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Articles

Affichage des articles du novembre, 2025

Marqués à vie

  C’était il y a dix ans, c’était hier. Comme pour les attentats contre le World Trade Center à New York le 11 septembre 2001, tous les Français se souviennent de ce qu’ils faisaient dans la soirée du 13 novembre 2015. Déjà éprouvés par l’attaque terroriste contre la rédaction de Charlie Hebdo, celles de l’Hyper Cacher et de Montrouge en janvier, les Français se sont retrouvés précipités face à une inimaginable nuit d’horreur, celle des pires attentats que le pays ait jamais connus. Chacun garde en mémoire des images chocs, le ballet d’ambulances devant les terrasses parisiennes aux noms joyeux – Le Carillon, Le Petit Cambodge, La Belle équipe… – qui se retrouvaient ensanglantées et endeuillées ; les dizaines de blessés hagards et en pleurs, enveloppés dans leurs couvertures de survie dorées ; la mobilisation policière et militaire ; les mines graves de François Hollande, Anne Hidalgo, Manuel Valls ou François Molins, ce procureur-courage dont le visage et la voix rassureront plus ...

Les échecs, quel succès !

  Il y a dans les échecs quelque chose qui fascine ceux qui y jouent comme ceux qui n’y jouent pas, qui résiste au temps, aux modes ou aux ruptures technologiques. Un plateau de 64 cases noires et blanches, des pièces sculptées, cavalier, dame, tour, fou et l’humanité entière qui y projette depuis quinze siècles ses rêves de maîtrise, de stratégie, de victoire et, parfois, d’abîme. Alors que d’autres jeux disparaissent, se transforment ou se font absorber par le numérique, les échecs, eux, prospèrent. En France, la Fédération a franchi le cap des 81 500 licenciés en 2025, contre 50 000 cinq ans plus tôt ! Une spectaculaire progression de 60 % portée surtout par les enfants, les adolescents et les lycéens avec le dispositif Class’Echecs. Aux vieilles tables de bois et aux cafés enfumés du XIX e  siècle se sont ainsi ajoutés les salles d’école, les tournois scolaires et aussi les plateformes en ligne. L’influence de la série « Le Jeu de la Dame » su...

Ouvrir les yeux

  Le procès dit de la "maison de l’horreur" qui s’ouvre aujourd’hui à Auch suscite évidemment l’effroi. L’affaire, révélée par La Dépêche en avril 2022, est hors norme. Il y a trois ans, nous découvrions que dans une vaste bâtisse située près de l’aérodrome de Nogaro, l’impensable s’était produit : un système d’emprise totale dans lequel étaient enfermés quatre femmes et 28 enfants vivant sous l’autorité d’un homme décrit comme violent et manipulateur, utilisant une lecture rigoriste de l’islam comme outil de contrôle. Les enfants, soumis à des brimades et à la pauvreté affective, ne sortaient presque que pour l’école. L’une des femmes avait dénoncé des faits de viols, violences volontaires et séquestration. L’homme doit répondre de 22 chefs d’accusation dont viols sur mineurs, actes de torture et de barbarie, ainsi que pour violences sur l’ensemble des victimes. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité devant la cour d’assises du Gers, qui va s’efforcer de déterminer ...

Le jetable et le durable

    L’arrivée controversée du géant chinois Shein en France, au cœur du mythique Bazar de l’Hôtel de Ville de Paris, concentre à lui seul tous les symboles et les travers de notre époque. Shein est, d’abord, le symbole de l’ultra fast fashion, cette mode jetable aux produits de piètre qualité, capable d’ajouter chaque jour 4 000 à 6 000 références à son inventaire pour inonder le marché mondial. Pour parvenir à fournir ces t-shirts à 1 € ou ces vestes à 10 €, elle ne s’encombre évidemment pas des conditions de travail et de vie des ouvriers qui les fabriquent. Travaillant dans des méga-usines sans répit, 12 heures par jour, avec un seul jour de congé par mois, payés à la pièce, ces hommes, et surtout ces femmes et parfois ces enfants, sont quasi-esclavagisés, comme l’a montré l’eurodéputé Raphaël Glucksmann en alertant sur la situation des Ouïghours. Les ONG ont aussi raison de refuser de distinguer l’ultra-fast fashion type Shein de la fast ...

Des prix et des défis

  L’hiver approche et les Français s’inquiètent d’une hausse des prix de l’électricité. En France, la fin du dispositif de l’ARENH — qui garantissait un tarif régulé pour les fournisseurs alternatifs — et la situation géopolitique internationale laissent planer une ombre sur les factures des ménages et des entreprises. Mais derrière cette préoccupation à court terme, une question plus vaste s’impose : notre système électrique, conçu pour un monde d’usages stables peut-il encore suivre le rythme d’une économie numérique, décarbonée et désormais… dopée à l’intelligence artificielle ? Le réseau français, longtemps modèle de fiabilité, doit aujourd’hui affronter une double tension. D’un côté, la montée en puissance des énergies renouvelables rend la production plus intermittente ; de l’autre, la demande s’emballe tirée par de nouveaux usages (voitures électriques, numériques). Les appels à la modernisation deviennent dès lors pressants : stockage massif, pilotage in...