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Articles

Affichage des articles du septembre, 2024

Quelle école ?

  À l’été 2023, dans une interview au Point, Emmanuel Macron annonçait que « l’école est devenue un sujet régalien. C’est dans les salles de classe que se murmure la France et que s’apprennent nos valeurs ». Et le chef de l’État d’indiquer que, « compte tenu des enjeux », « l’éducation fait partie du domaine réservé du Président. » Un domaine réservé qui s’appliquait traditionnellement jusqu’alors à la défense et aux Affaires étrangères. Que le chef de l’État érige ce domaine essentiel pour le pays en priorité nationale n’était en soi pas une mauvaise idée, mais le revers de la médaille est qu’en faisant cela Emmanuel Macron a dès lors court-circuité son ministre de l’Éducation nationale – mais n’était-ce pas déjà le cas avant ? – et substitué une volonté de favoriser les initiatives du terrain, sans cesse mise en avant, à des injonctions venues de Paris. Au risque de paralyser un système éducatif déjà bien grippé. Surtout, six après son accession à l’Élysée, Emmanuel avait un peu ...

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah – ...

Ambiguïtés

    En regardant attentivement la composition du gouvernement de Michel Barnier annoncée samedi, soixante-seize jours après les élections législatives, un poste ministériel interpelle. Si le Premier ministre disposera comme ses prédécesseurs d’une ministre déléguée chargée des Relations avec le Parlement – poste capital avec une Assemblée nationale divisée comme jamais pour un gouvernement sans majorité absolue – il aura également à ses côtés une autre ministre déléguée chargée… de la Coordination gouvernementale. Cette nouveauté en dit long sur la fragilité de ce gouvernement accouché au forceps entre les macronistes et les Républicains. Missionner Marie-Claire Carrère-Gée pour mettre de l’huile dans les rouages gouvernementaux et créer du liant entre les 39 ministres souligne combien cette équipe, née de formations sanctionnées aux législatives, présente des failles et des incohérences. Difficile, en effet, de trouver plus éloignés que des marcheurs comme Agnès Pannier-Runac...

A droite toute

Lorsqu’il s’agit de commenter la vie politique française, on peut sans hésiter faire appel à François Hollande qui trouve toujours la formule qui fait mouche pour résumer une situation. Anticipant la formation du gouvernement Barnier dont les noms de plusieurs ministres fuitaient déjà, l’ancien Président expliquait samedi dans nos colonnes « On attendait un changement et on découvre une restauration. » Et de fait, le retour aux affaires de la droite, qui en était éloignée depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, s’apparente bien à une restauration, non pas de l’ancien monde qu’Emmanuel Macron voulait remplacer il y a sept ans, mais du monde d’avant-hier, celui d’une France sépia, libérale économiquement et ultraconservatrice sur le plan des mœurs. En choisissant des figures de la droite dure comme le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, des soutiens de l’ancien Premier ministre François Fillon, souvent très proches de la Manif pour Tous et de son émanation politique S...

L’urgence de s’adapter

Sécheresses à répétition, toujours plus intenses, inondations dévastatrices comme encore récemment dans la vallée d’Aspe, coulées de boues, tempêtes destructrices, phénomènes cévenols, typhon et ouragans… En France comme au bout du monde, le changement climatique n’est plus une menace lointaine, mais le quotidien de millions d’hommes et de femmes. Et ces aléas climatiques ont un coût, que nous payons tous chaque année un peu plus cher. Les primes d’assurance, en effet, s’envolent sous le poids des catastrophes naturelles qui se multiplient. Un cercle infernal qui met à rude épreuve le système assurantiel français. Les chiffres de France Assureurs donnent effectivement le vertige. En 2023, les catastrophes climatiques ont coûté 6,5 milliards d’euros aux assureurs. De 1989 à 2019, ces derniers ont indemnisé 12,9 millions de sinistres pour 74,1 milliards d’euros ! Et ce n’est que le début. Les experts estiment que la facture pourrait doubler d’ici 2050. Face à cette réalité implacable, le...

