Depuis le début du mois, le petit ruban rose symbole d’Octobre rose, la campagne annuelle de sensibilisation des femmes à l’importance du dépistage du cancer du sein, rappelle combien la lutte contre le cancer est un combat de longue haleine. Un combat qui s’était retrouvé estompé, écrasé même par la pandémie de Covid-19 ces deux dernières années. À telle enseigne que le professeur Axel Kahn, médecin généticien de renom qui fut président de la Ligue contre le cancer de juin 2019 à son décès en mai dernier, avait lancé un cri d’alarme sur la « dangereuse dégradation » de la situation des patients atteints d’un cancer, dont la continuité des soins avait été empêchée par la pandémie, et sur l’interruption des dépistages systématiques de certains cancers.
La crise sanitaire étant entrée dans une phase d’accalmie – même si une 8e vague menace toujours – la lutte contre le cancer peut pleinement reprendre et mobiliser non seulement les chercheurs, les médecins, les patients et leurs proches, mais aussi toute la société.
Car le cancer, qui est l’une des principales causes de mortalité dans le monde avec 10 millions de décès par an (dont quelque 150 000 en France), est un enjeu de santé publique majeur. La récente étude américaine publiée ce mois-ci dans la revue Nature Reviews Clinical Oncology l’atteste. Révélant que quatorze types de cancers étaient en augmentation chez les moins de 50 ans, cette étude souligne combien le régime alimentaire, le mode de vie, l’obésité, l’environnement, etc. pourraient tous jouer un rôle dans le risque d’avoir un cancer et ce dès le plus jeune âge. Si les modes de vie et les régimes alimentaires aux États-Unis et en Europe sont bien sûr différents, l’étude n’en reste pas moins pertinente sur la nécessité de continuer à faire non seulement des dépistages mais aussi davantage de prévention.
C’est tout le sens de la nouvelle campagne lancée ce moi-ci par l’institut national du cancer : « Pour éviter les cancers de demain, c’est aujourd’hui qu’il faut agir ». En évitant l’écueil de l’infantilisation, adopter les bons gestes au quotidien pour son alimentation, sa consommation d’alcool, son activité physique, etc. peut contribuer à limiter les risques de développer un cancer car 40 % des cancers dus à notre hygiène de vie ou à notre environnement sont évitables.
Dans la lutte contre le cancer, la brique de la prévention apparaît ainsi capitale, tout autant que celle du dépistage – où les tests sanguins seront en mesure de détecter un ou plusieurs cancers – de l’amélioration des soins – l’espoir de chimiothérapies injectées par voie sous-cutanée est là – et de la recherche sur des thérapies moins invasives, plus ciblées, personnalisées. La lutte contre le cancer avance d’année en année mais pourrait encore s’accélérer.
Face à la crise du Covid-19, le monde a montré qu’en s’alliant, des progrès spectaculaires pouvaient être accomplis comme trouver des vaccins efficaces en moins d’un an. Face au cancer, cette même volonté doit pouvoir être mise en œuvre pour , selon les récents mots du président des États-Unis Joe Biden – dont le fils aîné a été emporté par un cancer du cerveau en 2015 – « guérir les cancers une bonne fois pour toutes... »
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 13 octobre 2022)