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Affichage des articles du avril, 2023

Pression

« On n’a pas le choix, on s’équipe. C’est terrible. » Comme un cri du cœur, Thierry Cotillard, président du groupement « Les Mousquetaires », commentait le mois dernier la décision de son enseigne d’équiper certains produits alimentaires d’antivols. Terrible de voir, effectivement, que certains Français, écrasés par une vertigineuse hausse des prix qui dure depuis le début de la guerre en Ukraine il y a 16 mois, sont réduits à commettre des vols, non pas pour mieux manger mais pour manger tout court. Une situation qui pourrait malheureusement continuer puisqu’hier on apprenait que l’inflation a rebondi à 5,9 % sur un an en avril en France, après avoir ralenti à 5,7 % en mars. Et si la hausse des prix des produits alimentaires a en revanche été moins rapide qu’au mois de mars, puisque leurs prix ont progressé de 14,9 % sur un an après avoir tutoyé les 16 % le mois précédent, l’inflation alimentaire est devenue en 2023 le principal moteur de l’inflation, supplantant l’énergie. Et les pri

Des paroles aux actes

Deux mois avant l’été, nous voilà confrontés à de fortes températures et la poursuite de sécheresse hivernales dont l’Espagne apparaît ces derniers jours comme l’avant-poste européen, ce qui n’augure rien de bon pour juillet et août prochains. Hier encore, une étude scientifique expliquait que la sécheresse historique qui frappe la Grande Corne de l’Afrique est la conjonction inédite d’un manque de pluie et de fortes températures qui n’aurait pas pu se produire sans les conséquences des émissions humaines de gaz à effet de serre. De l’autre côté des Pyrénées, le thermomètre dépasse allègrement les 30, 35, 37 °C, notamment dans la vallée du fleuve Guadalquivir, en Andalousie. Une catastrophe pour le secteur agricole espagnol qui a déjà anticipé une réduction de 60 % de la culture céréalière, voire une « production zéro » dans certaines zones pour certains fruits et légumes. Rapport après rapport – et notamment ceux du Giec – étude après étude, observations satellites ou au sol, la réali

Un pari à confirmer

De tous les sondages qui ont été publiés ces dernières semaines, notamment depuis l’adoption sans vote de la réforme des retraites, et qui le placent dans les abîmes d’une impopularité historique, Emmanuel Macron peut retirer au moins un motif de satisfaction, donné par BVA : 60 % des Français estiment que le président de la République « a des convictions profondes », seule qualité en hausse dans le questionnaire. Et l’une de ses convictions, chevillée au corps depuis 2017, est que la France peut revenir au plein emploi, cet eldorado qui fleure bon les Trente glorieuses, et qui ne signifie pas la fin du chômage mais l’existence d’un « chômage frictionnel incompressible », soit un taux inférieur à 5 %. À 7,2 % en France au 4e trimestre 2022 et (8,6 % en Occitanie), le pays, incontestablement, est sur la bonne voie : le taux de chômage était de 10,5 % au 2e trimestre 2015 avant d’entamer sa baisse, à peine contrariée par l’épidémie de Covid-19. Dès lors, on parle moins aujourd’hui de la

Casseroles

Les casseroles qui accompagnent désormais chaque déplacement ministériel ou présidentiel – à condition que ces « dispositifs sonores portatifs » ne soient pas interdits par un préfet trop zélé – ne sont pas seulement le moyen pour les manifestants opposés à la réforme des retraites de se faire entendre par l’exécutif, même si ces charivaris s’inscrivent dans l’Histoire pour cela depuis la monarchie de juillet en 1830. Non, ces casseroles vides qui tintinnabulent aux oreilles d’Emmanuel Macron lui rappellent que derrière la réforme des retraites, le sujet de l’inflation et de la spectaculaire hausse des prix dans l’alimentaire est toujours là. Car si l’Insee a calculé qu’au mois le mars l’inflation avait progressé de +5,7 %, elle a bondi de +15,9 % en 12 mois sur l’alimentaire avec des hausses de +16,5 % sur la viande. Et ce n’est pas fini puisque certains, comme le PDG de Système U, prévoient une hausse comprise entre 23 et 25 % sur l’alimentaire (mais aussi la droguerie, la parfumerie

"France retraites"

Convaincu qu’il peut tourner la page de la réforme des retraites dont il a promulgué la loi vendredi, Emmanuel Macron s’est fixé, lors de son allocution lundi soir, cent jours pour relancer son quinquennat autour de trois vastes chantiers dont celui du travail. Le président de la République envisage notamment de créer France Travail, une nouvelle entité qui devrait remplacer Pôle emploi à partir de 2024 et améliorer la formation, l’insertion professionnelle et la recherche d’emploi. Mais avant cela peut-être faudra-t-il créer France retraites, car la mise en œuvre de la nouvelle réforme des retraites et son report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans donnent déjà des sueurs froides tant aux services administratifs chargés de calibrer un système à la complexité folle qu’aux Français. La course contre la montre est, en effet, engagée pour respecter le délai inscrit dans le texte de loi, à savoir le 1er septembre. Une date qui paraît de plus en plus difficile à tenir compte tenu des ét

