Accéder au contenu principal

Le combat du siècle

scanner

La Journée mondiale contre le cancer, qui se déroule aujourd’hui, constitue incontestablement un utile rappel pour l’humanité qui, depuis deux ans, concentre tous ses efforts sanitaires contre l’épidémie de Covid-19. Car si chacun imagine bien que la pandémie, comme toutes celles qui l’ont précédée, finira par s’éteindre – peut-être cette année, espère prudemment l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – la lutte contre le cancer, qui a coûté la vie à 10 millions de personnes en 2020 selon l’OMS, demeure bel et bien le combat du siècle. Un combat de longue haleine, rendu difficile par la multiplicité des cancers, mais un combat qu’il ne faut pas lâcher car la recherche avance à grand pas, certains cancers sont désormais guérissables, et la fatalité laisse place pour les malades à l’espoir.

Ce combat-là a été singulièrement freiné par l’épidémie de Covid-19, qui a provoqué d’importantes perturbations dans les services de soins pour le cancer et exacerbé les inégalités existantes en matière de santé partout dans le monde, tant dans le suivi des soins pour les malades que pour la réalisation des diagnostics. Le professeur Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, s’alarmait ainsi à l’automne 2020 de constater qu’on n’avait pas pu détecter 30 000 cancers en France. Ces diagnostics précoces permettent, en effet, de détecter des lésions précancéreuses avant qu’elles n’évoluent en cancer, et donc de les traiter avec des thérapeutiques moins lourdes et moins agressives.

Cette Journée mondiale est donc l’occasion d’appeler à la mobilisation pour dépister mieux et davantage, voire d’élargir ces diagnostics comme vient de le préconiser la Haute autorité de santé pour le cancer du poumon, l’un des plus meurtriers. Diagnostiquer davantage, faire en amont un travail de prévention de la population – 40 % des cancers dus à notre hygiène de vie ou à notre environnement sont évitables – font donc pleinement partie des plans de lutte contre le cancer que mettent en place de nombreux pays, dont la France qui a mis à jour le sien l’an passé pour les dix ans qui viennent.

À côté de cette activité de terrain, la recherche scientifique avance à grand pas, aussi discrètement que sûrement et la Journée mondiale est aussi l’occasion de saluer le travail réalisé par tous ces chercheurs qui explorent de nouvelles pistes, à la fois plus efficaces et moins invasives pour les malades. Ainsi ces dernières années, de nouveaux médicaments, des thérapies cellulaires et géniques, ont bouleversé notre approche. Et le fameux ARN messager, que l’on a découvert à l’occasion de la mise au point des vaccins anti-Covid, ouvre de nouvelles perspectives.

La lutte contre le cancer, deuxième cause de décès dans le monde, est un enjeu de santé publique pour l’humanité. Aujourd’hui plus que jamais, elle nécessite une mobilisation internationale du même niveau que celle qui nous venons de vivre contre le Covid-19 et qui a permis de trouver un vaccin en un temps record. L’objectif d’un monde sans cancer est encore éloigné mais à portée de main.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 4 février 2022)

Posts les plus consultés de ce blog

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a