L’épidémie du cronavirus, qui n’est pas encore terminée, a, assurément, été le révélateur voire l’accélérateur de nos comportements de consommation. Les produits issus de l’agriculture biologiques en sont le parfait exemple, qui sortent grands gagnants de cette longue période de 55 jours de confinement. Est-ce parce qu’ils ont été contraints de faire plus souvent leurs courses dans des commerces de proximité ? Est-ce parce qu’ils n’ont plus trouvé de produits conventionnels, trop vite épuisés sur les étals ? Est-ce parce que le bio porte en lui la réputation de produits plus respectueux de la nature et meilleurs pour la santé ? Est-ce parce qu’il y a eu une prise de conscience sur l’importance des circuits courts face aux produits venant du bout du monde ? Ou encore est-ce grâce aux nombreuses initiatives de points de collecte ou de livraison à domicile qui ont vu le jour pendant le confinement ? Sans doute un peu de tout cela explique l’incroyable boom du bio ces dernières semaines, mesuré par l’institut Nielsen dans une grande enquête.
Voilà en tout cas une nouvelle qui conforte les ambitions de l’Occitanie, première région bio de France avec ses quelque 9 400 exploitations engagées dans la filière. Voilà aussi matière à réfléchir sur l’agriculture que nous voulons demain et la place qui sera celle du bio.
Car si le bio est de plus en plus plébiscité, il recèle aussi des zones d’ombre sur les labels ou le coût. Le label européen, par exemple, ne certifie pas que tel ou tel produit est dénué de tout pesticide mais que le producteur a mis en œuvre les conditions pour y parvenir. Nuance. Le label AB, bien connu, tolère pour sa part jusqu’à 0,9 % d’OGM… Et que dire des produits cultivés sous une mer de serres de plastique en Espagne ? Bio peut-être, mais pas vraiment écolo… Ensuite, le bio – vaste marché de près de 8 milliards d’euros – n’est pas encore accessible à tous ; le magazine Linéaires, a pointé un surcoût de 75 % entre produits bios et conventionnels.
À cet égard, il convient de souligner que nombre d’agriculteurs conventionnels n’en produisent pas moins d’excellents produits, accessibles à tous, qui peuvent s’insérer dans des circuits courts vertueux et que ceux qui veulent franchir le pas de la transitons vers le bio méritent aide et assistance. L’Europe l’a bien compris, qui vient de lancer un vaste plan "De la ferme à la fourchette". L’occasion de repenser ensemble, agriculteurs et consommateurs, l’alimentation du XXIe siècle.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 25 mai 2020)