La faillite de Swoon, qui proposait un compte de paiement sur mobile et, en produit d’appel, un compte rémunéré à 3 % à partir de prêts aux PME, et qui laisse aujourd’hui sur le carreau quelque 500 clients, ou encore les clients de la néobanque allemande N26 qui ont vu leurs comptes bancaires fermés du jour au lendemain et attendent pour certains toujours la restitution de leur argent, sont deux affaires récentes bien différentes. Mais elles permettent de tirer deux leçons en ce qui concerne les fintech, ces start-up spécialisées dans la finance qui bousculent le secteur bancaire.
La première est que, comme pour n’importe quel produit financier, il convient de faire preuve de prudence, de fuir les promesses de rendements trop alléchants ou de services inclus gratuits mais vite limités, et de se renseigner sur le pedigree des sociétés à qui l’on va confier son argent. On ne compte plus le nombre de fintech arrivées sur le marché avec de belles vitrines… mais qui cachent des fondations très fragiles ou dont le business plan se révèle bancal. Les futurs clients – particuliers comme professionnels – doivent passer outre le matraquage marketing et se renseigner sérieusement auprès des comparateurs spécialisés, des forums internet dédiés ou des associations de défense des consommateurs avant franchir le pas.
La deuxième leçon est que ces affaires, qui donnent d’évidence une mauvaise image des néobanques, ne sauraient masquer leur incontestable succès bâti avant tout… sur les mauvaises pratiques des banques traditionnelles. Les frais exorbitants de tenue de compte, les conseillers bancaires difficilement joignables, le coût du moindre virement interbancaire, les dates de valeurs pour les chèques, les frais supplémentaires lorsque l’on est à l’étranger, etc. : tout cela a contribué à ce que de plus en plus de clients quittent leur banque ou ouvrent un autre compte dans une néobanque qui propose tous ces services gratuitement ou à prix serrés, le tout pilotable en temps réel sur son smartphone. Ciblant prioritairement les digital natives, ces jeunes qui ont toujours connu internet, les néobanques ont su trouver leur public en profitant notamment de la faiblesse de la numérisation des banques traditionnelles, devenant parfois de grands acteurs bancaires comme N26 ou Revolut.
L’émergence de ces fintech a poussé les banques traditionnelles à investir massivement dans le numérique pour rattraper leur retard et conserver leur clientèle, soit en développant des services identiques en interne soit en rachetant tout simplement des fintech. Boursorama banque est ainsi devenue la propriété de la Société générale, Eko by CA est celle du Crédit agricole, Nickel de BNP Paribas, etc. Toutes mettent en avant deux atouts qui leur permettent de s’assurer une meilleure fidélité de leurs clients que ceux, plus versatiles des néobanques. Le premier, ancien est la notoriété de leur maison mère et la confiance qu’elle inspire. Le second, plus récent et en plein essor depuis la pandémie de Covid-19, est le besoin des clients d’avoir des conseils sur le patrimoine, les investissements, etc.
Les banques traditionnelles n’ont pas dit leur dernier mot pour compter dans le monde d’après…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 23 décembre 2021)