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Affichage des articles du octobre, 2018

Défaites

« Dans une guerre civile, la victoire même est une défaite », disait le poète latin Lucain. En Syrie, après sept ans d'une guerre sanglante qui fut d'abord une insurrection et, pour beaucoup, une révolution dans le sillage des Printemps arabes de 2011, on voit bien que la victoire du régime de Bachar al-Assad – qui est encore loin d'être définitivement acquise – sera assurément une défaite pour ce pays de quelque 18 millions d'habitants aujourd'hui, après l'exil de près de 5 millions de Syriens... Une défaite pour le président syrien quand bien même se proclamerait-il victorieux. Jadis dirigeant moderne, laïque, protecteur des minorités en Orient, Bachar al-Assad était un acteur clé de la région progressivement apprécié par l'Occident. Il s'est mué en un dictateur impitoyable, autorisant la répression et la torture à une échelle rarement vue et vraisemblablement l'emploi d'armes chimiques pour garder à tout prix un pouvoir clanique. Une d

Tout bio, tout bon ?

Il y a parfois des coïncidences étonnantes. Le nouveau ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, demande aux scientifiques de « faire la preuve » des conséquences des pesticides sur la santé. Comme si les chercheurs ne s'étaient jamais penchés sur le sujet et comme si la loi n'imposait pas au producteur du pesticide, et à lui seul, de prouver que son produit n'a pas d'effet sur la santé. Au même moment, une étude scientifique, française qui plus est, vient de paraître démontrant que l'alimentation bio réduit significativement les risques de cancer. Publiée lundi 22 octobre dans la revue JAMA Internal Medicine, cette étude épidémiologique est ainsi la première à pointer de tels risques dans la population générale, s'agissant du cancer. Surtout, c'est son amplitude qui impose qu'on s'y arrête avec attention : un échantillon de 68 946 participants à la cohorte NutriNet-Santé a été suivi pendant 7 années de 2009 à 2016. Les résultats sont éd

Engagements

En se rendant hier dans l'Aude au chevet des sinistrés des inondations historiques qui ont frappé le département il y a une semaine, Emmanuel Macron est venu, d'évidence, signifier trois engagements. Engagement, d'abord, de la Nation auprès des Audois qui, pour certains, ont tout perdu dans les crues qui ont dévasté 126 communes aujourd'hui concernées par un arrêté de catastrophe naturelle. Père de la nation et donc garant de la fraternité de notre devise, le chef de l'Etat se devait d'aller réconforter nos concitoyens, fut-ce une semaine après le drame, pour leur dire la solidarité du pays. Avec gravité, chaleur et compassion, Emmanuel Macron a su trouver les mots, les gestes pour chacun et assurer tous les sinistrés que l'Etat serait à leur côté pour qu'ils soient indemnisés. Engagement ensuite en faveur des territoires meurtris et donc des collectivités qui vont désormais s'atteler à une longue reconstruction pour effacer quelque 200 milli

Redynamiser et reconnecter

Le démarrage encourageant de l'opération « Action cœur de ville », qui vient de passer le cap des six mois d'existence, illustre deux choses. La première, c'est qu'en matière d'aménagement du territoire, il n'y a jamais de fatalité. On pourrait même dire que là où il y a une volonté, il y a un chemin. Car face à la métropolisation galopante qui opère partout en France – comme en Europe d'ailleurs – face au développement de grands centres commerciaux en périphérie des villes ou de l'extension de zones commerciales qui assèchent les centres de leurs commerces, des élus locaux, tous les jours, font preuve d'une solide volonté pour endiguer un phénomène qui touche fortement les villes moyennes de 10 000 à 100 000 habitants. Face à un tissu socio-économique fragile, un déséquilibre concurrentiel entre les commerces de périphérie et ceux du centre-ville, la perte d'équipements structurants ou de services du quotidien, mais aussi des modes de vie

