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Affichage des articles du mai, 2020

Libérer, protéger

En se retrouvant hier matin à l’Elysée pour un Conseil de défense afin de finaliser les mesures de l’acte II du déconfinement, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont peut-être eu à l’esprit le slogan de la campagne présidentielle de 2017 : libérer, protéger. Ce mantra, qui devait être l’alpha et l’oméga du quinquennat en matière économique, pouvait, en effet, s’appliquer parfaitement à la situation du pays qui se relève peu à peu de l’épidémie de coronavirus survenue il y a trois mois. Libérer les Français du rigide – mais nécessaire – carcan des règles sanitaires du déconfinement, il le fallait bien. La multiplication des matchs de foot réunissant des centaines de personnes au mépris des consignes de distanciation physique, l’augmentation de petits attroupements de Français désireux tout simplement de profiter en extérieur des beaux jours et du soleil, l’agglutinement de familles parisiennes sur des trottoirs devant des parcs et jardins fermés – situation totalement ubuesque –

Le juste prix

Après 55 jours d’un confinement inédit qui a mis à l’arrêt l’économie du pays, le retour à la normale pour les commerces reste éminemment compliqué, notamment par l’impérieuse nécessité de s’organiser pour respecter les règles de distanciation physique et les gestes barrière. Pour les commerçants dont beaucoup ont énormément souffert, financièrement comme psychologiquement, de la fermeture de leur boutique, cette nouvelle période est source de soulagement mais aussi d’inquiétude, car de son bon déroulement dépend leur avenir. Contraints de réaménager leurs boutiques et d’instaurer de drastiques règles sanitaires pour leur clientèle, notamment dans le secteur de l’habillement, les commerçants doivent aussi résoudre un casse-tête : comment écouler le stock qui s’est accumulé sans pour autant le brader ? Pour les grandes enseignes et la grande distribution, la question est vite réglée avec le recours à des ventes privées pour faire revenir la clientèle fidèle ou de grosses promotion

Nouvelle alimentation

L’épidémie du cronavirus, qui n’est pas encore terminée, a, assurément, été le révélateur voire l’accélérateur de nos comportements de consommation. Les produits issus de l’agriculture biologiques en sont le parfait exemple, qui sortent grands gagnants de cette longue période de 55 jours de confinement. Est-ce parce qu’ils ont été contraints de faire plus souvent leurs courses dans des commerces de proximité ? Est-ce parce qu’ils n’ont plus trouvé de produits conventionnels, trop vite épuisés sur les étals ? Est-ce parce que le bio porte en lui la réputation de produits plus respectueux de la nature et meilleurs pour la santé ? Est-ce parce qu’il y a eu une prise de conscience sur l’importance des circuits courts face aux produits venant du bout du monde ? Ou encore est-ce grâce aux nombreuses initiatives de points de collecte ou de livraison à domicile qui ont vu le jour pendant le confinement ? Sans doute un peu de tout cela explique l’incroyable boom du bio ces dernières semaine

Incontournable

On l’a si souvent dite ringarde, abêtissante, superficielle, futile ; on lui a tellement prédit sa disparition prochaine, engloutie dans les méandres d’internet, supplantée par les réseaux sociaux. Et pourtant la télévision est toujours là, insubmersible et incontournable comme l’on vient de s’en rendre compte après cette longue période, historique et inédite, de 55 jours de confinement qui nous a placés quotidiennement face à elle. Les Français assignés à domicile pour endiguer la propagation du coronavirus, ont, clairement, redécouvert leur télévision, c’est-à-dire à la fois le contenant, cet écran de plus en plus en plus grand et de plus en plus fin, et les contenus, ceux des chaînes traditionnelles et ceux des nouveaux venus que sont les plateformes de vidéo à la demande. Alors que l’on passait jusqu’au 16 mars de plus en plus de temps sur son smartphone ou sa tablette en solitaire, nous avons, en effet, redécouvert le grand écran, en famille, pour voir des séries, des films,

Les damnés du Covid

Au moment du confinement, Emmanuel Macron avait su trouver les mots justes pour rendre hommage à ceux qui étaient en première ligne, les soignants que les Français applaudissaient chaque soir à 20 heures à leur fenêtre. Puis, le chef de l’Etat avait salué ceux qui tenaient la deuxième ligne, c’est-à-dire tous ces métiers jusqu’alors invisibilisés, voire trop souvent méprisés – caissières, livreurs, facteurs, éboueurs, femmes de ménage… – mais qui ont pris des risques pour faire tenir le pays en assurant le fil de notre quotidien confiné. Enfin, le Président s’était dit fier de tous ceux qui constituaient la troisième ligne, c’est-à-dire tous les Français dans leur ensemble, qui ont fait preuve d’un civisme et d’une discipline exemplaires pour respecter les consignes – éprouvantes parfois – du confinement. Entre les lignes, pourtant, une catégorie de nos compatriotes s’est sentie oubliée, et alors que le déconfinement est désormais bien engagé, elle lance un SOS pour son avenir. C

