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Visionnaire ?

hyperloop


En janvier dernier, le milliardaire américain Elon Musk lançait un défi sur Twitter : s'il réussissait à vendre 50 000 casquettes 20 $ à l'effigie d'une de ses sociétés, The Boring company, il vendrait alors… un lance-flammes ! Buzz immédiat, incrédulité mais projet bien réel. Vidéo à l'appui où il se mettait en scène, le PDG annonce la commercialisation de sa «superbe terrible idée» à 500 $ pièce. Les casquettes vendues, la production de lance-flammes, malicieusement baptisés «Pas un lance-flammes», démarre. 20 000 appareils – fournis gracieusement avec un extincteur – partent en quatre jours et rapportent 10 millions de dollars.

Toute la philosophie d'Elon Musk semble résumée dans cette anecdote : d'un côté le sérieux – la Boring company réfléchit à construire des tunnels pour lutter contre les embouteillages des grandes villes – et le fantasque, avec des idées folles empruntées à la culture geek, des défis improbables comme ceux que les enfants se lancent. Et entre les deux des réussites spectaculaires que peut afficher ce PDG-Jules Vernes, visionnaire pour les uns, illuminé pour les autres.

Qui aurait parié en 2002 sur la réussite de Space X qui, en moins de 15 ans, est devenu un acteur majeur des lanceurs spatiaux en diminuant fortement les coûts de mise en orbite ? Qui aurait parié, en 2003, que Tesla allait révolutionner la voiture 100 % électrique, face aux mastodontes de l'industrie automobile mondiale, et continue encore, malgré des difficultés, à bousculer les idées reçues sur ce que peut être l'automobile de demain ? En sera-t-il de même avec Hyperloop, ce projet de capsules transportant à 1 000 km/h voyageurs ou marchandises dans des tubes ? En tout cas, l'idée d'un tel moyen de transport – pour lequel Elon Musk n'a déposé aucun brevet, privilégiant l'open source collaboratif – a déclenché une course, de vitesse bien évidemment, entre plusieurs sociétés. Hyperloop One, Hyperloop Transportation Technologies (HTT), et Transpod accélèrent pour être les premières à démontrer la faisabilité technique et le bien-fondé commercial. Et il est heureux de voir que la France, pays pionnier de la grande vitesse qui avait expérimenté dans les années 60 l'Aérotrain de Jean Bertin entre Paris et Orléans, est de la partie : HTT s'est installé à Toulouse-Francazal, Transpod dans le Limousin pour bâtir des tubes d'essais…

Pour l'heure, nul ne sait si les capsules Hyperloop seront un jour réellement opérationnelles à grande échelle, si elles peuvent être compétitives face à des rames de TGV permettant d'atteindre un trafic de 15 000 voyageurs par heure sur un tronçon donné, là où les petites capsules de 40 personnes n'autoriseraient que 4 800 voyageurs par heure. «Hyperloop est un projet à la fois allumé et visionnaire» résumait Guillaume Pépy, président de la SNCF.

Un projet qui pousse la recherche scientifique et technologique à se dépasser et qui doit, aussi, nous interroger sur les conséquences de cette course à la vitesse qui réduit le temps au seul présent. «Le progrès de la vitesse réduit la grandeur du monde», estimait l'urbaniste Paul Virilio, qui avait créé la dromologie, l'étude de la vitesse dans la société. Au-delà de la prouesse technologique, Hyperloop pose ainsi notre rapport à la grandeur du monde.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du 13 octobre 2018)

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