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Affichage des articles du 2021

Le nucléaire : retour en grâce mais...

C’est un vieux débat que celui de l’énergie nucléaire qui revient dans l’actualité avec une nouvelle donne provoquée par une crise sanitaire inédite qui a fait bondir la demande et donc les prix de l’énergie, et une crise climatique majeure qui pousse le monde à revoir ses mix énergétiques en privilégiant ceux qui permettent de lutter contre la pollution et le réchauffement du climat. Ce débat nucléaire entre pro et anti, radical et parfois brutal, a longtemps été celui de bloc contre bloc. Né après la fin de la Seconde Guerre mondiale et les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, le mouvement anti-nucléaire s’est intensifié dans les années 70 lorsque, après le choc pétrolier, le programme français est monté en puissance pour construire les quelque 54 réacteurs que nous connaissons. Les pro et les anti-nucléaire se sont alors affrontés entre considérations énergétiques et industrielles d’un côté – soutenir une filière d’excellence française et fournir de l’électricité au meil

Dramatiser sans démoraliser

  Ce lundi 27 décembre aurait pu être un jour de fête, en tout cas de célébration puisque hier, cela a fait un an que la campagne de vaccination contre le Covid-19 a commencé. Chacun se souvient de Mauricette, cette pimpante retraitée de 78 ans qui s’était dite « émue » devant les caméras en devenant la première personne en France à être vaccinée contre le coronavirus, à l’hôpital René-Muret de Sevran, en Seine-Saint-Denis. Entamée avec retard et une logistique qu’il a fallu faire monter en puissance avec les vaccinodromes, la campagne vaccinale française a depuis rattrapé bien des pays qui nous distançaient, notamment le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Un an après, plus de 52 millions de Français ont reçu une première dose, dont plus de 51 millions les deux doses, et la France compte plus de 21 millions de personnes vaccinées avec la dose de rappel. Mais, las ! Hier l’heure n’était pas à la fête. L’exécutif, qui a un temps escompté le retour prochain de jours heureux entre perspective

Le jeu de l'amour et du hasard

  Sorti en 2013, le film « Her » (Elle) de Spike Jonze, romance de science-fiction se déroulant en 2025, préfigurait-il le devenir des applications de rencontre ? L’histoire est celle d’un écrivain public divorcé, incarné par Joaquin Phoenix, qui installe sur son smartphone une intelligence artificielle, baptisée Samantha, qui va tellement coller aux attentes de son propriétaire qu’il finit par en tomber amoureux à la grande inquiétude de ses amis. Le héros, qui pensait ainsi s’éviter la souffrance qui peut naître d’une relation avec une personne humaine, ne se rendra compte que bien plus tard de la réalité froide et mercantile qui se cache derrière l’avatar numérique si parfait. Nous n’en sommes pas encore là mais force est de constater que depuis la mise en ligne, il y a bientôt vingt ans, de la première version du site de rencontres Meetic, la recherche d’une relation affective – ou sexuelle ne soyons pas naïf – est de plus en plus soumise à des algorithmes. La personnalité des util

Ancien monde, nouveau monde

  La faillite de Swoon, qui proposait un compte de paiement sur mobile et, en produit d’appel, un compte rémunéré à 3 % à partir de prêts aux PME, et qui laisse aujourd’hui sur le carreau quelque 500 clients, ou encore les clients de la néobanque allemande N26 qui ont vu leurs comptes bancaires fermés du jour au lendemain et attendent pour certains toujours la restitution de leur argent, sont deux affaires récentes bien différentes. Mais elles permettent de tirer deux leçons en ce qui concerne les fintech, ces start-up spécialisées dans la finance qui bousculent le secteur bancaire. La première est que, comme pour n’importe quel produit financier, il convient de faire preuve de prudence, de fuir les promesses de rendements trop alléchants ou de services inclus gratuits mais vite limités, et de se renseigner sur le pedigree des sociétés à qui l’on va confier son argent. On ne compte plus le nombre de fintech arrivées sur le marché avec de belles vitrines… mais qui cachent des fondations

Jamais plus jamais ?

