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Articles

Affichage des articles du février, 2022

Une affaire de trop

Alors que va s’ouvrir le mois prochain devant les assises du Tarn-et-Garonne, le procès d’un hypnothérapeute accusé d’agressions sexuelles et d’un viol sur cinq femmes durant des séances à Montauban – l’homme, écroué durant 15 mois, nie la contrainte – d’aucuns seront peut-être tentés de penser « encore une affaire de viols ». Mais c’est peut-être justement parce que l’affaire qui sera jugée constitue non pas une affaire de plus mais une affaire de trop qu’il faut y donner la juste publicité. Les faits que nous relatons, le témoignage digne et puissant que nous publions montrent bien qu’il reste encore du chemin à faire, au moins dans deux domaines. Le premier est bien sûr l’accueil que l’on doit aux victimes. Depuis le mouvement #MeToo, décliné en France en #Balancetonporc, la parole des femmes victimes d’agressions sexuelles ou de viols s’est enfin libérée. Aux dénonciations excessives que fustigent certains hommes – et même quelques femmes – nostalgiques d’une époque où le patriarca

Il est temps

  À un mois et demi du premier tour de l’élection présidentielle il est maintenant temps que le président de la République, dont la candidature à un second mandat est un secret de Polichinelle, arrête de jouer avec nos nerfs, cesse de tergiverser et mette sans plus attendre un terme à ce faux suspense en se déclarant officiellement candidat. On peut comprendre que le Président sortant ait voulu, comme certains de ses prédécesseurs, rester dans les habits du chef de l’Etat le plus longtemps possible, en surplomb d’une précampagne qui ne passionne pas (encore) les Français. Ces derniers, à raison, pointent la médiocrité de certains des impétrants, l’omniprésence étouffante de l’extrême droite à la télévision, les polémiques à répétition sur des questions identitaires ou secondaires, les sempiternelles petites phrases montées en épingle ou le feuilletonnage des ralliements et des trahisons des uns et des autres. Autant de bruits médiatiques et de politique politicienne qui empêchent de pa

Le sourire de Poutine

La crise entre l’Ukraine et la Russie, qui pourrait se traduire dans les prochaines heures par l’invasion de l’une par l’autre, est aussi une bataille d’images. Mais bien plus que les images satellites montrant quelque 190 000 soldats russes, leurs chars, leurs camions ou leurs hélicoptères stationnés depuis plusieurs jours le long de la frontière entre les deux pays ; bien plus que celles montrant les populations ukrainiennes s’attendant au pire et se préparant à fuir la région du Donbass ou au contraire à résister pour défendre l’intégrité de leur territoire national ; ce sont les images diffusées par la télévision russe lundi soir qui permettent de mesurer toute la duplicité calculée de Vladimir Poutine. Lundi soir, donc, dans l’immense salle Sainte-Catherine du Kremlin, celle-là même où il avait signé en 2014 l’annexion de la Crimée, Vladimir Poutine recevait son conseil de sécurité. Chacun des membres se présentait devant le président russe pour lui délivrer ses préconisations, d’

Relever le défi climatique

Samedi prochain, porte de Versailles à Paris, s’ouvrira ce que l’on appelle communément la plus grande ferme de France, le salon international de l’agriculture. Ce grand rendez-vous du monde agricole, après l’année blanche imposée par le Covid-19, devrait accueillir dans ses allées quelque 500 000 à 600 000 visiteurs et, cette année, tous les candidats à l’élection présidentielle qui viendront présenter leurs propositions pour conforter la France comme premier pays producteur agricole de l’Union européenne et pour soutenir des filières qui sont à l’aube d’une nouvelle révolution. Des révolutions, l’agriculture française en a justement beaucoup connu par le passé. Au XVIIIe siècle, c’est la première révolution agricole, basée sur la suppression de la jachère et une meilleure articulation entre élevages et cultures. Au XIXe siècle, c’est la révolution industrielle qui va mécaniser l’agriculture ; c’est aussi l’apparition des premiers engrais chimiques. Au lendemain de la Seconde Guerre m

