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Articles

Affichage des articles du mai, 2021

Colères

  Si les affaires de squat qui ont émaillé ces dernières années l’actualité suscitent autant de réactions fortes, de polémiques et d’émotions – plus que de raison – c’est parce qu’elles sont la résultante du choc de deux colères. La première est celle des propriétaires qui se retrouvent dépossédés de leurs biens et sont plongés, particulièrement lorsqu’il s’agit de personnes âgées, dans une vraie détresse, eux dont la maison ou l’appartement – fut-il une résidence secondaire – constitue souvent le seul patrimoine, le fruit d’une vie de travail qu’ils veulent transmettre à leurs enfants. Confrontés à la lenteur de la justice, aux chausse-trappes d’une administration tatillonne et compliquée, ces petits propriétaires victimes – car ce sont rarement des millionnaires ou de grandes sociétés – s’épuisent, souvent seuls, dans des années de procédures coûteuses avant de récupérer leur bien. De l’autre côté, il y a aussi une autre colère. Car au-delà des occupations qui peuvent être militantes

L'atout France

L’été 2021 suivra-t-il le même chemin que l’été 2020 ? L’année dernière, heureux d’être sortis de leur premier confinement mais encore inquiets face à cette redoutable épidémie Covid-19 pour laquelle des barrières sanitaires étaient dressées contre les voyageurs dans le monde, les Français avaient joué la carte de vacances d’été à la maison. L’occasion de découvrir ou redécouvrir en famille ou entre amis les trésors de notre patrimoine culturel et naturel, la beauté de nos montagnes, des petites criques ou des grands espaces. Il aura fallu une pandémie mondiale pour nous rendre compte de ce que venaient chercher les étrangers chez nous, faisant de la France la première destination touristique mondiale. Si les professionnels, hôteliers, restaurateurs, gérants de camping, de centre de loisirs ou organisateurs de festivals ou d’événement culturels ont été durement touchés, ils ont aussi pu compter sur la clientèle française. Un phénomène qui a été particulièrement remarqué en Occitanie, l

Repenser le travail

La crise sanitaire de la Covid-19 aura bouleversé nos vies comme l’organisation de notre société et l’un des faits majeurs provoqués par la pandémie aura sans nul doute été le recours au télétravail. Plébiscité par une large majorité de Français mais détesté par certains, le télétravail a débarqué dans nos vies professionnelles en mars 2020 alors même que cette pratique restait marginale, particulièrement en France où la culture très ancrée du présentéisme et les craintes sur un manque de productivité cantonnaient le télétravail à quelque 7 % seulement de salariés. Du jour au lendemain, pour endiguer la propagation du coronavirus, il a fallu s’y mettre, avec souvent beaucoup de système D pour pallier le manque de réseaux, de matériel ou de formation. Malgré cette précipitation, cela a fonctionné et les salariés – dont le métier permettait de le faire – ont découvert les joies et les difficultés du travail à domicile. Les joies des débuts lorsqu’il s’est agi de trouver de nouvelles marq

Convaincre

  La campagne de vaccination française contre le Covid-19, on le sait, est une course de vitesse contre le virus. Vacciner le plus possible pour atteindre l’immunité collective est, comme pour tout vaccin, la règle clé. Une règle aujourd’hui comprise par une majorité de Français qui, selon les enquêtes d’opinion, se montrent largement favorables à la vaccination, perçue comme le sésame de sortie de la crise. Mais une règle confrontée au côté insaisissable de l’épidémie : la présence des variants – anglais, sud-africain, brésilien, indien, ou d’autres à venir – a repoussé le taux de la population vaccinée pour atteindre l’immunité collective. De 60 % aux débuts de l’épidémie, on est maintenant à 80 voire 90 %. Des taux difficiles à atteindre compte tenu de la persistance de personnes qui, en toute bonne foi, hésitent à se faire vacciner, ou qui, par idéologie, refusent catégoriquement le vaccin. Dès lors, face au ralentissement prévisible de la campagne de vaccination en raison de ce « 

