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Affichage des articles du avril, 2020

Effet domino

"La survie d’Airbus est en jeu si nous n’agissons pas maintenant". En une phrase, le président-directeur général d’Airbus, Guillaume Faury, a donné le ton dans un courrier adressé vendredi à ses 135 000 salariés, pour les préparer aux mois difficiles que va vivre l’avionneur européen, emporté dans les turbulences de l’épidémie du Covid-19 et qui "perd de l’argent à une vitesse folle". Car contrairement aux crises précédentes qu’il a su surmonter, celle du coronavirus, redoutable, est à triple détente. Le premier effet de la pandémie, à court terme, est sanitaire. Il a contraint Airbus à bouleverser ses chaînes de montage, ralentir sa production, et mettre en place des mesures de chômage partiel. Le second effet, à moyen terme, va être le choc du Covid-19 sur le transport aérien. En clouant au sol plus de 90 % de la flotte mondiale, le coronavirus a mis dans le rouge les compagnies aériennes ; certaines vont droit vers la faillite, celles qui survivront vont dr

Le savant et le politique

La semaine qui s’annonce constituera sans doute le tournant du quinquennat d’Emmanuel Macron. Plus encore que la crise des Gilets jaunes qui avait sérieusement bousculé les certitudes libérales du Président et de sa majorité ; plus encore que la réforme des retraites présentée comme la réforme phare de son mandat – celle sur laquelle tous les gouvernements précédents s’étaient cassé les dents et qui semble désormais d’un autre siècle – l’épidémie du Covid-19 apparaît comme un momentum inédit et historique qui a imposé au Président de penser contre lui-même. Emmanuel Macron, Président-réformateur, a d’ailleurs très tôt compris qu’il lui faudrait se muer en Président-protecteur. En annonçant aux Français le 16 mars dernier le confinement du pays pour endiguer la propagation du coronavirus meurtrier, le chef de l’Etat concédait déjà, très lucidement et de façon prémonitoire, qu’avec la pandémie "beaucoup de certitudes, de convictions, [étaient] balayées, [seraient] remises en c

Mobilisation nationale

Le plan de relance initié hier par le président de la République pour les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, du tourisme et des espaces de loisirs était très attendu par tous les professionnels. Car ceux-ci sont peut-être parmi les entrepreneurs les plus frappés par la crise du coronavirus et ils n’ont pas pour l’heure la perspective d’une réouverture rapide après la date du 11 mai, début de la phase du déconfinement. Cette date clé ne sera annoncée que fin mai, en même temps que les détails d’un plan de reprise forcément très complexe à mettre en œuvre compte tenu de la diversité des établissements et des défis sanitaires auxquels ils vont devoir faire face pour offrir à leur clientèle la sécurité, seule à même de créer la confiance. L’élargissement du fonds de soutien, l’augmentation des aides annoncées hier par l’exécutif sont évidemment une bonne chose pour éviter que ne disparaissent ces cafés, ces bars, ces restaurants, ces hôtels ou ces structures de loisirs,

Pari périlleux

En annonçant lors de sa quatrième allocution devant les Français la réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées à partir du 11 mai, Emmanuel Macron a suscité, chez les parents, les enseignants et les élus locaux, de sérieuses interrogations sur la faisabilité d’un tel projet. Une semaine plus tard, celles-ci sont loin d’être toutes levées, en dépit des premières mesures dévoilées hier par le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Deux logiques semblent avoir été à l’œuvre pour décider de la réouverture des établissements scolaires. La première – et officiellement la seule – invoquée par l’exécutif est une logique éducative. Elle consiste à dire que la réouverture des écoles était nécessaire pour empêcher le creusement des inégalités entre élèves. "Trop d’enfants, notamment dans les quartiers populaires et dans nos campagnes, sont privés d’école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents. D

