Accéder au contenu principal

L'autre épidémie

grippe

On n’a pas fini de répertorier tous les bouleversements provoqués par l’épidémie de Covid-19 sur nos vies et nos sociétés. Conséquences économiques, sociales, sociétales et bien sûr sanitaires. Car cette pandémie inédite, qui a mis la planète à genoux et fait plus de 6,5 millions de morts dans le monde dont 152 000 en France, a bien souvent relégué au second plan d’autres maladies. Le cancer en premier lieu, dont les dépistages et la continuité des soins pour les malades ont été fortement perturbés, mais aussi la grippe saisonnière qui chaque année rythme nos hivers.

Ces deux dernières années, la grippe a, en effet, été comme tenue à distance, car les gestes barrière déployés pour lutter contre le coronavirus ont été aussi utiles pour lutter contre elle. Résultat : nous n’avons pas eu d’épidémie de grippe dramatique et les Français, tout entiers préoccupés par le Covid, se sont moins fait vacciner contre la grippe qu’habituellement. Cette moindre vaccination pose aujourd’hui problème car elle signifie que « notre immunité globale contre la grippe s’est probablement amoindrie » selon la professeure Brigitte Autran, présidente du COmité de Veille et d’Anticipation des Risques (Covars). Cette vaccination insuffisante ajoutée au relâchement du respect des gestes barrière et à la levée des mesures sanitaires est une mauvaise nouvelle pour affronter la grippe 2022-2023, qui s’est montrée virulente dans plusieurs pays de l’hémisphère sud. « La grippe est de retour et ne doit pas être prise à la légère », a alerté, à raison, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Car à cette épidémie de grippe potentiellement plus virulente s’ajoute une huitième vague de Covid-19 dont on ne peut pour l’heure prévoir l’ampleur, ni si elle sera portée par l’apparition d’un nouveau variant plus virulent que les précédents… La combinaison des deux maladies inquiète en tout cas les spécialistes car elle pourrait aboutir « à un nombre très élevé d’hospitalisations » selon le professeur Fischer, le « Monsieur vaccin » du gouvernement.

Cette alerte des scientifiques avant que la grippe ne débarque en France métropolitaine se double dès lors d’un appel à la vaccination. Vaccination contre la grippe bien sûr, dont la campagne commence le 18 octobre pour les publics fragiles avant d’être étendue au reste de la population. « Les vaccins antigrippaux sont sûrs et réduisent efficacement le nombre de cas graves et de décès », a d’ailleurs rappelé l’OMS. Et vaccination contre le Covid-19 dont la nouvelle campagne de rappel a commencé le 3 octobre avec les vaccins bivalents adaptés aux variants d’Omicron. Et inutile de tarder : les deux vaccins peuvent être administrés au même moment car pleinement compatibles.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du Midi) 

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l