Accéder au contenu principal

Priorité numéro 1

courses

Où est passé le pouvoir d’achat ? Il y a encore quelques mois il occupait le devant de la scène médiatique, les représentants de la classe politique promettaient de se battre pour lui à chacune de leurs interventions. Mais depuis que l’inflation s’est assagie, le sujet semble moins prégnant que les chicayas parlementaires et les complexes débats à l’Assemblée nationale sur le Budget de l’État et celui de la Sécurité sociale.

Il est vrai que le pic de l’inflation est désormais passé. Selon l’indice des prix à la consommation pour octobre 2025, publié la semaine dernière par l’Insee, les prix ont augmenté de 0,1 % sur un mois et de 0,9 % sur un an. Une très légère hausse qui s’explique d’abord par un rebond des prix des services et des produits manufacturés (+0,2 % après +0,4 %). Mais côté alimentation, les prix baissent de nouveau (-0,2 % comme en septembre), comme ceux de l’énergie (-0,4 % après une stabilité). Sur un an, les prix de l’alimentation ont augmenté de 1,3 %, ceux de l’énergie baissé de – 5,6 %.

Malgré cela, les Français peinent à percevoir une réelle baisse des prix et, en attendant de savoir à quelle sauce budgétaire ils seront « mangés » en 2026 – en juillet dernier 87 % estimaient que le budget Bayrou allait nuire à leur pouvoir d’achat – ils se montrent prudents. Le 9e baromètre Cofidis montre ce mois-ci que les Français prévoient un budget moyen de 491 € pour célébrer les fêtes de fin d’année, soit 6 € de moins qu’en 2024, le niveau le plus bas depuis huit ans ! Pas étonnant dès lors qu’ils se précipitent sur les opérations du Black Friday, même si 57 % d’entre eux se montrent méfiants face aux promotions – sans parler des cyber-arnaques qui se multiplient à l’occasion de cette opération commerciale. Un Français sur deux prévoit d’acheter pendant le Black Friday 2025, mais c’est tout de même 5 points de moins qu’en 2024. Là aussi, la prudence est de mise.

C’est que si le pouvoir d’achat occupe moins la scène médiatique, il n’en reste pas moins LA préoccupation majeure des Français. Et notamment concernant le logement, poste de dépense qui, selon les Français, pèse le plus dans leur pouvoir d’achat avec un coût moyen de 700 € par mois, soit le tiers du revenu des ménages. Pas sûr que le pataquès cette semaine sur la révision de la taxe foncière ait rassuré ceux qui sont propriétaires.

Comment augmenter le pouvoir d’achat alors que, selon une enquête de l’Unsa, 87 % des salariés estiment qu’il leur manque plus de 250 € par mois, dont 35 % plus de 500 € ? Les Français ont quelques idées. Les salariés revendiquent ainsi la hausse des rémunérations – citée en première réponse par 58 % d’entre eux, et par 80 % toutes réponses confondues – la baisse ou le gel des prix de l’énergie (41 %) et la baisse des impôts et taxes (44 %).

Surtout, dans ce contexte, la justice sociale et fiscale s’impose pour eux comme une priorité et ils soutiennent massivement la création d’un nouvel impôt sur les très hauts patrimoines. Comme un message adressé aux parlementaires pour se rappeler à leur souvenir à l’heure où ils continuent d’examiner le budget…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 22 novembre 2025)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...