Accéder au contenu principal

Le tourisme à réinventer

vacances


S’il est bien un secteur d’activité qui est très durement touché par l’épidémie du coronavirus, c’est bien celui du tourisme. Déjà, dès la découverte du Covid-19 à Wuhan, en Chine, c’est tout le trafic aérien mondial qui a été perturbé puis stoppé, poussant certaines compagnies à la faillite et hypothéquant l’avenir de toutes les autres si elles ne reçoivent pas un fort soutien financier et politique. Au fur et à mesure que le virus se propageait sur la planète, ce sont ensuite les mesures de confinement adoptées par de nombreux pays qui ont placé le secteur du tourisme face à l’immense défi de voir plus de trois milliards de personnes bloquées chez elles pour plusieurs semaines. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a fait ses comptes et estime que les arrivées de touristes internationaux dans le monde en 2020 pourraient être en baisse de 20 à 30 %, alors que l’on tablait début janvier sur une croissance comprise entre 3 et 4 %. Une situation dramatique qui pourrait se traduire par un manque à gagner de 30 à 50 milliards de dollars dans le monde. De son côté le World Travel and Tourism Council (WTTC) annonce que 50 millions d’emplois pourraient être supprimés dans le monde.

Première destination touristique mondiale, la France, qui perdrait au moins 5 à 6 milliards dans ce secteur, est elle aussi frappée de plein fouet et les professionnels, qui ont déjà dû essuyer des annulations en série pour la période de Pâques, nourrissent les plus vives inquiétudes pour l’été à venir.

Il y a pourtant matière à espérer pour deux raisons. La première est que le secteur touristique a toujours su trouver des solutions pour répondre aux crises si dures soient-elles, et satisfaire ainsi une clientèle qui ne perd pas le goût des vacances. Si les Français ne pourront pas se déplacer autant qu’ils l’auraient voulu – certains pays comme l’Espagne envisagent de fermer leurs frontières – les professionnels vont redoubler d’effort pour séduire la clientèle nationale devenue captive. La seconde raison est évidemment la formidable richesse touristique du pays. À cet égard, l’Occitanie, entre Pyrénées et Méditerranée, dispose d’atouts incontestables aux premiers rangs desquels figurent la diversité des lieux et la qualité des infrastructures touristiques que nous pouvons (re) découvrir.

Le tourisme va cependant radicalement changer. La pandémie du Covid-19 est sans doute l’occasion de réfléchir à la régulation d’un tourisme globalisé qui a eu ses avantages – démocratisation des voyages, développement économique de nombreux pays… – et ses travers – pollution, dégradations de sites fragiles, ubérisation... Le Covid-19 constitue l’opportunité pour un nouveau tourisme, plus responsable, plus durable, respectant davantage le patrimoine naturel et culturel, et promouvant des activités plus proches de chez soi. L’avenir n’est donc peut-être pas si sombre pour peu que l’on repense ce que disait Marcel Proust "le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux."

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 11 avril 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...