C’est un rituel qui perdure mais qui devrait progressivement disparaître. Cette année encore, 40 millions de foyers fiscaux sont appelés à déclarer leurs revenus de l’année passée ; d’autres plus chanceux bénéficient de la déclaration automatique qui évite questionnements, agacements et stress. Car remplir sa déclaration de revenus provoque encore chez beaucoup de nos compatriotes de l’angoisse : un quart des Français selon une enquête Hellosafe. La crainte d’oublier quelque chose, de se tromper de case et dans quelques mois de recevoir un redressement fiscal. Insupportable pour des Français qui, dans leur immense majorité, sont de parfaits contribuables.
Il est temps pour eux de déstresser pour plusieurs raisons. D’abord, le droit à l’erreur est désormais entré en vigueur. Le contribuable de bonne foi a la possibilité de régulariser sa situation, sans payer de pénalité, quand il a commis une inexactitude ou une omission dans sa déclaration fiscale. Ensuite, l’administration des impôts est aux côtés des contribuables et à l’heure où certains pratiquent le bashing facile des fonctionnaires, il faut saluer la disponibilité, le professionnalisme et la rapidité de réponse des agents de l’administration fiscale. Physiquement, par téléphone ou sur le site des impôts, ils répondent présents et font face au coup de feu de la période des déclarations de revenus. Une qualité de service public reconnue puisque 93 % des particuliers sont satisfaits de la qualité de l’accueil qui leur est réservé, comme l’a indiqué le ministre des Comptes publics Gabriel Attal.
Service public efficace d’un côté, contribuables civiques de l’autre : de quoi remonter le consentement à l’impôt, indispensable préalable à une vie démocratique saine pour le pays. Si ce consentement a parfois été – et est encore parfois – malmené, c’est parce que d’une part certains Français ne percevaient plus le « retour sur investissement » pour eux-mêmes des impôts qu’ils paient et d’autre part parce qu’ils ne supportaient plus – et ne supportent toujours pas, particulièrement en période d’inflation – ceux qui fraudent ou pratiquent évasion et optimisation fiscales de haut vol.
Pour répondre à la question « à quoi servent mes impôts », le gouvernement a lancé un site « En avoir pour mes impôts ». Initiative utile mais perfectible, incomplète, trop généraliste, le tout avec une petite musique qu’entonnent toujours ceux qui hurlent au poids des prélèvements mais oublient de lister tout ce à quoi ils servent…
Pour muscler le consentement à l’impôt, il faut, au-delà des explications pour savoir à quoi ils servent, mieux lutter contre les fraudeurs qui minent la confiance. « Lutter contre toutes les fraudes qu’elles soient sociales ou fiscales sera au cœur de l’action du gouvernement » a promis Emmanuel Macron le 17 avril. « Nous devons être plus efficaces sur les fraudes d’en haut et d’en bas », rajoutait Gabriel Attal. Fort bien si ce n’est que les unes sont considérablement plus élevées que les autres : entre 80 et 100 milliards d’euros de fraude fiscale estimée, entre 1,7 et 10 milliards de fraude estimée aux cotisations sociales et aux prestations sociales de la CAF. « Nos compatriotes en ont ras-le-bol de la fraude sociale », s’agaçait le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Qu’il se rassure, ils ont aussi ras-le-bol de la fraude fiscale...
(Éditorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 7 mai 2023)