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Articles

Affichage des articles du novembre, 2020

Déni de réalité

  En jugeant illégale l’interdiction par la France de la commercialisation du cannabidiol (CBD) – soulignant que cette molécule présente dans le chanvre n’a "pas d’effet psychotrope ni d’effet nocif sur la santé humaine", qu’elle n’est donc pas un stupéfiant pour résumer – la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) va-t-elle enfin débloquer le débat autour du CBD en particulier et du cannabis en général dans notre pays qui s’entête dans ce qu’il faut bien appeler un déni de réalité ? Car en l’occurrence, dès qu’on parle de cannabis, tout se mélange et tout se crispe. Pas une année, en effet, où le cannabis ne revienne sur le devant de la scène. Pas un semestre où ne s’affrontent les partisans de la dépénalisation ou ceux de la répression, à l’instar du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, promoteur de l’amende forfaitaire pour les consommateurs de cannabis, entrée en vigueur depuis le 1er septembre dernier sans que son efficacité n’ait depuis été démontrée. Pas une a

Savoir anticiper

  Alors que la France a entamé hier la première étape de son déconfinement progressif avec la réouverture des commerces, et que le pic de la deuxième vague a été franchi grâce aux efforts de tous, la perspective d’une troisième vague de l’épidémie de Covid-19 qui arriverait à la fin de l’hiver entache notre soulagement de cette fin d’année. Cette « impression d’un jour sans fin » – pour reprendre l’expression qu’Emmanuel Macron avait prononcée le 28 octobre lors de l’annonce du deuxième confinement – nous assaille à nouveau, d’autant plus que plusieurs pays dans le monde font déjà face à une troisième vague… La probabilité que celle-ci déferle en Europe est dès lors forte. Elle avait – comme la deuxième vague d’ailleurs – été largement prévue par les scientifiques qui, au mois de mai, ont modélisé différents scénarios. Seule inconnue : quelle pourrait être l’intensité de cette vague, et sera-t-elle cette fois la dernière ? Face à ce défi qui est devant nous, il convient de ne pas céder

Question d’égalité

  Vous avez "un accent chantant", "rocailleux", "de troisième mi-temps de rugby", "à couper au couteau" ou "incompréhensible", etc. Tous les Français qui parlent avec un accent ont eu à subir un jour ou l’autre ce type de remarques. Certaines partent évidemment d’une bonne intention et sont dites sur le ton du compliment, mais d’autres sont bel et bien des moqueries lancées avec le mépris et la condescendance de ceux qui estiment bien parler le "vrai" français. Et quand ces appréciations barrent la route à un emploi ou imposent à celui qui a un accent de le gommer ou de l’oublier, on est clairement dans le cadre d’une discrimination. "L’une des dernières (micro) agressions racistes socialement admises" selon le député héraultais Christophe Euzet dont la proposition de loi "visant à promouvoir la France des accents" et donc à lutter contre leur discrimination – la glottophobie – est examinée aujourd’hui à l’

Les batailles du Président

  En prenant à nouveau la parole pour une allocution solennelle devant les Français, Emmanuel Macron est monté au front hier avec un triple objectif : apporter de la clarté, de la cohérence, et fixer un cap pour les semaines et mois à venir. Autrement dit, trois choses qui ont semblé manquer à l’exécutif ces dernières semaines, secoué qu’il a été par des polémiques à répétition – sur les librairies ou Amazon en particulier – que le Premier ministre a rarement été en mesure de contrecarrer. En montant hier en première ligne pour esquisser les perspectives de ce deuxième confinement, Emmanuel Macron entendait donc reprendre la main et le contrôle de la situation avec une règle d’airain : ne surtout pas refaire les mêmes erreurs qu’il y a six mois. Pas question ainsi de prononcer le terme « déconfinement », propice à tous les relâchements dans les comportements qui nous mèneraient à une 3e vague redoutée – et même annoncée par l’OMS… Hier, il s’agissait d’alléger les mesures contraignante

