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Articles

Affichage des articles du novembre, 2018

F(r)acture sociale

Les hasards du calendrier font parfois s'entrechoquer les événements, parvenant à les éclairer souvent, à en multiplier la force quelques fois. Alors que le mouvement des Gilets jaunes bloque ronds-points et bretelles d'autoroute depuis deux semaines pour réclamer davantage de pouvoir d'achat et moins de taxes, une étude réalisée par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), publiée le 20 novembre, indique que le revenu disponible des ménages – ce qui reste aux ménages une fois déduits les impôts et les cotisations – aurait baissé en moyenne de 440 euros en France entre 2008 et 2016. Une perte qui avoisine quelque 160 euros pour les 5 % de foyers les plus modestes et 2 500 euros pour les 5 % les plus aisés. Les auteurs de l'étude se sont concentrés exclusivement sur l'impact des réformes sociales et fiscales mises en place sous les deux précédents quinquennats, les évolutions démographiques et celles du marché du travail. Il en ressort q

Régulation

Le scandale des implants médicaux révélé hier par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) fait froid dans le dos et appelle les pouvoir publics et l'Union européenne à une action aussi urgente qu'implacable pour mettre un terme non pas à des dysfonctionnements isolés mais bel et bien à un système réglementaire gravement défaillant, qu'il faut reprendre de A à Z. Ces dernières années, plusieurs scandales touchant à des implants médicaux avaient bien défrayé la chronique, comme les prothèses mammaires défectueuses PIP ou les implants contraceptifs Essure. Des affaires ramenées au rang de fraudes isolées et souvent sanctionnées par la justice. Mais des affaires qui n'étaient en fait que la partie émergée d'un iceberg monstrueux faisant de millions de patients des cobayes à leur insu. Car le scandale des implants est double. Côté pile, on découvre avec effarement la simplicité avec laquelle un fabricant d'implant peut obteni

Black or green

Évènement incontournable outre-Atlantique depuis les années 70, le Black Friday (vendredi noir) s'est fait en quelques années une place en Europe, importé en 2014 par le géant du cybercommerce Amazon. À l'instar d'Halloween, cette grand-messe commerciale – qui s'étale sur trois ou quatre jours d'ailleurs – a pris une ampleur conséquente sur les sites internet de cybercommerce comme dans les boutiques physiques. De la grande enseigne au petit commerçant, toute l'économie se met à la page avec un tsunami de bonnes affaires et des réductions XXL qui touchent tous les rayons : électroménager, hi-fi, télévision, informatique, smartphones mais aussi habillement, maroquinerie, voyages et même marques de luxe. Pas un secteur n'échappe à la frénésie Black. L'internaute est bombardé de courriels vantant des promotions agressives, les boîtes aux lettres débordent de catalogues publicitaires dédiés à cette journée de tous les excès. À l'heure où la croissa

L'autre transition

À l'heure où la transition écologique appliquée aux transports occupe le devant de la scène avec le mouvement des gilets jaunes et le débat sur la fiscalité des carburants issus d'énergies fossiles polluantes, il est une autre transition que vient de rappeler Générations futures : celle visant à limiter les pesticides. Cette association de défense de l'environnement vient de décortiquer l'immense base de données des ventes des distributeurs (BDVD) qui donne les quantités des différents pesticides commerciaux vendus en France. De ce travail titanesque sont sorties plusieurs cartes édifiantes. Pesticides non utilisables pour l'agriculture biologique, pesticides cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR), perturbateurs endocriniens (PE), ventes du désormais fameux glyphosate : tout y passe. Et ces cartes illustrent, mieux que de longs discours, le fait que la France, premier pays d'Europe par ses surfaces agricoles et second consommateur européen de pestici

Restaurer la confiance

Ce n'est pas le moindre des paradoxes que vivent les maires de France. Élus les plus appréciés des Français, édiles de proximité qui bénéficient de la meilleure cote de confiance de toute la classe politique, ils sont aussi ceux qui se sentent les moins considérés par l'Etat, les moins soutenus de tous les échelons. Leur congrès annuel, qui se tient à partir de mardi à Paris, va permettre d'ailleurs de constater le blues des élus locaux, mesuré cette année par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) dans le cadre de l'Observatoire de la démocratie de proximité. Cette enquête, qui aborde de nombreux thèmes, avance un chiffre-choc : un maire sur deux ne compte pas se représenter en 2020 ; une proportion qui atteint même 55 % dans les plus petites communes. Alors qu'en 2014, lors des dernières élections municipales, 60 % des maires sortants avaient été réélus… Pourquoi un tel changement, pourquoi certains décident de jeter l'éponge ? Nulle

