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Les alarmistes et les rassuristes

noel


Noël 2021 ressemblera-t-il à Noël 2020 ? À trois semaines des fêtes de fin d’année, les Français s’interrogent alors que la 5e vague de l’épidémie de Covid-19 avance de façon fulgurante avec près de 50 000 cas en 24 heures mercredi, que les hospitalisations sont en hausse et ont contraint certains hôpitaux à déclencher leur plan blanc, et que le variant Omicron – dont on ignore encore la contagiosité et la dangerosité – vient d’arriver en métropole. Autant d’éléments qui paraissent menacer les retrouvailles tant attendues et nous ramènent un an auparavant quand il fallait songer à séparer la famille. « On coupe la bûche en deux, papy et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger », osait même le président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, le docteur Rémi Salomon, déclenchant un tollé.

La situation est heureusement bien différente cette année car près de 75 % des Français sont vaccinés. Mais la bataille fait tout de même encore rage entre les alarmistes et les rassuristes. Pour les premiers, pas de doute, « Noël est en danger », car tous les indicateurs sont repartis à la hausse et qu’il reste encore trop de Français non vaccinés. De nouvelles mesures sanitaires – confinement ? couvre-feux ? – pour éviter la saturation des hôpitaux seront inéluctables si on ne réagit pas, prédisent ces Cassandre. Pas du tout disent les autres. « Noël n’est pas en danger si nous faisons tous attention » martèle ainsi le Pr Delfraissy, président du Conseil scientifique. Qui croire entre le père fouettard et le père Noël ?

Comme souvent depuis le début de l’épidémie, il faut faire preuve de mesure et, surtout, d’humilité. Combien de fois les prévisions les plus alarmistes ne se sont pas réalisées ? Et combien de fois aussi une nouvelle vague épidémique est arrivée alors qu’on pensait en avoir fini avec le coronavirus ? Une chose est en revanche sûre, si le virus circule c’est bien que nous le faisons circuler. Aussi pénibles soient-ils, il nous faut donc renouer avec les gestes barrière en diminuant sans doute le nombre de nos contacts, continuer à utiliser le pass sanitaire et poursuivre pas à pas la vaccination avec la 3e dose de rappel.

Telle est la trinité du gouvernement qui veut avancer sur un chemin de crête entre la fermeté des contrôles et l’incitation à se faire vacciner. Pas question de désespérer les uns ou de braquer les autres avec des couvre-feux, des confinements ou une obligation vaccinale dont l’idée gagne de plus en plus de terrain en Europe. À quatre mois de l’élection présidentielle, dont la campagne est déjà percutée par l’épidémie, Emmanuel Macron sait bien qu’il a tout à gagner d’une bonne gestion de l’épidémie qui ne cède ni aux alarmistes, ni aux rassuristes…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 3 décembre 2021)

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