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Articles

Affichage des articles du mai, 2024

Le débat à l’envers

Voilà bien deux rapports très embarrassants dont le gouvernement se serait sans doute bien passé et qui, chacun, pourrait porter atteinte à sa crédibilité dans la gestion des finances publiques, alors que le déficit et la dette de la France se sont envolés. Le premier, publié hier, vient de la commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS). Il pointe qu’en 2024, le déficit de la Sécu pourrait être supérieur de 6 milliards d’euros aux prévisions de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, qui tablait sur un solde négatif de 10,5 milliards d’euros. Le déficit pourrait ainsi atteindre 16,6 milliards. En cause, l’évolution des « recettes de prélèvements sociaux sur les revenus d’activité » et des ressources fiscales bien moins dynamique que ce que le législateur prévoyait à l’automne 2023… Le second rapport, publié mercredi, est celui de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale. Les magistrats de la rue Cambon, cinglants, estiment qu’il y a une « perte de maîtrise d

Mal français

  De toutes les revendications et motifs de colère des pharmaciens qui ferment leurs officines pour une grève historique par son ampleur ce jeudi, la lutte contre les pénuries de médicaments est celle qui intéressera sans doute le plus le grand public. Car depuis des mois, des millions de Français ont été confrontés à des médicaments manquants, avec parfois de grandes difficultés pour trouver des solutions alternatives. Antibiotiques, anticancéreux, vaccins, voire Doliprane : la liste des produits en rupture de stock ou distribués au compte-gouttes s’est inexorablement allongée. En 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a ainsi recensé près de 5 000 signalements de ruptures ou de risques de rupture, un chiffre en constante augmentation depuis une décennie. Cette situation est d’autant plus préoccupante que certains médicaments touchés sont indispensables pour certains patients, mettant en péril des traitements vitaux. Les causes de ces pénuri

Pluralisme

Trente-huit listes se présentent aux prochaines élections européennes du 9 juin, quatre de plus qu’en 2019. Un record que la France partage cette année avec l’Espagne. Et un casse-tête pour les communes qui sont donc tenues de préparer trente-huit panneaux électoraux pour accueillir les affiches des candidats. Et pourtant, ces emplacements resteront souvent vides, car ces « petites listes », souvent inconnues des Français et montées spécifiquement pour ce scrutin, n’ont pas les moyens d’imprimer des affiches, ni même des professions de foi ou des bulletins de vote. Si elles ne visent évidemment pas la barre illusoire des 5 % des suffrages à partir desquels on obtient des députés, elles ne visent pas non plus le seuil de 3 % pour se faire rembourser les frais de campagne. Avec quelques dizaines de milliers de voix espérées, leur objectif est simplement d’utiliser la caisse de résonance des élections européennes pour faire entendre et connaître leurs idées. La logistique d’organisation d

Contrechoc

Le 5 décembre dernier, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, avait voulu couper l’herbe sous le pied de l’OCDE qui publiait ce jour-là son classement PISA présentant un bilan des compétences des élèves de 15 ans dans des domaines fondamentaux comme les mathématiques ou la compréhension écrite. C’est que pour le jeune ministre, il s’agissait de montrer qu’il entendait agir vite face aux résultats catastrophiques des élèves français, notamment une chute historique du score de la France en mathématiques (-21 points), trois fois plus élevée que dans les évolutions observées dans les enquêtes antérieures. Au choc de ces mauvais résultats, Gabriel Attal a donc théorisé un « choc des savoirs ». Derrière le slogan facile, une kyrielle de mesures comme le retour du redoublement, de l’autorité, les groupes de niveaux au collège, un diplôme national du Brevet qui conditionne le passage en seconde, de nouveaux programmes dans l’élémentaire, la fin du correctif académique du breve

Esprit critique

« La désinformation est une drogue, que le patron du KGB Iouri Andropov comparait à la cocaïne : la priorité devrait donc être autant de s’attaquer à sa production et à son trafic, que d’apprendre à ses usagers à s’en défaire et à la population de s’en prémunir », rappelle David Colon, professeur à Sciences Po, historien et spécialiste de la propagande, qui a récemment publié « La guerre de l’information » (Ed. Tallandier). Cette définition, née pendant la Guerre froide, montre que la désinformation, les opérations de manipulation, de déstabilisation, les ingérences d’un pays dans les affaires d’un autre ne sont pas nouvelles. Mais dans des sociétés de plus en plus connectées, où le numérique irrigue des pans entiers de leur fonctionnement dans les domaines économiques, médiatiques, de la santé, de la sécurité, de l’énergie… cette désinformation est désormais démultipliée, peu coûteuse et simple à réaliser. Et d’autant plus facile à mettre en œuvre dans des sociétés démocratiques ouver