Des raisons d’espérer

  De la neige qui se fait de plus en plus rare à basse altitude en raison du réchauffement climatique, une épidémie de coronavirus qui met en péril une fréquentation parfois fragile ces dernières années en ajoutant une crainte sanitaire de contamination, et un deuxième confinement qui – pour l’heure – ne permet pas de dire si une ouverture à Noël sera possible : la saison 2020-2021 pourrait s’annoncer comme l’annus horribilis pour les 350 stations de ski françaises. Des stations qui, malgré tout, avec la détermination et la volonté des gens de montagne, veulent trouver des raisons d’espérer. Pour sauver la saison, les stations ont d’ores et déjà mis sur pied un protocole sanitaire strict. Concocté par l’association France Montagne, qui regroupe les principaux acteurs du tourisme de montagne, il permettra de gérer le masque et les gestes barrière. La numérisation des billetteries et des pass s’est aussi accélérée. Et pour encourager les réservations, les offices du tourisme ont passé de

Art de vivre en péril

  Prendre un expresso au comptoir d’un café de quartier pour bien commencer la journée, se retrouver pour un déjeuner de travail dans une brasserie, célébrer des retrouvailles entre copains dans un bar à vin à l’heure de l’apéritif, dîner en amoureux dans un petit restaurant de charme tout juste ouvert : s’il est bien quelque chose de notre vie sociale que l’épidémie de coronavirus et les confinements censés freiner sa progression, nous a ôté, ce sont bien tous ces petits moments qui rythmaient la vie de millions de Français, toutes générations confondues. Des petits moments auxquels on ne faisait presque plus attention tant ils étaient ancrés banalement dans notre quotidien. Des petits moments qui, aujourd’hui, nous manquent terriblement et qui nous font toucher du doigt, très concrètement, combien ils participent profondément de notre mode de vie, de cet art de vivre à la française, qui combine savamment gastronomie et convivialité. Retrouverons-nous bientôt ces petits moments ? Et s

Les défis du vaccin

  L’arrivée tant espérée d’un vaccin contre la Covid-19 se concrétise enfin, moins d’un an après les débuts de la pandémie de Covid-19, un exploit car il faut habituellement plusieurs années pour arriver à de tels résultats. Ces derniers jours, les annonces de laboratoires américains, allemands et russes ont ainsi redonné un peu d’optimisme dans beaucoup de pays confrontés à une sévère deuxième vague. Mais cette bonne nouvelle débouche sur d’immenses défis, sanitaires, politiques et sociétaux. Défi sanitaire d’abord car il reste encore des étapes avant la mise sur le marché de ces vaccins. Une fois les autorisations obtenues, c’est une logistique complexe qui doit se mettre en place pour produire, conditionner, acheminer des centaines de millions de doses dans le monde. Un calendrier de vaccination doit également être établi pour savoir qui doit être prioritaire : personnes à risques, soignants, salariés de la "première ligne" ? La question des effets secondaires est égalemen

Défiances

  Sans tambour ni trompettes, la téléphonie mobile 5G va être officiellement lancée d’ici la fin de semaine. Un lancement très progressif qui prendra plusieurs mois, le temps d’installer ou mettre à jour les antennes, de déployer les offres commerciales pour les particuliers et les entreprises et de commencer à découvrir la richesse des usages que permettent des débits impressionnants de vitesse qui seront utiles pour l’industrie, les transports, la santé, etc. Si la 5G est lancée en catimini, ce n’est pas seulement parce que les mesures sanitaires du confinement fixent d’autres priorités, c’est aussi parce que le dossier 5G est – comme celui du compteur Linky – miné par des polémiques sans fin et une défiance généralisée. Défiance en premier lieu d’une partie la population à l’égard de cette nouvelle technologie, et d’élus locaux sur la nocivité pour la santé humaine des ondes électromagnétiques émises. Invoquant le principe de précaution, plusieurs maires écologistes et de gauche réc

L’horreur et la dignité

  L’une des affaires criminelles qui ont le plus passionné et bouleversé les Français ces dernières années est appelée aujourd’hui à la barre de la cour d’assises de Vesoul : l’affaire Daval, du nom d’Alexia Daval, cette jeune femme de 29 ans dont le corps avait été retrouvé calciné le 30 octobre 2017 à Gray, en Haute-Saône. Si les Français se sont à ce point intéressés à cette affaire, c’est d’abord parce qu’ils se sont reconnus dans la jeune conseillère bancaire, qui, comme des milliers de femmes, s’adonnait simplement et paisiblement à sa passion du jogging avant de croiser l’horreur. Le retentissement de son meurtre s’explique aussi par la cruauté hors norme qu’il recelait mais également parce que chaque Français a sincèrement partagé le chagrin incommensurable des proches : celui des parents de la jeune femme, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, et celui de son mari Jonathann. Ravagé par le chagrin lors de la marche blanche ou de la conférence de presse et toujours soutenu par ses b

