprendre ce qui a pu se passer sur ce difficile théâtre d’opérations, c’est évidemment l’émotion qui, aujourd’hui, fait que toute la Nation entoure les familles et les camarades de ces militaires – dont certains étaient originaires de notre région – et rend hommage à l’action de leurs régiments si loin de la France. Car ce drame, qui peut légitimement faire s’interroger les Français sur la pertinence de n

Exigence d'équité

Une ligne à grande vitesse (LGV) sans discontinuer reliera-t-elle enfin un jour Paris et Toulouse, quatrième ville de France ? Un TGV pourra-t-il demain rapprocher Montpellier de Perpignan et poursuivre même vers Barcelone ? Ces questions, lancinantes, les habitants d'Occitanie se les posent depuis bien trop longtemps. À telle enseigne que l'infinie patience dont ils ont fait preuve jusqu'à présent pourrait légitimement laisser la place à la colère. Car depuis des années, de promesses non tenues en délais sans cesse allongés, l'Occitanie, deuxième région de France avec ses plus de 5 millions d'habitants, est laissée sur la touche du développement du train à grande vitesse. Les deux LGV en question sont pourtant réclamées de façon constante et régulière par une écrasante majorité des habitants. Il y a deux ans, un sondage Ifop-La Dépêche montrait que 88 % d'entre eux souhaitaient ces deux projets… mais que 52 % craignaient que l'Etat ne tienne pas ses e

Le temps du deuil

Pont de Mirepoix-sur-Tarn deux jours après son effondrement Il y a eu le temps du choc et de l'effroi, le temps de la colère et le temps des questions. Maintenant prend place le temps du deuil pour les victimes de l'effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn survenu lundi dernier. De toutes les victimes. D'abord, bien sûr, pour la jeune Lisa, cette adolescente souriante, sans doute remplie de projets et de rêves, qui a été fauchée dans sa belle jeunesse. On ne peut qu'imaginer la peine immense de sa famille, de ses amis, de ses professeurs et camarades face à une telle injustice. Leur dignité nous oblige. Les proches des disparus, les blessés et tous ceux qui leur ont porté secours doivent ensuite, plus que jamais, être entourés, accompagnés, soutenus et aimés pour surmonter une épreuve aussi traumatisante dans une vie. L'expérience montre que le chemin est long mais possible. Enfin, parce qu'une vie ne peut se résumer à une faute aussi terrible et dr

Responsabilités

Le drame de l'effondrement spectaculaire du pont de Mirepoix-sur-Tarn doit plus que jamais être abordé avec prudence, pondération, ne serait-ce que par égards aux victimes de cet accident hors normes. Après l'émotion légitime qui a largement dépassé les frontières du département, la solidarité nécessaire exprimée envers la commune sinistrée, et la compassion envers les proches des victimes, le temps est celui des responsabilités. Responsabilités d'abord que doivent établir les enquêteurs qui sont depuis lundi sur le terrain pour comprendre ce qui a pu se passer. Le poids du camion, plus du double de ce qui était autorisé pour cet ouvrage, est vraisemblablement un facteur clé pour expliquer le drame. Y en a-t-il d'autres ? L'entretien du pont a-t-il été parfaitement réalisé ? Les contrôles ont-ils été suffisamment réguliers et approfondis ? Ce sera aux enquêteurs – et à eux seuls – de le dire. Responsabilités ensuite des commentateurs, quand on voit certa

Droits et devoirs

Safer water summit, sommet sur l'interaction permanente entre l‘eau et l'homme, organisé ce lundi à Toulouse, n'est certainement pas le premier colloque autour de l'importance de l'eau pour la vie des hommes et les conséquences que sa pollution peut occasionner sur la santé humaine. Mais à l'échelle d'un territoire régional, en l'occurrence le bassin Adour-Garonne, c'est une première. Et au vu de la qualité des experts et intervenants, cela démontre que le traitement des enjeux mondiaux de l'eau peut trouver des solutions au plus près du terrain. Ce colloque inédit montre finalement que pour la gestion de l'eau, il faut penser global pour agir local. Penser global, c'est une évidence. Dans un monde de plus en plus mondialisé, les décisions liées à l'eau ont des incidences sur tous les pays, rappelait récemment le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau. Événements extrêmes, dégradation de l&

Météo et climat

La scène se passe au début de cette année. Alors que des millions d’habitants du nord des Etats-Unis sont confrontés à une vague de froid historique, Donald Trump ironise sur son compte Twitter. « Dans la belle région du Midwest, les températures ressenties atteignent – 60 degrés (Farenheit, – 51 Celsius, ndlr), le plus froid jamais enregistré. […] Que diable se passe-t-il avec le réchauffement climatique mondial ? S’il te plaît, reviens vite, nous avons besoin de toi ! » Comme la plupart des climatosceptiques, le président américain estime que, puisqu’il fait très froid, le réchauffement n’existe pas. Fake news clament avec lui ceux qui abhorrent Greta Thunberg et les scientifiques du Giec. Avec la vague de froid qui touche la France depuis jeudi, nul doute que cette thèse trumpienne sera reprise par certains. Grossière erreur évidemment puisqu’il y a là confusion entre la météo et le climat, entre l’instant T et la tendance de fond. Il n’y a qu’à voir la courbe de température