Réforme réussie

  Comme tout grand changement, l’instauration du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source avait connu, on s’en souvient des hésitations avant de faire le grand saut. Mise en chantier pendant le quinquennat de François Hollande, cette réforme devait entrer en vigueur le 1er janvier 2018, mais Emmanuel Macron, une fois installé à l’Elysée, avait décidé de se donner un peu plus de temps pour mettre en œuvre ce prélèvement à la source redoutablement complexe, mais pourtant déjà en vigueur depuis longtemps chez plusieurs de nos voisins européens. Le temps passant, fin août 2018, à quatre mois de l’échéance, le Président, craignant des bugs techniques et administratifs, avait laissé planer le doute sur un nouveau report et demandé à son ministre qui était dans les starting-blocks de faire d’ultimes vérifications… La réforme est finalement bel et bien entrée en vigueur, sans accrocs, le 1er janvier 2019… comme elle est entrée dans les mœurs. Pour les contribuables qui paient l’impôt s

Impasse

  Le 19 mai prochain, cela fera vingt-cinq ans que l’ourse slovène Ziva a été amenée devant les caméras dans les Pyrénées, sur la commune de Melles, en Haute-Garonne. Le 19 mai 1996, il s’agissait là du premier lâcher organisé dans le cadre d’un plan de réintroduction européen pour sauver l’ours brun, dont on ne comptait alors les représentants que sur les doigts des deux mains. Entre les éleveurs opposés à l’ours et les associations environnementales, le dialogue a très vite viré à la foire d’empoigne et aux caricatures. Bobos écolos contre paysans butés, défenseurs de la biodiversité contre partisans d’un maintien d’une activité pastorale ancestrale. Et gare à celui qui tardait à choisir son camp. Face à face, deux logiques, deux visions irréconciliables. Ving-cinq ans plus tard il serait faux de dire que l’on en est au même point. La population d’ursidés a considérablement augmenté, l’image de l’ours et son impact touristique sont désormais consubstantiels aux Pyrénées. Et de l’autr

Garder l'espoir

  Photo DDM, Marie-Pierre Volle Cinq mois déjà. Cinq mois de mystère. Cinq mois de questions, d’angoisse qui étreignent les proches de Delphine Jubillar, l’infirmière de Cagnac-les-Mines, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre dernier et dont on est depuis sans nouvelles. Disparition volontaire ? Mauvaise rencontre ? Qu’est devenue cette jeune mère de famille ? Que lui est-il arrivé ? Quelle vérité se cache derrière cette affaire ? Autant de questions qui mobilisent les enquêteurs et inquiètent la famille et les proches de la jeune femme qui la décrivent, aujourd’hui dans nos colonnes, comme une maman dévouée et dynamique, une amie joyeuse et pleine de vie. Une amie qu’on n’entend surtout pas oublier.  Ainsi cinq mois après, la solidarité se manifestera une nouvelle fois ce dimanche avec une battue citoyenne autour du lac de Cagnac-les-Mines. Arpenter des lieux où Delphine aurait pu passer, rechercher le moindre indice, l’infime anomalie qui pourrait ouvrir une nouvelle piste. Ne r

L'arme à l'oeil

  Le drame que vivent depuis mardi les Cévennes, les habitants des Plantiers et des villages paisibles alentour a quelque chose d’irréel. Cette vaste chasse à l’homme, cette traque de celui qui a abattu froidement son patron et un employé d’une scierie avant de prendre la fuite dans la nature, apparemment surarmé, fait, en effet, davantage penser à ces faits divers américains que suivent en temps réel des chaînes de télévision spécialisées, ou à certains films d’action à la Rambo, qu’aux affaires qui surviennent en France ou en Europe. La différence tient peut-être au rapport de la société à la violence ; elle tient aussi à la façon dont les armes circulent au sein de nos sociétés. Aux Etats-Unis, le port d’armes est garanti par le 2e amendement de la Constitution et soutenu par un puissant lobby, la NRA. Et les contrôles, variables d’un Etat à l’autre, restent à l’évidence insuffisants pour empêcher les fusillades qui, trop régulièrement, endeuillent des centaines de familles chaque a