Le retour du couple franco-allemand

"L’Europe, quel numéro de téléphone ?" La phrase prononcée par l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger dans les années 1970 pour critiquer le manque de cohésion et de visibilité de l’Union européenne sur la scène internationale est restée célèbre. Et l’Union européenne a maintes fois, depuis, raté le coche pour la démentir et montrer qu’elle n’était pas seulement qu’une alliance économique et pour partie monétaire avec la zone euro et que ce qui la réunissait n’était pas à chaque fois le plus petit dénominateur commun de 27 Etats. Mais depuis lundi, à défaut d’un numéro de téléphone, on pourrait donner à l’ancien ministre de Richard Nixon le lien d’une visioconférence comme celle qu’ont tenue la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron. Car en lançant leur initiative pour que le plan de relance européen, en préparation à Bruxelles, soit doté de 500 milliards d’euros en dépenses budgétaires pour les pays du bloc les plus tou

La valeur du bac

C’est une petite musique qu’on commence à entendre et qui serait la reprise d’une autre jouée en 1968. Comme après le mois de mai de cette année-là, certains estiment que le bac 2020 serait un bac au rabais, un "bac donné" puisque le gouvernement a décidé, en raison de la crise sanitaire du coronavirus, d’annuler les épreuves écrites de l’emblématique examen centenaire pour les remplacer par le seul contrôle continu sur deux trimestres. Il y a plus de cinquante ans, le bac 68 avait été passé en une journée, entièrement à l’oral. Depuis, l’idée simpliste du "bac donné" est restée des années dans l’inconscient collectif, au moins jusqu’à ce qu’en 2005, deux économistes, Eric Maurin et Sandra McNally, décident d’enquêter sur les bacheliers de cette année-là. Dans "Vive la Révolution ! Les bénéfices de long terme de Mai 68" (Ed. La République des idées), le duo s’est attelé à suivre le parcours des bacheliers de 1968 et en a conclu que "lorsque l’on

Ensemble

Que retiendrons-nous de ces 55 jours de confinement ? Quelle signification recèlent ces semaines où les Français sont restés à la maison, le temps que la propagation du coronavirus soit ralentie ? Qu’a révélé finalement ce confinement, totalement inédit pour une démocratie, de l’état de notre pays, des angoisses, des attentes et des espoirs qui traversent notre peuple ? Sans doute faudra-t-il encore plusieurs semaines, plusieurs mois, plusieurs années même pour comprendre comment cette période a bouleversé ce que l’on croyait immuable. Mais d’ores et déjà, on peut mesurer comment les Français ont fait face à ce qui sera un événement majeur qui aura frappé chacune des notions de notre devise nationale. La liberté d’abord. En premier lieu, c’est, en effet, l’incroyable adaptabilité des Français qu’il faut souligner. Brocardés comme des "Gaulois réfractaires" au changement, comme des râleurs impénitents toujours prompts à s’affranchir des règles, les Français, avec un re

Libérés sous conditions

Dans le calendrier républicain, le 7 mai correspondait au 18e jour du mois de Floréal, consacré à la corbeille d’or, cette fleur symbole de tranquillité. Une chose que les Français, pour nombre d’entre eux, se languissent de retrouver, confinés à domicile depuis plus de 50 jours pour endiguer la propagation d’un coronavirus mortel qui a mis le pays à l’arrêt. Hier, en présentant enfin le détail du plan de déconfinement du gouvernement, qui commencera bien lundi 11 mai pour une majorité des Français, le Premier ministre Edouard Philippe a assurément apporté cette dose de tranquillité qui faisait défaut, en tout cas une lueur d’espoir bienvenue, une "bonne nouvelle" pour retrouver un peu de la vie d’avant. Le Premier ministre a aussi mis fin au supplice chinois de ces derniers jours, enduré tant par l’exécutif que par les Français. Pour le gouvernement, le rendez-vous du 7 mai était, en effet, celui qu’il ne fallait pas rater. Après des semaines pendant lesquelles les cou

L’enfer de Matignon

Tout remonte-t-il à Matignon ? "Non, seulement les emmerdes", avait répondu un rien désabusé Édouard Philippe, ce qui lui avait valu de décrocher le Grand Prix de l’humour politique il y a tout juste un an. Depuis, les "emmerdes" – qui, comme chacun sait, "volent en escadrille" selon la formule de Jacques Chirac – se sont accumulées pour le Premier ministre. Après le mouvement des Gilets jaunes et la contestation de la réforme des retraites, le locataire de Matignon fait face à une crise autrement plus corsée : celle du coronavirus. Rarement un chef de gouvernement aura eu à gérer un dossier aussi complexe et tentaculaire, dont les conséquences à venir sur la vie du pays – sanitaires, économiques, sociales, politiques, sociétales… – sans doute encore mal estimées, vont être considérables. Rarement aussi un Premier ministre ne se sera senti aussi seul et sans doute sur la sellette… Au contraire de nombre de ses prédécesseurs qui ont souvent été à la t

