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Affichage des articles du octobre, 2022

Cote d'alerte

Ces images ont fait le tour du monde tant elles sont spectaculaires. Cet été, le lac Mead aux États-Unis, un lac artificiel qui s’étire sur 180 kilomètres entre les États du Nevada et de l’Arizona et constitue le plus large réservoir d’eau du pays, a atteint son plus bas niveau historique. Le 18 juillet dernier, le niveau de l’eau mesuré au barrage Dam était, en effet, de 317 mètres… contre 341 mètres en juillet 2000 ; le niveau maximal du lac étant de 372 mètres, seuil atteint pour la dernière fois en 1999 et en 1983. Si le niveau atteint 300 mètres, les turbines hydroélectriques ne pourront plus fonctionner. Une catastrophe car le lac alimente 40 millions d’Américains en eau et en électricité à travers sept États, et aussi le nord du Mexique. Si le niveau est si bas, c’est parce que le lac, dont le remplissage provient pour 10 % des précipitations et pour 90 % de la fonte des glaces des Rocheuses, est victime d’une sécheresse extrême dans la zone et d’un déficit d’enneigement sur le

Opération relocalisation

En mettant à l’épreuve les pays du monde entier, l’épidémie de Covid-19 aura été un révélateur des forces et des faiblesses des uns et des autres. En France, mais aussi dans la plupart des pays européens, cette pandémie historique qui a mis à genoux les économies, a jeté une lumière crue sur ce qu’on peut appeler la face sombre de la mondialisation. Depuis plusieurs décennies, nous avions, en effet, pris l’habitude de sous-traiter ou délocaliser certaines productions industrielles dans des pays socialement moins-disants mais qui permettaient de livrer ce dont nous avions besoin à des coûts extrêmement avantageux et, souvent, en maximisant les profits. Le made in China, made in Vietnam ou made in Bangladesh connaissaient un développement fulgurant, porté un système à flux tendu bien huilé qui avait remplacé les stocks et des transports mondiaux par containers. Un système qui fonctionnait bien… jusqu’à ce qu’arrive le Covid. Avec des transports et des usines à l’arrêt, le flux a été romp

Remise à plat

Neuf mois après la déflagration qu’a constituée la publication du livre de Victor Castanet, « Les fossoyeurs : révélations sur le système qui maltraite nos aînés » (Ed. Fayard), nous voilà encore face à un scandale concernant les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Certes, cette fois-ci, il ne s’agit pas de maltraitance physique ou psychologique envers les résidents des maisons de retraite, mais les faits n’en sont pas moins graves. Contrôlés par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), des Ehpad privés à but lucratif ont été épinglés entre 2019 et 2021, soit avant le scandale de janvier. Il en ressort qu’un établissement sur deux présentait des problèmes concernant les prestations qu’il propose souvent très chèrement. Contrats de séjour aux clauses déséquilibrées, modalités de résiliation désavantageuses, demande d’un dépôt de garantie exorbitant et mensonges sur les prestations vantées su

50 ans d'audace

Pour célébrer ses cinquante ans d’existence, le groupe Airbus avait choisi la date du 29 mai 1969, celle de l’accord gouvernemental entre Paris et Berlin pour lancer le premier programme de l’avionneur européen, l’A300B. Cette date avait évidemment du sens car elle concrétisait une incroyable ambition européenne en devenir. Moins de vingt-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France et l’Allemagne et ensuite le Royaume-Uni et l’Espagne, scellaient une alliance politique et industrielle historique pour que l’Europe ne soit pas absente d’un marché aéronautique alors dominé par les États-Unis. Cinquante ans plus tard, toute la flotte des avions d’Airbus accompagnée par la patrouille de France survolait Toulouse, le 29 mai 2019, pour marquer les débuts de cette aventure aéronautique européenne et les succès enregistrés depuis. Mais pour tous les passionnés d’aéronautique, pour tous ceux qui – de l’ouvrier à l’ingénieur, du pilote d’essai au pilote de ligne, du personnel a

Terrible angoisse

Alors que la France est encore sous le choc du meurtre sauvage de la petite Lola, notre attention se focalise sur l’inquiétante disparition d’une jeune majeure, Justine, 20 ans, dont la famille et les proches sont sans nouvelles depuis dimanche 23 octobre. La jeune Lotoise, mère d’un enfant de 2 ans et demi et qui habite dans la commune de Tauriac, s’était rendue samedi à Brive-la-Gaillarde, à 40 kilomètres de son domicile, pour passer une soirée avec des amis. À 1 heure du matin, alors qu’elle a quitté ses amis et croisé le chemin d’un homme – qui était hier en garde à vue – elle communique par SMS avec sa mère puis avec son petit ami, qu’elle devait rejoindre, jusqu’à 2 heures du matin. Son téléphone s’éteint le dimanche à 13 heures. Depuis c’est le néant, plus de nouvelles de la jeune Justine, qui n’a pas pour habitude de laisser ses proches sans nouvelles. Cette disparition étant considérée comme inquiétante, compte tenu notamment des nombreuses zones d’ombre qui l’entourent, une e

Révolution(s)

