Alors que le monde affronte la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, alors que de nombreux pays, dont la France, ont été contraints de se reconfiner pour freiner la circulation du coronavirus, alors que les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire se font de plus en plus ressentir sur les populations et les commerces, une bonne nouvelle est survenue hier, comme une petite lumière éclairant les ténèbres. Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé que son candidat-vaccin était efficace « à 90 % » contre le Covid-19. Certes il s’agit de rester prudent, on est encore loin de la commercialisation d’un vaccin à grande échelle, mais cette annonce redonne espoir et apporte aussi un certain nombre d’enseignements pour l’humanité qui connaît depuis bientôt un an l’une des pandémies les plus violentes de l’ère moderne.
En premier lieu, il faut saluer l’exploit de voir un tel résultat arriver si vite, en quelques mois seulement, là où il faut habituellement des années. Face au coronavirus, une collaboration mondiale s’est très tôt mise en place. Loin des velléités diplomatiques, géopolitiques ou économiques – elles existent évidemment, trouver le vaccin le premier est un enjeu pour plusieurs pays – les scientifiques du monde entier ont partagé leurs données, leurs connaissances, montrant, s’il en était besoin, que c’est bien la coopération internationale, l’alliance de tous les pays, le multilatéralisme qu’ont en horreur les populistes, qui permettent de faire avancer la recherche. Le hasard aura voulu que l’annonce de Pfizer tombe le jour où le nouveau président américain Joe Biden crée une cellule nationale anti-Covid aux Etats-Unis et affiche sa foi en la science, là où Donald Trump a fait tout l’inverse. La science compte, les faits comptent.
Second enseignement sur le profil de ceux qui ont réalisé cet exploit : les laboratoires Pfizer se sont associés à la jeune start-up allemande BioNTech, fondée en 2008 par des cliniciens et des scientifiques qui travaillent sur des médicaments personnalisés faisant appel à la technique de l’ARNm. La course mondiale au vaccin contre le Covid-19 a mis en selle de telles collaborations entre des mastodontes du médicament et de jeunes biotech très agiles. Cette façon de travailler paraît très prometteuse.
Cet espoir d’un vaccin pour Noël appelle aussi deux défis pour l’humanité : surmonter la défiance des anti-vaccins, dont le nombre croît partout et notamment en France, et surtout faire en sorte que ce vaccin soit disponible rapidement et équitablement pour tous.
Face à une pandémie mondiale, un vaccin devrait-il être un bien commun universel plutôt qu’un brevet rémunérateur ? Sans doute, à condition de trouver les mécanismes pour financer la recherche et rétribuer ceux qui trouvent. La France est sur cette position et porte l’idée d’un « bien public mondial », fidèle à l’idée de Louis Pasteur, selon qui « la science n’a pas de patrie ».
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 10 novembre 2020)