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Affichage des articles du décembre, 2019

Changement d'époque

C’est l’un des rituels du passage à la nouvelle année : énumérer tout ce qui va changer à partir du 1er janvier. Toutes ces nouveautés, ces mesures qui sont parfois la traduction concrète de mois de débats et de passes d’armes politiques parlementaires dans des réglementations, des lois qui entrent désormais en vigueur. À côté des habituelles revalorisations, chaque année apporte ainsi son lot de mesures inédites qui en disent long sur les préoccupations du moment et les enjeux qui comptent pour la société française. Cette nuit de la Saint-Sylvestre 2019 est toutefois particulière cette fois car elle marque la fin d’une décennie, la première qui suivit cet an 2000 plein de promesses et de craintes. Durant ces dix dernières années, des thèmes, jadis minorés ou considérés comme secondaires, ont pris de l’ampleur. On pense à l’environnement par exemple. Les questions de la pollution par les plastiques ou par les pesticides, de la nécessité de mieux isoler les logements, de la suspen

Nécessaires garanties

C’était le 18 novembre 1978, à Georgetown, au Guyana. 923 membres du Temple du Peuple, la secte fondée par le révérend Jim Jones en 1955 aux États-Unis, trouvaient la mort, après que le gourou les a forcés à un suicide collectif. Le choc mondial suscita une prise de conscience sur la dangerosité des mouvements sectaires et la nécessité d’une réponse politique. En France, elle viendra avec la remarquable opiniâtreté de quelques élus. Comme le député Alain Vivien qui remit en 1983 un premier rapport sur "Les sectes en France. Expression de la liberté morale ou facteurs de manipulation ?". Comme les députés Alain Gest et Jacques Guyard qui publièrent en 1996 un nouveau rapport après les suicides-massacres des membres de l’Ordre du Temple Solaire au Canada, en Suisse et en France. On peut aussi citer l’engagement de Jean-Pierre Brard, Nicolas About, Catherine Picard, ou Georges Fenech, Philippe Vuilque, etc. Leur implication dans la lutte contre les sectes a permis la créati

Symboles

Un radar tourelle. Photo radars-auto.com Depuis l’arrivée en 2003 des premiers radars automatiques de contrôle de la vitesse sur les routes françaises, jusqu’aux derniers radars tourelles utraperfectionnés en passant par les radars chantiers, tronçons, de feux rouges ou mobiles, sans doute pas une semaine n’est passée sans une polémique à leur sujet. Que ce soit leur emplacement, le dépassement de vitesse qu’ils sanctionnent, fût-il de quelques kilomètres par heure, leur signalement en amont aux automobilistes, sans compter l’antienne habituelle de « pompe à fric » pour l’Etat : tout y est passé. Depuis quelques mois, les critiques – que chaque automobiliste flashé a sans doute un jour formulées avec plus ou moins de mauvaise foi – ont dépassé les mots pour se traduire en actes délictueux de destruction. Peinture ici, incendie là, tronçonnage ailleurs : les radars, perçus comme autant de bandits manchots, ont été victimes de la colère et de la bêtise de quelques-uns, au final très

Le temps d'agir

Températures relevées entre 1850 et 2018 en France L’expression Noël au balcon, Pâques aux tisons (ou l’inverse) a-t-elle définitivement vécu, et dirons-nous dans les années qui viennent Noël au balcon… ET Pâques au balcon ? En tout cas, les températures douces avec lesquelles nous terminons l’année ne devraient pas être une exception. Il suffit pour s’en convaincre de regarder l’évolution des températures moyennes enregistrées depuis 1880 pour constater – n’en déplaise à tous les climatosceptiques – la réalité du réchauffement climatique de notre planète. Ce qui ne veut évidemment pas dire que nous sommes à l’abri de phénomènes météorologiques aussi violents que brefs. Les récentes inondations, les épisodes cévenols qui ont frappé la région ces derniers mois montrent que coups de froid et pluies intenses sont aussi de la partie. Mais l’évolution globale du climat, celle qu’étudient depuis des années les scientifiques du GIEC, va vers des températures plus élevées. L’année 201

L'esprit de Noël

Qu’on la déteste ou qu’on l’attende, qu’on y voit l’un des symboles de la foi chrétienne ou l’héritage plus ancien d’une fête païenne, Noël ne laisse personne indifférent. "Noël n’est pas un jour ni une saison, c’est un état d’esprit", résumait Calvin Coolidge. Celui qui fut président des Etats-Unis savait sans doute de quoi il parlait puisque c’est bien outre-Atlantique que la figure du père Noël telle que nous la connaissons – avec ses rênes, ses lutins et sa hotte pleine de cadeaux – a été popularisée au milieu du XIXe siècle. Dès lors Noël est devenu à la fois une fête familiale, intime, religieuse ou spirituelle, mais aussi un rendez-vous commercial important. Les deux sont aussi liés que les faces d’une même médaille et expliquent que, pour Noël, chacun s’investisse et investisse en espèces sonnantes et trébuchantes. L’enquête annuelle de l’institut CSA ne dit pas le contraire : en dépit des difficultés qui peuvent frapper les Français, ces derniers conservent un