Signal d’alarme

Les images sont de mauvaise qualité mais elles persistent sur nos rétines. Car si elles rappellent celles de jeux vidéo ou de séries télévisées américaines, elles montrent hélas pourtant bien un terrible drame survenu en France et une réalité de la criminalité : l’attaque sanglante d’un fourgon pénitentiaire au péage de l’A13 à Incarville, la semaine dernière, au cours de laquelle deux surveillants, Fabrice Moello et Arnaud Garcia, ont perdu la vie. À l’heure de l’hommage national qui leur sera rendu ce mercredi par Gabriel Attal, la solidarité de la Nation entourera leurs familles, dignes et courageuses. Si ce drame terrible – jamais vu en France depuis 1992 – nous émeut, il doit aussi constituer un signal d’alarme pour la société car il soulève des questions graves qui ne peuvent rester sans réponses durables. Cette attaque met ainsi d’abord en lumière les failles de la sécurité autour des transferts de détenus. Si une révision complète des protocoles de transfert s’impose, avec peut

L'usure d'un régime

  La mort brutale du président iranien Ebrahim Raïssi dans le crash de son hélicoptère est-elle de nature à changer la politique de l’Iran, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières ? Pour l’heure, c’est surtout un statu quo qui se dessine, car le détenteur véritable du pouvoir n’est pas le président de la République mais bien le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui dirige le pays depuis 1989 d’une main de fer dans un gant de crin, avec les Gardiens de la Révolution islamique comme garde prétorienne militaire et religieuse. La présidente en exil du Conseil national de la Résistance iranienne a beau estimer que la mort du « boucher de Téhéran » est un « coup stratégique monumental et irréparable porté au guide suprême des mollahs et à l’ensemble du régime, connu pour ses exécutions et ses massacres », le régime va justement tout faire pour contenir la moindre contestation, comme il le fait depuis que la jeunesse iranienne scande « Femme, vie, liberté » en hommage à Mah

Prévenir et guérir

Prévenir vaut mieux que guérir. L’adage populaire n’est pas qu’une phrase de grand-mère, elle a aussi une réalité scientifique, et notamment en ce qui concerne les cancers. La publication ce mois-ci d’un rapport de l’Organisation européenne du cancer (ECO), qui épingle la France pour son immobilisme et son retard criant en matière de prévention, doit servir d’électrochoc. Car on estime qu’environ 40 % des cancers seraient évitables en agissant sur les principaux facteurs de risque désormais bien connus : consommation de tabac, d’alcool, alimentation déséquilibrée, inactivité physique, surpoids, exposition aux UV ou aux polluants environnementaux et professionnels… Le chantier est vaste à condition d’y mettre des moyens financiers et humains et une volonté politique qui reste aujourd’hui insuffisante. Certes, le ministère de la Santé est devenu aussi celui de la Prévention avec le Covid et l’ancien ministre François Braun s’y montrait très sensible. Certes, il serait faux de dire que le

Apprendre à s'adapter

Un très long week-end du 8-Mai et de l’Ascension ensoleillé ; un week-end de Pentecôte sous la grisaille. Des températures dignes d’un mois d’été dans un cas, une fraîcheur plus conforme aux moyennes de saison dans l’autre. Ainsi va la météo, qui semble jouer au yo-yo… et avec nos nerfs. Une météo capricieuse qui donne ainsi du grain à moudre aux climato-sceptiques, ceux-ci trouvant toujours matière à rebondir lorsqu’un épisode de froid survient après un autre plus chaud pour contester le réchauffement climatique. Et pourtant, au-delà des aléas de la météo du moment, le réchauffement climatique est bien là, poursuivant son inquiétante course vers des températures de plus en plus élevées. Début janvier, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a officiellement confirmé que 2023 avait été – et de loin – l’année la plus chaude jamais enregistrée avec une hausse des températures de +1,45 °C par rapport aux niveaux pré-industriels de 1850-1900. Une hausse qui se rapproche de la limite d