  Après bientôt deux années d’épidémie, le Covid-19 nous aura appris une chose : il ne faut jamais dire jamais. Car cette pandémie insaisissable est, d’évidence, toujours prête à rebondir avec un nouveau variant alors qu’on pensait en avoir fini. Le Covid-19 épuise les scientifiques qui apprennent chaque jour un peu plus comment fonctionnent le coronavirus et ses mutations, fatigue les soignants qui font dignement et courageusement face à la 5e vague Delta et la 6e vague Omicron qui arrive, et exaspère chacun d’entre nous, professionnels ou particuliers, qui rêvons de retrouver, sinon la vie d’avant, du moins une vie plus normale où les relations sociales ne seraient pas conditionnées par une multitude de contraintes, nécessaires mais exténuantes, où la vie sociale, culturelle, économique ne se déroulerait pas sous une chappe de restrictions entre gestes barrière et pass sanitaire. Après le premier confinement du 17 mars au 11 mai 2020, chacun s’accordait à dire – et le gouvernement au

Pari sanitaire, effet politique

En annonçant vendredi soir la volonté du gouvernement de transformer d’ici fin janvier le pass sanitaire en pass vaccinal, c’est-à-dire accessible aux seules personnes vaccinées contre le Covid-19 ou guéries de celui-ci, c’est peu dire que le Premier ministre Jean Castex a surpris son monde. Mais face à la 5e vague de l’épidémie et, surtout, face au variant Omicron, véritable vague dans la vague à la progression fulgurante, l’exécutif a pris un pari sanitaire aux effets très politiques. Pari sanitaire car face aux menaces, le simple rappel du respect des gestes barrière en famille autour de la table de Noël ne suffisait évidemment pas. Alors que la France, pays parmi les plus vaccinés au monde, semble pour l’instant mieux tirer son épingle du jeu, l’exécutif a choisi de faire monter en puissance la principale arme dont nous disposons face au coronavirus : la vaccination, qui atténue les transmissions et évite de développer une forme grave de la maladie. Après la dose de rappel puis l’é

Nouvelles frontières, nouveaux fronts

En mars 2003, l’inquiétude avait gagné le plateau du Larzac où se construisait le viaduc de Millau. Le déclenchement de la guerre en Irak laissait craindre que l’armée américaine ne décide de dégrader le signal du célèbre système GPS qui lui appartient pour empêcher les Irakiens de l’utiliser. Problème : le signal GPS était alors utilisé pour faire avancer très précisément l’une vers l’autre les deux parties du tablier du pont multi-haubané le plus haut du monde. Il n’en a finalement rien été et la construction du viaduc a pu se poursuivre normalement. Cet épisode anecdotique montrait déjà combien, en n’étant pas maître de ses outils, l’on peut être soudainement vulnérable. Cette règle, dans le domaine spatial, n’a cessé depuis de se vérifier alors que l’espace est devenu un lieu de potentiels conflits civils mais aussi militaires. Le New Space, ce nouvel espace où se bousculent agences spatiales américaines, russes, chinoises, européennes, indiennes ou japonaises, et depuis quelques a

Urgente transparence

À la lecture de notre enquête et des témoignages ou des prises de position que nous publions dans nos colonnes aujourd’hui, que ce soient ceux des patientes atteintes de tumeurs cérébrales, ceux d’association d’aide aux malades ou ceux de médecins spécialistes, on reste saisi par une désagréable impression de déjà-vu. Un médicament largement prescrit, qui se révèle finalement plus dangereux que bénéfique et dont les patients qui le prennent, au pire ne sont pas informés des terribles effets secondaires, au mieux le sont avec des années de retard. Et on pense à ces scandales sanitaires récents du Mediator, du Lévothyrox, de la Dépakine, avec leurs cortèges de victimes et les longues batailles judiciaires face à des laboratoires qui restent dans le déni, droit dans leurs bottes à l’image de Jacques Servier. On pense aussi à celles et ceux qui ont permis, avec un courage et une force de caractère inouïs que la vérité sorte du brouillard et éclate en pleine lumière : le docteur Irène Frach

Nouveau pari

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les enfants ont constitué comme une énigme pour les scientifiques. La compréhension de leur rôle dans la transmission du coronavirus était particulièrement délicate, nombre d’études scientifiques semblant se contredire. Tantôt potentiels supercontaminateurs auprès de leurs proches dans le cercle familial ou scolaire, tantôt quasi-indifférents au Covid-19 ; tantôt ne développant que des formes bénignes de la maladie, tantôt subissant, comme certains adultes, des Covid longs éprouvants, les enfants face au coronavirus restaient un mystère. Mais au fil des mois et des études scientifiques notre compréhension s’est affinée. Si les jeunes enfants apparaissent moins souvent malades et transmetteurs que les adolescents ou les adultes et si le pourcentage d’enfants infectés et à l’origine de transmission semble moins important que chez l’adulte, en cas de circulation très active du virus et donc d’un nombre de cas très élevé, ce faible pourcentage peu

