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Articles

Affichage des articles du mai, 2023

Le juste prix

Avec un prix de gros du gaz naturel en Europe qui est tombé à son plus bas niveau en deux ans, la crise du gaz déclenchée par la guerre en Ukraine est-elle derrière nous ? Ou ne s’agit-il que d’une parenthèse avant un nouveau rebond, un scénario du pire comme vient de l’esquisser pour l’Europe – non sans arrière-pensées pour ses sociétés pétrolières et gazières – le ministre de l’Énergie du Qatar, qui nous a prédit des pénuries de pétrole et de gaz ? Pour l’heure, bien malin qui pourrait assurer quel sera l’avenir d’un marché du gaz plus volatil que jamais. La crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine et à la volonté des Européens de se passer du gaz russe a d’ores et déjà bouleversé le marché de l’énergie. Et comme lors de la crise Covid lorsqu’il s’est agi d’obtenir les vaccins contre le coronavirus, on ne peut que se réjouir de la capacité de l’Union européenne à trouver des solutions communes et solidaires pour les 27. La diversification des approvisionnements en gaz et

Vote symbolique

Après avoir tout fait pour contraindre les débats parlementaires dans un temps très limité, le 16 mars dernier, par crainte de ne pas disposer à l’Assemblée nationale de la majorité nécessaire pour faire adopter son projet de réforme des retraites – massivement rejeté par les Français – le gouvernement choisissait de dégainer l’article 49.3 qu’il avait pourtant juré ne pas vouloir utiliser. Moins de trois mois plus tard, l’exécutif tente à nouveau d’empêcher par tous les moyens procéduraux la tenue d’un vote sur une proposition de loi du groupe Liot – à qui il manqua 9 voix pour faire chuter le gouvernement avec sa motion de censure transpartisane – qui propose d’abroger la réforme des retraites et sa mesure de report de l’âge de départ de 62 à 64 ans. Tout ce que compte la Macronie de chapeau à plumes fustige depuis des semaines une proposition de loi a priori contraire à l’article 40 de la Constitution, mais qui a pourtant été enregistrée fin avril comme recevable par le bureau de l’

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a

Coupable silence

Un monde où les insectes, la biodiversité, la richesse de la nature auraient disparu, tués par la pollution, une catastrophe climatique ou nucléaire : de tels scénarios dystopiques nourrissent depuis longtemps la fiction. Il y a cinquante cette année sortait ainsi le film culte « Soleil vert » de Richard Fleischer. Sur une planète écrasée par la surpopulation, la pollution et la chaleur, l’un des personnages, vieux professeur âgé qui a connu le monde d’avant, décide de se faire euthanasier, ce qui lui permet de revoir avant sa mort les images de ce qu’était la Terre autrefois, entre paysages magnifiques, vie sauvage luxuriante et beauté de la nature. Cette année, Apple TV +, le service de vidéo à la demande par abonnement d’Apple, a sorti une excellente série d’anticipation, « Extrapolations » où, la aussi, la Terre est épuisée par le réchauffement climatique et où des scientifiques tentent désespérément de sauver des espèces en voie d’extinction. Ces œuvres nous interpellent et on res

Derrière l'uniforme

  La pandémie de Covid-19, qui avait imposé confinements et télétravail, s’était soldée par le phénomène de la grande démission : des salariés, souvent des cadres, qui remettaient complètement à jour leur rapport au travail et quittaient leur emploi pour changer de vie. La police et la gendarmerie nationales connaissent, elles aussi, une grande démission, mais bien plus subie que choisie et bien loin du changement idyllique vanté outre-Atlantique. Policiers et gendarmes – mais aussi agents de l’administration pénitentiaire – décident de quitter leur métier qui, pour beaucoup, était pourtant une véritable vocation et un sacerdoce au service des Français et de l’intérêt général. Le nombre de départs a ainsi augmenté de 33 % en quatre ans chez les policiers, de 25 % chez les gendarmes. Une grande démission, mais une démission silencieuse qui passerait presque inaperçue sans un rapport de la Cour des comptes qui tire la sonnette d’alarme ici ou, là, des témoignages poignants d’ex-policiers