Principe de réalité

Le glyphosate est décidément l'un de ces dossiers autour desquels se joue une bataille qui paraît sans fin. Les arguments des pro et anti ont été tellement entendus, brassés, médiatisés, ressassés et caricaturés qu'entre les défenseurs de l'environnement et de la santé publique d'un côté, les agriculteurs et les industriels de l'autre, et les agences sanitaires au milieu dont l'impartialité et l'indépendance sont sujettes à caution, le citoyen lambda peine à s'y retrouver. Si l'on ajoute les études scientifiques contradictoires et une ribambelle de fake news sur les réseaux sociaux qui polluent et hystérisent le débat, on obtient un dossier miné dont on peine à voir un débouché apaisé. Le rapport de la mission d'information parlementaire chargée d'évaluer le plan gouvernemental de sortie du glyphosate, conduite par deux députés LREM, Jean-Luc Fungit et Jean-Baptiste Moreau, permettra-t-il d'y voir plus clair ? Rien n'est moins s

Epée de Damoclès

C'est peu dire que les tremblements de terre nous interpellent, d'une part parce que nous sommes démunis face à ces catastrophes et d'autre part parce que les émotions qu'ils soulèvent révèlent aussi des failles humaines. La soudaineté de leur survenue, la violence de leurs secousses, les destructions et la ruine qui en découlent ont accablé et fasciné les hommes depuis l'Antiquité, nourri les croyances en une punition divine et irrigué les grands récits comme ceux de la Bible ou du Coran qui narrent l'apocalypse et la fin du monde provoquées par de puissants séismes capables de rayer de la carte des cités entières. Platon lui-même ne contribua-t-il pas à créer le mythe de l'Atlantide engloutie après un tremblement de terre ? Et le séisme de Lisbonne de 1755 ne donna-t-il pas lieu à un célèbre poème de Voltaire auquel répondit Rousseau qui pointait – déjà ! – vices de construction et mauvaises réactions des populations… Depuis, la science a levé les do

Champs d'honneur

Monument aux morts pour la France en opérations extérieures./ Photo Ministère des Armées Depuis une loi de 2012, le 11-Novembre, date anniversaire de l'armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale, est aussi un jour d'hommage à l'ensemble de ceux qui sont « Morts pour la France », qu'ils soient civils ou militaires, qu'ils aient péri dans des conflits contemporains ou des conflits plus anciens. Mais parmi eux, des militaires français n'avaient pas suffisamment été pris en compte : les soldats tués lors des Opex, acronyme pour opérations extérieures. Ces « interventions des forces militaires françaises en dehors du territoire national » selon la terminologie officielle, restent souvent abstraites et lointaines aux yeux des Français, qui en mesurent mal les enjeux et les risques. Conduites sous mandat des Nations unies, de l'Union européenne ou de l'Otan, ces opérations menées par des militaires professionnels, souvent au sein de coalitions in

Passion française

Ils ont beau critiquer son entre-soi germanopratin, l’emprise « galligraseuil » du nom des trois grandes maisons d’édition Gallimard, Grasset, le Seuil, les grands auteurs qu’il n’a pas su découvrir ou la faible proportion de femmes qu’il a distinguées depuis sa création en 1914 : il n’en reste pas moins que le prix Goncourt, le plus prestigieux de la dizaine décernée chaque année, reste incontestablement un temps fort de la foisonnante rentrée littéraire et une immense reconnaissance pour un écrivain et pour sa maison d’édition. Ce lundi, après Lydie Salvayre en 2014, c’est un autre toulousain, Jean-Paul Dubois, qui a été honoré pour « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » et qui va donc connaître la fortune. Non pas en espèces sonnantes et trébuchante puisque l’auteur ne recevra de Bernard Pivot, le président de l’Académie Goncourt, que 10 euros, mais la fortune dans les rayons des librairies où le Goncourt s’écoule à plusieurs centaines de milliers d’exempla

Joie amère

Au moins dix petits oursons seraient nés dans les Pyrénées cette année. Voilà une nouvelle qui va ravir les partisans de la réintroduction de l'ours entamée en 1996, et affliger les éleveurs du Massif qui n'en peuvent plus de devoir cohabiter avec le plantigrade. Pour les premiers, ces naissances ne sont certes pas une surprise puisque les deux ourses slovènes introduites l'an passé en Béarn dans des conditions houleuses, Claverina et Sorita, étaient gravides. Mais ces nouvelles naissances – même si deux des oursons n'auraient pas survécu – confortent le programme qui aurait pu, faute de nouvelles réintroductions, mettre en péril la présence de l'ours en Pyrénées Occidentales, où il ne reste que deux mâles. Les associations de défense des ursidés, qui martèlent qu'une cohabitation homme-ours est possible comme en Slovénie, n'en restent toutefois pas là et viennent d'ailleurs d'attaquer l'Etat fin octobre. Elles contestent devant la justice ad

Voix d'or

« La nostalgie, c’est le bonheur d’être triste » disait Victor Hugo. La nostalgie de Johnny, disparu il y a bientôt deux ans, c’est assurément le bonheur de retrouver la voix de celui qui reste LE rockeur numéro un dans le cœur des Français. Ni les disputes familiales de l’héritage entre sa dernière épouse Laeticia et ses enfants David Hallyday et Laura Smet, ni les déclarations vipérines des uns contre les autres, ni les vacheries savamment distillées par les entourages, ni l’interminable feuilleton judiciaire qui alimente la chronique people n’ont entaché l’affection des Français pour l’artiste aux 110 millions d’albums. La preuve de cette fidélité se trouve tout simplement dans les ventes de son dernier opus sobrement intitulé Johnny, sorti le 25 octobre. Près de 150 000 ventes en quelques jours : un carton, qui en appellera sans doute d’autres et qui montre, si besoin était, que le public de Johnny, celui-là même qui s’était retrouvé à la Madeleine pour des obsèques quasi-natio