Pointillisme

  Dans quelques jours, cela fera un an que Delphine Jubillar aura disparu. Un an que l’on est sans nouvelles de l’infirmière de 33 ans, de la jeune maman de deux enfants qui s’est volatilisée à Cagnac-les-Mines dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 décembre 2020. Un an que ses amies, qui ont régulièrement organisé des recherches au-delà des lieux examinés par les enquêteurs, veulent garder un espoir dont elles savent qu’il est de plus en plus infime. Un an que les enquêteurs explorent toutes les pistes possibles et referment les hypothèses, les unes après les autres. Un an que l’opinion publique se passionne pour cette affaire qui, semaine après semaine, est devenue hors normes. Un an que le mystère persiste et s’épaissit au point que certains imaginent que « l’affaire Jubillar » ne finisse par rejoindre la longue liste de ces cold cases, ces affaires non résolues qui, à l’instar d’une affaire Grégory, nourrissent des années durant toutes les théories possibles et imaginables. Et pou

Les alarmistes et les rassuristes

Noël 2021 ressemblera-t-il à Noël 2020 ? À trois semaines des fêtes de fin d’année, les Français s’interrogent alors que la 5e vague de l’épidémie de Covid-19 avance de façon fulgurante avec près de 50 000 cas en 24 heures mercredi, que les hospitalisations sont en hausse et ont contraint certains hôpitaux à déclencher leur plan blanc, et que le variant Omicron – dont on ignore encore la contagiosité et la dangerosité – vient d’arriver en métropole. Autant d’éléments qui paraissent menacer les retrouvailles tant attendues et nous ramènent un an auparavant quand il fallait songer à séparer la famille. « On coupe la bûche en deux, papy et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger », osait même le président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, le docteur Rémi Salomon, déclenchant un tollé. La situation est heureusement bien différente cette année car près de 75 % des Français sont vaccinés. Mais la bataille fait tout de même encore rage entre les alarmi

Risques

Le décès de la technicienne de laboratoire toulousaine de la maladie de Creutzfeldt-Jakcob soulève évidemment de nombreuses questions sur la façon dont la recherche sur les prions, ces agents hautement pathogènes et dangereux, est menée en France, sur les conditions d’exercice de ces travaux ou sur les moyens financiers et humains dont disposent les laboratoires.  Mais ce décès est avant tout un drame humain. On ne connaît pas encore l’identité de cette retraitée, ni les conditions exactes dans lesquelles elle a pu être contaminée, mais elle est aujourd’hui, assurément, le symbole de tous ces chercheurs, de tous ces scientifiques, de tous ces techniciens, de toutes ces petites mains qui, dans les laboratoires, sur les paillasses ou devant leurs ordinateurs, œuvrent jour après jour pour le progrès de la science avec passion, détermination et abnégation. Et parfois, trop souvent, dans l’indifférence de l’opinion et des responsables politiques. À quatre mois de la présidentielle, la scien

Sous la pression d'Omicron

Avec un nom qui fleure bon la science-fiction ou qui pourrait être celui d’un super-vilain dans un film de superhéros de Marvel, Omicron a fait souffler en quelques jours un vent de panique mondial, provoquant ici la suspension des vols en provenance d’Afrique du Sud et des pays d’Afrique australe et là, la fermeture de leurs frontières décidée préventivement par plusieurs pays. Il est encore trop tôt pour savoir si ce nouveau variant du coronavirus SARS-Cov-2 est plus contagieux et plus dangereux que le variant Delta auquel nous nous sommes habitués depuis un an. Mais une chose est sûre : l’apparition d’Omicron constitue pour la communauté internationale un sévère avertissement pour nous rappeler les caractéristiques de la pandémie de Covid-19. Et la première d’entre elles est qu’il s’agit bien d’une épidémie mondiale contre laquelle il faut une stratégie mondiale. La fermeture des frontières décidée par certains pays – qui venaient d’ailleurs à peine de les rouvrir – pour rassurer à

