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Articles

Affichage des articles du février, 2025

Garantir un juste prix

   Depuis plusieurs années, la question du prix de l’électricité en France s’est imposée comme un enjeu central du débat public. La réforme du marché à compter de 2026 suscite déjà des inquiétudes, alors que les consommateurs viennent tout juste de bénéficier d’une baisse des tarifs le 1 er  février dernier après des mois de hausse. D’un côté, les tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVE) seront maintenus mais avec de nouvelles modalités instaurées depuis le 1 er  février. De l’autre, un nouveau mécanisme va remplacer l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), qui va prendre fin au 31 décembre 2025 : ce mécanisme va entièrement basculer la composante « approvisionnement » du TRVE sur les prix des marchés de gros… Ces deux mesures font craindre à l’UFC-Que Choisir un alourdissement de la facture des Français l’année prochaine. « En moyenne 19 % de plus, soit jusqu’à 250 euros supplémentaires par an pour un...

Du trou au gouffre

Voilà un anniversaire que personne n’a célébré et pour cause. Le « trou de la Sécu », en tout cas son expression notamment employée par l’ancien Premier ministre Alain Juppé, a déjà trente ans d’existence et pourrait bien faire son grand retour dans le débat public. On est bien loin des perspectives heureuses qu’annonçait en 2018 la ministre de la Santé de l’époque. Après des années de déficit chronique, la Sécurité sociale remontait alors lentement la pente depuis son abyssal déficit de 35 milliards d’euros en 2010 et Agnès Buzyn espérait même pour 2019 un excédent de 600 millions d’euros. On retrouvait alors le principe érigé à la création de la Sécu en 1945 de comptes parfaitement équilibrés. Las ! La crise des Gilets jaunes de 2018-2019 a brisé la trajectoire vertueuse. Pour calmer cette grogne sociale à l’ampleur inédite et répondre à ses nombreuses revendications, l’exécutif avait mis la main à la poche avec des mesures d’urgences qui ont coûté 2,7 mi...

Racines

Alors que les ministres de l’Intérieur Bruno Retailleau et de la Justice Gérald Darmanin ont appelé à la tenue d’un débat public sur le droit du sol, François Bayrou s’est prononcé, le 7 février, pour se pencher sur une question « plus large », à savoir « qu’est-ce qu’être Français ? » On croyait le débat clos depuis qu’Ernest Renan avait explicité en 1882 ce qu’était une Nation, fondée sur l’adhésion collective à des valeurs, en l’espèce celles de la République. Être Français c’est aussi « continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu. » Cet héritage-là, les Français le chérissent collectivement et à titre individuel lorsqu’il s’agit pour eux de tracer l’historique de leur chemin familial. La généalogie est ainsi devenue l’une des grandes passions des Français. Quelque 10 millions d’entre eux effectuent des recherches pour retrouver leurs ancêtres et un Français sur deux aurait déjà fait des recherches sur sa famille. Selon un sondage mené par le site Geneanet et l’IFOP en mars 202...

Face à sa conscience

Interrogé à l’Assemblée nationale le 11 février dernier sur ce qu’il savait des violences physiques et sexuelles subies par des élèves du collège et lycée privé catholique Notre-Dame-de-Bétharram – dans lequel son épouse a enseigné et où plusieurs de ses enfants ont été scolarisés – François Bayrou aurait pu répondre qu’il était au courant mais n’avait pas mesuré, à l’époque, l’ampleur de ce qui est aujourd’hui le plus grand scandale de violences et de pédocriminalité touchant un établissement scolaire. Las ! Le Premier ministre, alors ministre de l’Éducation nationale lors de la première plainte en avril 1996, puis président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques lors de la seconde fin 1997, s’est enferré dans des explications floues qui, jour après jour, s’effondrent devant l’évidence et les témoignages, et le fragilisent politiquement. Après avoir assuré n’avoir « jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles », François Bayrou ...