Du côté de chez Joe

  Est-ce bien raisonnable de penser à l’élection présidentielle de 2022 dix-sept mois avant le premier tour de scrutin ? En pleine crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19 dont nous affrontons une rude deuxième vague ; aux prémices d’une crise socio-économique majeure, sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui va laisser des centaines d’entreprises et de salariés sur le carreau ; face, enfin, à une menace terroriste qui n’a jamais été aussi forte et difficilement saisissable, peut-on déjà s’engager dans la course à l’Elysée ? Si les Français ont d’autres préoccupations en tête ou affichent déjà clairement leur volonté de s’abstenir, les candidats, déclarés ou putatifs, se bousculent dans chaque camp. À leur décharge, force est de constater que depuis l’instauration du quinquennat et d’élections législatives organisées dans la foulée de la présidentielle, tout procède et découle de l’élection suprême. Si l’on ajoute à ce calendrier resserré l’accélération de

Success story

Première région européenne pour l’aviation civile, première pour le vin, deuxième pour l’agriculture : les classements dans lesquels l’Occitanie brille sont connus. On peut désormais ajouter une nouvelle corde à son arc des compétences : celui des tournages pour le cinéma ou la télévision. Certes, la région, lorsqu’elle était scindée en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, a toujours su attirer acteurs et réalisateurs. Du Vieux fusil de Robert Enrico tourné en Tarn-et-Garonne au Bonheur est dans le pré d’Etienne Chatiliez dans le Gers, de Pépé le Moko de Julien Duvivier tourné à Sète au Miraculé de Jean-Pierre Mocky réalisé à Lourdes, sans oublier Ma saison préférée d’André Téchiné ou Farrebique et Biquefarre de Georges Rouquier en Aveyron, ce ne sont pas les films qui manquent au palmarès de la région. Mais ces dernières années, l’on assiste à un véritable décollage : les jours de tournage sont passés de 465 en 2015 à 2 227 en 2019 ! Les paysages si variés d’Occitanie, entre mer et

Un espoir pour l'humanité

  Alors que le monde affronte la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, alors que de nombreux pays, dont la France, ont été contraints de se reconfiner pour freiner la circulation du coronavirus, alors que les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire se font de plus en plus ressentir sur les populations et les commerces, une bonne nouvelle est survenue hier, comme une petite lumière éclairant les ténèbres. Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé que son candidat-vaccin était efficace « à 90 % » contre le Covid-19. Certes il s’agit de rester prudent, on est encore loin de la commercialisation d’un vaccin à grande échelle, mais cette annonce redonne espoir et apporte aussi un certain nombre d’enseignements pour l’humanité qui connaît depuis bientôt un an l’une des pandémies les plus violentes de l’ère moderne. En premier lieu, il faut saluer l’exploit de voir un tel résultat arriver si vite, en quelques mois seulement, là où il faut habituellement des années. F

Ne rien céder

  L’attaque de journalistes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, rue Nicolas Appert à Paris, la décapitation du professeur Samuel Paty à Conflans-Saint-Honorine, l’assassinat de fidèles à la basilique Notre-Dame de Nice. Trois attaques terribles en quelques semaines qui ont bouleversé et endeuillé la France. Trois points communs aussi : des attentats perpétrés par des terroristes jeunes, quasi-inconnus des services de police et de renseignements, et usant de simples couteaux ou d’armes à feu classiques. Si les enquêtes et la justice devront déterminer les cheminements de ces terroristes, ces trois affaires montrent toute la difficulté de la lutte antiterroriste. On n’est plus dans des attaques complexes, planifiées de longue date, avec de multiples acteurs et une foule de complices, comme celles de Charlie Hebdo ou du Bataclan. Aujourd’hui, la France – comme nombre de pays européens – doit faire face à ce terrorisme " low cost" que Daech a toujours su encourager. L’Éta

Le président normal

  « Make America normal again. » Rendre l’Amérique normale à nouveau. Tel était le slogan affiché durant la campagne sur les casquettes et les pancartes des partisans de Joe Biden, parodiant là le slogan de 2016 de Donald Trump, « Make America great again ». Une Amérique normale, c’est bien l’ambition que porte Joe Biden, désormais élu 46e président des Etats-Unis, au terme d’un incroyable sprint final qui a donné des sueurs froides au camp démocrate. Une Amérique normale avec un président normal, pourrions-nous ajouter. Car après quatre années de présidence Trump, de bruit et de fureur, de tweets rageurs en majuscules et de décisions politiques erratiques rythmées par les insultes, les fake news et les revirements, l’Amérique va retrouver avec Joe Biden un fonctionnement plus conforme à ce qu’on attend d’elle : le respect de l’Etat de droit, d’abord, et des règles démocratiques posées il y a presque deux siècles et demi par les pères fondateurs des Etats-Unis, le respect des adversair