Notre art de vivre

Il y a quelques mois, le monde de la gastronomie française se divisait pour savoir si les étoiles du fameux Guide Michelin étaient pertinentes, si leur attribution se faisait sur les bons critères, si elles contribuaient bien à faire connaître de jeunes chefs talentueux ou si, au contraire, elles introduisaient dans les cuisines une épuisante et insupportable pression sur les chefs étoilés et leurs brigades. Bref, derrière les fourneaux comme en salle, la France, pays de la gastronomie, se passionnait pour ce qui fait l’une de ses caractéristiques reconnues dans le monde entier et contribue à son art de vivre. Un art de vivre aujourd’hui autrement plus menacé… Depuis l’arrivée du coronavirus et la fermeture, le 14 mars au soir, de tous les bars et restaurants du pays, en prélude au confinement instauré trois jours plus tard, c’est bien tout un secteur qui est en souffrance et qui voit de sombres nuages obscurcir son avenir. Car si la phase de déconfinement démarrera bien le 11 ma

Compte à rebours

Edouard Philippe et Jérôme Salomon. Photo gouvernement.fr "La première victime d’une guerre, c’est la vérité." L’assertion de Rudyard Kipling peut-elle s’appliquer à la "guerre" contre le coronavirus qu’Emmanuel Macron avait martialement évoquée lors de son allocution du 16 mars ? En tout cas, la pandémie du Covid-19 charrie son lot de mensonges depuis son apparition. Mensonges d’abord à Wuhan, l’épicentre initial de l’épidémie, sur l’origine même du virus, sur le début de la contagion et le nombre réel de victimes. Mensonge aux Etats-Unis où l’on voit Donald Trump inciter ses propres concitoyens à braver les consignes de confinement pourtant cruciales, décidées par des gouverneurs démocrates, dans le seul but de faire "redémarrer" l’économie américaine dont il espère tirer un bénéfice électoral pour la présidentielle de novembre. Mensonge en Grande-Bretagne où Boris Johnson se vantait de continuer à serrer des mains au lieu de mettre en place un con

Éviter un été meurtrier

Jusqu’au bout ils ont voulu y croire. Jusqu’à ces derniers jours encore, les organisateurs des grands festivals qui font la renommée de la France et la joie de nos étés ont voulu croire qu’il serait encore possible de se retrouver ensemble en juillet et en août pour célébrer nos retrouvailles d’après confinement. Les espoirs ont été vite douchés par la dernière allocution d’Emmanuel Macron. "Les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, resteront fermés [après le 11 mai]. Les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain", déclarait lundi dernier le chef de l’Etat, déclenchant dès lors une série d’annulations, au pire, ou de reports, au mieux. Aix-en-Provence, Orange, Montpellier, Solidays, Hellfest, Francofolies, Avignon, etc. : autant de rendez-vous familiers qu’il faut désormais retirer de nos agendas. Pour les festivals, l’été 2020 r

"Dans ma zone"

À quoi reconnaît-on une crise majeure ? Sans doute à la propension des populations à se ruer dans les supermarchés pour faire des stocks de produits essentiels. Pâtes, riz, farine, papier toilette… chacun anticipe, à l’aube de jours difficiles, une pénurie, fut-elle fantasmée. Première guerre du Golfe, état d’urgence lors des attentats de 2015, et donc maintenant épidémie du coronavirus. La peur – légitime – de manquer pour soi et ses proches est partagée d’ailleurs par tous les pays touchés par la pandémie de Covid-19. Mais une fois les premiers jours passés, lorsque la crise s’installe dans la durée, en l’occurrence avec un confinement inédit qui touche aujourd’hui un tiers de l’humanité, ce sont nos comportements de consommateurs qui changent et toute la chaîne de l’agroalimentaire qui s’adapte. Cette épidémie historique permet ainsi de mettre au jour au moins deux choses. La première, c’est la robustesse de notre système. Des hypermarchés aux petites supérettes en passant