Ukraine : être à la hauteur

   Fallait-il oui ou non réunir une partie seulement des pays européens parmi ceux qui sont les plus en soutien de l’Ukraine à l’heure où s’engagent des négociations exclusives entre Américains et Russes pour mettre fin au conflit ; et ainsi prendre le risque d’étaler les divergences des Européens ? Emmanuel Macron a choisi de répondre oui en organisant lundi à l’Elysée un mini-sommet entre sept pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Commission européenne, le Conseil européen et l’Otan. Au final peu importe qu’il n’y ait pas eu de déclaration commune forte et unanime et que, sur l’envoi de troupes d’interposition pour maintenir la paix qui serait négociée, des divergences sont effectivement apparues. Face à la spectaculaire décision de Donald Trump de discuter d’homme à homme avec Vladimir Poutine de l’avenir de l’Ukraine sans les Ukrainiens et sans les Européens ; face, aussi, au violent discours du vice-président américain JD Vance à la Conférence sur ...

Rendez-vous en 2027 ?

    En survivant aux motions de censure déposées en réponse aux 49-3 utilisés pour faire adopter sans vote les textes budgétaires de 2025, François Bayrou peut estimer avoir franchi « l’Himalaya » du Budget pour reprendre son expression. Mais le Premier ministre, qui rêve de durer à Matignon, va devoir franchir encore bien d’autres sommets périlleux où dessiner un chemin de crête paraît aussi incertain. Le prochain Everest du Premier de cordée du gouvernement s’annonce même très – trop ? – abrupt : la réforme des retraites. Cette réforme maudite qui, depuis 2017, tel le sparadrap du capitaine Haddock, n’en finit pas d’occuper le débat public… au détriment de tant d’autres sujets capitaux pour l’avenir du pays. L’adoption de la réforme des retraites au forceps en 2023 par 49-3 à l’Assemblée nationale, sans véritable débat et contre l’avis des Français et des syndicats, a participé sans doute à la défaite du camp présidentiel lors des législatives anticipées....

Briser la spirale

   Une grenade lancée dans un bar à Grenoble qui fait 15 blessés, un homme abattu à l’arme lourde sur un parking de Colomiers. Deux drames concomitants qui, vraisemblablement, viennent s’ajouter à l’insupportable série d’homicides ou de tentatives d’homicides et à la longue liste de blessés du trafic de stupéfiants en France. Deux drames dont les modalités illustrent aussi combien le trafic a désormais sombré dans une inquiétante ultraviolence. En reprenant à son compte une le terme de « mexicanisation » du narcotrafic en France, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a voulu marquer les esprits, quitte à verser dans l’exagération. Au Mexique, en effet, les cartels sont le cinquième employeur du pays et, depuis 2006, sont responsables de 450 000 morts et plus de 100 000 disparus liés au trafic de drogue. En France en 2024, on déplorait 110 morts et 341 blessés, ce qui est évidemment déjà trop. La France n’est donc pas le Mexique. Mais le ministre LR, t...

Carte maîtresse

   Et si dans le jeu gouvernemental, Eric Lombard constituait finalement la vraie carte maîtresse de François Bayrou, celle qui est moins flamboyante et moins tape-à-l’œil que certaines autres mais qui, le moment venu, permet d’emporter – même provisoirement – la partie, par exemple celle du Budget ? En tout cas, à l’heure où la scène politique est dominée par le bruit et les postures, le ministre de l’Économie et des Finances, inconnu du grand public, se distingue de ses collègues en cultivant une rare discrétion, appuyée sur un certain nombre de qualités essentielles pour un gouvernement qui n’a pas été plébiscité par les urnes, qui ne dispose pas de majorité à l’Assemble et qui évolue dans une situation politique plus éclatée et polarisée que jamais. Ainsi, par rapport à Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, ministres en vue de l’Intérieur et de la Justice omniprésents dans les médias et lancés dans une course à l’échalote pour bousculer l’état de droit en adoptant des ...

