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Articles

Affichage des articles du mars, 2019

Pouvoir de vivre

L'expression est sans doute l'une des plus utilisée par les hommes et les femmes politiques, les organisations syndicales et patronales, les économistes de Bercy ou les statisticiens de l'Insee, les think-tanks ou les associations de solidarité, et évidemment par les Français eux-mêmes, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle à laquelle ils appartiennent. Le «pouvoir d'achat» – puisque c'est de lui dont il s'agit – se conjugue toujours avec une multitude de verbes et d'adjectifs : il faut en redonner, l'augmenter, le soutenir, le préserver ; il faut qu'il soit juste, équitable, développé, renforcé. De l'hémicycle de l'Assemblée nationale à l'Elysée, de la manifestation syndicale au bistrot du coin, de la machine à café entre collègues aux repas de famille, il s'agit là d'un sujet de conversation sans fin sur lequel chacun a un avis. L'expression est tellement usée, presque galvaudée, qu'on en oublie presque c

Chiffon rouge

La réforme de la fonction publique, présentée hier en Conseil des ministres par le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et son secrétaire d'État, Olivier Dussopt, va-t-elle permettre de moderniser les services publics comme le proclame le gouvernement, ou, au contraire, en entériner leur recul selon les syndicats qui rejettent unanimement le texte ? Le projet de loi, qui doit être adopté «avant l'été» pour une application «au 1er janvier 2020», présente en tout cas toute une série de mesures à même de hérisser les fonctionnaires : recours accru aux contractuels, rémunération individualisée au mérite, réforme des instances de représentation du personnel calquée sur ce qui a été décidé pour les entreprises par les ordonnances Pénicaud en 2017, renforcement de la mobilité, ruptures conventionnelles, etc. Les syndicats de fonctionnaires craignent un démembrement de fait de la fonction publique et la fin d'un statut que la réalité du travail

Modération et réconciliation

En lançant une nouvelle campagne d'information pour rappeler à chacun que toute consommation d'alcool comporte des risques, et pour promouvoir de nouveaux repères, le ministère des Solidarités et de la Santé et Santé publique France sont bien évidemment dans leurs rôles en répondant à un problème de santé publique majeur. Mais cette nouvelle campagne rouvre aussi, une nouvelle fois, le débat entre d'un côté des médecins inquiets et d'un autre côté tous les acteurs d'une filière vinicole qui participent à l'identité de la France. Entre les deux, deux visions de la société semblent s'affronter. D'un côté, donc, il y a les chiffres, implacables, terribles. Non seulement la consommation d'alcool est à l'origine de nombreuses maladies (hémorragie cérébrale, cancers, hypertension…), mais elle constitue aujourd'hui l'une des principales causes de mortalité évitable avec 41 000 décès par an. Et lorsque l'on parle d'alcool, on parle

Etre à la hauteur

Dans deux mois jour pour jour, nous connaîtrons la physionomie du nouveau Parlement européen au terme d'élections dans les désormais – Brexit oblige – 27 Etats membres. Des élections qui sont celles de tous les dangers pour l'Union. Rarement depuis le traité de Rome en 1957, en effet, l'idée de la construction européenne, jusqu'ici partagée par les deux forces du Parlement – la droite chrétienne-démocrate et la gauche sociale-démocrate – n'aura paru aussi fragile. Bousculée sur la scène internationale par l'Amérique de Trump en guerre contre le multilatéralisme et par les ambitions diplomatiques et économiques inextinguibles de la Chine, l'Union Européenne se trouve minée en interne par la montée des populismes. Des populismes qui rêvent tous d'une Europe des nations bunkérisée par d'improbables règles protectionnistes et nationalistes qui sont la négation même de l'idéal européen, tel que défini par Jean Monnet comme «l'union des Hommes»

Diplomatie intelligente

« Laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s'éveillera le monde entier tremblera. » La citation que Napoléon aurait prononcée en 1816 et dont Alain Peyrefitte fit le titre de son ouvrage-phare en 1973, reste toujours – à tort ou à raison – d'actualité au XXIe siècle. L'Empire du milieu inspire d'autant plus la crainte que cet immense pays et son 1,4 milliard d'habitants est devenu, par l'entremise d'un régime mi-communiste mi-capitaliste, une puissance économique incontournable et affiche désormais sans fard des ambitions militaires, géopolitiques, technologiques voire culturelles. Les fameuses « routes de la soie » lancées en 2013 par le président Xi Jinping en sont la parfaite illustration. Car ce projet appelé en mandarin « La ceinture et la route » (ceinture terrestre reliant la Chine à l'Europe via l'Asie centrale, et route maritime via l'océan indien) mobilise des sommes colossales – la Chine aurait déjà dépensé quelque 200 mi

Talon d'Achille

La décision d'Emmanuel Macron de mobiliser aujourd'hui les militaires de l'opération Sentinelle, afin d'éviter de revoir les images de saccage des Champs-Elysées perpétré samedi dernier à Paris, suscite une vive polémique. À droite comme à gauche, des voix s'élèvent pour dénoncer le recours à l'armée dans un conflit social, une première depuis 1948. Cette décision, aussi forte qu'inattendue, illustre au fond la difficulté que rencontre depuis longtemps le chef de l'Etat dans le domaine de la sécurité, aujourd'hui son talon d'Achille. Talon d'Achille par manque d'expérience d'une part. Lors du lancement de sa campagne présidentielle fin 2016, le candidat d'En Marche avait, en effet, été la cible de vives attaques venant de la droite sur sa capacité à incarner la dimension régalienne de l'ordre, consubstantielle au président de la République, chef des Armées. Critique finalement classique, la gauche étant pour la droite to

