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Articles

Affichage des articles du janvier, 2023

Changer vraiment

Lorsque l’on regarde la situation des Ehpad, un an après la sortie du livre choc de Victor Castanet « Les Fossoyeurs », on ne peut s’empêcher de penser à la célèbre phrase de Lampedusa « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Car de fait, les changements depuis février 2022 après ce scandale semblent bien minces et en tout cas pas à la hauteur de l’immense émotion et de l’immense colère des Français suscitées par les révélations du journaliste sur les pratiques du groupe Orpea. Il aurait pourtant dû et pu en être autrement. Car si depuis plusieurs années des dizaines d’affaires de maltraitance et de dysfonctionnements dans des Ehpad ont émaillé l’actualité, parfois sanctionnées en justice, si des centaines de témoignages de personnels ou de familles ont été recueillis dans la presse, si des dizaines de livres ont été publiés – dont « Maman, est-ce que ta chambre te plaît ? » (Ed. Privé), de William Réjault et de notre consœur Christelle Bertrand, paru… en 2009 –, l’enquête

Question d'égalité

La transition écologique de la France ne sera pas un long fleuve tranquille. La décarbonation de notre économie, une mobilisation forte pour la défense de la biodiversité et de l’environnement, une meilleure gestion de l’eau et de son partage, le recours à des sources d’énergie propres et l’impératif de sobriété énergétique et d’économies d’énergie… Le chantier, immense, paraît presque inatteignable. Il nécessitera des investissements colossaux et, surtout, des décisions difficiles et impopulaires. Autant dire du courage politique. Ces dernières semaines, deux dossiers en particulier illustrent toute la difficulté de concrétiser la transition énergétique : la mise en place de Zones à faibles émissions (ZEF) et la lutte contre les passoires thermiques. Dans le premier cas le déploiement de ZFE dans quelque 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants est évidemment une bonne chose : améliorer la qualité de l’air sera bénéfique pour l’environnement et la santé publique, personne ne peu

L'affaire de tous

Des rivières à sec l’été, des querelles de voisinage sur l’usage de l’eau dans les campagnes, des restrictions qui interdisent le lavage des voitures, l’arrosage des pelouses ou le remplissage des piscines et, parfois, des villages qui se retrouvent sans eau potable. Cela fait plusieurs années que les Français vivent ces situations, de façon de moins en moins ponctuelle. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls et, de l’Espagne à l’Italie, de l’Allemagne à la Slovénie, les Européens font face à ces problèmes de la gestion et du partage de la ressource en eau. 2022 aura assurément constitué un tournant, comme un avertissement de la gravité d’une situation hydrologique qui s’est dégradée de façon continue. Année la plus chaude que la France métropolitaine ait jamais mesurée, 2022 a exacerbé les difficultés et provoqué des situations extrêmes en termes de sécheresse, de jours et de nuit caniculaires, mais aussi d’incendies géants, de destruction de la biodiversité et de pénurie d’eau. Autant

Remise à plat

Emmanuel Macron et Elisabeth Borne doivent ressentir un profond sentiment d’injustice : les Français ne se rendent pas assez compte que sans le bouclier tarifaire sur l’électricité qui va bloquer la hausse des prix à +15 % à compter du 1er février, les factures des particuliers exploseraient. Idem pour le gaz dont le bouclier est en place depuis le 1er janvier pour, là aussi, limiter la hausse des tarifs régulés à +15 %. En septembre, lors d’une conférence de presse sur la situation énergétique du pays, Elisabeth Borne était pourtant revenue sur l’impact des boucliers tarifaires sur le gaz et l’électricité mis en place en 2022. Graphiques à l’appui, la Première ministre montrait que nos voisins payaient bien plus cher leurs factures que nous : 2,5 fois plus en Belgique, 2,7 en Allemagne et aux Pays-Bas pour l’électricité ; 1,5 fois plus en Belgique, 3 en Allemagne et 3,1 fois plus aux Pays-Bas pour le gaz ! Las ! Dans un contexte d’une inflation galopante, particulièrement dans l’alime

