Lorsque le 25 août 1944, dans les salons de l'Hôtel de Ville de la Capitale, le général De Gaulle prononce sa fameuse tirade « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré », chacun perçoit bien que derrière la Ville lumière, c'est, d'évidence, tout le pays qui est convoqué par le Général. La métonymie qui veut que Paris soit la France fonctionne d'ailleurs toujours lorsqu'il s'agit de parler politique ou diplomatie.
Il en va bien sûr tout autrement lorsqu'il s'agit de météo. Car, depuis 48 heures, à en croire les chaînes d'informations en continu, les sites internet et certains journaux, le pays tout entier serait paralysé par les chutes de neige. « Avalanche de neige sur la France », lisait-on encore hier matin dans un quotidien parisien tandis que les reportages sur les «naufragés» de la RN188 se répétaient en boucle à la télévision et que Twitter mettait en tête des tendances France le mot-dièse #ParisSousLaNeige…
Il serait temps, en 2018, que les Franciliens, même lorsqu'ils sont gênés par quelques chutes de neige en hiver ou une crue de la Seine, cessent de penser que Paris, c'est la France. Il ne s'agit nullement d'opposer la capitale et la province, ou de réactiver la guerre entre jacobins et girondins, mais rappeler, tout simplement, que dans la République constitutionnellement décentralisée qui est la nôtre, Paris ne serait rien sans la France, ses territoires et ceux qui y habitent. Après tout, Paris n'est-elle pas la plus grande ville d'Aveyron ?
(Billet paru dans La Dépêche du 8 février 2018)