Le mot révolution est souvent galvaudé, appliqué au moindre produit que sort telle marque de voiture ou de smartphone. Il existe pourtant de vraies révolutions, celles qui changent radicalement le monde, révolutions des peuples contre l’injustice et pour la liberté, comme celles que mènent avec courage les Iraniennes contre l’obscurantisme religieux, révolutions scientifiques qui propulsent l’humanité vers de nouveaux horizons. Après l’inquiétante étude scientifique américaine publiée le 6 septembre dans la revue Nature Reviews Clinical Oncology qui révélait une importante hausse mondiale de quatorze types de cancers chez les moins de 50 ans, les annonces faites ce mois-ci par les fondateurs de BioNTech et les laboratoires Merck et Moderna autour d’un prochain vaccin contre le cancer constituent les prémices d’une révolution médicale et ont, d’ores et déjà, redonné de l’espoir dans cette lutte de longue haleine. Ugur Sahin et Ozlem Tureci, le couple de scientifiques allemands qui ont c

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l

Un cap clair

Cet été – comme tous les étés – chacun pronostiquait une « rentrée chaude » sans forcément y croire. Mais cette rentrée 2022 est, d’évidence, autrement plus corsée pour l’exécutif que celles du précédent quinquennat. Une situation logique qui découle d’abord de la composition politique du pays née des législatives de juin. Sans majorité absolue à l’Assemblée, le gouvernement est, de fait, entravé dans son action et contraint de rechercher d’hypothétiques compromis avec ses oppositions, déterminées à ne faire aucun cadeau à Emmanuel Macron et qui pensent – déjà – à jouer le coup d’après de la présidentielle de 2027… Mais le gouvernement est aussi en difficulté avec sa propre majorité, bien plus « plurielle » que le bloc macroniste de 2017, et qui a des velléités d’émancipation. On l’a vu lors de l’examen du Budget avec les alliés MoDem et Horizons qui se sont sentis plus libres que loyaux pour paraphraser l’expression d’Edouard Philippe. À cette nouvelle donne politique s’est ajoutée un

Des paroles aux actes

Il y a trois mois, les Français découvraient avec effarement l’extrême fragilité de la forêt française avec des incendies majeurs qui ont ravagé plus de 65 000 hectares. Jusqu’à présent, nous n’avions vu ces images spectaculaires et angoissantes d’immenses flammes dévorant tout sur leur passage qu’en provenance des États-Unis, de l’Australie, de la Turquie ou de la Grèce lorsque ces pays avaient été confrontés à des mégafeux incontrôlables. Cette année, ce sont des paysages connus, la forêt landaise et la dune du Pilat, ou familiers dans l’Aude ou le sud Aveyron en Occitanie qui se sont retrouvés incendiés. Ces drames, qui ont laissé dans le désarroi des familles et des entreprises qui ont tout perdu, ont déclenché une réelle prise de conscience tant sur l’insuffisance de nos moyens de lutte contre les incendies que dans notre façon de gérer la forêt à l’heure du dérèglement climatique qui provoque sécheresse, pénurie d’eau et températures caniculaires. En déplacement en Gironde Emmanu

L'autre épidémie

On n’a pas fini de répertorier tous les bouleversements provoqués par l’épidémie de Covid-19 sur nos vies et nos sociétés. Conséquences économiques, sociales, sociétales et bien sûr sanitaires. Car cette pandémie inédite, qui a mis la planète à genoux et fait plus de 6,5 millions de morts dans le monde dont 152 000 en France, a bien souvent relégué au second plan d’autres maladies. Le cancer en premier lieu, dont les dépistages et la continuité des soins pour les malades ont été fortement perturbés, mais aussi la grippe saisonnière qui chaque année rythme nos hivers. Ces deux dernières années, la grippe a, en effet, été comme tenue à distance, car les gestes barrière déployés pour lutter contre le coronavirus ont été aussi utiles pour lutter contre elle. Résultat : nous n’avons pas eu d’épidémie de grippe dramatique et les Français, tout entiers préoccupés par le Covid, se sont moins fait vacciner contre la grippe qu’habituellement. Cette moindre vaccination pose aujourd’hui problème c

Reprendre la lutte

Depuis le début du mois, le petit ruban rose symbole d’Octobre rose, la campagne annuelle de sensibilisation des femmes à l’importance du dépistage du cancer du sein, rappelle combien la lutte contre le cancer est un combat de longue haleine. Un combat qui s’était retrouvé estompé, écrasé même par la pandémie de Covid-19 ces deux dernières années. À telle enseigne que le professeur Axel Kahn, médecin généticien de renom qui fut président de la Ligue contre le cancer de juin 2019 à son décès en mai dernier, avait lancé un cri d’alarme sur la « dangereuse dégradation » de la situation des patients atteints d’un cancer, dont la continuité des soins avait été empêchée par la pandémie, et sur l’interruption des dépistages systématiques de certains cancers. La crise sanitaire étant entrée dans une phase d’accalmie – même si une 8e vague menace toujours – la lutte contre le cancer peut pleinement reprendre et mobiliser non seulement les chercheurs, les médecins, les patients et leurs proches,