S'adapter et prévoir

Trois jours après les inondations historiques qui ont frappé l'Aude, un double sentiment nous étreint. D'abord la fierté de voir que dans une société souvent décriée pour son individualisme, la solidarité, la fraternité de notre devise nationale, ne sont pas de vains mots. Solidarité avec les sinistrés au sein des familles elles-mêmes qui ont tout perdu, solidarité entre voisins de galère, solidarité entre des gens qui ne se connaissaient pas la veille et qui partagent aujourd'hui un destin commun, solidarité entre villages sinistrés et ceux qui ont été épargnés. Solidarité plus large des habitants de la région et notamment ceux qui, très nombreux, ont répondu avec une incroyable générosité à l'appel aux dons relayé par notre groupe de presse. Solidarité, enfin, des institutions locales, départementales, régionales et nationales pour aider, soulager, et indemniser au plus vite en vue de la reconstruction. Face au drame des inondations de l'Aude, c'est bien t

Equations

On connaît depuis longtemps l'appétence d'Emmanuel Macron pour le théâtre, la littérature, l'histoire ou la philosophie. Mais depuis deux semaines, le président de la République s'astreint à une discipline bien plus rugueuse de mathématique politique pour résoudre l'équation du remaniement. Un remaniement qui s'est imposé à lui après un été cauchemardesque commencé avec l'affaire Benalla et une rentrée catastrophique se soldant par le départ de deux ministres d'État, l'iconique et populaire Nicolas Hulot et le marcheur de la première heure et son père politique Gérard Collomb. Et c'est peu dire qu'Emmanuel Macron, qui déteste se faire imposer son agenda, a dû retrousser ses manches pour résoudre cette équation à multiples inconnues. Car aux questions habituelles de tout remaniement – quel périmètre, qui faire partir, qui faire entrer ? – le Président a dû trouver des solutions à des problématiques consubstantielles à sa propre histoire po

Solidarité d'abord

Des pluies torrentielles, des maisons inondées, des voitures emportées comme des fétus de paille par des rivières en furie qui charrient tout, détruisent habitations, routes et ponts, laissant un paysage de désolation, des populations sinistrées, meurtries, et parfois endeuillées. Ce n'est pas la première fois que l'Aude est ainsi frappée par des pluies diluviennes ; et chacun garde en mémoire les inondations de 1999. Mais hier, ces intempéries violentes qui se sont abattues sur ce département d'Occitanie, ont franchi un cap historique. Jamais depuis 1891 on n'avait, en effet, vu un tel déluge. Face au bilan humain terrible, qui pourrait s'alourdir encore dans les heures qui viennent, c'est bien sûr toute notre solidarité qui doit s'exprimer envers les populations affectées. Solidarité des habitants de la région mais aussi solidarité nationale. Face à un tel drame, il était bien normal que le Premier ministre Edouard Philippe – qui est aussi encore que

Visionnaire ?

En janvier dernier, le milliardaire américain Elon Musk lançait un défi sur Twitter : s'il réussissait à vendre 50 000 casquettes 20 $ à l'effigie d'une de ses sociétés, The Boring company, il vendrait alors… un lance-flammes ! Buzz immédiat, incrédulité mais projet bien réel. Vidéo à l'appui où il se mettait en scène, le PDG annonce la commercialisation de sa «superbe terrible idée» à 500 $ pièce. Les casquettes vendues, la production de lance-flammes, malicieusement baptisés «Pas un lance-flammes», démarre. 20 000 appareils – fournis gracieusement avec un extincteur – partent en quatre jours et rapportent 10 millions de dollars. Toute la philosophie d'Elon Musk semble résumée dans cette anecdote : d'un côté le sérieux – la Boring company réfléchit à construire des tunnels pour lutter contre les embouteillages des grandes villes – et le fantasque, avec des idées folles empruntées à la culture geek, des défis improbables comme ceux que les enfants se lance