De l'union à l'ouverture

Ce n’est bien sûr pas la première fois que surgit dans le débat public l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Et la crise aussi historique qu’inédite du coronavirus, qui met la classe politique face à ses responsabilités pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, est sans aucun doute un facteur clé dans la réapparition de cette demande qui séduit toujours autant une large majorité de Français, 70 % selon le dernier sondage Ifop. Dans l’inconscient collectif de la nation figure toujours, en effet, le souvenir du gouvernement d’union nationale qui sortit de la seconde Guerre mondiale. Autour du Général de Gaulle, droite et gauche jusqu’aux communistes avaient déployé le programme du Conseil national de la Résistance dont les réalisations - Sécurité sociale en tête - marquent encore les Français dans leur vie la plus quotidienne. Emmanuel Macron, qui avait appelé dès le 12 mars dans sa première allocution solennelle aux Français à une « France unie », avait aussi expliqué que «

Sortir du flou

Déconfiner ou ne pas déconfiner à partir du 11 mai ? Telle est désormais la question qui se pose au gouvernement comme à l’ensemble des Français, à deux jours de l’annonce par Edouard Philippe des départements qui pourront être déconfinés et ceux qui devront encore subir un confinement strict en raison d’une circulation trop importante du coronavirus. En choisissant le 13 avril dernier la date du 11 mai pour entamer la délicate phase de déconfinement, Emmanuel Macron a, certes, pris une décision éminemment politique et donné un horizon clair, une perspective indispensable et pour tout dire un espoir de retour à la normale aux Français, dont beaucoup ont souffert et souffrent encore de l’assignation à résidence entamée le 17 mars. Mais en établissant ainsi un tel objectif, le président de la République s’est fixé comme une obligation de résultat et a mis tout le monde sous tension, à commencer par son gouvernement et la communauté éducative, sommée de rouvrir les écoles alors

Les enjeux d’un vaccin

La recherche d’un vaccin contre le coronavirus SARS-Cov-2 responsable de la pandémie du Covid-19 est une course contre la montre comme rarement l’humanité en aura connue. Une course dans laquelle sont engagés des milliers de chercheurs dans le monde avec des objectifs louables et d’autres qui le sont beaucoup moins. Parce que cette course est à la fois scientifique mais aussi économique, diplomatique et géopolitique. Face au nouveau coronavirus apparu en Chine en décembre 2019 et instruits par le précédent épisode de SRAS en 2002-2003, les pays du monde entier se sont lancés à la recherche d’un vaccin. Cette quête a mobilisé des laboratoires privés et publics, des chercheurs de grandes universités comme ceux de jeunes sociétés de biotechnologies qui explorent depuis quatre mois de multiples pistes. Face au redoutable coronavirus, une collaboration s’est mise en place, un partage des données s’est opéré, montrant, s’il en était besoin, que c’est bien la coopération internationale,

Le meilleur et le pire

La survenue de chaque crise s’accompagne à chaque fois d’actions remarquables et d’actes détestables, de comportements altruistes et d’autres égoïstes, de volonté de construire unis ou de bâtir seul dans son coin. Chaque crise fait se manifester le meilleur et le pire. L’épidémie de Covid-19 échappe d’autant moins à cette règle qu’elle est d’une ampleur jamais vue, se répercutant de pays en pays où les mêmes phénomènes s’observent. Le meilleur, ce sont bien sûr toutes ces manifestations de solidarité, d’entraide et, osons le mot, de fraternité retrouvée. Depuis le début du confinement, on a vu fleurir ces initiatives entre voisins, entre collègues, envers les soignants et tous ceux qui travaillent pour assurer la vie quotidienne des Français, auxquels notre journal a rendu hier hommage dans un supplément #Ensemble. Mais il y a aussi, hélas, le pire. Les dénonciations, anonymes bien sûr, du voisin ou du commerçant qui enfreindrait les mesures du confinement, les lettres de corbe

Question de confiance

Voilà un pataquès dont le gouvernement se serait bien passé. Alors que le Premier ministre semblait avoir repris la main sur la communication gouvernementale en présentant, mardi devant l’Assemblée nationale, la stratégie nationale de déconfinement, et tandis qu’Edouard Philippe expliquait aux députés que nous saurions le 7 mai par une carte quels départements pourraient être déconfinés (zone verte) ou maintenus confinés (zone rouge) après le 11 mai, voilà que le ministre de la Santé Olivier Véran et le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, ont présenté ce jeudi une carte d’étape avec… une nouvelle couleur orange intermédiaire, amenée à évoluer. Mais à cette première surprise s’est ajoutée celle de voir des départements – le Lot, le Cher et la Haute-Corse – placés en rouge contre toute attente. Les Agences régionales de Santé (ARS) ont eu beau reconnaître des "doutes" voire des "erreurs" dans la remontée des statistiques pour expliquer ce bug, le mal é