Tout réinventer

Deux ans et demi après la sortie du livre choc de Victor Castanet « Les Fossoyeurs », rien ne va plus dans les Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les Ehpad. Pendant plusieurs années des dizaines d’affaires de maltraitance et de dysfonctionnements dans des maisons de retraite ont émaillé l’actualité, parfois sanctionnées en justice, des centaines de témoignages de personnels ou de familles ont été recueillis dans la presse, et notamment dans nos colonnes, des dizaines de livres ont été publiés plus alarmants les uns que les autres, mais l’enquête au long cours de Victor Castanet début 2022, avait suscité un tel électrochoc qu’on aurait pu penser qu’une remise à plat totale du système allait s’opérer. Elle n’a pas eu lieu : les Ehpad, exsangues, sont en quête d’un nouveau modèle économique et les Français ont perdu patience et confiance. Le scandale qui a touché le groupe Orpéa a contraint celui-ci à une profonde réorganisation, mais il a aussi eu des conséque...

L'Europe au pied du mur

En décidant de fixer à 2035 la date à partir de laquelle plus aucune voiture thermique neuve ne sera vendue en Europe, l’Union européenne s’est-elle tirée une balle dans le pied ? Cette décision, prise au nom de la transition écologique et énergétique vers la voiture électrique a-t-elle précipité le secteur automobile qui, avec les États-Unis, a dominé le XX e siècle dans un océan de difficultés ? En tout cas, l’euphorie des dernières années autour de la voiture électrique semble marquer le pas. Les chiffres d’immatriculations en France pour août 2024 sonnent comme une première alerte : – 32,4 % par rapport à août de l’an dernier. Un coup de frein qui invite à s’interroger sur l’avenir de cette technologie, longtemps présentée comme la panacée pour décarboner nos transports et sur les raisons de la baisse d’intérêt des automobilistes. Voitures trop chères ? Aides trop complexes ou revues à la baisse ? Manque de bornes de recharge ? Le rapport de Mario Draghi sur la compétitivité é...

Débat Harris-Trump : tout peut arriver...

À la question de savoir si un débat télévisé dans le cadre d’une élection présidentielle peut tout changer, la réponse est évidemment oui. La preuve la plus éclatante a d’ailleurs été donnée cette année avec le débat entre Joe Biden et Donald Trump le 27 juin dernier. La prestation catastrophique du président démocrate sortant a ainsi conduit à son retrait de la course et son remplacement express par sa vice-présidente Kamala Harris. Un spectaculaire rebondissement survenu quelques jours après l’attentat dont avait été victime Donald Trump et qui laissait dire que ce dernier était quasi-élu. Grave erreur : dans cette folle campagne pour conquérir la Maison Blanche, tout semble possible et tout peut arriver à tout instant. Le débat de ce soir entre Donald Trump et Kamala Harris sera-t-il lui aussi un moment de bascule ? En tout cas cet exercice, inauguré à la télévision en 1960 par John F. Kennedy qui était opposé à Richard Nixon, et suivi tous les quatre ans par des dizaines de million...

Linky, compteur sous tension

  Il y a dix ans, Enedis lançait en grande pompe le déploiement des compteurs communicants Linky. Aujourd’hui, alors que 35,6 millions de foyers en sont équipés, le bilan est positif mais mitigé. Entre promesses pas toutes tenues, débats récurrents, histoires parfois rocambolesques d’installation et polémiques persistantes, Linky n’a toujours pas totalement convaincu. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le nombre important de commentaires que suscitent les articles et dossiers que nous avons déjà consacrés au compteur intelligent. Certes, Linky a tenu certaines de ses promesses et au premier rang de celles-ci, les interventions à distance qui ont simplifié la vie des clients et des techniciens. La détection des pannes s’est améliorée. Mais quid du suivi en temps réel de notre consommation ? Cette fonctionnalité phare, promise dès le lancement pour permettre aux Français de devenir acteurs de la sobriété énergétique, reste insuffisante. Les données des compteurs sont transmis...

Responsabilités

S’il y a bien un mot dont les responsables politiques usent – et parfois abusent – à tout bout de champ, c’est bien celui de « responsabilité », qui caractériserait forcément leur action ou dont ils appellent leurs adversaires et les Français à faire preuve en toutes circonstances. Hier, il a pourtant semblé faire défaut aux ministres démissionnaires de l’Économie Bruno Le Maire et des comptes publics Thomas Cazenave lorsqu’il s’est agi pour eux d’expliquer le nouveau dérapage des comptes publics dont le déficit pourrait s’établir à 5,6 % du PIB à la fin de l’année contre 5,1 % prévus. La première explication fournie aux parlementaires des Commissions des Finances de l’Assemblée et du Sénat – qui pressaient les ministres de leur communiquer les éléments préparatoires à l’élaboration du prochain Budget 2025 – est que le dérapage est imputable, notamment, à l’« augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités ». Ce surcroît de dépenses pourrait « dégrader les comptes 2024 d...