Equité

En 1889, lorsqu'il s'apprêtait à mettre en place en Allemagne le premier système de retraites par répartition, le chancelier Bismarck aurait demandé à l'un de ses conseillers : « A quel âge faut-il fixer l'âge de la retraite pour qu'on n'ait jamais à la verser ? » « À 65 ans », lui aurait-il répondu… faisant sourire Bismarck qui avait alors 74 ans. Derrière l'anecdote, c'est toute la problématique des retraites qui était – déjà – posée et qui, presque 130 ans plus tard se pose à nouveau à Emmanuel Macron à l'heure où son gouvernement va engager une réforme de notre système des retraites fondé par le général de Gaulle en 1945, sur la base du programme du Conseil national de la Résistance. Une problématique qui se résume en une question. Comment continuer à avoir un système par répartition pérenne qui ne mette pas en péril les deniers publics, alors que, d'une part, il va y avoir 1,5 actif pour 1 retraité à l'horizon 2030 (contre 2,5 pour 1

Remaniement

Des difficultés inattendues qui atteignent jusqu'au chef et font tanguer un édifice qu'on pensait inébranlable, des ego qui se bousculent de plus en plus, des ambitions qui s'affirment, des envies d'ailleurs qui se font jour au sein de l'équipe, et des départs en cascade depuis plusieurs mois qui inquiètent les partenaires et réjouissent les concurrents. Le tout dans un contexte international difficile où se dessine un nouveau monde qui fait éclater les pratiques anciennes. Alors pour retrouver un nouveau souffle, prendre un nouveau départ, une seule solution : le remaniement. Du gouvernement ? Raté. Le remaniement dont il s'agit n'est pas celui que préparent Emmanuel Macron et Édouard Philippe et qui occupe réseaux sociaux et chaînes d'informations en continu depuis une semaine. Cet autre remaniement, c'est celui qui est en cours chez Airbus dont le conseil d'administration, réuni ce lundi 8 octobre, a désigné le successeur de Tom Enders,

Éviter l'État Big Brother

Les années passent et le débat sur la vidéosurveillance persiste, opposant deux camps qui semblent irréconciliables. D'un côté les partisans de tels systèmes de sécurité, rebaptisés vidéoprotection, qui assurent que l'installation de caméras permet réellement de prévenir voire de réduire la délinquance sous toutes ses formes (agressions, cambriolages, etc.) et de lutter contre les actes terroristes. Les élus, qui souhaitent légitimement répondre à des demandes expresses de leurs administrés ou qui font de la vidéosurveillance l'alpha et l'oméga de leur politique de lutte contre la délinquance, ont ainsi développé, dans les grandes villes mais aussi dans des bourgs, de tels systèmes. Et depuis les premières installations réalisées dans les années 90, les caméras se sont multipliées sur la voie publique au point que l'objectif de 60 000 caméras qu'avait fixé en 2007 la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie dans son plan national de vidéoprotection a

Esprit critique

C'est, avec les Journées du patrimoine, l'un des rendez-vous les plus prisés des Français, petits et grands : la Fête de la science, initiée par Hubert Curien en 1991, entame pour une semaine sa 27e édition ce samedi. Presque une génération de partage, de découvertes, de questionnements, d'étonnements entre des scientifiques qui, exceptionnellement, ouvrent leurs laboratoires avec l'envie de montrer et d'expliquer leurs travaux, et un grand public fasciné et curieux de voir ce qui se fait derrière les portes d'institutions qui intimident toujours le citoyen lambda. Entre les deux, de nombreux passeurs de sciences comme les appelait le Nobel de physique Georges Charpak, qui font, tout au long de l'année d'ailleurs, une remarquable œuvre de vulgarisation scientifique, de médiation à coups d'ateliers ou de conférences, notamment dans les écoles, partout en France et bien sûr en Occitanie, notre région riche de 29 400 chercheurs. Mais cette année,