Tenir

Les sénateurs américains républicains, partisans de Donald Trump, qui ont bloqué pendant des mois le vote d’une aide militaire à l’Ukraine trouvent-ils le sommeil depuis ce week-end ? Certains des Européens qui se sont perdus en tergiversations ces derniers mois pour savoir si l’Ukraine avait le droit ou non de cibler les bases de missiles et drones russes qui tirent vers elle ou de la doter de systèmes de défense aérienne performants se regardent-ils facilement dans leur miroir le matin ? Car si l’offensive terrible que mène depuis quelques jours l’armée de Vladimir Poutine dans la région de Kharkiv est si menaçante – avec une trentaine de villages du nord-est de l’Ukraine sous le feu hier et déjà près de 6 000 habitants évacués – c’est bien parce que la Russie profite d’un côté de sa supériorité numérique et de l’autre côté du manque de munitions et de matériel de Kiev. Comme depuis le début de la guerre, le 24 février 2022, l’armée ukrainienne résiste de toutes ses forces, ses solda

Vacances pour tous

La pandémie de Covid-19, avec ses confinements, ses obligations sanitaires et ses fermetures de frontières qui avaient mis un coup d’arrêt brutal au tourisme en 2020 et 2021, est bel et bien derrière nous et les Français, comme tous ceux qui viennent visiter la France, ont retrouvé le goût des vacances et du voyage. Déjà, l’an passé, le taux de départ en vacances des Français de 15 ans et plus, que ce soit pour « au moins un » long séjour marchand de loisir avec hébergement payant ou pour un long séjour non marchand de loisir (hébergement chez la famille, des amis, ou en résidence secondaire), s’était élevé, selon le Baromètre Opodo 2024 publié le mois dernier, à 60,3 % en 2023, contre 59,6 % un an auparavant. Nul doute que cette année poursuivra sur cette voie si l’on en juge par l’engouement des locations suscité par les ponts de ce mois de mai. À deux mois des grandes vacances, ceux qui n’ont encore rien prévu cherchent ainsi où passer l’été et font face aux sollicitations nombreuse

Parlons d'Europe

Ce vendredi est la Journée de l’Europe, qui commémore la Déclaration Schuman du 9 mai 1950, discours fondateur prononcé avant la naissance de la Communauté économique européenne, l’ancêtre de l’Union européenne. L’occasion, à un mois des élections européennes, de se rappeler ce qui a conduit des pays autrefois ennemis, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, d’unir leurs destins pour assurer une paix durable en même temps qu’une nouvelle prospérité profitable à tous. Dans « Une Europe fédérée », Jean Monnet, l’un des pères de l’Europe avec Robert Schuman, expliquait alors « Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des Hommes », forgeant là un idéal européen, rêvé à la fin du XIXe siècle par Victor Hugo comme des États-Unis d’Europe. Année après année, l’Union a marqué des points pour avoir trouvé, souvent au terme de rudes négociations entre ses membres, des solutions que seule une communauté d’États était en mesure de mettre en place. Le marché commun, la monnaie unique, des pr

LGV Toulouse-Bordeaux : enfin !

Enfin ! Le projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Toulouse et Bordeaux a tellement joué l’Arlésienne ces dernières années pour ne pas dire ces dernières décennies ; la perspective de voir un jour un TGV en gare Matabiau qui rejoindrait Paris en trois heures dix a tellement viré au feuilleton fait d’avancées et de reculades que nous ne pouvions bouder notre plaisir, hier, pour le lancement symbolique des travaux de l’aménagement nord de Toulouse par les élus locaux et l’État. Enfin, ce chantier à 14,3 milliards d’euros, financés à 40 % par l’État, 40 % par les collectivités et 20 % par l’Europe, se concrétise même s’il reste encore sur le chemin des opposants déterminés, notamment en Nouvelle-Aquitaine. Certains d’entre eux sont évidemment de bonne foi dans leur volonté de préserver la biodiversité – elle le sera majoritairement – ou dans leur peine de voir disparaître un patrimoine ou une maison – les indemnisations doivent dès lors être à la hauteur et nul doute qu’elles le sero