Le démarrage encourageant de l'opération « Action cœur de ville », qui vient de passer le cap des six mois d'existence, illustre deux choses.
La première, c'est qu'en matière d'aménagement du territoire, il n'y a jamais de fatalité. On pourrait même dire que là où il y a une volonté, il y a un chemin. Car face à la métropolisation galopante qui opère partout en France – comme en Europe d'ailleurs – face au développement de grands centres commerciaux en périphérie des villes ou de l'extension de zones commerciales qui assèchent les centres de leurs commerces, des élus locaux, tous les jours, font preuve d'une solide volonté pour endiguer un phénomène qui touche fortement les villes moyennes de 10 000 à 100 000 habitants. Face à un tissu socio-économique fragile, un déséquilibre concurrentiel entre les commerces de périphérie et ceux du centre-ville, la perte d'équipements structurants ou de services du quotidien, mais aussi des modes de vie qui ont énormément changé ces dernières années, les élus réfléchissent, imaginent des projets de rénovation, de développement ou d'embellissement de leur centre-ville en mobilisant des moyens souvent conséquents au terme de nombreuses heures de concertation avec les habitants. On peut d'ailleurs citer d'autres opérations similaires à «Action cœur de ville» qui, à une autre échelle que celle des villes moyennes, œuvrent à la redynamisation comme les opérations centre-bourg ou cœur de village. Ces initiatives restent souvent complexes mais elles marchent.
Le second enseignement que l'on peut tirer des débuts d'Action cœur de ville – et qui vaut aussi pour les autres programmes – est que tous les acteurs travaillent de concert : l'Etat et ses services, les élus des municipalités, des conseils départementaux et régionaux. Autrement dit, il y a là un exercice de collaboration, de co-construction qui donne tout son sens à ce que peut être une décentralisation fructueuse et qui peut être le point de départ d'une nouvelle relation entre l'Etat et les collectivités.
Car depuis plusieurs mois, la colère des élus locaux ne faiblit pas contre la politique d'Emmanuel Macron, accusé, à tort ou à raison, d'être un « Président des villes » qui malmène les territoires. La grogne a visiblement été entendue puisque lors du dernier remaniement, pas moins de trois ministres ont été nommés pour occuper le ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités. Et vendredi, Edouard Philippe a réuni les présidents de Région avec plusieurs ministres pour redéfinir une méthode de dialogue. Reste maintenant à passer de la parole aux actes.
Pour son premier déplacement en province depuis le remaniement, Emmanuel Macron est aujourd'hui en Province, dans l'Aude, après l'épisode dramatique des inondations de la semaine dernière. Le chef de l'Etat exprimera très certainement la solidarité nationale mais il aura aussi l'occasion de montrer dans le même temps sa volonté de reconnecter la relation entre l'Etat et les collectivités, voire de la réparer.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi lundi 22 octobre 2018)