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Affichage des articles du mars, 2022

Grosse fatigue

  La sixième vague de l’épidémie de Covid-19 qui se confirme en France comme partout dans le monde – avec le retour des confinements géants en Chine – nous replonge dans cette épidémie que nous nous apprêtions pourtant à oublier. Après deux ans de pandémie marquée par les couvre-feux et les confinements, les attestations ubuesques et le clic & collect, les gestes barrières et le port du masque, les pass sanitaire puis vaccinal, les tests PCR ou antigéniques, les QR Code et les protocoles scolaire, le télétravail et les règles d’isolement, les vaccins avec ou sans ARN messager, les doses de rappels et les rendez-vous sur Doctolib, les débats sans fin avec les antivax, sans oublier la douleur inconsolable de ceux qui ont perdu des proches depuis mars 2020 et celle que ressentent au quotidien tous ceux qui ont un Covid long ou gardent des séquelles d’une contamination. Oui, tout cela, nous souhaitions le laisser derrière nous, sans l’oublier pour autant, mais avec l’envie de tourner l

L'énergie est notre avenir

« L’énergie est notre avenir, économisons-la. » Ce slogan bien connu des Français – qui est devenu une obligation légale depuis plus de quinze ans pour toute publicité émise par une entreprise du secteur de l’énergie – est plus que jamais d’actualité. Car depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine par Vladimir Poutine le 24 février dernier, l’Europe a brutalement pris conscience de sa dépendance aux énergies fossiles russes : gaz, pétrole et charbon. Tous les pays membres de l’Union européenne sont concernés à des degrés divers : la France importe ainsi 17 % de gaz russe contre 55 % pour l’Allemagne et 100 % pour la Finlande. Selon les chiffres d’Eurostat, l’énergie représentait en 2021 62 % des importations des 27 en provenance de Russie, pour un montant de 99 milliards d’euros, et l’Europe fait actuellement un chèque de 800 millions d’euros par jour à la Russie pour lui acheter l’énergie nécessaire pour se chauffer, s’éclairer ou faire tourner ses usines et ses entreprises. Dans

L'appel de Zelensky

L’histoire de la construction européenne, cette consolidation de la paix sur un Vieux continent marqué par deux terribles Guerres mondiales, a été secouée ces 70 dernières années par d’incroyables avancées et des crises majeures dans lesquelles elle aurait pu disparaître. L’histoire de l’Union européenne est aussi marquée par ces moments où des hommes et des femmes d’honneur ont dépassé leurs préjugés, ont été plus grands que leur destinée. De Gaulle et Adenauer, qui avait repris à son compte le rêve de Victor Hugo de voir advenir des Etats-Unis d’Europe ; Mitterrand et Kohl main dans la main à Verdun en 1984, scellant définitivement la réconciliation franco-allemande ; Angela Merkel en 2015, ouvrant la porte de l’Allemagne à un million de réfugiés, Syriens, Irakiens, Érythréens ou Afghans traversant la Méditerranée et fuyant des guerres et des régimes dictatoriaux. « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des Hommes », résumait Jean Monnet, l’un des pères de l’Europe. En écout

Nouvelles crises

  On ne dira jamais assez l’importance du dessin de presse pour croquer l’actualité et en révéler d’un coup de crayon tout le sens. Il y a quelques jours, dans le grand quotidien de Montréal Le Devoir, le dessinateur Pascal a ainsi représenté la Terre en passe d’être croquée par un monstrueux coronavirus… qui lui-même allait se faire croquer par un autre monstre casqué représentant la guerre en Ukraine. Et c’est vrai que depuis son déclenchement par Vladimir Poutine, notre attention est tout entière concentrée sur ce qui se passe aux portes de l’Europe. Des chaînes d’information en continu aux réseaux sociaux, des conversations en famille ou entre collègues, ce retour de la guerre au cœur d’une Europe qu’on croyait préservée du fracas des armes et des malheurs des conflits depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, nous a tous saisis d’effroi. Sidérés mais solidaires avec le peuple ukrainien, nous avons comme retrouvé le sens des priorités, relativisé nos propres problèmes quotidiens

Redonner envie

En 2017, les adversaires d’Emmanuel Macron fustigeaient son « en même temps » qui ambitionnait d’être et de droite et de gauche, et critiquaient l’ex-ministre de l’Economie qui, selon eux, était incapable de présenter un programme. Le démenti fut cinglant, offrit à Emmanuel Macron l’une des plus fameuses séquences de sa campagne – « Parce que c’est notre projet » crié devant ses militants – et lui permit d’égrener des propositions de rupture. Cinq ans plus tard, les adversaires de celui qui est devenu chef de l’Etat reprenaient peu ou prou la même antienne, affirmant que le président sortant qui tardait à annoncer sa candidature, n’avait rien d’autre à offrir que la continuation de son quinquennat. Là encore, le candidat Macron a montré, hier à Aubervillers, qu’il était bien capable de dessiner un nouveau programme autour de grands enjeux – éducation, indépendance, Europe, travail, santé – façonnés autant par les leçons tirées des crises du quinquennat qui s’achève que par les circonst