On est tous SAM

  Photo Pierre Challier La décision du tribunal de commerce de Toulouse de liquider la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM) était attendue. Elle n’en constitue pas moins un coup dur pour les quelque 340 salariés de la fonderie qui voulaient croire jusqu’à la dernière minute – et avec eux la population – à un ultime délai pour pouvoir trouver une solution et ainsi préserver leur avenir. Mais la liquidation de la fonderie aveyronnaise ne peut pas en rester là car elle va beaucoup plus loin que la triste chronique économique que vivent certaines entreprises. Elle pourrait même devenir, comme l’usine Whirlpool d’Amiens en 2017, un symbole à quelque mois de l’élection présidentielle de 2022. Symbole, d’abord, du mépris des grandes entreprises pour leurs sous-traitants dont elles sont le client principal. Renault a fait savoir par communiqué qu’il ne jugeait pas « crédible » le projet de reprise de son sous-traitant porté par Alty-Sifa en dépit des garanties apportées notamment par la R

La France de l'après-Covid

  Vingt mois désormais après le début de l’épidémie de Covid-19, il est peut-être encore trop tôt pour savoir comment va évoluer le marché de l’immobilier en France, quelles seront les dispositions des banques et les taux des prêts immobiliers ou quelle forme prendra la reprise. Car avant l’épidémie, ce secteur nous a souvent habitués à jouer du yoyo. Pour autant la pandémie mondiale a bouleversé notre rapport au logement. L’assignation à résidence pour freiner l’épidémie lors des confinements de 2020 et 2021 a, d’évidence, fait cogiter tous ceux qui ne disposaient pas d’une agréable maison avec jardin mais d’un appartement trop exigu et parfois sans balcon. La possibilité du télétravail a permis à certains de se projeter ailleurs, dans une maison hors du centre-ville, voire dans ces villes moyennes longtemps victimes de l’exode vers les métropoles et aujourd’hui redécouvertes pour leur qualité de vie. De nouveaux critères ont émergé pour imaginer son chez-soi : un coin pour jardiner,

Le cas Castex

  D’aucuns y verront une coupable désinvolture avec les règles sanitaires imposées à tous les Français, d’autres ce sentiment de supériorité qui étreint nombre de politiques sur le ton du « faites ce que je dis pas ce que je fais », et les derniers, peut-être les plus indulgents et les plus nombreux, considéreront que l’erreur est humaine. En tout cas l’annonce, lundi soir, que le Premier ministre Jean Castex venait de contracter le coronavirus permet à tous de prendre à nouveau conscience de ce qu’est l’épidémie de Covid-19 en se rappelant quelques fondamentaux appris depuis mars 2019. Cela devrait être bien utile alors que la France se prépare à affronter une 5e vague de l’épidémie, annoncée comme « fulgurante ». Premier rappel : l’importance des gestes barrière et du port du masque. Santé publique France a récemment tiré le signal d’alarme sur le relâchement de leur respect depuis l’été. Un relâchement qui a aussi atteint l’exécutif puisqu’on a vu, mardi 16 novembre en marge du cong

Avec modération

Des bébés que l’on met devant la télévision, des enfants qui ne lâchent pas leurs tablettes ou jouent sur le smartphone des parents, des adolescents qui passent plus de temps sur les réseaux sociaux qu’avec leurs amis à l’extérieur... L’étude menée par l’institut de sondages GECE, qui vient de paraître, montre combien les écrans et le numérique sont présents dans nos vies, de la toute petite enfance – 96 % des enfants sont connectés aux écrans dès 6 ans – aux portes de l’âge adulte. Une addiction qui s’est encore accentuée avec les confinements imposés par l’épidémie de Covid-19 qui a amené les élèves à utiliser davantage les écrans avec l’école à distance… Pour nombre de parents, d’enseignants et de médecins, il y a lieu de tirer le signal d’alarme car cette addiction aux écrans n’est pas sans conséquences sur la santé physique et mentale, et bien sûr sur les résultats scolaires des élèves. La littérature scientifique sur le sujet est désormais bien établie, montrant ici combien le te

Réconcilier deux mondes

À cinq mois de l’élection présidentielle, la chasse – et ses quelque 1,1 million de pratiquants-électeurs… – va-t-elle s’inviter dans la campagne électorale ? En tout cas elle est de nature à occuper le débat public avec la question de sa régulation qui revient sur le devant la scène après la survenue, ces dernières semaines, de plusieurs accidents de chasse très médiatisés. Pour les écologistes, les associations de défense de l’environnement et de la faune et plus largement de simples citoyens adeptes de promenades en forêt ou de cueillette de champignons, la limitation des risques ne peut se faire qu’avec de nouvelles règles plus coercitives que celles incluses dans la réforme de 2019. L’interdiction de la chasse certains jours, le mercredi ou les week-ends, de meilleurs contrôles des armes et de leur utilisation sont des propositions qui rencontrent un certain écho dans l’opinion. Pour preuve, la pétition lancée par le collectif « Un jour un chasseur » a récolté plus de 100 000 sign

Tôt ou tard ?

