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Affichage des articles du février, 2018

Néo-colbertisme

© Guillaume Serpault / Aéroport Toulouse-Blagnac En renonçant à vendre les 10,01 % des parts de la société gestionnaire de l'aéroport de Toulouse-Blagnac à Casil Europe – le consortium chinois à qui il avait déjà cédé 49,99 % de ses parts il y a trois ans –, l'État français donne-t-il un signal ? En écartant toute privatisation pour l'aéroport toulousain, 5e plateforme aéroportuaire du pays, le gouvernement livre-t-il une clé de compréhension de sa politique industrielle à venir ? En tout cas cette décision, qui réjouit bien sûr les acteurs institutionnels publics de la région, montre que, face aux appétits étrangers (ou privés) pour les fleurons publics français et aux chantres du libéralisme le plus débridé, d'autres voies sont possibles. L'épilogue toulousain remet aussi sur le devant de la scène deux sujets brûlants : d'une part la préservation des actifs stratégiques de la France ; et d'autre part le comportement que doit adopter l'État acti

A clarifier

La loi asile et immigration peut-elle être à Emmanuel Macron ce que la déchéance de nationalité a été à François Hollande ? À savoir un texte qui touche à la corde sensible de notre identité nationale et de l'idée que l'on se fait des valeurs fondamentales de la République, notamment la fraternité de sa devise. Un texte de nature à fracturer une majorité présidentielle et donner du grain à moudre à des oppositions laminées par la présidentielle et encore bien convalescentes. On n'en est bien sûr pas encore là, loin s'en faut. Mais pour la première fois depuis le début du quinquennat, le groupe majoritaire de la République en marche à l'Assemblée nationale, habituellement monolithique et très discipliné dans ses votes, affiche des sensibilités différentes, voire de francs désaccords qui dépassent désormais le stade des états d'âme. On a d'ailleurs vu ces désaccords s'exprimer lors de la discussion, la semaine dernière, d'un texte sur le statut des

Les batailles du rail

En voulant refonder le système ferroviaire français, Emmanuel Macron engage une nouvelle réforme que d'aucuns peuvent juger la plus difficile ou, en tout cas, la plus sensible de son quinquennat. Aussi emblématique que la réforme du Code du Travail : première du quinquennat adoptée par ordonnances et contre laquelle le front syndical s'est retrouvé désuni. Autant que la réforme du baccalauréat, réputée infaisable et pourtant annoncée ce mercredi sans déclencher encore de fronde massive. En engageant une telle réforme du rail, le chef de l'État ne parle pas uniquementde transports ou d'économies comptables, il touche à l'Histoire, notamment sociale, à une part intime de l'identité nationale et à l'idée que l'on se fait du service public. Réformer la SNCF, qui a fêté ses 80 ans, c'est, en effet toucher à une entreprise qui a parfois façonné et souvent accompagné l'histoire de France, qui a contribué à l'aménagement du pays comme à la vi

Aliments ultra-transformés : à vos fourneaux !

Monsieur Paul avait donc raison. Paul Bocuse, le pape de la cuisine française qui vient de nous quitter était dans le vrai, lui qui a été l’un des premiers à tout miser sur le produit, l’aliment frais et authentique, afin de donner ses lettres de noblesse à la gastronomie traditionnelle. L’étude française publiée jeudi 15 février dans la revue médicale britannique British Medical Journal (BMJ) vient de valider cette vision du bien manger. Certes, depuis longtemps on savait que manger trop souvent des produits transformés par l’industrie agro-alimentaire pouvait être néfaste pour la santé. Trop gras, trop sucrés ou trop salés, ils peuvent provoquer obésité, cholestérol ou maladies cardio-vasculaires… Certes depuis le scandale des lasagnes à la viande de cheval, on avait découvert que l’industrie agro-alimentaire usait – et abusait – de «minerais» de viandes vendus sur un marché mondial aussi complexe qu’opaque. L’étude française pousse notre effroi dans ses retranchements en dém

Ténacités

Quelques jours après la résolution du meurtre d'Alexia Daval – la joggeuse tuée par son mari Jonathann dont les larmes de veuf éploré avaient bouleversé et finalement trompé la France entière – le nouveau coup de théâtre qui s'est joué hier dans l'affaire de la disparition de la petite Maëlys illustre combien les enquêteurs ont fait preuve, là aussi, d'une même implacable ténacité. Ténacité pour traquer les incohérences de dossiers judiciaires complexes, que l'opinion publique voudrait voir résolus dans l'instant. Ténacité pour exploiter sans cesse plus avant les technologies de police technique et scientifique qui, aujourd'hui plus qu'hier, permettent de mettre au jour des indices clés. Ténacité, enfin, pour interroger des suspects retors, en utilisant entre autres de nouvelles méthodes d'approche, de profilage et d'interrogatoire. Dans l'affaire Daval, c'est par exemple la méthode canadienne «Progreai» pour «Processus général de r

Paris et la France

Lorsque le 25 août 1944, dans les salons de l'Hôtel de Ville de la Capitale, le général De Gaulle prononce sa fameuse tirade « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré », chacun perçoit bien que derrière la Ville lumière, c'est, d'évidence, tout le pays qui est convoqué par le Général. La métonymie qui veut que Paris soit la France fonctionne d'ailleurs toujours lorsqu'il s'agit de parler politique ou diplomatie. Il en va bien sûr tout autrement lorsqu'il s'agit de météo. Car, depuis 48 heures, à en croire les chaînes d'informations en continu, les sites internet et certains journaux, le pays tout entier serait paralysé par les chutes de neige. « Avalanche de neige sur la France », lisait-on encore hier matin dans un quotidien parisien tandis que les reportages sur les «naufragés» de la RN188 se répétaient en boucle à la télévision et que Twitter mettait en tête des tendances France le mot-dièse #ParisSousLaNeige… Il se

Un petit plus

Lors de la dernière campagne présidentielle, la feuille de paie a été l'un des marqueurs des différents impétrants à l'Élysée. Dès la primaire de la gauche, l'ancien ministre de l'Économie Arnaud Montebourg assure être « le candidat de la feuille de paie ». La formule est reprise ensuite par l'ex-Premier ministre Manuel Valls puis par Benoît Hamon une fois ce dernier investi candidat du PS. À droite, en dépit de son programme ultralibéral, le candidat des Républicains François Fillon fait dire à son bras droit que, naturellement, lui aussi est le candidat de la feuille de paie. Enfin Emmanuel Macron, candidat En Marche « et de droite et de gauche » se rallie à la formule et, depuis Rungis, martèle que « si on veut être le candidat du travail, il faut aussi être le candidat de la fiche de paie ». CQFD. Élu président, Emmanuel Macron met donc en application sa promesse de campagne. Le jeune Président supprime la cotisation salariale pour la Sécurité sociale, et