Electrochoc

Gérard Larcher, président LR du Sénat. Emmanuel Macron n'en a décidément pas fini avec l'encombrante affaire Benalla, qui, tel le sparadrap du capitaine Haddock, revient à intervalles réguliers lui gâcher son agenda politique. De révélations en révélations, on découvre, en effet, mois après mois les agissements stupéfiants de son ancien collaborateur au comportement et aux relations bien troubles, d'évidence incompatibles avec le poste qu'il occupait à l'Elysée. Mais hier, lorsque le bureau du Sénat a décidé de signaler à la justice le cas de trois collaborateurs directs du président de la République, estimant qu'ils avaient possiblement fait de faux témoignages devant la commission d'enquête sénatoriale sur les graves dysfonctionnements de l'Elysée après les événements de la Contrescarpe, la rocambolesque affaire a pris une autre dimension, judiciaire certes, mais surtout politique et institutionnelle. Paradoxalement, ce nouvel épisode pourrait co

Debout

Après l'assaut des forces de l'ordre au Super U de Trèbes. Demain, cela fera un an que l'horreur terroriste frappait à nos portes, à Carcassonne et à Trèbes. Un an que quatre innocents ont été abattus et un jeune étudiant grièvement blessé au nom de l'idéologie de Daech, semée lors du périple sanglant d'un homme radicalisé de 25 ans. Depuis un an, hélas, d'autres attentats ont été perpétrés, en France et dans le monde, mais le souvenir de celui commis dans l'Aude reste toujours vif pour au moins deux raisons qui en font un événement important dans l'histoire du pays. D'abord la formidable capacité de résilience de la petite commune de Trèbes, et, partant, de la France entière. Observée après les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan ou de la promenade des Anglais à Nice, cette capacité des Français à ne pas se laisser diviser comme l'espèrent – toujours à tort – les terroristes, a été d'autant plus remarquable à Trèbes que la comm

Transparence et pédagogie

Il aurait pu être l'instrument visible et consensuel au service de la transition écologique ; l'outil personnel des Français pour comprendre et améliorer leur consommation d'électricité ; le dispositif permettant à la France, à l'instar d'autres pays européens, de bâtir un réseau électrique performant. Las ! Depuis le début de son déploiement il y a bientôt quatre ans, il ne se passe pas une semaine sans que des habitants, ici dans un immeuble en copropriété, là dans le lotissement d'un village, ne contestent l'installation du compteur connecté Linky. Depuis des mois, des Français rouges de colère ne veulent pas du boîtier vert-jaune qu'on leur impose et qui est déjà installé dans 17 millions de foyers sur 35 à équiper d'ici 2021. Pour la première fois, ces opposants au nouveau compteur viennent d'obtenir une victoire judiciaire. Une juge des référés de Toulouse, saisie, notamment, par l'opiniâtre avocat toulousain Me Lèguevaques, a ent

Cas d'école

La privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac restera sans nul doute un cas d'école, doublé d'un feuilleton politico-économique digne d'un thriller. Repoussée en 2011 devant la fronde des élus locaux, la privatisation partielle a été réalisée aux forceps en 2014 dans des conditions où la transparence n'a pas été – c'est le moins qu'on puisse dire – la qualité première. Pour rappel, l'État, via l'Agence française des participations, souhaitait se séparer de ses actifs dans l'aéroport toulousain en vendant 60 % du capital qu'il détenait. L'opération devait se faire en deux temps : 49,9 % d'abord, les 10,1 % ensuite. En avril 2015, un groupe chinois inconnu, Casil Europe, remporte la mise et apparaît donc comme actionnaire minoritaire. Sauf qu'un pacte d'actionnaires secret a été conclu entre l'État et Casil, le premier s'engageant à suivre les orientations stratégiques du second pour développer un aéroport déjà

Responsabilité

Les images de crashs aériens sont toujours marquantes pour l'opinion. Tout simplement parce que la disparition des avions, en mer ou sur terre, se traduit par une désintégration de tout ce qui compose les appareils en des milliers de débris, de terribles «confettis» qui prennent au cœur les familles des victimes, les sauveteurs et tous ceux qui voient de telles images. Le crash d'un avion de la compagnie Ethiopian Airlines, qui s'est écrasé alors qu'il effectuait la liaison Addis Abeba-Nairobi, faisant 157 morts dont 9 Français, ne déroge pas à cette sombre règle. Comme à chaque fois l'émotion va aussi laisser place aux questions pour comprendre ce qui a pu provoquer un tel drame. Dans le cas particulier du Boeing 737 MAX-8, l'enquête qui s'engage fait d'ailleurs écho à celle concernant un autre crash survenu il y a à peine cinq mois sur le même type d'appareil. Un Boeing tout neuf de la compagnie indonésienne Lion Air s'était écrasé en mer