  Le 15 mars 2021, lors d’un sommet franco-espagnol à Montauban, Emmanuel Macron, qui s’est toujours voulu « maître des horloges » depuis son accession à l’Elysée, le concédait : « Le maître du temps, c’est le virus, malheureusement ». Aujourd’hui, à cinq mois de l’élection présidentielle et alors qu’approche une 5e vague de l’épidémie de Covid – qui pourrait faire 500 000 morts cet hiver en Europe selon l’Organisation mondiale de la santé – c’est encore le virus qui pourrait fixer l’agenda politique des prochaines semaines. Cette 5e vague est évidemment contrariante pour Emmanuel Macron qui souhaitait parler d’autres choses que de la crise sanitaire : plan de relance, écologie, réindustrialisation, pouvoir d’achat. Bref avenir et monde d’après. Las ! Le voilà contraint de renouer dès demain soir avec les allocutions solennelles qui ont rythmé la 2e partie de son quinquennat et de reparler vaccin et restrictions sanitaires. Pour autant, s’il n’est plus – pour l’instant – le maître des

Le défi de l'avion vert

  Sans préjuger de ce que provoquera la 5e vague de l’épidémie de Covid-19, on constate pour l’heure que l’économie mondiale a amorcé une reprise après des mois de paralysie provoquée par le coronavirus et entrevoit la fin d’une période qui aura mis genoux nombre de secteurs. Parmi ceux-ci, celui de l’aviation aura payé un lourd tribut, que ce soit pour les compagnies aériennes qui ont subi une chute historique du trafic aérien – – 66 % de baisse, du jamais vu depuis le 11-Septembre – ou les constructeurs qui ont enduré l’annulation de commandes. Pour tous les métiers qui, de près ou de loin, travaillent pour l’aérien, le choc a été redoutable et sans doute les aides publiques en France – chômage partiel, prêts garantis par l’Etat et plan de soutien à la filière aéronautique (15 milliards d’euros mobilisés) – ont permis d’éviter un crash socio-économique pour les quelque 300 000 emplois directs et indirects dans notre pays. Aujourd’hui, la situation s’améliore, le trafic reprend et les

Éviter que tout recommence

  La perspective de voir les écoliers de 39 départements, dont six en Occitanie, être obligés de porter à nouveau le masque à partir de lundi prochain doit résonner comme un avertissement pour les Français. Le franchissement du taux d’incidence de 50 cas positifs au Covid pour 100 000 habitants, qui devrait déclencher le niveau supérieur du protocole sanitaire dans les écoles, illustre, en effet, un rebond épidémique latent depuis plusieurs semaines et qui pourrait devenir une cinquième vague de l’épidémie de Covid. Cette vague-là est déjà à l’œuvre dans plusieurs pays et, depuis la Chine et l’Asie, a commencé à gagner l’Europe. L’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou le Danemark voient leurs taux d’incidence et leur nombre d’hospitalisation augmenter… Pour l’heure il convient toutefois de rester prudent car si les résultats des tests de dépistage du Covid-19, comme ceux de la surveillance des eaux usées, montrent bel et bien un début de rebond épidémique en France, la fin de la g

Stopper le fléau

On pensait jusqu’à présent que les règlements de comptes entre bandes rivales sur fond de trafics de stupéfiants ne concernaient que les grandes agglomérations, Marseille en tête. D’ailleurs, la cité phocéenne a, une nouvelle fois, été marquée ce week-end par la mort d’un homme de 30 ans, tué par balles dimanche soir dans une rue du 15e arrondissement, au nord de la ville. Le drame qui s’est joué dans le quartier Grazailles à Carcassonne, dimanche soir aussi, et s’est soldé par la mort de deux jeunes âgés de 18 et 20 ans, nous rappelle – si tant est que l’enquête en apporte la démonstration dans les heures à venir – que ces vendettas entre malfaiteurs peuvent survenir partout. Des vendettas de plus en plus violentes et parfois meurtrières qui se déroulent sous les yeux de riverains impuissants. Ces derniers subissent au quotidien les conséquences dramatiques de ces trafics qui ont foncièrement évolué. « Il existe un lien très fort entre la violence et les stupéfiants. L’an passé, les v