Révolution en vue

  Depuis plusieurs semaines, les prix des carburants ont entamé une hausse qui bât des records historiques. Le litre de super, voire de gazole, frôle les 2 € et a, en tout cas, dépassé les niveaux atteints à l’automne 2018 où, déjà, une augmentation des prix à la pompe avait nourri le mouvement de colère des Gilets jaunes. Plus de trois ans après, la situation ne semble pas s’être améliorée. Conséquence d’une demande mondiale en pétrole qui est repartie à la hausse avec la reprise économique – après des mois de perturbations dus à l’épidémie de Covid – et d’une offre qui ne suit pas complètement, le prix du baril explose et finit par se répercuter sur la facture finale payée par le consommateur. Certains experts tablent sur des problèmes d’approvisionnement qui pourraient durer toute l’année 2022… Et contrairement à 2018, la situation est cette fois davantage tendue en raison du retour de l’inflation. Face à cette situation, les gouvernements doivent jouer sur deux tableaux. Le premier

Traumatisme

(Photo L'Indépendant) La tragédie qui s’est jouée la nuit dernière à Saint-Laurent-de-la-Salanque, cette ville de quelque 10 000 habitants à une quinzaine de kilomètres de Perpignan, a provoqué une vive émotion dans la région, dans le pays et jusqu’au sommet de l’Etat, le département du drame, les Pyrénées-Orientales, étant celui du Premier ministre Jean Castex, élu de Prades. C’est d’ailleurs à la demande de ce dernier et du président de la République Emmanuel Macron que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, averti dans la nuit, s’est rendu sur place hier matin pour saluer l’action de la centaine de sapeurs-pompiers, sauveteurs et agents des forces de l’ordre qui ont été mobilisés et, surtout, pour témoigner aux proches des victimes et à la population de Saint-Laurent-de-la-Salanque, sous le choc, de la solidarité de la nation. Car ce drame appartient à ceux qui, par leur ampleur autant que par leur terrible bilan humain – 7 morts et une trentaine de blessés – sont de natur

L'impôt en héritage

  L’élection présidentielle a la capacité de mettre en lumière des thèmes que l’on pensait secondaires face aux enjeux que doit relever le pays. Les droits de succession, sujet important mais pas capital, en sont la parfaite illustration, qui ont vu se positionner ces dernières semaines quasiment tous les candidats. Tous estiment, en effet, urgent de réformer cet « impôt sur la mort », objet d’agacements quand on estime que le montant des droits à régler au fisc est bien trop important, voire de franches disputes dans les familles au moment de partager le règlement d’une succession amputée par l’impôt. Avec seulement 13 % des Français qui bénéficient d’un héritage de plus de 100 000 euros et 40 % qui reçoivent moins de 8 000 euros, une telle réforme ne concernerait certes pas toute la population, mais toucher à l’héritage convoque chez chacun de nous notre rapport au patrimoine familial. Si petit soit l’héritage que l’on peut toucher ou que l’on veut transmettre à ses enfants, il y a u

Nouveaux gourous

Lorsque l’actualité met au jour des dérives sectaires d’ampleur, immanquablement, nous repensons à toutes ces affaires qui ont marqué les esprits. À commencer par celle du Temple du Peuple, la secte fondée par le révérend Jim Jones en 1955 aux États-Unis, et qui s’acheva le 18 novembre 1978, à Georgetown, au Guyana, par la mort de 923 adeptes poussés au suicide collectif par leur gourou. Nous repensons aux suicides-massacres des membres de l’Ordre du Temple Solaire au Canada, en Suisse et en France entre 1994 et 1997. Nous repensons aussi à l’affaire des reclus de Monflanquin, onze membres d’une famille de notables bordelais tombés pendant dix ans sous la coupe d’un manipulateur hors pair qui, du Lot-et-Garonne à Oxford en Angleterre, va dépouiller ses proies sur lesquelles il exerçait une implacable emprise mentale. Toutes ces affaires, spectaculaires, hors normes, constituent néanmoins comme la partie émergée d’un iceberg car les phénomènes sectaires, l’emprise d’un homme ou d’une fe