Dans la tête de Poutine

En 2016, le journaliste Michel Eltchaninoff signait chez Actes Sud « Dans la tête de Vladimir Poutine », un livre qui tentait de cerner quels étaient les objectifs du maître du Kremlin, sa vision du monde et de son pays, ses objectifs, ses obsessions même. Six ans plus tard et 21 jours après l’invasion de l’Ukraine et le déclenchement d’une guerre en Europe qui déstabilise l’ordre mondial né après 1945, l’énigme Poutine n’a toujours pas livré ses secrets. De Kiev à Paris, de Berlin à Washington chacun se demande jusqu’où peut et veut aller Poutine ? Le président russe est-il « de plus en plus isolé », « en colère et frustré » de voir son armée ralentie par la résistance héroïque des Ukrainiens, comme l’affirme le directeur de la CIA, William Burns ? Est-il malade, atteint d’un cancer ou de la maladie de Parkinson que trahirait un visage bouffi, comme l’avancent certains observateurs ? Lui qui a reçu Emmanuel Macron, mais aussi son ministre la Défense et son chef d’Etat-major au bout de

Le sérieux des faits

  L’étude inédite « Géographie de la délinquance à l’échelle communale » publiée ce mois-ci dans une relative indifférence par Inter Stats, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), est importante car, en pleine campagne présidentielle, elle permet d’éclairer d’un jour nouveau le débat sur la délinquance et les solutions à mettre en œuvre pour la combattre. À écouter certains candidats à l’élection présidentielle, la France serait à feu à a sang, minée par une délinquance quasi incontrôlable par un exécutif macroniste suspecté d’un coupable laxisme. Une « France Orange mécanique » – en référence au film éponyme de Stanley Kubrick mettant en scène des personnages ultraviolents, mais aussi au livre de Laurent Obertone paru en 2013 – dont parlent depuis des mois Eric Zemmour ou Marine Le Pen, sans éviter les outrances de la simplification voire les fake news. La réalité, évidemment, est tout autre, bien plus complexe et nuancée. L’étude statistique parue début

Un choix de société

Revoilà donc la réforme des retraites. Ou plutôt une nouvelle réforme des retraites, différente de celle, universelle et à points, dont la majorité vantait les mérites tout en peinant à expliquer aux Français le bien-fondé et les complexes mécanismes. Une réforme qui avait ragaillardi les oppositions de droite et de gauche et cristallisé la colère des syndicats ; et pour laquelle Edouard Philippe avait dû dégainer l’article 49.3 en catimini le 1er mars 2020 pour couper court à un débat parlementaire proche de l’enlisement sous 41 000 amendements. Une réforme, enfin, qui avait été mise en pause par la survenue de l’épidémie de Covid-19 pour finalement être laissée à l’abandon avec un renoncement au principe des points, cher à Emmanuel Macron. Pour le président sortant – seul chef de l’Etat à n’avoir pas mené de réforme des retraites durant son mandat – il y avait là un regret, pour ne pas dire une tache, sur son bilan, qu’il convenait donc de réparer. En laissant fuiter la proposition d

Le prix de la liberté

  La crise sanitaire de l’épidémie de Covid-19 avait révélé l’extrême vulnérabilité de l’Europe et sa dépendance à d’autres pays pour de nombreux produits manufacturés. Car depuis des années, au nom d’une économie de flux mondialisée et de la recherche du prix le plus bas, nous avions délocalisé et finalement perdu nos savoir-faire industriels, sacrifiant au passage des milliers de nos ouvriers. La pénurie de masques au début de la pandémie a été l’exemple frappant qui nous a ouvert les yeux sur la nécessité de réindustrialiser d’urgence l’Europe comme la France. Question de logique pour retrouver une souveraineté qui était jusqu’à présent accaparée, et dévoyée, par l’extrême droite. La guerre en Ukraine, brutalement déclenchée par Vladimir Poutine, aura-t-elle le même effet de dessillement pour les Européens sur l’énergie ? Car si les prix du gaz, du pétrole ou du charbon – sans parler de ceux des céréales ou de certains métaux – étaient déjà à la hausse en raison de la reprise économ

Continuité ou changement

Pour tout Président qui aspire à briguer un second mandat se pose la question de savoir pour quoi faire ? Quel sens donner à un nouveau quinquennat ? Quels projets mettre en avant, et, le cas échéant, avec quelle majorité ? Porter ceux qui n’ont pu être réalisés ou en proposer d’autres, sachant que c’est souvent moins le passé – le bilan – que l’avenir – le projet – qui convainc au final les électeurs ? Cette question s’est posée à tous les Présidents de la Ve République depuis Valéry d’Estaing et, hormis François Hollande qui a décidé de ne pas se représenter faute d’être assuré de disposer d’une majorité parlementaire, tous ont joué le thème du « changement dans la continuité ». Emmanuel Macron n’a pas échappé à ce questionnement, et, en temps normal, ce jeune Président qui a fait éclater le paysage politique français en 2017 en promettant une « révolution » et de nouvelles pratiques disruptives, aurait pu, lui aussi, promettre le changement dans la continuité. D’autant plus qu’au gr