Deux visions

L’ours des Pyrénées pourrait-il un jour disparaître ? Cette question pourrait paraître incongrue puisque depuis le lâcher de l’ourse slovène Ziva, le 19 mai 1996 sur la commune de Melles, en Haute-Garonne, la réintroduction du plantigrade dans le massif a rempli ses objectifs. Actuellement on compte, en effet, quelque 76 ours entre Pyrénées occidentales et centrales selon le dernier rapport de l’Office français de la biodiversité (OFB) ; un nombre en hausse par rapport à 2021 (74) et 2020 (64) qui montre une dynamique démographique positive. Mais cette population souffre d’un mal identifié depuis plusieurs années : la consanguinité. Le célèbre ours Pyros, introduit en 1997, a longtemps été le père de tous les oursons jusqu’à sa disparition en 2017. Une situation qui a augmenté le taux de consanguinité qui, selon les spécialistes aujourd’hui, a doublé quinze ans. Conséquence pour la population de plantigrades: des risques concernant la baisse de la fertilité et une fragilité accrue face

Cauchemar bleu

L’or bleu va-t-il virer au cauchemar bleu ? En tout cas en moins de quinze jours, plusieurs événements viennent rappeler combien la ressource en eau est fragile, et combien les activités humaines sont en très grande partie responsables de sa dégradation. Guerre autour des usages de l’eau, pollution de l’eau potable, nappes phréatiques historiquement basses : trois fléaux qui mettent en danger notre accès à l’eau, trois périls qui ne sont plus réservés comme autrefois aux pays lointains mais qui, année après année, deviennent un réel problème chez nous. La guerre des usages, d’abord, s’est illustrée avec la polémique des mégabassines et notamment celle de Sainte-Soline où se sont déroulés des affrontements entre des manifestants radicaux et les forces de l’ordre. Si cette bataille rangée avec cocktail molotov et grenades lancées depuis des quads, qui s’est soldée par des dizaines de blessés de part et d’autre, a donné lieu à des images spectaculaires et une polémique politique, elle a o

Apprendre à anticiper

Une femme morte en Chine cette semaine de la grippe aviaire H3N8, un virus en circulation depuis 2002 qui n’avait fait jusqu’à présent aucune victime connue chez l’homme. Voilà un décès qui nous interpelle et nous inquiète car il nous rappelle les débuts de l’épidémie de Covid-19 en Chine fin 2019 sur un marché de Wuhan. Si l’origine du SARS-Cov2 prête toujours à discussions, l’hypothèse la plus probable reste bien une contamination animale qui finit par infecter l’Homme. Et ce sont aujourd’hui ces zoonoses qui inquiètent car elles pourraient se multiplier puisque les scientifiques estiment entre 500 000 et 800 000 le nombre de virus d’origine animale qui pourraient toucher l’Homme. Et que dire de ces scientifiques qui sont parvenus à ramener à la vie des « virus zombies » vieux de 48 500 ans jusqu’à présent enfermés dans le sol gelé de Sibérie mais libérables au fur et à mesure que le pergélisol fond en raison du réchauffement climatique… D’évidence, l’humanité doit se préparer à fair

Clarté et respect

En tirant ce mois-ci le signal d’alarme sur la hausse inédite des démissions d’élus municipaux - 238 maires, 773 adjoints et 2 976 conseillers - depuis les dernières élections de 2020, David Lisnard, le président de l’Association des maires de France (AMF), soulève un problème qui n’a cessé de s’accroître ces dernières années. Les maires, dont les sondages nous disent régulièrement qu’ils sont les élus préférés des Français, sont, en effet, confrontés à des difficultés aussi nombreuses que diverses : baisse des dotations d’État et bouleversement de l’arrêt de la taxe d’habitation, multiplication des normes et règlements, notamment concernant l’urbanisme, judiciarisation croissante de leur action, difficultés des relations avec l’État voire au sein des intercommunalités, décentralisation imparfaite mais aussi polarisation de la vie politique, consumérisme des administrés, abstention chronique et incivilités croissantes. À ce tableau se sont ajoutées la crise sanitaire du Covid-19 et mai

Droit au très haut débit

Tous les Français auront-ils un accès à l’internet haut débit en 2025 ? À deux ans de l’échéance, une réponse positive à cette question semble pour l’heure bien hasardeuse. La promesse du plan France Très Haut Débit, lancé par François Hollande en février 2013, visait à couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit en 2022. Une date repoussée ensuite à 2025 voire 2030 pour certaines régions. Des délais rallongés qui s’expliquent par la complexité et l’immensité du chantier où interviennent de multiples acteurs : État, opérateurs, collectivités qui elles-mêmes ont parfois investi dans des réseaux locaux. Pour atteindre ces ambitieux objectifs de couverture, le secteur a parfois confondu vitesse et précipitation, au détriment des usagers finaux. Les témoignages comme ceux que nous avons recueillis sont toujours nombreux : sous-traitants qui réalisent mal les raccordements, frais supplémentaires pour les consommateurs, pressions des opérateurs pour « vendre » la fibre qui confine

Redresser la barre

Des Français contraints d’attendre jusqu’à trois mois pour obtenir ou renouveler leur passeport ou leur carte nationale d’identité, d’autres effectuant des centaines de kilomètres pour espérer décrocher un rendez-vous dans une autre mairie très éloignée de leur domicile, des mairies insuffisamment équipées en matériel, notamment de collecte biométrique, et noyées sous un flot de demandes… La délivrance des titres d’identité en France subit de multiples dysfonctionnements indignes d’un grand pays comme le nôtre, surtout si on compare nos délais moyens avec ceux en vigueur chez nos voisins comme l’Espagne. Le gouvernement invoque les effets de la pandémie de Covid-19 qui avait mis un coup d’arrêt aux procédures. En mai dernier, il avait lancé un plan d’urgence pour essayer d’absorber les demandes. L’augmentation du nombre de dispositifs permettant de recueillir des demandes de titres (+15 %), l’incitation des Français à faire une pré-demande en ligne pour faciliter le travail des agents