La fin d'une époque

Au cœur de l’été, l’annonce par La Poste de la disparition du célèbre timbre rouge, qui acheminait les lettres en 24 heures, et son remplacement par une lettre électronique, la e-Lettre rouge, ont signé la fin d’une époque et sans doute causé un pincement au cœur de nombreux Français. Car ce petit bout de papier dentelé, héritier du timbre « 1 franc vermillon » lancé en avril 1849, emporte avec lui un pan de l’histoire postale, bien sûr, mais aussi un morceau de l’histoire intime de chacun d’entre nous. Qu’il soit apposé sur une carte de vœux, sur la carte postale que l’on envoie en vacances aux grands-parents ou sur des lettres personnelles ou professionnelles, le timbre rouge a longtemps rythmé nos communications avant que le téléphone, les textos, les courriels et les échanges par messageries électroniques – WhatsApp, Messenger, Télégram et consorts – ne ringardisent son usage. La crise sanitaire du Covid-19 avec ses confinements a accéléré un peu plus ces mutations, renvoyant les é

Déni de réalité

Vladimir Poutine peut-il perdre la guerre ? Cette question, incongrue au début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, ne cesse de revenir depuis que son armée – que l’on croyait puissante et incomparablement supérieure en hommes et en armements face à celle de son voisin – s’est retrouvée confrontée à une résistance aussi inattendue qu’héroïque des Ukrainiens, galvanisés par leur président-courage, Volodymyr Zelensky, cet acteur comique devenu le symbole des valeurs démocratiques et de la lutte pour la liberté. L’ « opération militaire spéciale » russe devait être une Blitzkrieg permettant de prendre Kiev en quelques jours et de remplacer Zelensky par un gouvernement fantoche à la solde du Kremlin ; elle s’est transformée en un chemin de croix et parfois en une véritable Berezina. Difficultés logistiques majeures autour de matériels vieillissants, problèmes de sécurisation des communications, pertes humaines : les soldats russes, dont beaucoup inexpérimentés, ont essuy

L'âge du capitaine

Aux défis que doit relever le président des États-Unis – inflation, réchauffement climatique, guerre en Ukraine, tensions à Taïwan, crise énergétique, souveraineté technologique, polarisation extrême de la société… – Joe Biden en ajoute un autre, plus intime mais pas moins politique, celui de son âge. Devenu le 20 janvier 2021 le président le plus âgé à entrer à la Maison Blanche, le démocrate natif de Scranton (Pennsylvanie) fêtera son 80e anniversaire le 20 novembre prochain. Ce n’est certes pas la première fois que les Américains ont un président âgé – en 1989, le républicain Ronald Reagan achève son second mandat à l’âge de 78 ans et il y a un an, Donald Trump a dû quitter la présidence à l’âge de 75 ans. Mais dans un pays qui a porté au pinacle le culte du corps et de la jeunesse, et qui a la nostalgie d’un fringant John Fitzgerald Kennedy à la Maison Blanche, voire d’un Bill Clinton ou d’un Barack Obama, dont la jeunesse irradiait sur la scène internationale aux côtés de dirigean

Ruptures

Des files de voitures qui s’étirent dès potron-minet devant certaines stations-service et des cuves de carburants qui se retrouvent très vite en rupture et qui parfois peinent à être réalimentées : telle est la situation inédite que vivent le groupe TotalEnergies et ses clients depuis plusieurs jours maintenant. Pour le pétrolier français, il s’agit là comme de la rançon de la gloire. Car cet engouement des Français pour les stations-service Total vient du fait qu’elles affichent aujourd’hui les prix parmi les plus bas de France puisqu’elles cumulent à la fois la ristourne gouvernementale de 0,30 €/L et la ristourne de Total de 0,20 €/L. En accordant une réduction dans ses 3 500 stations – comme il l’avait déjà fait à trois reprises depuis avril dernier avec des modalités toutefois un peu différentes – TotalEnergies martèle qu’il a à cœur de défendre le pouvoir d’achat des Français dans un contexte d’inflation galopante. Voire. Car ce cadeau si généreux en apparence – et qui agace les

Construire autrement

Ceux qui doutaient encore des conséquences du dérèglement climatique sur leur quotidien, les pensant réservées aux populations de pays lointains, ont radicalement revu leur position cet été. Les épisodes nombreux de températures caniculaires en juillet et en août, l’intensité de la sécheresse qui a mis à sec certaines rivières, la pénurie d’eau qui a frappé certains villages du sud de la France et, surtout, ces spectaculaires incendies qui ont ravagé des milliers d’hectares de forêt ont montré combien nous étions exposés aux conséquences du réchauffement climatique et combien nous étions fragiles et pas aussi bien préparés qu’il le faudrait à ces nouveaux aléas. L’un de ceux-ci pourrait d’ailleurs provoquer des dégâts dont on ne mesure pas encore l’ampleur : les fissures dans les habitations. Jusqu’à présent, ces déboires concernaient des maisons construites à proximité de mines ou de puits dont le terrain s’affaissait ou bien d’habitations secouées par des explosifs lors de chantiers