L’école et les inégalités

La perspective d’une réouverture lundi 11 mai prochain, même progressive, des crèches, écoles, collèges et lycées, annoncée lundi soir par Emmanuel Macron lors de sa quatrième allocution solennelle devant les Français, constitue sans nul doute une bonne nouvelle pour tous les parents contraints de faire classe à leurs enfants depuis le 16 mars dernier. Durant ces semaines confinées, la continuité pédagogique a pu être assurée aussi bien que possible par des enseignants qui ont déployé des trésors de professionnalisme et d’inventivité devant leurs classes virtuelles, et des parents qui ont dès lors mesuré combien l’école est tout sauf une garderie. Certes le 11 mai reste encore un objectif à atteindre, certes la réouverture sera progressive en fonction de la situation de l’épidémie du Covid-19, certes il reste encore beaucoup à faire pour réorganiser cette reprise, notamment en termes de sécurité sanitaire pour les personnels et les élèves, et certes, commencer le déconfinement avec

Le jour d'après

Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait sans doute été l’un des candidats qui avait le plus théorisé ce que devait être la fonction du chef de l’Etat. Après l’hyperprésidence tout en rupture de Nicolas Sarkozy et la présidence "normale" mais bavarde de François Hollande, le candidat s’était ainsi longuement référé à la théorie d’Ernst Kantorowicz sur "les deux corps du roi". Selon cet historien allemand, le roi possède un corps terrestre et mortel comme n’importe lequel d’entre nous, mais également un corps politique, immortel, dépositaire de l’âme du pays. Dans la plupart des démocraties d’Europe, ces deux corps sont séparés : d’un côté un roi, une reine ou un président sans pouvoirs et de l’autre un Premier ministre qui dirige les affaires du pays. Mais en France – cette monarchie républicaine voulue par le général de Gaulle – les deux corps sont incarnés par la même personne : le président de la République. Ainsi, Emmanuel Macron doit à la

Le tourisme à réinventer

S’il est bien un secteur d’activité qui est très durement touché par l’épidémie du coronavirus, c’est bien celui du tourisme. Déjà, dès la découverte du Covid-19 à Wuhan, en Chine, c’est tout le trafic aérien mondial qui a été perturbé puis stoppé, poussant certaines compagnies à la faillite et hypothéquant l’avenir de toutes les autres si elles ne reçoivent pas un fort soutien financier et politique. Au fur et à mesure que le virus se propageait sur la planète, ce sont ensuite les mesures de confinement adoptées par de nombreux pays qui ont placé le secteur du tourisme face à l’immense défi de voir plus de trois milliards de personnes bloquées chez elles pour plusieurs semaines. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a fait ses comptes et estime que les arrivées de touristes internationaux dans le monde en 2020 pourraient être en baisse de 20 à 30 %, alors que l’on tablait début janvier sur une croissance comprise entre 3 et 4 %. Une situation dramatique qui pourrait se traduir

Monde nouveau

On dit parfois que la forme, c’est le fond qui remonte à la surface. Il est à espérer que l’adage n’est pas tout à fait vrai car sur la forme, la communication de l’exécutif depuis le début de la crise du coronavirus est pour le moins chaotique et parfois contradictoire. Il y a eu la déclaration de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn assurant que le risque de voir ce virus qui paralysait Wuhan arriver chez nous était "pratiquement nul" ; les moqueries de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur les mesures drastiques de confinement prises par l’Italie et qui finiront par être appliquées pareillement en France ; l’explication sur l’inutilité du port généralisé du masque – qui s’est avéré un mensonge pour couvrir une pénurie imputable au précédent quinquennat – qui évolue maintenant vers un masque pour tous ; le maintien du premier tour des élections municipales invitant à la fois les Français à aller voter et à rester chez eux, etc. Si l’on ajoute à ces volte-fa

Trompe l'oeil

Effet collatéral du confinement : les chiffres de la délinquance sont en forte baisse. Coups et blessures volontaires, violences sexuelles, vols avec ou sans armes, avec ou sans violences, vols de voitures ou à l’intérieur des véhicules, escroqueries : tous les voyants semblent au vert avec des baisses d’un mois sur l’autre de – 33 % à – 51 % selon les chiffres publiés lundi par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Si on ajoute combien la fermeture des frontières pénalise le trafic de drogues et notamment celui de cannabis, on pourrait presque penser que le confinement est venu à bout de tous les maux qui minent le quotidien de milliers de Français chaque année. Mais pour spectaculaires que soient ces chiffres, il convient d’être très mesuré, au moins autant que les spécialistes du SSMSI qui estiment que l’interprétation de ces pourcentages "s’avère très complexe." Il faut en effet noter, d’abord, que les chiffres sont ceux des crimes