En eaux troubles

Si l’affaire Nestlé Waters n’occupe pas plus intensément le devant de la scène, c’est sans doute parce qu’aucune victime ne s’est – à ce jour – manifestée. Une chance, si l’on peut dire, car ce dossier trouble, qui éclabousse désormais jusqu’à l’Elysée, a tout de l’affaire d’État, à la fois scandale sanitaire et scandale politique. Scandale sanitaire d’abord. Le géant suisse de l’eau en bouteille a beau se défendre et marteler que la sécurité alimentaire de ses produits « n’a jamais été en jeu », que la sécurité sanitaire des consommateurs « a toujours été assurée » et que « la microfiltration est largement utilisée dans toute l’industrie », il n’en reste pas moins que la multinationale a enfreint les règles en faisant subir des traitements illégaux à plusieurs de ses eaux comme Vittel, Contrex, Hépar et Perrier. Il y a bien tromperie. Par ailleurs, Le Monde et Radio France ont révélé une note du ministère de la Santé très explicite sur les « manquements de Nestlé Waters aux exigences ...

Pax Americana ?

Et si la clé de la paix en Ukraine ne dépendait que de l’ego d’un homme ? Non pas celui de Volodymyr Zelensky ou de Vladimir Poutine, mais celui de Donald Trump. Selon certains observateurs, le 47e président des États-Unis a beau marteler « America first », l’Amérique d’abord, il n’en investit pas moins la politique étrangère afin d’obtenir, à Gaza comme en Ukraine, des « deals » pour ramener la paix. Avec un objectif : obtenir le prix Nobel de la Paix, cette récompense que Barack Obama a reçue en 2019, ce que le Républicain ne supporterait pas… Donald Trump entend donc bien décrocher coûte que coûte un accord de paix en Ukraine. Durant la campagne présidentielle, il avait fanfaronné qu’il pouvait obtenir en 24 heures l’arrêt de cette « guerre ridicule ». Face au mur de la réalité et à la complexité du dossier, il a évidemment révisé ses délais sans toutefois renoncer à son objectif ultime. Alors qu’il s’était dit prêt à rencontrer Vladimir Poutine en tête à tête, Donald Trump a depuis...

Craintes et espoirs

La Journée mondiale de lutte contre le cancer, chaque année le 4 février, est de celles qui sont ambivalentes. D’un côté, les chiffres qui sont présentés sont souvent sources d’inquiétude quand il s’agit de constater que certains cancers se développent de façon importante. De l’autre, cette journée insuffle un véritable espoir quand il s’agit de mesurer les avancées de la recherche médicale, avec une kyrielle d’innovations qui permettent de mieux lutter et finalement de guérir de plus en plus de cancers. Cette année 2025 ne déroge pas à la règle. Côté sombre : l’inquiétante progression de certains cancers chez les jeunes hommes et femmes, en France. Les cancers du système digestif (colon, pancréas, foie…) sont, par exemple, de plus en plus fréquents chez les moins de 50 ans, sans que l’on parvienne encore à comprendre pourquoi. Pollution, facteurs environnementaux, changements génétiques ? Ces cancers plus fréquents chez les jeunes le sont bien sûr aussi dans les tranches d’âge plus él...

La tentation de la censure

  « Le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder », disait Oscar Wilde. François Bayrou vient de faire sienne la maxime de l’écrivain britannique en cédant au recours à l’article 49.3 qui va donc permettre au gouvernement, à partir de ce lundi, de faire adopter sans vote les textes budgétaires de 2025. Comme ses prédécesseurs Elisabeth Borne – « Madame 49.3 » – et Michel Barnier, le Premier ministre a ainsi renoncé à laisser les projets de loi de finances faire l’objet d’un vote en bonne et due forme par les députés, par peur d’un résultat qui aurait pu être négatif. Certes le recours à cet article de la Constitution est parfaitement régulier, mais il soulève tout de même un problème démocratique qui peut légitimement heurter les Français : à quoi sert un Parlement s’il ne peut jamais voter le budget de la Nation ? Le recours au 49.3 pose aussi les limites de la « méthode Bayrou » qui se voulait différente. On pensait, e...