Devoir d'humanité

Opération Triron en 2015 - Photo Irish Defence Forces   Qu’ils viennent du Moyen-Orient ou d’Asie avec la ferme intention de tout faire pour traverser la Manche et rejoindre l’Angleterre qu’ils pensent être un eldorado, ou qu’ils viennent d’Afrique subsaharienne et notamment de Guinée avec le rêve de rester en France, les mineurs qui fuient la guerre ou la misère constituent peut-être le chapitre le plus douloureux et le plus dramatique du dossier des migrants sur lequel l’Union européenne – et donc la France – ne parvient pas à apporter une réponse à la fois coordonnée, juste et conforme aux valeurs de l’Europe. Ces enfants et adolescents qui prennent seuls la route de l’exil vers l’Europe sont évidement particulièrement vulnérables. Une étude récente de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a montré qu’une écrasante majorité d’entre eux a été victime de violences sur la route de la Méditerranée centrale ; le verrouillage des frontières les poussant par ailleurs à e

Un combat pour la liberté

  Photo Pierre Challier* Nos valeurs républicaines, la liberté d’expression et de pensée face aux dogmes religieux et à tous les obscurantismes, notre façon de vivre, de nous divertir : voilà tout ce que détestent les terroristes qui ciblent la France et l’Europe, et voilà tout ce que nous défendons sans rien céder. Si ce combat contre le terrorisme islamiste s’exprime partout en France, il doit aussi être mené hors de nos frontières, au loin, là où sont conçus les attentats et entraînés ceux qui veulent les perpétrer sur notre sol. Depuis 2013, dans cette immense zone sahélo-saharienne, nos soldats tentent d’éradiquer le poison jihadiste qui infuse dans des populations souvent désespérées et qui impulse là-bas les attentats qui se commettent ici, en France comme en Europe. Ce combat-là pour briser les cellules jihadistes d’Al Qaïda, de BokoHaram ou d’autres entités franchises de Daech qui constituent les bases arrière des terroristes est un combat de longue haleine, un combat dangereu

Menace sur la démocratie

« Ne sous-estimez jamais un homme qui se surestime », disait Roosevelt. Au vu des résultats – partiels – de l’élection présidentielle américaine qui s’est déroulée mardi et qui est loin d’être terminée, on mesure combien le lointain prédécesseur de l’imprévisible Donald Trump avait raison. Car le scénario qui est en train de s’écrire pour les Etats-Unis est le pire de ceux qui avaient été imaginés : un chaos électoral qui pourrait menacer la démocratie elle-même. En premier lieu, il convient de remarquer la robustesse de Donald Trump, le Président sortant ayant déjoué tous les pronostics. Joe Biden devait devancer de 9 points son rival selon les instituts de sondage ? Les scores entre les deux candidats sont beaucoup plus resserrés que prévu et les sondeurs se retrouvent dans la même délicate position qu’en 2016, quand ils donnaient Hillary Clinton largement gagnante. Les Etats-clés – les fameux swing states – devaient revenir pour l’essentiel dans le camp démocrate ? Rien n’est moins

Tournant

  L’élection présidentielle américaine qui se déroule aujourd’hui débouchera-t-elle sur la nuit la plus longue eu égard au délicat comptage des voix, notamment celles reçues par correspondance, qui nécessitera peut-être plusieurs jours durant lesquels tout peut se passer, et notamment des heurts ? En tout cas, le pays retient son souffle pour cette élection historique qui offre deux perspectives radicalement différentes, deux choix de société diamétralement opposés et vraisemblablement un moment de bascule pour le pays mais aussi pour le monde. Soit le président républicain sortant Donald Trump, aujourd’hui largement distancé dans les sondages, créé, comme en 2016, une énorme surprise, et les Etats-Unis vont s’enfoncer pendant quatre années de plus – cette fois sans le frein que pouvait constituer pour lui sa réélection – dans une politique ultraconservatrice, protectionniste, hostile au multilatéralisme, où les faits comptent moins que des opinions, où les adversaires sont vus comme d