Mobilisation

Il suffit bien souvent d'une photo ou d'une vidéo symboles pour prendre conscience de l'étendue d'une situation, de l'ampleur d'un malaise, de la gravité d'un problème qu'on ne percevait pas ou mal, et que parfois on taisait. En quelques jours, deux vidéos viennent de jouer ce rôle. La première, révélée le 20 octobre, montre un élève du lycée public Edouard-Branly de Créteil menacer sa professeure avec une arme factice pour qu'elle l'inscrive « présent » à son cours de biotechnologie. La seconde, dévoilée hier, montre un enfant de 7 ans, raconter que lui et son petit frère sont régulièrement battus par un camarade de classe d'un établissement privé catholique de l'académie d'Amiens. « J'ai envie de rejoindre le Bon Dieu et de mourir », lâche le garçonnet en pleurs dans cette vidéo déchirante, diffusée en pleine Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Ces deux vidéos illustrent combien l'école est aujou

Cohabitation

Au lendemain des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, ce sont plus que jamais deux Amériques qui se font face, deux visions de la société que l'on pourrait dire irréconciliables. Car en dépit des fanfaronnades habituelles de Donald Trump saluant pour son camp « un immense succès », républicains et démocrates, dont les électeurs se sont massivement mobilisés mardi, sortent déçus de ce scrutin qui les contraint à une classique cohabitation. Les démocrates peuvent certes se féliciter d'avoir reconquis la Chambre des représentants, une première depuis huit ans. Et Nancy Pelosi, leader de la nouvelle majorité, peut assurer que la Chambre qui s'installera en janvier sera un contre-pouvoir réel à la politique de Donald Trump. Mais les démocrates s'attendaient sans doute à quelques victoires plus spectaculaires et vont devoir éviter toute «persécution» à l'égard d'un Donald Trump qui pourrait en tirer électoralement bénéfice. Sans compter qu'à deux ans de la

Omerta

Pour condamner l'avortement, le pape François n'hésite pas à emprunter le vocabulaire de la mafia, comme lorsqu'il avait récemment comparé l'interruption volontaire de grossesse au recours à un « tueur à gages ». Il est un terme mafioso par excellence que le chef de l'Église catholique devrait considérer concernant les affaires de pédophilie qui touche son clergé : l'omerta. Car, à bien y regarder, la multiplication, ces dernières années, des scandales de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs commis par des religieux a mis en lumière comment la loi du silence a régné pendant des décennies – et semble parfois régner encore – au sein de l'Église, jusqu'au plus haut niveau de la Curie. Aux États-Unis, au Chili, en Allemagne, en Irlande ou en Australie, ce sont des dizaines d'affaires similaires qui ont été commises par des prêtres, ensuite couverts par leur hiérarchie. Il aura fallu le courage des victimes et de leurs familles, doublemen

Le jeu, c'est du sérieux

En 1975, petits et grands s'émerveillaient devant leur téléviseur, les yeux rivés sur deux triangles blancs se renvoyant un petit carré de part et d'autre d'une ligne en pointillé départageant en deux l'écran noir. Pong, ce jeu simplissime imaginé trois ans plus tôt par l'Américain Nolan Bushnell et développé par Allan Alcorn, a fait le succès d'Atari et donné le top départ de l'incroyable aventure des jeux vidéo. En moins de cinquante ans, profitant de l'exponentielle montée en puissance de l'informatique, les jeux sont devenus de véritables œuvres, passant des salles d'arcades aux chambres des adolescents voire au salon des parents ou à celui des maisons de retraite et investissant, désormais, nos mobiles et demain nos casques de réalité virtuelle. Aujourd'hui, on est bien loin de Pong et les jeux vidéo, lancés partout dans le monde, disposent, pour les plus importants d'entre eux, de budgets dignes des blockbusters du cinéma amér