Question d'éthique

  Photo Pierre Challier Un scandale est parfois nécessaire pour qu’éclate au grand jour une vérité jusqu’alors tue, fût-elle bien connue d’un grand nombre d’acteurs, et que de salutaires changements s’opèrent, des réformes trop longtemps repoussées ne voient enfin le jour. Celui qui a touché le Centre du don des corps de l’Université Paris-Descartes en novembre 2019, lorsqu’un charnier a été découvert en son sein, est incontestablement de ceux-là. Pendant des années – l’instruction judiciaire déterminera depuis quand – les corps de défunts qui avaient choisi de leur vivant de se donner à la science ont été maltraités. Plusieurs documents, notamment photographiques, ont montré que cette maltraitance était devenue au fil des ans normalisée, voire institutionnalisée, au mépris de toutes les exigences éthiques et juridiques, au mépris, surtout, de la dignité que l’on se fait du corps humain et du respect que l’on doit à tout homme, y compris après sa mort. L’affaire a profondément choqué l

« L’oscillation au bord de l’abîme »

  En parler ou pas ? Pour la classe politique, de gauche à droite, pour la majorité présidentielle, pour les rédactions des médias nationaux ou régionaux, la question du traitement d’Eric Zemmour depuis qu’il grimpe dans les sondages d’intentions de vote à l’élection présidentielle constitue autant un casse-tête qu’un cas de conscience. En parler, c’est forcément alimenter la machine à polémiques et à clash, aux outrances et aux buzz sans limite savamment entretenue par le polémiste d’extrême droite, qui se complaît dans le confortable rôle du candidat pas encore déclaré ; et donc faire de lui l’épicentre de la campagne qui démarre. Ne pas en parler, c’est laisser se banaliser une kyrielle de contrevérités, d’approximations, de propos révisionnistes abjects, de mensonges et de provocations permanentes proférés par un bateleur habile, condamné pour incitation à la haine et qui, qu’on le veuille ou non, séduit une part de l’électorat français. Entre ces deux choix cornéliens – les mêmes

Pollution sans fin

Philippe Behra effectuant un prélèvement dans la cour d’école de Lastours, en avril 2019./Photo DDM P.C. La première étude scientifique indépendante sur la pollution en métaux et métalloïdes dans la vallée de l’Orbiel, qui vient de paraître, ne constitue, hélas, pas le premier signal d’alerte des conséquences de l’exploitation minière de la région de Salsigne, ni une surprise pour les connaisseurs du dossier ou les populations concernées qui se battent depuis des années pour davantage de transparence et d’informations. Mais elle représente, incontestablement, une terrible confirmation et le nouvel épisode d’une histoire sans fin qui mêle manquements des autorités, inquiétude des populations, enjeux de santé publique et de protection de l’environnement. Depuis l’arrêt en 2004 de l’exploitation de la mine de Salsigne – qui fut la principale mine d’or de France et la première mine d’arsenic du monde – des signaux d’alarme ont, en effet, été maintes fois tirés. En janvier 2006, notre journ

Nouveau monde

  Pendant les confinements de la crise du Covid-19, cette pandémie qui a mis l’économie mondiale à genoux comme jamais auparavant, nous nous sommes mis à rêver du jour d’après. Nous avons imaginé qu’allait advenir un monde nouveau qui corrigerait les excès de la mondialisation, mettrait au cœur de nos sociétés la solidarité dont nous avions fait preuve face au coronavirus, et déclencherait, sinon la décroissance illusoire, du moins une croissance raisonnée, verte et vertueuse, pour mieux lutter contre le réchauffement climatique et les inégalités sociales. Las ! Force est de constater que nous en sommes loin et que comme disait Antonio Gramsci, le penseur marxiste italien, « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres »… Face à toute nouvelle avancée technologique, surtout lorsqu’elle s’accompagne d’un enthousiasme débridé, il convient bien sûr de prendre de la hauteur pour en mesurer les enjeux : « Le progrès de la vites