La Journée mondiale de lutte contre le cancer, chaque année le 4 février, est de celles qui sont ambivalentes. D’un côté, les chiffres qui sont présentés sont souvent sources d’inquiétude quand il s’agit de constater que certains cancers se développent de façon importante. De l’autre, cette journée insuffle un véritable espoir quand il s’agit de mesurer les avancées de la recherche médicale, avec une kyrielle d’innovations qui permettent de mieux lutter et finalement de guérir de plus en plus de cancers. Cette année 2025 ne déroge pas à la règle.
Côté sombre : l’inquiétante progression de certains cancers chez les jeunes hommes et femmes, en France. Les cancers du système digestif (colon, pancréas, foie…) sont, par exemple, de plus en plus fréquents chez les moins de 50 ans, sans que l’on parvienne encore à comprendre pourquoi. Pollution, facteurs environnementaux, changements génétiques ? Ces cancers plus fréquents chez les jeunes le sont bien sûr aussi dans les tranches d’âge plus élevées, chez les seniors, mais leur fulgurance inquiète à raison lorsque ce sont des « quadras » qui, faute d’avoir été dépistés à temps, décèdent rapidement de tumeurs foudroyantes.
La Journée mondiale permet aussi de mesurer combien le cancer reste le mal du siècle avec environ 20 millions de nouveaux cas diagnostiqués dans le monde – 433 000 en France – et près de 9,7 millions de décès dus à la maladie. La charge mondiale du cancer devrait d’ailleurs augmenter de manière significative dans les décennies à venir : des projections indiquent une hausse de 77 % du nombre de nouveaux cas d’ici 2050, principalement en raison du vieillissement et de la croissance de la population ainsi que de l’augmentation de l’exposition à certains facteurs de risque.
Mais cette journée est aussi porteuse d’espoir. La recherche en cancérologie évolue rapidement avec de spectaculaires résultats pour certains cancers. L’essor des immunothérapies, des thérapies à base de micro-ARN – dont les mécanismes de régulation génétique ont récemment été récompensés par un prix Nobel – mais aussi la radiothérapie nucléaire, ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques. L’irruption de l’intelligence artificielle est aussi en train de révolutionner l’étape cruciale du diagnostic et le suivi des patients. Emmanuel Macron a d’ailleurs évoqué l’importance de l’IA dans le secteur de la santé, hier lors de sa visite à l’institut Gustave Roussy. La France est par ailleurs en tête des États membres de l’UE pour le nombre de start-up spécialisées en oncologie et affiche la plus forte avancée en médecine personnalisée. Voilà de quoi se réjouir.
Enfin, entre les craintes et les espoirs, il y a les malades et leurs familles qui abordent le cancer avec de fortes inégalités socio-économiques. C’est pourquoi le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) vient de lancer un nouveau site web pour le projet EU-CanIneq, une initiative de l’Union européenne consacrée à la réduction de ces inégalités. Remédier à ces disparités permettra de réduire la mortalité globale par cancer, en particulier parmi les groupes les plus défavorisés.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 5 février 2025)