Martingale

La photo, prise lundi 8 mai, est saisissante. Sur une place de l’Étoile déserte, un écran géant projette le visage fermé d’Emmanuel Macron. Seul. Aucun Français n’est présent pour participer aux cérémonies commémorant la Victoire de 1945, du jamais vu. La distance presque glaçante que montre cette photo, prise par Denis Allard, entre le chef de l’État et la population, illustre toute la solitude dans laquelle se trouve le président de la République depuis qu’il a fait adopter sans vote une réforme des retraites massivement rejetée par les Français. Sans alliés politiques au Parlement où il est minoritaire depuis juin 2022, et parfois avec des alliés remuants comme peuvent l’être ceux du MoDem et d’Horizons, sans partenaire syndical puisque tous se sont unis contre la réforme des retraites, sans soutien populaire, sa cote de popularité étant au plus bas, sans même la satisfaction de voir les milieux économiques saluer son inflexibilité, l’agence Fitch ayant dégradé la note de la France,

Rituel

C’est un rituel qui perdure mais qui devrait progressivement disparaître. Cette année encore, 40 millions de foyers fiscaux sont appelés à déclarer leurs revenus de l’année passée ; d’autres plus chanceux bénéficient de la déclaration automatique qui évite questionnements, agacements et stress. Car remplir sa déclaration de revenus provoque encore chez beaucoup de nos compatriotes de l’angoisse : un quart des Français selon une enquête Hellosafe. La crainte d’oublier quelque chose, de se tromper de case et dans quelques mois de recevoir un redressement fiscal. Insupportable pour des Français qui, dans leur immense majorité, sont de parfaits contribuables. Il est temps pour eux de déstresser pour plusieurs raisons. D’abord, le droit à l’erreur est désormais entré en vigueur. Le contribuable de bonne foi a la possibilité de régulariser sa situation, sans payer de pénalité, quand il a commis une inexactitude ou une omission dans sa déclaration fiscale. Ensuite, l’administration des impôts

La baisse de la hausse

Une inflation qui a continué d’augmenter en France en avril à +5,9 % sur un an selon la dernière note de l’Institut de la statistique et des études économiques (Insee), note qui sera affinée le 12 mai prochain. Et surtout des prix dans l’alimentaire qui ne sont toujours pas orientés à la baisse avec +14,9 % sur un an en avril (contre +15,9 % en mars), +10,2 % sur les produits frais et +15,8 % sur les autres produits alimentaires. Confrontés à ce « jour sans fin » où les prix, depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, ne cessent de gonfler, les Français ont de plus en plus de mal à boucler leurs fins de mois et usent de toutes les astuces pour tenter de faire baisser leur budget courses. Promotions des grandes enseignes qui rivalisent entre elles d’inventivité, points fidélités soigneusement accumulés pour alléger la fin de mois, choix des marques distributeurs moins chères que les grandes marques, etc. Mais cela ne suffit pas et certains tombent dans le vol des produi

Nouveau tournant ?

Sans doute fallait-il une grande voix de la République, celle de Robert Badinter, pour nous sortir un instant d’une actualité dominée par le conflit des retraites et nous rappeler que, si elle a parfois déserté les unes des journaux et les plateaux des chaînes d’information en continu, la guerre en Ukraine est hélas toujours là. La guerre et ses crimes. Car si à 95 ans, l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, qui a fait de l’abolition de la peine de mort en France le combat de sa vie, s’est longuement exprimé la semaine passée, c’est pour conduire son ultime combat : traduire Vladimir Poutine devant un tribunal pénal international pour crimes de guerre, comme les Nazis à Nuremberg. Des crimes que les Ukrainiens documentent méticuleusement depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022, des crimes qui sont attestés par des documents mis au jour régulièrement. Dans un livre « Vladimir Poutine, l’accusation » (Ed. Fayard), co-écrit avec Bruno Cotte et Alain Pellet, Robe