Il était une fois demain

Des cerfs à Nata au Japon Son nom est peu connu du grand public mais les photographies de Chris MorinEitner ont fait le tour du web à l’occasion de son projet « Il était une fois demain. » L’artiste imaginait un monde où l’Homme, pour une raison non précisée, avait déserté les villes, laissant la nature envahir monuments et avenues. Arc de triomphe dévoré par la végétation au sommet duquel un lion a fait son domaine, embouteillage de voitures recouvertes de plantes à Time square dans un New York abandonné, etc. Les photos sont saisissantes de réalisme et on repense à cette phrase d’Alfred de Vigny, « Ne me laisse jamais seul avec la Nature, car je la connais trop pour n’en pas avoir peur »… La fiction rattrapera-t-elle la réalité ? En tout cas, l’épidémie du Covid-19 qui s’étend sur la planète entière, où la moitié de l’humanité est confinée, se double de deux phénomènes. Le premier est une baisse notable de la pollution. Les mesures recueillies par les satellites montrent

Vérité

Le travail remarquable que mène depuis plusieurs années l’Observatoire du conspirationnisme, notamment avec la fondation Jean Jaurès, pour analyser décrypter et démonter toutes les théories du complot, prend cette année une tournure particulière. La pandémie mondiale du Covid-19 montre, en effet, combien ce virus, qui frappe le monde entier, s’accompagne aussi du virus de la désinformation, des manipulations qu’elles viennent d’Etats, de hackers mercenaires, de religieux obtus, et de tous ceux qui veulent sans vergogne tirer profit du malheur des uns. Jouant sur la peur légitime des populations, sur la prudence des scientifiques dont les analyses sont quelques fois contradictoires, sur les erreurs, aussi, de certains gouvernements qui font parfois de spectaculaires volte-face dans leur prise de décisions, et bien sûr sur la crédulité des foules, les tenants des complots en tout genre jubilent. Jusqu’à présent, leurs thèses complotistes étaient restées circonscrites à quelques cer

Bas les masques

Le masque deviendra-t-il le symbole de l’épidémie du Covid-19 ? En tout cas, à travers lui, se révèlent tous les aspects de la crise du coronavirus qui secoue le monde depuis fin décembre : sanitaire, politique, diplomatique, économique. La problématique des masques confirme aussi combien, lors de toute crise humanitaire d’ampleur, ressortent le pire et le meilleur de l’Homme, les comportements les plus vertueux, comme les magnifiques solidarités citoyennes envers les soignants que l’on voit dans la plupart des pays, et les pratiques les plus détestables de ceux qui veulent tirer profit du malheur des uns. Les déboires que vient de raconter Renaud Muselier, président de l’Association des Régions de France (ARF), appartiennent sans nul doute à la seconde catégorie. Alors que les régions ont été autorisées par l’Etat à importer de Chine des masques et bataillent depuis pour en trouver, M. Muselier assure qu’une commande française a vu sa cargaison entière de masques, pourtant dûmen

Solidarités

Photo ARS Occitanie Tous les soirs à 20 heures, les Français se mettent à leur fenêtre ou sortent sur leur balcon pour applaudir toujours plus fort les personnels soignants, engagés dans la « guerre » contre le coronavirus avec un courage et une abnégation qui forcent le respect. Ce soutien inconditionnel des citoyens n’a d’égal que la solidarité qui anime aujourd’hui la communauté médicale. Depuis que l’épidémie fait rage dans la région Grand Est – la plus touchée de toutes par le Covid-19 – une solidarité remarquable s’est mise en place dans le monde médical. Solidarité humaine d’abord. Élèves infirmiers, étudiants en médecine ou en pharmacie, médecins récemment partis en retraite, vétérinaires, etc. : tous répondent présents lorsqu’il s’agit de partir prêter main-forte aux personnels hospitaliers, en première ligne, mobilisés au plus près des malades, dans des services de réanimation sous tension, ou d’aider à l’organisation des dispositifs Covid dans tous les départements.