Cent ans après les JO de Paris de 1924, les XXXIIIes Jeux Olympiques d’été de l’ère moderne se sont ouverts hier dans la Capitale au terme d’une cérémonie d’ouverture exceptionnelle qui est entrée dans l’histoire en en mettant plein les yeux au monde entier. Les athlètes ont défilé non pas dans un Stade olympique mais en bateau, sur la Seine, sur un parcours rythmé par une mise en scène de toute beauté mettant en valeur la France, son patrimoine, son Histoire, ses talents, avant de rejoindre le Trocadéro devant une Tour Eiffel parée des anneaux olympiques.
Nul doute que cette cérémonie réussie, émouvante, populaire, inédite, fera date en se rangeant dans la longue liste des défilés qui ont marqué les JO mais aussi l’histoire de notre pays, de la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 à celle pour le Bicentenaire de la Révolution française en 1989, en passant par la Libération de Paris dont on va bientôt célébrer les 80 ans. Cette cérémonie ponctue plusieurs années de préparation pour Tony Estanguet et ses équipes, les collectivités locales et les services de l’État. Un « pack » qui a su surmonter bien des divergences internes, bien des difficultés, bien des critiques et bien des doutes. Gageons que le lancement réussi des Jeux Olympiques de Paris, hier, aura eu raison de l’indifférence avec laquelle les Français disaient encore accueillir l’événement il y a deux jours.
Les JO ne vont bien sûr pas régler d’un coup tous les problèmes politiques, économiques et sociaux de la France – il sera temps de les retrouver après la trêve –, leur organisation s’accompagne aussi de difficultés ponctuelles réelles pour les riverains, et le principe même des JO, leur coût, leur organisation, leurs retombées économiques peuvent tout à fait être questionnés et critiqués. Mais pour peu qu’on sorte d’une vision très franco-française, volontiers ronchonne et parfois exagérément défaitiste, pour peu qu’on regarde comment le monde voit la France, on mesurera que ces Jeux de Paris – ces « JO de Monsieur Hulot » comme l’a joliment dessiné le New Yorker à sa Une – suscitent enthousiasme et admiration à l’étranger.
Si les JO sont bien sûr et d’abord une formidable compétition sportive qui puise ses racines dans la Grèce antique, ils sont aussi l’un des derniers et rares rendez-vous démocratiques où le monde entier se retrouve. Les JO sont aussi une opportunité pour le pays hôte de montrer le meilleur de lui-même. Avec sa grandiose cérémonie d’ouverture hier, la France s’est montrée brillante, ouverte sur le monde, fière, fraternelle et universelle. Et ce « soft power »-là, ce pouvoir d’influence qui peut agir sur la scène internationale vaut forcément de l’or.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 27 juillet 2024)