Evasion

  C’est peu dire que nous aurions aimé profiter de ce long week-end de pont de l’Ascension sous le soleil, se retrouver en famille ou entre amis pour un bon repas dans le jardin, peut-être autour d’un premier barbecue ; avant de préparer la réouverture tant attendue, mercredi 19 mai prochain, des cafés et restaurants qui disposent de terrasses. La météo maussade qui s’annonce pour les jours à venir va en décider autrement avec des températures basses et des averses à foison. Mais ce mauvais temps ne devrait cette fois pas entamer l’enthousiasme des Français. Car après une année de restrictions sanitaires, entre couvre-feux et confinements, la « libération » est à portée de main, renforcée de plus par la vaccination qui ouvre de nouvelles perspectives. Les Français ont plus que jamais envie d’évasion, d’horizons lointains ou nouveaux, de changer d’air, de s’ouvrir l’esprit, de souffler et ce n’est pas la météo qui va les en empêcher. Pour ce week-end comme pour l’été à venir qui, lui, s

Vaccination pour tous

  En se fixant l’objectif d’atteindre 20 millions de Français ayant reçu une 1ère injection de vaccin anti-Covid mi-mai puis 30 millions mi-juin, l’exécutif s’est mécaniquement imposé une pression importante sur sa campagne vaccinale qui, depuis son lancement en début d’année, a essuyé, comme ailleurs en Europe, de nombreuses difficultés. Entre la polémique sur les effets secondaires des vaccins à vecteur viral AstraZeneca et dans une moindre mesure Janssen – qui ont suscité une défiance dans l’opinion – les livraisons de doses, le manque de créneaux dans certains centres, la campagne de vaccination française est éminemment complexe là où les variants du coronavirus nous obligent à aller vite. Mais elle avance, notamment avec l’ajustement du calendrier et l’élargissement à de nouveaux publics en attendant la date du 15 juin pour la vaccination généralisée. Et lorsque l’on regarde nos voisins européens, il n’y a pas à rougir. Plutôt que le chiffre de 20 millions qui sera atteint dans qu

Derrière les records

  Pas une année ne passe sans que la presse quotidienne régionale, et donc La Dépêche, ne publie dans ses pages les exploits de pêcheurs qui se sont mesurés au "monstre" de nos rivières que constitue aujourd’hui le silure. Au terme d’un combat homérique à la Moby Dick, les pêcheurs exposent devant les objectifs des photographes ou dans des vidéos à succès postées sur internet ces impressionnants poissons qui atteignent désormais 2,80 mètres de long selon le dernier record du monde enregistré en mars dernier en Italie, dans le Pô. Mentionné dans l’histoire naturelle de Buffon éditée au XVIIIe siècle, le silure a vu son territoire s’agrandir notamment via des réintroductions par l’homme pour la pisciculture et la pêche. À la fin du XIXe siècle, il s’établit dans les fleuves d’Europe de l’Est avant d’arriver en France, colonisant la Saône dans les années 60 puis les bassins de la Seine, de la Loire et enfin de la Garonne dans les années 80. Le silure, à la tête démesurée, petits

Retrouvailles

  « Ce virus n’aime pas l’art de vivre à la française », avait résumé fin avril 2020 Emmanuel Macron en recevant en visioconférence depuis l’Elysée de grands chefs étoilés et les représentants d’un secteur de la restauration contraint à fermer ses établissements pour endiguer la première vague de l’épidémie de Covid-19. Un an plus tard, après avoir essuyé des couvre-feux et deux confinements, les bars et restaurants se préparent à la réouverture du 19 mai, en terrasses. Réouverture forcément complexe à mettre en œuvre entre la création et l’agrandissement d’espaces extérieurs, le réapprovisionnement des stocks, la cohésion à retrouver entre des salariés qui ne se sont parfois pas vus depuis des mois – certains qui ont quitté le métier doivent être remplacés non sans difficulté – et le respect du protocole sanitaire. Avec la crainte aussi que cette réouverture, comme à l’été 2020, ne dure qu’un temps avant une nouvelle vague et de nouvelles obligations de fermeture… Si l’heure est à la