La partition d'Edouard Philippe

Les Français parviennent-ils à suivre le tempo de la réforme des retraites ? La partition, qui avait mis plus de deux ans à sortir sous la baguette du haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, s’était soldée au cœur de l’été par une belle cacophonie de l’exécutif lorsque le chef d’orchestre Emmanuel Macron avait retoqué l’âge-pivot… avant que celui-ci ne soit réintroduit par le premier violon Edouard Philippe – au nom de la réforme paramétrique financière qui, selon lui, est indispensable avant la réforme systémique… Dès lors, depuis la rentrée, le gouvernement, qui refusait de dévoiler les mesures de sa partition, a multiplié les fausses notes et les volte-face dans ses laborieuses explications, au point de casser les oreilles des partenaires sociaux. En mode Allegro, la CGT de Philippe Martinez a sonné la mobilisation le 5 décembre pour le retrait pur et simple du texte, avant même que celui-ci ne soit détaillé. Plutôt Moderato, la CFDT de Laurent Berger s’est résolue à rejoindre l’

Un butor à Washington

Gage Skidmore from Peoria, AZ, United States of America Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige." Dans la nuit du 8 au 9 novembre 2016, l’ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud, s’affranchissait de son devoir de réserve pour livrer son sentiment devant la victoire stupéfiante du milliardaire républicain Donald Trump sur la favorite démocrate Hillary Clinton. Depuis, c’est bien une présidence vertigineuse à laquelle assistent le monde et les Américains, plus divisés que jamais trois ans après l’arrivée de Trump à la Maison Blanche. Sur la forme comme sur le fond, le butor de Washington a redéfini tout ce que l’on connaissait de la démocratie et de ses règles dans la première puissance économique mondiale. Sur la forme, on retient les innombrables outrances, les éructations, les colères, les approximations, les fake news et le culot monstre de Donald Trump. Commentateur de sa propre présidence, l’ancienne star bling-bling de la téléréalité est sans filtre

Clarté

« Toute pensée occupant uniquement notre esprit devient vraie pour nous et a tendance à se transformer en acte », disait Emile Coué, le père de la méthode éponyme. Une méthode que semble expérimenter depuis plusieurs semaines le gouvernement sur sa réforme des retraites, en martelant les mêmes éléments de langage selon lesquels le projet serait juste et équitable. Mais la méthode, visiblement, a ses limites et ne convainc ni les syndicats ni une majorité de Français qui sont inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants. Car dès qu’il s’agit de rentrer dans les détails, le flou opère et les explications fournies sur les plateaux télés par l’exécutif ou des députés de la majorité sur la valeur du futur point, la prise en compte de la pénibilité ou l’application de cet âge-pivot à 64 ans – qui a fait basculer la CFDT dans le camp des opposants – restent peu claires. De couacs en erreurs de communication, le gouvernement a réussi l’exploit de transformer une réforme qui aurait

Histoires d'eau

L’histoire, dit-on, est un éternel recommencement. Les inondations aussi serait-on tenté de dire après l’épisode de crues qui vient de frapper le sud-ouest. Car depuis des siècles, les rivières et les fleuves sortent de leur lit, causant des morts, des milliers de sinistrés, des dégâts considérables. Et posent aux hommes les mêmes questions sur la meilleure façon de se prémunir de ces calamités. « Contre le retour de telles abominations, l’homme est-il désarmé ? Ne peut-on point, ne doit-on point entreprendre au plus tôt de vastes travaux de défense ? », s’interrogeait déjà, en 1930, Maurice Pardé, hydrologue et géographe, professeur à l’université de Grenoble, dans un article de la Revue de Géographie Alpine consacré à « La crue catastrophique de mars 1930 dans le sud-ouest de la France. » Presque 90 ans plus tard, on voit que les mêmes questions surgissent sur le reboisement, la possibilité de construire réservoirs ou digues, la nécessité de bâtir des « édifices plus solides et

Tout change, rien ne change

La démission de Jean-Paul Delevoye de son poste de haut-commissaire à la réforme des retraites était inéluctable. Après les révélations en série de la presse sur ses "oublis" dans ses déclarations à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), son départ du gouvernement n’était, en effet, qu’une question d’heures. D’une part parce que ce qui devenait l’affaire Delevoye allait forcément parasiter, du moins en partie, la réforme la plus difficile et la plus contestée du quinquennat, qui n’en a pas besoin. D’autre part, aussi, parce que contrairement aux éléments de langage de la majorité qui martelait depuis plusieurs jours la simple "erreur" et la "bonne foi" du soldat Delevoye en perdition qu’il fallait sauver, il y avait bel et bien matière à s’interroger. Comment un homme qui fut plusieurs fois ministre a-t-il pu omettre de déclarer la totalité de ses fonctions, fussent-elles bénévoles ; sachant pertinemment que le conflit d’i