Pas de fatalité

Il y a ces petits oublis, ces trous de mémoire bénins qui font parfois sourire l’entourage mais qui finissent au fil des mois et des années par se multiplier, s’agrandir pour devenir des gouffres dans lesquels sombrent les souvenirs et parfois la raison. Enfermé dans ce labyrinthe intime, dans ce dédale intérieur dont on aurait oublié la clé, le malade se débat dans les méandres de sa mémoire qui s’affaiblit, tantôt taiseux, tantôt violent pour les autres ou pour lui-même, ballotté entre des sautes d’humeur imprévisibles et des absences qui mettent à rude épreuve ses proches qu’il confond ou ne reconnaît plus. La réalité se mélange avec des souvenirs rêvés, la conscience de soi et des autres se trouble et s’estompe. Ce long et douloureux cheminement des malades d’Alzheimer – magistralement interprété dans le film de Florian Zeller « The Father » par Anthony Hopkins – explique pourquoi trois quarts des Français ont peur de cette maladie neurodégénérative selon un sondage Ifop réalisé po

Responsabilités

À l’époque antique, les pyramides égyptiennes ont été bâties par des extraterrestres ; on peut avorter sans risque avec des produits à base de plantes ; les Américains ne sont jamais allés sur la lune ; il est possible que la Terre soit plate et non pas ronde comme on nous le dit depuis l’école… Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces affirmations fausses et bien d’autres du même acabit, qui nourrissent parfois depuis des années des théories complotistes, séduisent de plus en plus de jeunes de 18 à 24 ans comme vient de le montrer une enquête Ifop… Une enquête immédiatement contestée sur les réseaux sociaux par certains qui voient des desseins cachés chez les commanditaires du sondage, la fondation Jean Jaurès et la fondation Reboot qui s’est donné pour mission de « réveiller l’esprit critique. » Une mission qui apparaît aujourd’hui de plus en plus difficile tant les faits, notamment scientifiques, sont de plus en plus contestés et mis sur le même plan que des théories conspirat

Alternatives

La mère des batailles contre la mère des réformes. Ce scénario prévisible depuis des mois se joue aujourd’hui en France avec un mouvement de manifestations et de grèves contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. Sans préjuger de la mobilisation qui devrait être très importante voire historique ce jeudi – puisque le front syndical est uni pour la première fois depuis douze ans et qu’une écrasante majorité de Français est opposée à cette réforme – et sans pronostiquer de quelle façon la contestation pourra s’inscrire ensuite dans la durée, il n’y a aucune surprise à voir s’installer ce bras de fer attendu qui en rappelle bien d’autres sur le même sujet des retraites, et ce depuis les grandes grèves de 1995. Personne pour l’heure ne peut dire comment finira cette bataille : les opposants pourront-ils faire reculer l’exécutif qui peine à convaincre et ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale où il a besoin d’au moins 39 suffrages venus des autres banc

Droits et devoirs

Le changement dans la continuité. Tel était peu ou prou la promesse très giscardienne d’Emmanuel Macon lorsqu’il s’est déclaré candidat à sa succession pour un second mandat présidentiel. Mais depuis sa réélection à l’Elysée, il y a tout au contraire une discontinuité profonde entre la philosophie qui a porté sa candidature en 2017 et sa pratique du pouvoir depuis mai 2022. En 2017, le candidat Macron voulait libérer puis protéger les Français en mettant l’accent sur l’émancipation individuelle, meilleur gage, selon lui, pour lutter contre les assignations à résidence sociales et remettre en marche un pays présenté comme divisé et ankylosé avec un taux de chômage encore trop important. Le premier quinquennat fut ainsi marqué par des réformes du marché du travail, une réduction des prestations chômage, et une réforme des retraites à points systémique qui s’est fracassée ensuite sur la crise du Covid. En 2022, après avoir mis en place d’importantes mesures d’aide (le fameux « quoi qu’il