Contre la montre

  Que ce soit pour honorer l’engagement – éminemment politique et personnel – d’atteindre mi-mai, soit dans moins de dix jours – 20 millions de Français ayant reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19. Que ce soit pour répondre aux demandes venant de plus en plus de Français hors critères désireux de se faire vacciner, dont certains font la queue devant les centres de vaccination en quête de doses non-utilisées en fin de journée. Que ce soit, enfin, pour atteindre le plus vite possible cette immunité collective, véritable sésame pour un retour à la vie d’avant, dont le taux est sans cesse repoussé par la virulence des variants – on parle désormais de la nécessité d’avoir 80 % de la population vaccinée. Peu importe finalement la raison pour laquelle Emmanuel Macron a décidé, hier, d’accélérer une nouvelle fois le calendrier de la vaccination française en l’ouvrant aux mineurs à risques de 16 et 17 ans, puis dès lundi aux Français de plus de 50 ans et enfin dès mercredi à tout

Positive attitude

  C’est un court film de 59 secondes, aux allures de clip publicitaire pour compagnies aériennes ou offices de tourisme de pays ensoleillés. On y voit des Français rouvrir portes et fenêtres et retrouver le plaisir d’être ensemble, à la terrasse d’un restaurant, dans un cinéma, un musée, une salle de sport, un concert ou un stade. En surimpression, les dates des 3 et 19 mai, des 9 et 30 juin. Ce petit film décline en fait « l’agenda des réouvertures » tel que défini par Emmanuel Macron dans son interview à La Dépêche et à la presse régionale la semaine dernière. Le chef de l’Etat l’a posté sur ses comptes de réseaux sociaux dimanche, commenté simplement d’un « Nous retrouver ». Le clip a été vu sur Twitter plus de 2,7 millions de fois… mais cette communication a fait grincer quelques dents, notamment chez les soignants qui luttent toujours dans des hôpitaux sous pression contre l’épidémie de Covid-19. Une épidémie à un niveau toujours plus élevé que chez nos voisins européens et qui fa

La poutre travaille...

  "La poutre travaille encore, laissons-la travailler. Laisser travailler la poutre, c’est bien souvent le moyen de ne pas l’avoir dans l’œil." La métaphore un rien obscure qu’avait utilisée Edouard Philippe le 18 novembre 2017 devant les cadres de La République en Marche pour évoquer la recomposition du paysage politique "loin d’être achevée" cinq mois après l’élection à l’Elysée d’Emmanuel Macron, semble être toujours d’actualité. Alors que certains pensaient que le big bang dégagiste du Nouveau monde était derrière eux, crise du Covid oblige, force est de constater qu’à un an de la présidentielle, il n’a jamais été autant d’actualité et que la "poutre" continue bel et bien de travailler, au détriment de la droite. Le retrait de la liste LREM aux régionales en Région Sud au profit du LR Renaud Muselier, annoncé par Jean Castex lui-même – donc avec l’onction de l’Elysée – est assurément un sacré coup de Jarnac du Président, passé maître dans l’art de la t

Solidarité

  C’est une petite musique que l’on entend depuis quelque temps maintenant. Dans la sortie de la crise sanitaire, qui a durement éprouvé les Français et particulièrement la jeunesse, il faudrait mettre davantage à contribution les retraités. Ces seniors dont le niveau de vie moyen serait très – trop ? – confortable par rapport au reste de la population active ; ces aînés pour la santé desquels le pays s’est confiné trois fois ; ces vieux qui profiteraient de leur retraite pour passer des mois sous le soleil en voyage ou dans leur résidence secondaire ; ces personnes âgées pour lesquelles on aurait finalement sacrifié les jeunes. Ces thèses, qui agitent les réseaux sociaux, se sont retrouvées dans la tribune que le philosophe libéral Gaspard Koenig a signée dans Les Echos le 20 janvier. "Vies prolongées contre vies gâchées : le vrai dilemme de la lutte anti-Covid", écrivait l’ancienne plume de Christine Lagarde. "Années gagnées sur la mort contre années perdues pour la vi