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Affichage des articles du mars, 2018

Le pire et le meilleur

En lançant son plan pour l’intelligence artificielle (IA), Emmanuel Macron, qui rêve de transformer la France en « start-up nation » comme l’est devenu Israël, met en avant son appétence pour l’innovation technologique, dont il veut faire une des pierres angulaires de son quinquennat. Mais le chef de l’État est aussi porteur d’une vision plus large, à l’échelle européenne. Pas question de voir l’Europe rater le virage de l’intelligence artificielle comme elle a raté celui du numérique, aujourd’hui dominé par les GAFA (Google Amazon Facebook Apple), toutes américaines. C’est que l’intelligence artificielle, les algorithmes mathématiques, les progrès informatiques bâtissent déjà une révolution. Maison, transports, santé, industrie, énergie, environnement, agriculture, loisirs, etc. : pas un domaine n’échappe à l’IA. Plus que les précédentes révolutions industrielles, celle-ci soulève toutefois des questions cruciales : juridiques, éthiques, commerciales, sociétales. Quelles protecti

Le poison qui venait du froid

En découvrant l'histoire de la tentative d'assassinat de l'ancien agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille, on est partagé entre l'effroi et la fascination. L'effroi devant la méthode employée : la projection d'un produit chimique innervant mortel, le Novitchok, conçu en URSS dans les années 70-80, sur le père et la fille, en pleine rue. Et, en même temps, une fascination un peu coupable devant un récit qui rappelle ceux qu'ont vécus les espions au temps de la Guerre froide entre Soviétiques et Occidentaux, jusqu'à l'effondrement de l'URSS en 1991. Car les faits et leur contexte sont dignes d'un roman de John Le Carré ou d'un film de Steven Spielberg dans lesquels on élimine les agents gênants à coups de parapluies bulgares ou d'accidents domestiques fortuits… Côté pile, un ancien agent double passé à l'Ouest il y a des années lors d'un échange, serait rattrapé par la vengeance de son pays d'origine, aujourd

Sélection

« Mal nommer les choses c'est participer au malheur du monde », disait Albert Camus. Alors disons-le tout net : le nouveau système Parcoursup, qui remplace la si décriée Admission post-bac, introduit bel et bien une sélection à l'entrée de l'Université. Le gouvernement, avec des pudeurs de gazelle, a beau parler de « prérequis » ou d'« attendus » pour éviter d'avoir à employer le mot tabou qui a jeté par le passé des milliers d'étudiants dans les rues, notamment lors de la loi Devaquet en 1986, c'est une forme de sélection qui est désormais mise en œuvre avec le nouveau système. Pour autant, la sélection après le bac n'est pas nouvelle et existe déjà depuis longtemps sans que cela ne suscite ni débats ni critiques : entrée dans les classes préparatoires scientifiques ou littéraires, dans les écoles de commerces ou d'ingénieurs, admission dans les Instituts universitaires de technologie (IUT) ou ceux d'études politiques (Sciences Po), inscri

Acier trumpé

Donald Trump signe son décret établissant des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium à la Maison Blanche en présence d'ouvrier sidérurgiques. / Photo White House En décidant d'instaurer la semaine dernière des droits de douane de 25 % sur l'acier et de 10 % sur l'aluminium importés aux États-Unis, Donald Trump vient de montrer, une nouvelle fois, qu'il entend bel et bien rester sur la ligne politique qui l'a amené à la Maison Blanche en novembre 2016 : « America first », l'Amérique d'abord. Peu importe finalement que, lorsque l'on analyse finement le marché de l'acier en surproduction mondiale, on constate que les importations américaines en provenance de l'Union européenne ne représentent que 6 %, et en provenance de la Chine 1 % à peine. Pour Donald Trump, l'essentiel est ailleurs. Plus que des considérations économiques, ce sont des considérations politiques qui ont présidé à sa décision et illustrent sa conception p

Le juste prix

Le conflit entre le groupe TF1 et les diffuseurs de ses chaînes apparaît de prime abord comme une nouvelle bataille commerciale. Classique, abrupte, pleine de chausse-trapes, avec ses coups bas et ses coups de bluff, ses coups de menton et ses coups de sang, devant des téléspectateurs pris comme témoins bien involontaires de ces affrontements. Entre le groupe audiovisuel de Martin Bouygues d'un côté, et de l'autre ceux de Vincent Bolloré (Canal +), Stéphane Richard (Orange, qui a finalement signé un accord hier) et Xavier Niel (Iliad-Free) c'est à qui de ces hommes forts des médias français «montre ses muscles» le plus fort selon l'expression employée par Gilles Pélisson, le PDG de TF1. Après tout, les menaces de coupure du service et parfois leur mise en application, les déclarations intempestives par médias interposés depuis plusieurs semaines, sont souvent le lot des négociations compliquées dans le monde économique. Mais cette guerre des écrans est tout sauf une

Exception

La Cérémonie 2018 des César du cinéma français qui s'est tenue hier à Paris a bien sûr célébré les films et les acteurs talentueux de l'année. Surtout, elle a rappelé combien la France cultive jalousement son exception culturelle dont la bonne santé du cinéma français en est un bel exemple. Qu'elle concerne justement le cinéma, la télévision ou le théâtre, cette exception, dont l'origine remonte à la création du ministère de la Culture par André Malraux en 1959, assez unique dans le monde, n'en finit pas de faire parler d'elle. Admirée souvent, critiquée et incomprise parfois lorsqu'elle est assimilée à de banales mesures protectionnistes. Et si d'aucuns l'ont maintes fois annoncée morte – on se souvient de la Une de l'hebdomadaire américain Time Magazine proclamant en décembre 2007 « The death of french culture » (la mort de la culture française) illustrée d'un sosie du mime Marceau –, force est de constater qu'elle est toujours bel