Miroirs

Les candidates pour le titre de Miss France 2020. /  BENJAMIN DECOIN/SIPA/TF1 Pas de trêve pour les empoignades familiales ce week-end. Après la réforme des retraites qui peut susciter de vifs débats entre partisans ou opposants de la retraite par points, voire entre ceux qui sont nés avant 1975 et ceux qui sont nés après, voilà qu’arrive ce soir l’élection de Miss France 2020. Cette 90e édition se tient dans un contexte très particulier, trois semaines après le Grenelle contre les violences faites aux femmes et alors que la libération de la parole des femmes quant aux agressions sexuelles et aux propos sexistes, entamée avec le mouvement mondial #MeToo en 2017 est loin d’être terminée. Dès lors, ce concours de beauté nourrit, une nouvelle fois, le débat entre pro en anti. Du côté des opposants aux Miss, les associations féministes qui jugent le show retransmis par TF1 ringard, porteur d’une vision dégradante de la femme, considérée comme un objet, et d’une conception patriar

L'heure de vérité

Edouard Philippe. Photo Florian David (Matignon) "Celui qui excelle à résoudre les difficultés les résout avant qu’elles ne surgissent. Celui qui excelle à vaincre ses ennemis triomphe avant que les menaces de ceux-ci ne se concrétisent". Ce conseil de Sun Tzu, général chinois connu pour avoir rédigé "L’art de la guerre", Emmanuel Macron aurait sans doute dû le faire sien avant d’engager la tentaculaire réforme du système des retraites sur laquelle tous ses prédécesseurs s’étaient soit défilés soit cassé les dents. Fort de sa capacité à avoir conduit, sitôt élu, des réformes réputées compliquées – Code du Travail, statut de la SNCF – sans rencontrer d’opposition syndicale ou politique insurmontable, le chef de l’Etat a cru pouvoir s’attaquer à réformer les retraites avec une méthode simple pour s’assurer une adhésion maximale : mettre en place une longue concertation menée par un politique madré, Jean-Paul Delevoye, pour aller vers une retraite à points univer

Comment trouver le point d’équilibre ?

Emmanuel Macron. Photo Kremlin Le bras de fer entre les opposants à la future réforme des retraites et le gouvernement d’Emmanuel Macron connaîtra-t-il un épilogue mercredi 11 décembre, date de l’annonce par Edouard Philippe de " l’intégralité du projet" ? Ou installera-t-il un blocage durable similaire à celui de 1995 voire à celui de Mai-68 comme l’évoquent certains ? Pour l’heure la seule certitude est que les trois journées qui s’annoncent vont être cruciales. Et, depuis les Trois Glorieuses de 1830, l’histoire de France montre que tout peut basculer en trois petits jours… D’ici mercredi chaque partie va donc pousser ses pions au maximum. Pour les syndicats – et en premier lieu la CGT – ce conflit autour des retraites sonne comme une revanche, celle de mobiliser avec succès contre une réforme de l’exécutif, ce qu’ils n’avaient su et pu faire lors des ordonnances travail ou lors de la réforme de la SNCF. Leur opposition à cette réforme des retraites les remet en

Les nouveaux barbares

Lorsque l’on pense au braconnage d’espèces menacées, on se projette en Afrique, on visualise les grands fauves ou des éléphants pourchassés. Mais le braconnage international se niche aussi au plus près de nous. Le trafic des alevins d’anguille, connus aussi sous l’appellation civelles ou pibales, se déroule bel et bien dans notre Grand Sud, sous nos yeux. L’espèce est aujourd’hui classée en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Et sa commercialisation en dehors de l’Europe est interdite depuis 2009 par la convention de Washington. Mais la civelle – dont la population a très fortement chuté, – 75 % en 30 ans en France – est au centre d’un trafic international qu’Europol chiffre à plusieurs milliards d’euros. De fait, elle se revend à prix d’or en Asie : entre 4 000 et 6 000 € le kg, contre 200 à 400 € en France, soit aussi cher que de la drogue… De quoi attirer de nouveaux barbares sur ce juteux marché.

Devoir de compromis

Photo CGT Ce jeudi de mobilisation contre la future réforme des retraites a connu hier un incontestable succès avec des centaines de milliers de manifestants. Pari réussi donc pour les syndicats qui avaient clairement placé la journée comme un remake de celle du 5 décembre 1995, commencement d’un blocage qui avait fini par faire céder le gouvernement Juppé. Mais comparaison n’est pas raison et entre Alain Juppé et Edouard Philippe, la situation est toutefois bien différente. Il y a 24 ans la protestation ciblait un texte précis de réforme globale de l’assurance-maladie, qui n’était nullement au programme du candidat de la «frcture sociale» Jacques Chirac et dont les syndicats , puissants, demandaient le retrait pur et simple. Ce qu’ils ont finalement obtenu après un mois de conflit. Aujourd’hui, la rue dénonce un projet de réforme dont les contours sont aussi flous que changeants – entre âge-pivot, pénibilité ou clause du grand-père tour à tour proposés et annulés – , un projet