Mauvais calcul

  « Récoltes et semailles ». Tel est le titre d’un pavé de 2 500 pages que viennent de publier les éditions Gallimard au terme d’une folle épopée commencée en 1983. Il s’agit de l’œuvre posthume d'Alexandre Grothendieck, considéré comme l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle, qui révolutionna la géométrie algébrique comme Einstein la physique. Retiré en Ariège et vivant comme un ermite, ce géant des maths disparaît en 2014 dans une quasi-indifférence. Mais celui qui reçut la médaille Fields – le « Nobel » des maths – en 1966, laisse derrière lui quelque 70 000 pages manuscrites à déchiffrer et qui pourraient renfermer la clé de problèmes jusqu’ici restés insolubles. L’histoire d’Alexandre Grothendieck illustre le paradoxe qui frappe la France. D’un côté, notre pays peut s’enorgueillir d’avoir 13 lauréats de la médaille Fields, de disposer de structures reconnues à l’international comme l’École normale supérieure de Paris ou l’institut Henri-Poincaré, et d’avoir donné à l

Le combat du siècle

La Journée mondiale contre le cancer, qui se déroule aujourd’hui, constitue incontestablement un utile rappel pour l’humanité qui, depuis deux ans, concentre tous ses efforts sanitaires contre l’épidémie de Covid-19. Car si chacun imagine bien que la pandémie, comme toutes celles qui l’ont précédée, finira par s’éteindre – peut-être cette année, espère prudemment l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – la lutte contre le cancer, qui a coûté la vie à 10 millions de personnes en 2020 selon l’OMS, demeure bel et bien le combat du siècle. Un combat de longue haleine, rendu difficile par la multiplicité des cancers, mais un combat qu’il ne faut pas lâcher car la recherche avance à grand pas, certains cancers sont désormais guérissables, et la fatalité laisse place pour les malades à l’espoir. Ce combat-là a été singulièrement freiné par l’épidémie de Covid-19, qui a provoqué d’importantes perturbations dans les services de soins pour le cancer et exacerbé les inégalités existantes en ma

Nouvelle ère

Dans le monde de l’après-Covid que tout le monde attend impatiemment et qui peine encore à émerger, un secteur illustre particulièrement les bouleversements à venir parce qu’il a sans doute été le plus touché par la pandémie : l’aviation. Aujourd’hui, à l’heure où il faut imaginer la suite, le secteur aérien est sans doute celui qui doit relever le plus de défis, socio-économiques, environnementaux, industriels et technologiques. Socio-économique en premier lieu car l’aérien a payé un très lourd tribut au Covid-19 qui a cloué au sol les avions dès mars 2020. Que ce soit pour les compagnies aériennes qui ont subi une chute historique du trafic aérien – – 66 % de baisse, du jamais vu depuis les attentats du 11-Septembre – ou les constructeurs qui ont enduré l’annulation de commandes. Pour tous les métiers qui, de près ou de loin, travaillent pour l’aérien, le choc a été redoutable et, sans doute, les aides publiques en France – chômage partiel, prêts garantis par l’Etat et plan de soutie

Remise à plat

Ce n’est pas la première fois que la renationalisation des autoroutes s’invite dans le débat public. Avant chaque 1er février, date de révision des tarifs selon les contrats signés entre l’Etat et les sociétés concessionnaires d’autoroutes (SCA), le débat refait surface. Cette année n’échappera pas à la règle d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte social et politique tendu. D’un côté, les Français sont confrontés à un retour de l’inflation, à la flambée des prix à la pompe qui semble ne pas pouvoir s’arrêter de sitôt. Et de l’autre la campagne électorale pour la présidentielle suscite de la part des candidats de nombreuses propositions pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, dont la renationalisation. Mais si cette hausse de 2 % en moyenne, appliquée aujourd’hui par les quelque 23 sociétés privées qui gèrent 9 000 kilomètres d’autoroutes sur 12 000 existants, passe si mal, c’est parce qu’elle est la plus importante depuis 2012. L’an passé elle n’était que de 0,44 % ;